Candide de Voltaire, chapitre 18 : commentaire

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commentaire du chapitre 18 de candide Voici le commentaire composé du chapitre 18 de Candide (la visite d’Eldorado).

(Voir ma fiche de lecture sur Candide).

Il s’agit de l’analyse du passage qui va de « vingt belles filles de la garde » à « ce n’était pas ce qui l’étonna le moins. ». Lire le texte de chapitre 18 de candide commenté.

Pour lire les questions possibles sur ce texte à l’oral de français et voir comment y répondre, cliquez ici.

I – La description d’une utopie

A – Un lieu exotique et merveilleux

Eldorado apparaît comme un lieu hors du commun qui mêle exotisme et merveilleux.

On retrouve dans un premier temps le thème du merveilleux : tout est grand dans ce nouveau monde (Relevez le champ lexical de la grandeur : « les grands officiers et les grandes officières », « les édifices publics élevés jusqu’aux nues », les « grandes places »).

Le décor est exotique : « fontaines d’eau rose, de liqueurs de sucre de canne ».

Rien n’est semblable au monde connu de Candide. C’est pourquoi on observe des adjectifs d’approximation : « une espèce de pierreries », « une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. » La description d’un monde si nouveau et exotique ne peut être qu’imparfaite, imprécise.

La présence répétée d’hyperboles et l’emploi du superlatif érigent Eldorado en monde de perfection : « le plus de plaisir », « jamais on ne fit meilleure chère », « jamais on n’eut plus d’esprit »

B – Un lieu d’abondance

La perfection d’Eldorado est en outre mise en relief par la profusion des grands nombres : « vingt belles filles », « deux files, chacune de mille musiciens », « mille colonnes », « une galerie de deux mille pas », « la millième partie de la ville ».

Relevez la répétition de « mille » dans les expressions ci-dessus : il s’agit d’un nombre hyperbolique, qui souligne l’opulence.

L’abondance est aussi perçue à travers l’emploi de la forme plurielle pour décrire les éléments de la ville d’Eldorado : « les édifices publics », « les marchés », « les fontaines ».

D’ailleurs ces éléments sont énumérés sur plus de 4 lignes : cette accumulation, portée par un rythme ample (du fait des juxtapositions et des deux propositions subordonnées relatives) met en évidence les richesses matérielles de ce lieu :
« on leur fit voir la ville, les édifices élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de canne de sucre, qui coulaient continuellement […] qui répandaient une odeur semblable […] »

C – Un monde idéal

Le lieu décrit est une utopie :  un monde est parfait en tout domaine.

♦ Politiquement, Eldorado s’apparente à une monarchie libérale dans la mesure où les sujets jouissent d’une liberté de pensées (politiques, religieuses ou philosophiques).

♦ Il faut noter l’absence d’institutions répressives (justice et prison) :
«  Candide demanda à voir la cour de justice, le Parlement ; on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des prisons, et on lui dit que non. »
Sachez que le Parlement au 18ème siècle n’est pas une institution législative comme aujourd’hui. Sous l’Ancien régime, les Parlements étaient des cours de justice avec certaines attributions administratives.

♦ La culture occupe une place prépondérante dans l’utopie de Voltaire puisque d’importants moyens lui sont consacrés : « une galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématique et de physique ».

♦ Remarquez également qu’il s’agit d’une société urbaine : « édifices », « marchés », « grandes places », « galerie » etc.

Transition : Le terme utopie a une double étymologie :
♦ eutopie : un monde où tout est parfait
♦ outopie : un monde qui n’existe pas.

Nous venons de voir que Voltaire décrit dans le chapitre 18 de Candide un monde parfait (eutopie). Néanmoins, il nous laisse également deviner que ce monde n’existe pas et qu’il a surtout été imaginé pour servir de support à une critique des sociétés européennes (outopie).

II – La fonction critique de cette utopie

A – La distance de Voltaire

Le chapitre 18 de Candide contient de nombreux indices laissant transparaître la distance de Voltaire.

Tout d’abord, la surenchère de nombres faramineux et de détails féériques fait comprendre au lecteur que ce monde n’existe pas. Les hyperboles déraisonnables, soutenues par des effets d’insistance (répétitions de  « mille », de « grands » ) poussent le lecteur à une certaine distance critique.

Ensuite, Voltaire présente avec humour la naïveté de Cacambo et Candide.

La cascade de questions de Cacambo semble interminable en raison de l’anaphore en « si » : « si on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle (…) ».

Les propositions fantasques de Cacambo (lécher la poussière etc) créent un effet comique.

Les deux jeunes gens apparaissent comme des enfants sans recul. D’ailleurs, ils « sautèrent au cou de Sa Majesté » avec une naïveté toute enfantine.

B – La critique sous-jacente des sociétés européennes

La présentation de cette utopie nous invite à percevoir les travers des sociétés européennes.

La monarchie libérale d’Eldorado dans laquelle les sujets vivent en harmonie permet de dénoncer la tyrannie de la monarchie absolue en France.

La description d’un pays où les cours de justice et les prisons n’existent pas révèle en creux l’arbitraire et l’inutilité des institutions répressives en France et dans les pays d’Europe.

Par ailleurs Voltaire rappelle l’importance de l’éducation et de la culture, seul moyen de combattre l’obscurantisme.

Dans le chapitre 18, Voltaire présente également un modèle de société urbaine. Il ne cherche pas à propager le mythe du bon sauvage, comme le font beaucoup d’ auteurs du 18ème siècle (Rousseau, Diderot) mais il montre une société où le progrès de la civilisation mène à l’épanouissement de l’homme.

Si Voltaire profite de cette utopie pour dresser une critique des sociétés européennes, il ne propose pas d’alternative précise. La découverte d’Eldorado ne constitue qu’une étape dans le cheminement de Candide, étape qui permet de présenter les valeurs défendues par Voltaire.

Conclusion Candide chapitre 18 :

Dans le chapitre 18 de Candide, Voltaire présente un pays utopique, Eldorado, afin de faire réfléchir en creux sur la société européenne de son temps.

Cette critique  est constructive dans la mesure où elle vise à promouvoir les valeurs des Lumières : la bonté et la générosité, la liberté de pensée, l’éducation et la culture, l’urbanisme maîtrisé.

Mais Voltaire ne livre pas encore de système applicable. Ce chapitre constitue simplement une étape dans l’apprentissage de Candide.  Cette étape lui permettra de comprendre les valeurs nécessaires à l’épanouissement de l’Homme, valeurs qu’il mettra en application dans le chapitre final du « jardin » (chapitre 30).

Pour aller plus loin :

En quoi Candide est-il un conte philosophique ? (vidéo)
Candide, chapitre 1 : commentaire (l’incipit)
Candide, chapitre 3 (commentaire)
Candide, chapitre 6 (commentaire)
Candide, chapitre 19 : commentaire (le nègre de Surinam)
Candide chapitre 30 : analyse (excipit)
Quiz sur Candide

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Amélie Vioux

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