Damilaville, article « Paix » : commentaire

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article paix damilavilleVoici une analyse de l’article « Paix » de Damilaville écrit pour l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Article paix : introduction

Etienne Noël Damilaville, ami et correspondant de Voltaire, a participé à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert pour laquelle il a notamment écrit l’article « Paix » en 1751.

Au moment où Damilaville rédige son article, qui fait écho à l’article « guerre » de Louis de Jaucourt, plusieurs guerres ont eu lieu en Europe, notamment les guerres de succession d’Autriche et de Pologne.

Damilaville reprend donc les arguments de Jaucourt et utilise l’article « paix » pour dénoncer à son tour les méfaits de la guerre.

Questions possibles à l’oral de français sur l’article « Paix » :

♦ En quoi cet article « paix » est-il une critique de la guerre ?
♦ Quelle est la stratégie argumentative de l’auteur ?
♦ En quoi cet article est-il représentatif de la philosophie des lumières ?
Que dénonce cet article « paix » ?
♦ Montrez que cet article est un réquisitoire contre la guerre.

Annonce du plan :

Nous étudierons dans cette analyse la stratégie argumentative utilisée par Damilaville (I) pour construire un violent réquisitoire  contre la guerre (II).

I – Une stratégie argumentative fondée sur des antithèses

A – Une opposition guerre / paix

L’article « Paix » est construit sur une antithèse qui oppose, dans le premier paragraphe, la paix à la guerre.

La guerre est pour Damilaville synonyme de malheur, de détérioration tandis que la paix est la clef du bonheur et de la prospérité.

L’auteur utilise ainsi plusieurs antinomies mises en opposition par le connecteur « au contraire » au centre du paragraphe :

♦ Une métaphore filée présente la guerre comme une maladie (« c’est une maladie convulsive et violente du corps politique » ) et la paix comme l’état de santé du corps politique (« il n’est en santé, c’est-à-dire dans son état naturel, que lorsqu’il jouit de la paix » ).

♦ Une antithèse présente la paix comme une garantie de l’ordre et la guerre comme un facteur de désordre : « elle maintient l’ordre » , « elle y fait régner le désordre » .

♦ La paix « laisse aux lois la force » alors que dans un état de guerre « les lois sont forcées » .

♦ La paix « favorise la population, l’agriculture et le commerce » tandis que  la guerre « trouble et fait négliger le commerce ; les terres deviennent incultes et abandonnées » .

Cette série d’antithèses dresse une image péjorative de la guerre tout en énonçant les bienfaits de la paix.

La guerre est donc de tout points de vue néfaste : la paix est la seule voie souhaitable.

B – Une opposition hypothèse / réalité

Le second paragraphe est construit à partir d’une nouvelle antithèse : l’hypothèse d’un monde où la raison gouverne est confrontée à la réalité.

Damilaville propose en effet une hypothèse introduite par la conjonction « si » : « Si la raison gouvernait les hommes » .

Les temps verbaux – imparfait de l’indicatif dans la subordonnée et conditionnel dans les principales (« verrait » , « marqueraient » , « saisiraient » , « regarderaient » , « sentiraient » ) – soulignent qu’il s’agit d’une hypothèse irréalisable dans le présent.

Les principales au conditionnel sont toutes sous une forme négative (« on ne les verrait point » , « ils ne marqueraient point » , « ils ne saisiraient point » ) : en recourant à la forme négative, l’auteur confronte immédiatement la situation idéale à la réalité, ce qui rend ses arguments plus percutants.

L’auteur dresse ensuite le portrait de la situation réelle avec la conjonction de coordination « Mais » en milieu de paragraphe, suivie de verbes au présent (« vivent » , « mettent » etc.).

Damilaville cherche donc à convaincre le lecteur des méfaits de la guerre en confrontant l’utopie à la réalité.

II – Un violent réquisitoire contre la guerre

Les deux grandes antithèses utilisées par Damilaville lui permettent de dénoncer les causes de la guerre, ses responsables et ses conséquences.

A – La guerre : une maladie humaine

La première phrase de l’extrait (« La guerre est un fruit de la dépravation des hommes » ) souligne les causes humaines de la guerre. Le présent de vérité générale renforce cette constatation.

