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Tu le sais, l’un des exercices proposé à l’écrit du bac de français pour les séries technologiques est la contraction de texte suivie d’un essai.
Nous avons vu en détail la méthode de la contraction de texte ici.
Penchons-nous maintenant sur la deuxième partie de cet exercice : l’essai.
1 – Qu’attend-on de moi dans un essai ?
L’essai est un exercice souvent redouté car il faut y exprimer un point de vue personnel et construit.
Pourtant, les exigences de l’essai au baccalauréat sont tout à fait accessibles.
Voici exactement ce qu’on attend de toi dans cet exercice :
A – Une réponse claire, structurée et argumentée à la question
L’essai est un exercice argumentatif : tu dois convaincre le correcteur de la pertinence de ta réponse en avançant des arguments illustrés par des exemples.
Là où les choses se corsent, c’est que tu ne vas généralement pas argumenter uniquement pour défendre ton point de vue sur la question.
Tu vas souvent envisager d’autres points de vue, et leur trouver, à eux aussi, des arguments et des exemples.
Nous allons voir dans un instant comment réaliser cela dans un plan en deux ou trois parties.
B – Des exemples précis et pertinents
Dans un essai, chaque argument est illustré par un ou plusieurs exemples.
Ces exemples peuvent être tirés de ta culture générale (actualité, cinéma, histoire…), mais il est essentiel, au bac de français, de te référer également à des œuvres ou textes littéraires pour illustrer tes arguments.
Je t’entends déjà pousser des cris d’orfraie : « Des textes littéraires ? Mais je n’en connais paaaaas ! ».
Du calme. Si tu as passé tes dernières années au collège et au lycée, je t’assure que tu as davantage de culture littéraire que tu ne l’imagines.
Tu peux en effet mobiliser dans ton essai :
- Le texte à contracter
- L’œuvre intégrale au programme
- Les extraits d’œuvres proposés par ton enseignant dans le cadre du parcours
- La lecture cursive que tu as étudiée pour cet objet d’étude
- Des œuvres ou extraits étudiés au collège ou au lycée.
Cela n’a rien d’impossible. Pour y parvenir, dresse l’inventaire de ta culture littéraire en faisant la liste des textes que tu connais et entraîne-toi toute l’année à mobiliser cet inventaire.
C – Une connaissance de l’œuvre au programme et son parcours associé
L’essai a toujours un rapport avec l’œuvre étudiée dans le cadre de l’objet d’étude « Littérature d’idées » et son parcours.
La raison est simple : l’œuvre lue doit te servir de support pour répondre à la question.
Autant dire que tu dois connaître suffisamment cette œuvre pour t’y référer de façon précise.
Pour cela, lis-la deux ou trois fois et réalise une fiche approfondie sur le parcours.
Je te conseille même de sélectionner une quinzaine de citations clés issues de cette œuvre : elles apporteront matière et précision à ton essai.
Rappel : Le jour du bac, trois sujets de contraction de texte suivie d’un essai seront proposés : un pour chacune des trois œuvres au programme de l’objet d’étude « Littérature d’idées ». Tu es donc certain(e) de pouvoir traiter un sujet qui correspond à l’œuvre que tu as étudiée dans l’année.
Par exemple, cette année, trois sujets de contraction suivie d’un essai seront proposés : un sujet sur Gargantua de Rabelais, un sujet sur le livre XI des Caractères de La Bruyère et un autre sur La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges. Tu pourras donc choisir le sujet qui correspond à l’œuvre étudiée dans l’année avec ton professeur.
D – Une rédaction dans une langue correcte
Eh oui, l’essai est un travail d’expression écrite ! Il vise à vérifier que tu sais t’exprimer dans une langue claire, précise et correcte.
Le jury va être particulièrement attentif à :
- La précision et la richesse de ton vocabulaire
- La syntaxe de tes phrases
- L’orthographe
- La mise en page et le respect des conventions typographiques
Prends l’habitude de te relire régulièrement, d’améliorer tes phrases et d’enrichir ton vocabulaire.
2 – Comment trouver un plan pour mon essai ?
Tu as souvent entendu parler des différents types de plans : dialectique, thématique, notionnel…
Mais comment savoir quel plan se prête le mieux pour ton essai ?
