Grégoire Delacourt, auteur de La liste de mes envies

Crédit photo : Emmanuelle Hauguel

Grégoire Delacourt est un romancier français né en 1960.

Son deuxième roman, La liste de mes envies publié en 2012, a rencontré un très grand succès, avec plus d’un million d’exemplaires vendus et a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2014.

Grégoire Delacourt continue à ravir ses lecteurs en publiant un nouveau roman presque chaque année.

Grégoire Delacourt, pouvez-vous vous présenter ?

En fait, je suis un jeune vieux écrivain. Mon premier roman a été publié en 2011. J’avais 51 ans. Avant, et jusqu’à il y a deux ans environ, j’étais rédacteur dans la publicité. J’écrivais donc pour gagner ma vie. Avec les livres, désormais, j’écris pour vivre.

Quels sont les livres qui ont exercé une profonde influence sur vous ?

Tous les livres que j’ai lus ont eu une grande influence sur moi. Ils ont été très tôt des compagnons, des amis même, quand dans mon enfance, je n’aimais pas ma vie. Je peux dire qu’ils m’ont sauvé. Littéralement. Donné envie de croire qu’il y avait toujours un salut quelque part. Une famille qui m’entourerait. Une maison paisible. Des parents qui s’aimeraient. J’écris ces îles maintenant. Comme on essaie de redresser une enfance tordue.

Et donc, parmi les auteurs importants pour moi, il y a ceux de l’enfance. Pagnol. Giono. Leblanc. Cohen. Puis plus tard, ceux de la violence du monde. Selby Jr. Gomez-Arcos. Kasischke. Certains Wharton. Zola. Le tout ponctué des formidables auteurs du roman noir américain. Hadley Chase. Thompson. M.Cain. Behm. Block.

Aimiez-vous la lecture de classiques au lycée ou votre goût pour la littérature s’est-il développé plus tard ?


J’ai toujours eu du mal à l’école avec ce qui était obligatoire. Je suis donc passé à côté de bien des classiques. Je le regrette un peu aujourd’hui. Mais mon goût pour les livres a été présent très tôt dans ma vie – plus facile à une époque où nous n’avions ni télé (je parle pour ma famille) ni internet ni séries télé (dont je suis accro aujourd’hui).

Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ?


Oh la la. C’est un livre très important pour moi. Mon Père – c’est son titre – confronte un prêtre et un père qui l’accuse d’avoir abusé de son fils. Ce que j’ai cherché à comprendre avec ce texte, c’est comment un adulte peut commettre de tels actes sur un enfant. Pourquoi peut-on détruire ceux que nous pouvons aimer le plus. Et que deviennent les notions de vengeance ou de pardon quand on sait que le mal fait est inguérissable.

C’est un livre de colère aussi. Contre le silence suspect du monde. Mais comme les enfants ne votent pas, je suppose qu’on s’en fout un peu. Je rêve d’une manifestation sur les Champs Elysées, avec un million d’enfants qui crieraient que leur corps n’est pas une marchandise. Pas la poubelle du désir des monstres. Ça ferait mal, une telle manifestation. Ça changerait le monde.

Quels sont vos thèmes de prédilection ? Sur quoi aimez-vous écrire ?

Les gens, surtout. Les relations entre eux. L’amour. Pourquoi, par exemple, l’amour, qui devrait rendre chacun si heureux, est-il souvent si compliqué ? Pourquoi ça fait si mal parfois ? Pourquoi il peut pousser à tuer – souvenez- vous, on parlait à l’époque de crimes passionnels et il est amusant, si l’on peut dire, de noter que la passion était alors une circonstance atténuante, qu’elle est aujourd’hui devenue une circonstance aggravante. Donc oui, la passion est un thème qui sous-tend pas mal de mes livres.

J’aime aussi les thèmes de l’époque. Ils me servent toujours de toile de fond. Que ce soit l’argent, par exemple (La liste de mes envie), le burn-out (On ne voyait que le bonheur), la dictature de l’apparence (La première chose qu’on regarde) ou encore l’injonction faite aux femmes de rester jeunes (La femme qui ne vieillissait pas).

Comment organisez-vous vos journées d’écriture ? Avez-vous certaines habitudes d’écriture ?

J’écris le matin. Dans l’énergie du jour nouveau. Quatre heures environ. Après, mon cerveau est une purée. C’est très fatigant d’écrire, même si l’on pourrait penser que rester assis quatre heures est une sinécure. Il faut penser à tout, se souvenir de tout, écrire à la vitesse de la pensée qui est très rapide, lutter contre les doutes, éviter les déviations, se méfier des raccourcis. Mais malgré tout cela, écrire reste une joie inouïe. Un plaisir incomparable qu’on ne me prendra jamais, quelle que soit la vie du livre après. Je crois qu’on écrit surtout pour le plaisir d’écrire.

Quels sont vos projets littéraires ? Travaillez-vous sur un manuscrit actuellement ?


Oui. Je termine actuellement un texte. Il devrait paraître à la fin du printemps. J’ai toujours du mal à parler d’un travail en cours. Trop le nez dans le guidon. Tout est encore fragile. Incertain. Dans quelques temps, si vous voulez, je vous dirai tout !

Merci Grégoire Delacourt !
Entretien réalisé en décembre 2019.

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