Bac de français 2013 : sujet en Amérique du Nord (S et ES)

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bac de francais 2013 sujet amerique nord S ESVoici le sujet donné au bac de français 2013  en Amérique du Nord (centres étrangers) pour les séries S et ES. Comme à Pondichéry, c’est l’objet d’étude théâtre qui a été choisi.

Pour télécharger les sujets au format pdf, cliquez ici

Le corpus était constitué de trois textes :

Texte A – Pierre Corneille, L’Illusion comique, 1635, acte I, scène 2.
♦ Texte B – Jean Racine, Bérénice, 1669, acte I, scène 5.
♦ Texte C – Marguerite Duras, L’Eden Cinéma, 1977, première partie.

Question sur corpus (4 points) :

Que nous apprennent les textes du corpus sur le lien ou l’écart entre ce qui est dit et ce qui est montré au théâtre ?

Sujet principal (16 points) :

Commentaire littéraire

Vous commenterez le texte extrait de la première partie de L’Eden Cinéma, de Marguerite Duras (texte C).

Dissertation

Selon vous, quelle place la représentation théâtrale doit-elle laisser à l’imaginaire du spectateur ?
Vous répondrez à cette question en utilisant les textes du corpus, les œuvres que vous avez étudiées, vos lectures ou expériences personnelles.

Écriture d’invention

Vous êtes metteur en scène au sein d’une compagnie qui s’apprête à monter L’Illusion comique. Vous écrivez aux comédiens un texte détaillant vos choix pour représenter l’extrait de l’acte I, scène 2 (texte A).

Les textes (bac de français 2013 – Amérique du Nord):


Texte A : Pierre Corneille, L’Illusion comique, 1635, acte l, scène 2.

[Désespéré par l’absence de son fils que sa sévérité a poussé à fuir, Pridamant, sur les conseils de son ami Dorante, consulte le célèbre magicien Alcandre. Celui-ci lui propose de faire apparaître son fils sous ses yeux.]

ALCANDRE
Commencez d’espérer; vous saurez par mes charmes1
Ce que le ciel vengeur refusait à vos larmes.
Vous reverrez ce fils plein de vie et d’honneur:
De son bannissement il tire son bonheur.
C’est peu de vous le dire : en faveur de Dorante
Je veux vous faire voir sa fortune éclatante.
Les novices de l’art2, avec tous leurs encens,
Et leurs mots inconnus, qu’ils feignent tout puissants,
Leurs herbes, leurs parfums et leurs cérémonies,
Apportent au métier des longueurs infinies,
Qui ne sont, après tout, qu’un mystère pipeur3,
Pour se faire valoir, et pour vous faire peur :
Ma baguette à la main, j’en ferai davantage.

Il donne un coup de baguette, et on tire un rideau, derrière lequel sont en parade4 les plus beaux habits des comédiens.

Jugez de votre fils par un tel équipage :
Eh bien, celui d’un prince a-t-il plus de splendeur ?
Et pouvez-vous encor douter de sa grandeur ?

PRIDAMANT
D’un amour paternel vous flattez les tendresses;
Mon fils n’est point de rang à porter ces richesses,
Et sa condition ne saurait consentir
Que d’une telle pompe5 il s’ose revêtir.

ALCANDRE
Sous un meilleur destin sa fortune rangée,
Et sa condition avec le temps changée,
Personne maintenant n’a de quoi murmurer6
Qu’en public de la sorte il aime à se parer.

PRIDAMANT
A cet espoir si doux j’abandonne mon âme :
Mais parmi ces habits je vois ceux d’une femme;
Serait-il marié ?

ALCANDRE
Je vais de ses amours
Et de tous ses hasards vous faire le discours.
Toutefois, si votre âme était assez hardie,
Sous une illusion vous pourriez voir sa vie,
Et tous ses accidents devant vous exprimés
Par des spectres pareils à des corps animés ;
Il ne leur manquera ni geste ni parole.


Texte B : Jean Racine, Bérénice, 1669, acte l, scène 5, vers 301 à 317.