Il existe un test imparable : celui de la question ouverte ou fermée qui te permet de savoir si tu dois t’orienter vers un plan thématique ou dialectique.
Je t’explique tout :
A – Le plan dialectique
C’est le fameux plan thèse / antithèse auquel on peut éventuellement rajouter une troisième partie, la synthèse.
Ce type de plan est fréquent mais attention : il ne fonctionne pas pour tous les sujets !
Un plan dialectique (thèse/antithèse) permet de répondre aux questions fermées, c’est à dire aux questions auxquelles tu peux répondre par oui ou par non.
Exemple :
Dans un monde régi par la vitesse, l’immédiateté et le divertissement, l’école peut-elle encore accomplir ses missions ?
Ta réponse spontanée va forcément commencer par oui ou par non :
Oui, l’école peut encore accomplir ses missions
Non, l’école ne peut plus accomplir ses missions correctement
Prenons un autre exemple.
Selon vous, l’esprit des Lumières est-il toujours d’actualité ?
Ta réponse spontanée va forcément commencer par oui ou par non.
Oui, l’esprit des Lumières est toujours d’actualité.
Non, l’esprit des Lumières n’est plus d’actualité
Il s’agit donc d’une question fermée qui appelle un plan dialectique.
B – Le plan thématique ou notionnel
Le sujet d’essai correspond parfois à une question ouverte, c’est à dire une question à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou non.
Par exemple, si je te demande : « Quels sont, selon vous, les buts poursuivis par l’école ? », il est impossible de répondre par oui ou par non.
Cette question est donc ouverte et appelle un plan thématique (appelé également plan notionnel).
Comment trouver des réponses à ce type de question ?
Il n’y a pas d’échappatoire : il faut formuler toi-même plusieurs réponses possibles.
Par exemple :
À la question « Quels sont, selon vous, les buts poursuivis par l’école ? », on peut imaginer différentes réponses :
• La transmission de connaissances
• L’apprentissage de la vie en société
• La transmission de valeurs communes
• L’éveil à l’esprit critique
• L’apprentissage de la liberté d’expression
Pour l’instant, je me suis contentée de jeter quelques réponses possibles sur le papier.
Si ces réponses te paraissent compliquées, ne t’inquiète pas : le texte à contracter te fournit toujours des pistes précieuses pour trouver des arguments pour ton essai.
Ces réponses sont à approfondir, mais on peut déjà imaginer que certaines d’entre elles constitueront les grandes parties de mon essai.
C’est ainsi qu’on réalise un plan thématique !
3 – Comment réussir mon plan (dialectique ou thématique) ?
Une fois que tu as trouvé le type de plan adéquat pour ton sujet, il faut approfondir ce plan, et le dérouler, de façon organisée et logique.
Comment faire ?
Je te donne mes astuces dans mon livre « Réussis ton bac de français » (un livre que j’ai spécialement conçu pour les élèves en séries technologiques !)
Tu trouveras également dans ce livre mes corrigés expliqués pas-à-pas.
Lire quelques corrigés est crucial pour apprendre à déjouer les pièges en fonction du type de plan.
5 – Comment trouver des arguments et des exemples pour un essai ?
Tout d’abord, assure-toi de distinguer les arguments et les exemples.
Les arguments sont les affirmations que tu utilises pour appuyer ton idée principale.
Par exemple :
I – Notre société ne favorise pas l’exercice de l’esprit critique (c’est mon idée principale)…
A – …Car la désinformation et les manipulations sont légion (argument n°1)
B – …Car notre société encourage l’immédiateté, la rapidité, les réactions à vif (argument n°2)
Comme tu le vois, les arguments sont des affirmations qui restent abstraites.
C’est pourquoi il faut les illustrer par un ou plusieurs exemples.
Un exemple, c’est un fait concret qui illustre ton argument.
Par exemple :
Argument : La désinformation est fréquente dans notre société.
Exemple : les « fake news » sont de fausses informations diffusées dans le but de manipuler l’opinion. Ces informations fallacieuses, non vérifiées par des méthodes d’investigation sérieuses, sont colportées très rapidement grâce aux réseaux sociaux.
Argument : Nous ne sommes pas à l’abri de manipulations.
