Bac de français 2013 : sujets au Liban (S, ES et L)

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sujets du bac de français 2013 liban s es LVoici les sujets donnés au bac de français 2013 au Liban (centres étrangers) pour les séries S, ES et L. 

Sujet du bac de français 2013 Liban
Séries S et ES

Pour télécharger les sujets des séries S et ES au format pdf, cliquez ici

Le corpus était constitué de quatre textes :

Texte A – Pierre de Ronsard, Le Second Livre des Odes, Ode 18 (1571).
♦ Texte B – Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, IV, 1, « Regard jeté dans une mansarde » (1840).
♦ Texte C – Arthur Rimbaud, Poésies complètes, « La Maline » (1870).
Texte D – Eugène Guillevic, Terre à Bonheur, section « Exposé », II, « Au-devant de la lumière » (1951)

Question sur corpus (4 points) :

Quel rapport du poète au monde et à la vie s’exprime dans ces quatre textes ? Justifiez votre réponse.

Sujet principal (16 points) :

Commentaire littéraire

Vous commenterez le poème de Victor Hugo : « Regard jeté dans une mansarde » (texte B).

Dissertation

La poésie doit-elle célébrer la vie ?
Vous développerez votre propos en vous appuyant sur les textes du corpus, les textes que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures personnelles.

Écriture d’invention

Dans le cadre d’un débat organisé par le club poésie de leur établissement, deux lycéens discutent et s’opposent: l’un part de l’idée que les plus grands textes expriment des sentiments souvent douloureux, l’autre trouve cette conception de la poésie trop réductrice. Au fil des échanges, les deux points de vue évoluent en se nuançant.

Pour télécharger les textes des séries S et ES au format pdf, cliquez ici

Sujet du bac de français 2013 Liban
Série L

Le sujet portait sur l’objet d’étude « Les Réécritures »

Le corpus était constitué de quatre textes :

♦ Texte A : Ovide, Les Métamorphoses, livre X, « Orphée et Eurydice », début du 1er siècle après J.C., traduction de G. Lafaye.
Texte B : Pierre-Louis Moline, livret de Orphée et Eurydice, opéra de Christoph Willibald Gluck, version de 1774, Acte IV, scène 1.
Texte C : Hector Crémieux, livret de Orphée aux Enfers, opéra-bouffe de Jacques Offenbach, version de 1858, Acte l, scène 2.
Texte D : Victor Segalen, Orphée-roi, 1921, Acte Il, scène 2.

Question sur corpus (4 points) :

Dans les textes de ce corpus, quels aspects de l’histoire d’Orphée se prêtent-ils particulièrement à une transposition à la scène ?

Travail d’écriture (16 points) :

Commentaire littéraire

Vous commenterez l’extrait d’Orphée-Roi de Victor Segalen (texte D).

Dissertation

Dans quelle mesure peut-on dire qu’une réécriture est aussi une création ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus, les œuvres étudiées en classe et votre culture personnelle.

Écriture d’invention

Imaginez une scène théâtrale parodique dans laquelle Eurydice, malgré les protestations d’Orphée venu la chercher, déclare préférer l’enfer à la vie avec lui.

Les textes
(bac de français 2013 – Liban – série L):

 

Texte A : Ovide, Les Métamorphoses, livre X, « Orphée et Eurydice », début du 1er siècle après J.C., traduction de G. Lafaye. .

[Orphée, roi de Thrace, pleure la mort de sa femme Eurydice. Il va aux Enfers supplier les Dieux de la lui rendre. Pour les émouvoir, il chante en s’accompagnant de sa lyre. Cet instrument à cordes lui a été donné par Apollon, dieu de la musique et de la poésie.]

  Tandis qu’il exhalait ces plaintes, qu’il accompagnait en faisant vibrer les cordes, les ombres exsangues pleuraient; Tantale1 cessa de poursuivre l’eau fugitive; la roue d’Ixion1 s’arrêta; les oiseaux oublièrent de déchirer le foie de leur victime, les petites-filles de Bélus1 laissèrent là leurs urnes et toi, Sisyphe1, tu t’assis sur ton rocher. Alors, pour la première fois des larmes mouillèrent, dit-on, les joues des Eurnénides2, vaincues par ces accents; ni l’épouse du souverain, ni le Dieu qui gouverne les Enfers ne peuvent résister à une telle prière; ils appellent Eurydice; elle était là, parmi les ombres récemment arrivées; elle s’avance, d’un pas que ralentissait sa blessure. Orphée du Rhodope3 obtient qu’elle lui soit rendue, à la condition qu’il ne jettera pas les yeux derrière lui, avant d’être sorti des vallées de l’Averne4; sinon, la faveur sera sans effet. Ils prennent, au milieu d’un profond silence, un sentier en pente, escarpé, obscur, enveloppé d’un épais brouillard. Ils n’étaient pas loin d’atteindre la surface de la terre, ils touchaient au bord, lorsque, craignant qu’Eurydice ne lui échappe et impatient de la voir, son amoureux époux tourne les yeux et aussitôt elle est entraînée en arrière; elle tend les bras, elle cherche son étreinte et veut l’étreindre elle-même; l’infortunée ne saisit que l’air impalpable. En mourant pour la seconde fois elle ne se plaint pas de son époux (de quoi en effet se plaindrait-elle sinon d’être aimée ?); elle lui adresse un adieu suprême, qui déjà ne peut qu’à peine parvenir jusqu’à ses oreilles et elle retombe à l’abîme d’où elle sortait.