 [Bérénice, amoureuse de Titus, raconte à sa confidente Phénice la cérémonie au cours de laquelle son amant est devenu empereur de Rome.]

BÉRÉNICE

De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ?
Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ?
Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée,
Ces aigles, ces faisceaux1, ce peuple, cette armée,
Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat,
Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat;
Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire1,
Et ces lauriers encor témoins de sa victoire;
Tous ces yeux qu’on voyait venir de toutes parts
Confondre sur lui seul leurs avides regards;
Ce port majestueux, cette douce présence.
Ciel ! avec quel respect et quelle complaisance
Tous les cœurs en secret l’assuraient de leur foi !
Parle : peut-on le voir sans penser, comme moi,
Qu’en quelque obscurité que le sort l’eût fait naître,
Le monde en le voyant eût reconnu son maître ?
Mais, Phénice, où m’emporte un souvenir charmant ?

1. « faisceaux » : bâtons liés entre eux, symboles du pouvoir des magistrats romains.
2. « gloire » : ici, signifie aussi éclat triomphal.


Texte C : Marguerite Duras, L’Eden Cinéma, première partie 1977.

 [L’extrait suivant constitue le tout début de la pièce.]

La scène c’est un grand espace vide qui entoure un autre espace rectangulaire.
L’espace entouré est celui d’un bungalow meublé de fauteuils et de tables de style colonial. Mobilier banal, très usé, très pauvre.
L’espace vide autour du bungalow sera la plaine de Kam, dans le Haut-Cambodge, entre le Siam1 et la mer.
Derrière le bungalow il faudrait une zone lumineuse qui serait celle de la piste des chasseurs le long de ces montagnes du Siam. Décor simple, large, qui devrait permettre une circulation facile.
Le bungalow est fermé. Fermé par un manque de lumière. Eteint. La plaine est éclairée.
Des gens arrivent devant la scène fermée : la mère, Suzanne, Joseph2, le Caporal.
La mère s’assied sur un siège bas et les autres se groupent autour d’elle. Tous s’immobilisent et restent ainsi, immobiles, devant le public – cela pendant trente secondes peut-être pendant que joue la musique. Puis ils parlent de la mère. De son passé. De sa vie. De l’amour par elle provoqué.
La mère restera immobile sur sa chaise, sans expression, comme statufiée, lointaine, séparée – comme la scène – de sa propre histoire.
Les autres la touchent, caressent ses bras, embrassent ses mains. Elle laisse faire: ce qu’elle représente dans la pièce dépasse ce qu’elle est et elle en est irresponsable.

Ce qui pourrait être dit ici l’est directement par Suzanne et Joseph. La mère – objet du récit – n’aura jamais la parole sur elle-même.

Musique.

JOSEPH

La mère était née dans le nord de la France, dans les Flandres françaises, entre le pays de mines et la mer.
Il y a maintenant presque cent ans.
Fille de fermiers pauvres, l’aînée de cinq enfants, elle était née, elle avait été élevée dans ces plaines sans fin du nord de l’Europe.

Musique.
Ils attendent que s’écoule le temps de la musique. Cette musique c’est aussi l’histoire de la mère.

SUZANNE

Prise en charge par le département,
elle avait fait une école normale d’institutrice.
Son premier poste est Dunkerque – elle a entre vingt-trois et vingt-cinq ans.

Un jour elle fait une demande pour entrer dans le cadre de l’enseignement colonial.
Sa demande est acceptée.
Elle est nommée en Indochine française.
On doit être en 1912.

Ainsi la mère était quelqu’un qui était parti.
Qui avait quitté sa terre natale, son pays, très jeune, pour aller vers l’inconnu.

Il fallait un mois de bateau pour aller de Marseille à Saïgon3.

Temps.

Plusieurs journées de chaloupe pour inspecter les postes de la brousse le long du Mékong.
Dans cette brousse il y avait la lèpre, les épidémies de la peste, et de choléra. Et la faim.

La mère avait donc commencé très tôt à inventer d’entreprendre des choses comme ça. De partir, de quitter sa famille pour aller vers le voyage. Et la lèpre. Et la faim.

