Scholastique Mukasonga est une écrivaine franco-rwandaise qui échappe au génocide des Tutsi au Rwanda en arrivant en France en 1992. Elle a publié son premier roman Inyenzi ou les cafards en 2006.
Son roman Notre-dame du Nil a remporté le prix Renaudot en 2012. Le film « Notre-dame du Nil », adapté de son roman, sort en salle le 5 février 2020.
Partez à la découverte de cette écrivaine avec son interview.
Pouvez-vous vous présenter ?
Scholastique Mukasonga, née au sud-ouest du Rwanda. En 1960, ma famille comme beaucoup d’autres Tutsi est déportée à Nyamata dans la région de Bugesera, au sud-est du pays. Dans les années 70, je fais partie des rares Tutsi admis dans les écoles secondaires, à peine 10% des places pour les Tutsi. En 1973, Je suis chassée de l’école d’assistante sociale de Butare. J’échappe de peu à la mort et me réfugie au Burundi où j’achève mes études. Je travaille comme assistante sociale pour l’UNICEF auprès des paysannes burundaises.
J’arrive en France en 1992 : c’est ainsi que j’échappe au génocide des Tutsi au Rwanda, survivante de ma famille restée au Rwanda et massacrée durant le génocide. Je deviens la mémoire de tous ceux qui ont été exterminés à Nyamata et le devoir d’écrire s’est alors imposé à moi. C’est le génocide des Tutsis au Rwanda qui a fait de moi une écrivaine.
Quels sont les livres qui vous ont influencée ?
Les livres qui sont mes références, mais que j’ai découverts après avoir écrit mon premier livre, Inyenzi ou les Cafards, sont : Elie Wiesel : La Nuit ; Primo Levy : Si c’est un homme, Aimé Césaire : Cahier d’un retour au pays natal, André Schwarz-Bart : Le Dernier des Justes, La Mulâtresse Solitude.
Mes pérégrinations littéraires m’ont amenée à rencontrer et à apprécier la Brésilienne Conceiçao Evaristo, l’Américaine Toni Morrison et Ta-Nehisi Coates. J’ai eu un coup de cœur pour le livre de Jérôme Garcin «Olivier» .
Aimiez-vous la lecture de classiques au lycée ?
Il n’y avait pas de bibliothèque au lycée Notre-Dame de Citeaux de Kigali et l’on n’y étudiait pas les classiques français comme Racine ou Molière. Le seul livre que j’avais pu me procurer par un heureux hasard, un jeune coopérant l’ayant laissé trainer dans la salle des profs, était Le comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas que je lisais et relisais : ce fut mon vrai trésor.
Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Mes lecteurs m’ont toujours fait remarquer, voir reproché que mes thèmes tournent toujours autour de la femme, de la mère. Mais cela est bien évidement incontournable : j’ai grandi dans une société africaine qui reste toujours mon inspiration et où la mère occupe toujours une place prépondérante.
Avez-vous des habitudes d’écriture ?
Je n’ai pas de rituel particulier. J’ai gardé la spontanéité naturelle à l’origine de mon entrée dans la littérature.
Au départ, je vivais l’angoisse d’une menace que ma mémoire s’efface. C’était une course pour sauver la mémoire. Depuis que je suis entrée dans la littérature, reconnue écrivaine, j’écris au rythme de mon inspiration. Je me considère comme une conteuse orale, fidèle héritière de ma mère.
Travaillez-vous sur un manuscrit actuellement ?
Mon prochain ouvrage ‘’Kibogo est monté au ciel’’ paraîtra en mars prochain. Le thème en est l’acculturation apportée par la colonisation et la christianisation. La résistance des traditions rwandaises face à l’agression des civilisations occidentales.
Un film a été adapté de mon roman « Notre-Dame du Nil » ; il sort en salle le 5 février prochain.
Merci Scholastique Mukasonga !
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