Alors que la paix est liée à la vertu, à la « raison » , la guerre est liée au vice, à « la dépravation » ,  à « la licence » . La guerre est donc le fruit d’un penchant humain à se laisser aller « inconsidérément » au vice.

Symptôme d’un dérèglement de la morale, la guerre est le résultat d’une maladie. C’est pourquoi Damilaville utilise dans le premier paragraphe la métaphore filée de la maladie : « maladie convulsive et violente du corps politique ».

Cette maladie est d’autant plus détestable qu’il abaisse les hommes au rang d’animaux : « bêtes féroces » , « carnage » .

B – Les responsables : les gouvernements

Ce dérèglement moral des hommes devient une cause directe de la guerre quand il touche leurs chefs.

En effet, les hommes sont organisés en société comme le souligne la métaphore de la société comme un corps dont l’Etat serait la tête (image courante au 18ème siècle).

Or les gouvernements, qui devraient être éclairés ne sont pas gouvernés par la raison : « Si la raison gouvernait les hommes » .

Damilaville dénonce ainsi les comportements des princes et des chefs. L’envie, péché humain, se meut chez eux en désir d’expansion territoriale : « Ils ne regarderaient point avec envie » , « étendre les bornes de leurs Etats » .

Loin d’être éclairés par la raison, les princes se livrent à la passion. La personnification des passions (« les passions aveugles des princes » ) accentue l’absence de contrôle des princes sur leurs désirs et leurs peurs.

De plus, leurs passions sont exacerbées par les ministres, censés être des conseillers avisés, mais qui se révèlent égoïstes et manipulateurs, comme le prouve la métaphore de la passion comme un feu qu’on entretient : « Ces passions, allumées ou entretenues par des ministres ambitieux » .

Loin de l’image du prince éclairé, cher à la philosophie des Lumières, Damilaville fait le portrait de chefs d’États avides, envieux et manipulables. Egoïstes,  ils ne se préoccupent jamais de leur peuple : « peu occupés du bien de leur sujet » .

C – Les conséquences désastreuses de la guerre

Afin de démontrer que la paix est un état favorable pour le pays, Damilaville dresse un portrait désastreux des conséquences de la guerre.

Dans la fin de l’extrait, il utilise le champ lexical de la destruction : « paix violées » , « champ dévasté  » , « villes réduite en cendres  » , « carnage inutile » . Le thème de l’anéantissement est renforcé par l’emploi d’adjectifs qualificatif au sens passif (« violées » , « dévasté » , « réduite » ).

Les effets de la guerre sont violents et massifs : c’est ce qui transparaît à travers l’abondance de termes au pluriel : « Les effets les plus funestes pour l’humanité. L’histoire ne nous fournit que des exemples de paix violées, de guerres injustes et cruelles, de champs dévastés, de villes réduites en cendres » .

En outre, les hommes du peuple sont les premières victimes de la guerre. Ils sont ainsi désignés à de nombreuses reprises : « dépeuple » , « perte d’une multitude de ses membres » , « victimes » , « sang de leur sujets » , « sang du citoyen » .

Surtout, leur mort est apparentée à un sacrifice inutile qui participe d’un rite inadmissible : « la guerre sacrifie » , « première victime qui est immolée à son caprice » . Les hommes sont donc présentés comme les jouets de princes ou de gouvernements inconscients.

Article paix : conclusion

Damilaville utilise une stratégie argumentative efficace qui vise par deux antithèses à démontrer les bienfaits de la paix, tout en analysant les causes de la guerre.

Cet article « paix » de Damilavillle n’est donc pas que didactique: c’est aussi un violent réquisitoire contre la guerre qui n’hésite pas à dénoncer la culpabilité des dirigeants.

Cette dénonciation de la guerre et de la barbarie, qui se double d’une réflexion sur le bonheur et le vivre-ensemble est caractéristique du mouvement des Lumières du XVIIIème siècle.

Pour aller plus loin :

Comment rédiger des introductions, conclusions et transitions efficaces (vidéo)

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Amélie Vioux

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