Exemple n°1 : Dans Le Malade imaginaire, Molière met en scène des médecins charlatans qui utilisent des discours savants pour impressionner Argan et lui soutirer de l’argent.
Exemple n°2 : Dans Knock de Jules romain, Knock, un médecin peu scrupuleux, parvient à faire croire aux habitants d’un village qu’ils sont tous malades. Jules Romain montre que la peur peut être utilisée comme arme de manipulation.
Arguments et exemples sont indissociables.
Ce sont comme les deux faces d’une même pièce : l’une ne va pas sans l’autre.
Pour être certain d’avoir un exemple en face de chaque argument, je te conseille, au brouillon, de réaliser un tableau à deux colonnes :
Arguments | Exemples |
La désinformation est fréquente dans notre société. | Les fake news colportées par les réseaux sociaux. |
Nous ne sommes pas à l’abri des manipulations. | Dans Le Malade imaginaire, Molière montrent comment des médecins charlatans peuvent impressionner par des discours savants. |
Ce tableau à deux colonnes est la base de ton brouillon. Le remplir constitue l’étape la plus importante de ton travail.
Maintenant, une question essentielle se pose :
Comment trouver suffisamment d’arguments et d’exemples ?
Il n’y a qu’une méthode : passe en revue toutes les ressources à ta disposition :
A – Le texte à contracter
Le texte à contracter est à utiliser dans ton essai :
1 – Il contient forcément un ou plusieurs arguments que tu peux reprendre
2 – Certains passages peuvent servir d’exemple, pour illustrer un argument
B – L’œuvre intégrale au programme et les textes étudiés en classe dans le cadre du parcours
Le sujet de l’essai est également en rapport avec l’œuvre intégrale et son parcours étudié dans l’objet d’étude « Littérature d’idées ».
Par exemple, si tu as étudié Gargantua de Rabelais avec le parcours « La bonne éducation », tu es certain que l’essai portera sur le thème de l’éducation.
À toi d’être malin !
Mobilise des arguments et des exemples issus de l’œuvre intégrale (Gargantua) et des extraits vus en classe dans le cadre du parcours (les textes distribués par ton enseignant et ceux étudiés lors des bacs blancs).
Ces textes constituent l’essentiel de ta banque d’exemples sur le thème du parcours.
Efforce-toi de les utiliser : c’est un attendu clé de l’épreuve.
C – Ta culture personnelle et l’actualité
Dans un essai, tu n’es pas obligé de recourir uniquement à des exemples littéraires.
Tu peux puiser des arguments et exemples dans ta culture personnelle ou dans l’actualité.
Par exemple, tu as certainement entendu parler du phénomène des « fake news », ces fausses informations qui sont volontairement créées pour manipuler l’opinion publique.
Eh bien, il s’agit d’un exemple tiré de l’actualité, de ta culture personnelle. Tu peux tout à fait l’utiliser.
Il ne faut donc pas te raidir d’effroi quand j’évoque ta « culture personnelle ». Nous avons tous acquis des connaissances sur le monde dont les éléments peuvent servir dans un essai.
6 – Comment rédiger l’introduction, le développement et la conclusion de mon essai ?
Ton essai doit contenir une introduction, un développement et une conclusion.
Ces trois étapes sont INDISPENSABLES. Elles sont attendues par le correcteur et l’absence de l’une d’entre elles te pénaliserait.
Voyons ensemble comment réussir ces trois étapes :
A – L’introduction
Son but est d’envoyer d’entrée de jeu un message positif à ton correcteur.
Elle doit simplement être rédigée en un seul paragraphe et contenir trois étapes :
Étape 1 – L’amorce ou accroche
Étape 2 – La présentation du sujet, et éventuellement la définition des termes clés du sujet
Étape 3 – L’annonce de plan
Par exemple :
Dans son article « Ce n’est pas la panacée ! », Sébastian Dieguez souligne la facilité avec laquelle chacun peut, sous couvert de sérieux et d’argumentation, se parer d’esprit critique, pour s’enfermer en réalité dans ses propres certitudes. (Accroche tirée du texte à contracter.) L’esprit critique consiste à interroger la valeur et l’origine des informations et assertions auxquelles nous sommes confrontés. (Définition de terme clé du sujet : l’esprit critique.) Pourquoi est-il donc si difficile d’éduquer à l’esprit critique ? Quels sont les obstacles à l’exercice de l’esprit critique ? Comment en faire bon usage ? (J’énonce le sujet dans son intégralité, comme si le correcteur ne l’avait jamais lu.) Après avoir vu les raisons pour lesquelles notre société contemporaine rend difficile l’exercice de l’esprit critique, nous nous interrogerons sur les qualités requises pour développer cette attitude intellectuelle. (Annonce du plan)
B – Le développement
Ton développement est composé de deux ou trois grandes parties.