Silence. Joseph et Suzanne embrassent la mère, ses mains, son corps, se laissent couler sur elle, cette montagne qui, immuable, muette, inexpressive, leur prête son corps, laisse faire.

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Amélie Vioux

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9 commentaires

  • Bonjour, quel plan aurait été le mieux pour la question de corpus et le commentaire ?

    Autre chose, depuis la seconde, j’ai toujours fait des commentaires de texte sans problématique (et il n’y a pas de problématique dans la méthode que j’ai apprise) et en regardant sur internet j’ai vu plusieurs fois et entendu parler d’une problématique.
    Est-il nécessaire d’en avoir une ou on peut faire sans comme j’ai appris ?

    Merci d’avance 🙂

  • Bonjours Amélie ! Le site est super !
    J’ai une petite question… Peut-on faire des citations de mots ou phrases qui sont dans le para texte ? 😕

    • Bonjour Léa,
      Le paratexte n’a pas été écrit par l’auteur. Vous pouvez l’utiliser pour situer l’extrait (notamment dans votre introduction) ou pour interpréter le texte, mais il ne doit pas être cité comme faisant partie du texte à étudier. Attention toutefois de ne pas confondre paratexte ( notamment le chapeau en italique pour vous aider à situer l’extrait) et les didascalies qui, au théâtre, font partie intégrante de l’extrait à étudier et peuvent donc être citées.

  • Bonjour, je ne suis pas sur de bien comprendre le texte C, es-ce que la mère est réellement morte ?
    Dans le commentaire, pouvons-nous ou doit-on parler du paratexte ( qui constitue la mise en scène ) qui est très long ici ?

    PB POSSIBLE ? = En quoi cet hommage retraçant la vie de la mère est-it représentatif d’une vision péjorative de l’Indochine qui englobe la colonisation ?

    Merci de votre réponse !!! 🙂

    • Bonjour Sophie,
      Non la mère n’est pas morte dans cet extrait : elle est présente sur scène. Mais elle ne parle pas et semble donc déjà à moitié partie. Il y a un décalage entre le récit que ses enfants font d’elle et sa présence sur scène. Le long passage en italique ne doit pas être considéré comme du paratexte mais comme des didascalies. C’est Marguerite Duras qui a écrit ces indications : elles font donc partie du texte à commenter.

  • bonjour Amélie , je voulais juste te dire que je passe le bac français en Algerie , et on a eu objet d’étude : le personnage de roman , du 17eme siècle à nos jours
    et je le corpus c’est :
    texte A: Stendhal , la chartreuse de parme ( au moment où fabrice ….. avez vous un miroir ? )
    texte B alexendre dumas , les trois mousquetaires ( et maintenant que vous etes rassemblés …. à qu’en faisons-nous ? ) chapitre IV
    texte C: guy de Maupassant , bel ami premiere partie chapitre VI ( puis on l’amena jusqu’à ….. vous avez du le voir du reste ? )

    la question

    en quoi ces scene de duel permettent-elles d’illustrer les caractéristiques du personnage principal ??

    vous répondrez a cette question en confrontant les trois textes composant le corpus .

    sujet 1 vous commenterais le texte d’alexendre dumas

    sujet 2 dissertassion

    un personnage de roman ne se construit-il qu’à traves des scene d’action ?

    vous répondrez a cette question dans un developpement structuré , en vous fondant sur les textes du corpus , ceux étudieés en classe et votre culture personelle

    sujet 3

    en vous insipirant du texte de Maupassant , imaginez le récit que georges Duroy, rassuré par l’issue du duel , pourrait faire de cet épisode à l’une de ses conquêtes amoureuses.

    voilà maintenant tu sais a peu pres ce qui est tombé , bisous et bravo pour ce site

    • Bonjour Raya,
      Merci beaucoup de venir partager le sujet que tu as eu. Je vais essayer de trouver les textes pour les publier sur le blog. Bon courage pour l’oral maintenant ! A bientôt,

  • Bonjour, que faut-il vraiment réviser pour l’écrit de français ? Je passe mon écrit mercredi prochain, vu que j’ai à moitié loupé mon oral, il faut que je me rattrapes sur l’écrit…

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