1. Tantale, Ixion, Bélus, Sisyphe : personnages mythologiques condamnés à subir des supplices aux Enfers.
2. Euménides : déesses de la vengeance.
3. Rhodope : montagne de Thrace où est né Orphée.
4. vallées de l’Averne : les Enfers.

 

Texte B : Pierre-Louis Moline, livret de Orphée et Eurydice, opéra de Christoph Willibald Gluck, version de 1774, Acte IV, scène 1.

 [Orphée a obtenu le droit de ramener Eurydice chez les vivants, mais à condition de ne pas se retourner pour la regarder. Elle n’est pas informée de cette contrainte.]

 ACTE IV

Le théâtre représente une caverne obscure et inhabitée, qui conduit hors des Enfers.

Scène première.

Orphée amène Eurydice par la main, sans la regarder.

[…]
ORPHÉE
Eurydice, suis-moi,
Profitons sans retard de la faveur céleste;
Sortons, fuyons ce lieu funeste.
Non, tu n’es plus une ombre, et le dieu des amours
Va nous réunir pour toujours.

EURYDICE
Qu’entends-je ? Ah ! Se peut-il ?
Heureuse destinée !
Eh quoi! nous pourrons resserrer
D’amour la chaîne fortunée ?

ORPHÉE
Oui, suis mes pas sans différer.
(Il quitte la main d’Eurydice.)

EURYDICE
Mais, par ta main ma main n’est plus pressée !
Quo i! Tu fuis ces regards que tu chérissais tant !
Ton cœur pour Eurydice est-il indifférent ?
La fraîcheur de mes traits serait-elle effacée ?

ORPHÉE (à part.)
Oh dieux! quelle contrainte !
(Haut.)
Eurydice, suis-moi…
Fuyons de ces lieux, le temps presse,
Je voudrais t’exprimer l’excès de ma tendresse…
(A part.)
Mais, je ne puis ! ô trop funeste loi !

EURYDICE (tendrement.)
Un seul de tes regards !…

ORPHÉE
Tu me glaces d’effroi !

EURYDICE
Ah ! Barbare !
Sont-ce là les douceurs que ton cœur me prépare ?
Est-ce donc là le prix de mon amour ?
Ô fortune jalouse !
Orphée, hélas ! se refuse en ce jour
Aux transports innocents de sa fidèle épouse.

ORPHÉE
Par tes soupçons, cesse de m’outrager.

EURYDICE
Tu me rends à la vie, et c’est pour m’affliger !
Dieux, reprenez un bienfait que j’abhorre1 !
Ah ! cruel époux, laisse-moi !

ORPHÉE
Viens ! Suis un époux qui t’adore.

1. que j’abhorre : que j’ai en horreur.

Texte C : Hector Crémieux, livret de Orphée aux Enfers, opéra-bouffe de Jacques Offenbach, version de 1858, Acte l, scène 2.

 [Orphée est ici un professeur de musique qui dirige la fanfare de Thèbes. Il est marié à Eurydice, qui vient de le surprendre en train de séduire une nymphe, alors qu’elle­ même le trompe avec le berger Aristée.]

EURYDICE
Fort bien ! Savez-vous ce que je conclus de tout cela, mon bon chéri ?… c’est que si j’ai mon berger, vous avez votre bergère… eh bien ! Je vous laisse votre bergère, laissez-moi mon berger.

ORPHÉE
Allons ! Madame, cette proposition est de mauvais goût !…

EURYDICE
Pourquoi donc, je vous prie ?

ORPHÉE
Parce que… parce que… tenez ! Vous me faites rougir !

EURYDICE
Vraiment ! Eh bien ! Si cette couleur-là vous déplaît, nous tâcherons de vous en trouver une autre.