Dans l’exemple ci-dessus, j’ai annoncé dans mon introduction un plan en deux parties :
I – Notre société contemporaine rend difficile l’exercice de l’esprit critique
II – L’esprit critique exige rigueur et honnêteté intellectuelle
Chacune de ces parties doit être étayée par au moins deux sous-parties, c’est-à-dire deux arguments qui viennent justifier ton idée principale.
Par exemple :
I – Notre société contemporaine rend difficile l’exercice de l’esprit critique…
A – …Car la multiplication des informations rend difficile l’exercice de l’esprit critique
B – …Car la culture de l’immédiateté ne favorise pas le temps de la réflexion
Je propose ici deux sous-parties (A et B) pour appuyer ma grande partie (I) « Notre société contemporaine rend difficile l’exercice de l’esprit critique ».
Chaque sous-partie formera un paragraphe.
Voici un exemple de paragraphe argumenté pour un essai :
L’ère numérique s’accompagne d’une multiplication des informations dont les sources, pas toujours identifiables, nuisent à l’exercice de l’esprit critique qui nécessite de décrypter le vrai du faux (J’ai énoncé mon argument). C’est ainsi que les « fake news », ces informations fallacieuses créées par leurs auteurs pour manipuler l’opinion publique, sont devenues depuis quelques années un véritable problème de société (J’ai donné un exemple). Il faut rappeler que les « fake news » existent depuis bien longtemps – on parlait autrefois de rumeurs ou de légendes urbaines – mais elles trouvent dans notre société actuelle un terreau fertile car les réseaux sociaux permettent de les créer et les colporter à une vitesse sans précédent. Ces fausses informations, dont le but est de manipuler l’opinion publique, paralysent l’esprit critique et doivent appeler à notre vigilance. (J’ai développé mon argument et mon exemple).
C – La conclusion
Son but est de donner une réponse ferme et définitive à la question.
Pour cela, il te faut suivre deux étapes simples :
1 – Rappelle les étapes de ton développement
Dans la mesure du possible, ne répète pas ton annonce de plan à l’identique. Utilise des synonymes pour résumer l’essentiel de ton raisonnement.
2 – Fais une ouverture
L’ouverture est une phrase qui élargit la réflexion sur une perspective plus générale. C’est un moyen de montrer que la discussion pourrait se prolonger.
Pour l’essai, je te conseille d’appliquer une astuce toute simple :
Ouvre sur l’œuvre intégrale au programme ou sur la lecture cursive effectuée dans le cadre du programme.
En effet, le sujet de l’essai entretient un lien étroit avec l’œuvre intégrale au programme. Le plus simple est donc d’ouvrir sur cette œuvre.
Voici un exemple de conclusion pour le sujet : Pourquoi est-il si difficile d’éduquer à l’esprit critique ?
Exemple de conclusion :
Nous avons vu que l’esprit critique est difficile à enseigner. Le culte de la vitesse dans notre société, et, à l’échelle individuelle, la mauvaise foi et l’envie d’avoir toujours raison, entravent les efforts et l’honnêteté intellectuelle nécessaires à l’exercice de l’esprit critique. (Je récapitule les jalons de mon raisonnement et donne ma réponse finale ferme et définitive) Rabelais souhaitait d’ailleurs que le maître forme son élève à l’esprit critique. Car si les connaissances à acquérir par le jeune géant restent livresques, le précepteur reste avant tout un guide chargé d’éduquer son élève à l’esprit critique. (ouverture sur l’œuvre intégrale)
Exemples de contraction de texte suivie d’un essai :
Retrouve plusieurs exemples et corrigés de contraction de texte suivie d’un essai dans mon ouvrage « Réussis ton bac de français » spécial séries technologiques :
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