ORPHÉE
Eurydice !… Ma femme ?…

EURYDICE
Ah ! Mais, c’est qu’il est temps de s’expliquer, à la fin ! Et il faut qu’une bonne fois je vous dise votre fait, maître Orphée, mon chaste1 époux, qui rougissez ! Apprenez que je vous déteste ! Que j’ai cru épouser un artiste et que je me suis unie à l’homme le plus ennuyeux de la création. Vous vous croyez un aigle, parce que vous avez inventé les vers hexamètres!… mais c’est votre plus grand crime à mes yeux !… est-ce que vous croyez que je passerai ma jeunesse à vous entendre réciter des songes classiques et racler (montrant le violon d’Orphée) l’exécrable instrument que voilà ?…

ORPHÉE
Mon violon !… ne touchez pas à cette corde, madame !

EURYDICE
Il m’ennuie, comme vos vers, votre violon !… allez charmer de ces sons les bergères de troisième ordre dont vous raffolez. Quant à moi, qui suis fille d’une nymphe et d’un demi-dieu, il me faut la liberté et la fantaisie !… j’aime aujourd’hui ce berger, il m’aime; rien ne me séparera d’Aristée !

1. chaste : qui s’abstient de relations sexuelles.

Texte D : Victor Segalen, Orphée-roi, 1921, Acte Il, scène 2.

 [Orphée est un poète musicien qui vit seul sur une colline en Grèce. Sa compagne Eurydice le regarde dormir.]

EURYDICE
Vole et danse ! Va-t-en… où tu voudras en esprit !

à genoux, prieuse plaintive aux flancs du dormeur…

       Je suis là, fidèle à ton corps endormi, plus docile que toute fille ou femme humaine…
Qu’une autre, jalouse, implore les caresses et le don nuptial,
Je ne demande rien : je suis là, au bord de ton sommeil.
Tu ne m’as jamais dit ce qu’on dit en aimant. Une première fois, tu as chanté : « J’aime… »
A quoi bon ? Il dort plus sourdement ! Il est parti, il est perdu de lui, il s’est dépris de ce corps que je tiens sous mes doigts.
Va-t-en ! Va-t-en !
Non. Reste parmi nous les vivants.
Reviens à moi. Je t’aime.
Mais je ne veux plus que tu rêves si je ne peux pas aimer ton rêve aussi ! Ah !

Elle s’abat toute sur Orphée; étreignant le dormeur sans défense, couvrant le visage de ses mains qui font des signes et des caresses…
Un cri… Eurydice se rejette en arrière.

ORPHÉE a ouvert les yeux. Toute la musique se tait.

LONG SILENCE rompu par la voix tremblante d’Eurydice.

EURYDICE
Pardonne-moi… J’ai…

ORPHÉE
Que ce monde est sourd et silencieux !

EURYDICE
Ce monde… Où étais-tu ?

ORPHÉE
Qui m’a rappelé ? Qui m’a frappé ?

EURYDICE
Oh non ! pas moi ! J’ai mal… Cette corde en cassant m’a cinglée1
Personne ne l’a touchée… Elle s’est brisée toute seule…
Mais tant mieux, et toutes les autres !
Voilà d’où vient ton mépris de moi, et les haines autour de toi-même : ta Lyre.
Je la déteste : elle te possède, elle t’ensorcelle…
Mais je te délivrerai. Je t’éveillerai toujours de tes mauvais songes.
Alors, tu me diras ce qu’on dit en aimant.

ORPHÉE
Dans un transport passionné, Orphée saisit sa Lyre, se lève, et, – détourné d’Eurydice :

Tu es belle et indomptable, Lyre, amante enchantée !
Gardienne au seuil de mes palais sonores! Réseau fier qui trame mes sommeils et défend mon rêve chantant,
Lyre, c’est à toi que vont les jeux aimants : tes hanches sont polies et nacrées; la courbe de tes cornes est cambrée comme deux bras dansants.
Ta voix est nombreuse ! Ta voix est hardie ! Quand tu trembles, tout s’agite et retentit.
Mais, tes nerfs vivants, voici qu’ils se brisent : la corde morte traîne sur mes poignets et sur mes doigts.
Quel discord2 a pu la rompre ?
Ô seule ! Vas-tu m’abandonner ainsi ?
Je t’emporte, je te ravis3, je te sauve avec moi-même !

Il s’en va, descendant le cours du Fleuve. Eurydice éclate en sanglots.
Le rideau tombe brutalement.

1. cingler : frapper.
2. discord : fausse note (terme musical).
3. ravir : enlever.

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