On ne badine pas avec l’amour, acte II scène 5 : analyse linĂ©aire

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Voici une analyse linĂ©aire de l’acte II scène 5 de On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset.

L’extrait commentĂ© va de « Vous me faites peur : la colère vous prend aussi Â» Ă  la fin de la scène.

On ne badine pas avec l’amour, acte II scène 5, introduction

Le poète et dramaturge Alfred de Musset (1810-1857) a écrit On ne badine pas avec l’amour en 1834, à l’âge de 24 ans.

Cette pièce de théâtre en prose, au ton Ă  la fois grave et lĂ©ger, prĂ©sente une forme assez libre, et se situe Ă  mi-chemin entre le genre du « proverbe Â» (genre théâtral fondĂ© sur une intrigue sentimentale lĂ©gère, dont le titre prend la forme d’un proverbe) et le drame romantique, au ton plus sĂ©rieux et passionnĂ©. (Voir la fiche de lecture pour le bac de français sur On ne badine pas avec l’amour)

On ne badine pas avec l’amour met en scène deux personnages principaux, Camille et Perdican, cousins et amis d’enfance.

Ils se retrouvent tous deux au château du Baron, père de Perdican, après dix ans de séparation.

Pendant ces dix années, tous deux ont reçu des éducations très différentes. Camille a été élevée au couvent, dans la méfiance des hommes et de l’amour. Perdican, jeune homme, a été étudiant à l’université et a mené une vie libre et volage, passant de maîtresse en maîtresse.

Alors que les deux cousins s’aiment et doivent se marier, Camille, par orgueil, choisit de cacher ses sentiments à Perdican et de rentrer dans les ordres, se disant effrayée par les récits d’amours déçus que lui ont fait les nonnes.

Dans la scène 5 de l’acte II, elle donne rendez-vous Ă  Perdican au jardin pour lui annoncer sa dĂ©cision.

S’engage alors un débat sur l’amour idéal, l’amour charnel, la souffrance et la fidélité.

« Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir Â», affirme Camille, qui exprime la très forte impression qu’ont faite sur elle les rĂ©cits dĂ©sespĂ©rĂ©s de son amie Louise.

De son côté, Perdican dénonce l’emprise que les nonnes ont pu avoir sur l’imagination de la jeune femme.

Excédé, en cette fin de scène, il hausse le ton et tente une dernière fois de montrer à Camille l’aspect ridicule et factice de ses arguments.

Extrait analysé

CAMILLE.

Vous me faites peur ; la colère vous prend aussi.

PERDICAN.

Sais-tu ce que c’est que des nonnes, malheureuse fille ? Elles qui te reprĂ©sentent l’amour des hommes comme un mensonge, savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ? Savent-elles que c’est un crime qu’elles font de venir chuchoter Ă  une vierge des paroles de femme ? Ah ! comme elles t’ont fait la leçon ! Comme j’avais prĂ©vu tout cela quand tu t’es arrĂŞtĂ©e devant le portrait de notre vieille tante ! Tu voulais partir sans me serrer la main ; tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petite fontaine, qui nous regarde tout en larmes ; tu reniais les jours de ton enfance, et le masque de plâtre que les nonnes t’ont plaquĂ© sur les joues me refusait un baiser de frère ; mais ton cĹ“ur a battu, il a oubliĂ© sa leçon, lui qui ne sait pas lire, et tu es revenue t’asseoir sur l’herbe oĂą nous voilĂ . Eh bien ! Camille, ces femmes ont bien parlĂ© ; elles t’ont mise dans le vrai chemin ; il pourra m’en coĂ»ter le bonheur de ma vie ; mais dis-leur cela de ma part : le ciel n’est pas pour elles.

CAMILLE.

Ni pour moi, n’est-ce pas ?

PERDICAN.

Adieu, Camille, retourne Ă  ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces rĂ©cits hideux qui t’ont empoisonnĂ©e, rĂ©ponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, mĂ©prisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dĂ©pravĂ©es ; le monde n’est qu’un Ă©goĂ»t sans fond oĂą les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces ĂŞtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompĂ© en amour, souvent blessĂ© et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompĂ© quelquefois ; mais j’ai aimĂ©. C’est moi qui ai vĂ©cu, et non pas un ĂŞtre factice crĂ©Ă© par mon orgueil et mon ennui. (Il sort.)

On ne badine pas avec l’amour, Musset, Acte II, scène 5

Problématique

Comment Perdican, dans sa colère et son dépit, tente-t-il d’appeler Camille au courage et à la sincérité face à l’amour et à la vie ?

Annonce du plan linéaire

Dans cette longue tirade emportée Perdican passe par plusieurs types d’arguments et de tons.

RĂ©voltĂ© contre une Camille qu’il ne reconnaĂ®t plus, il s’en prend tout d’abord avec vĂ©hĂ©mence Ă  l’éducation des filles dans les institutions religieuses, puis en appelle au souvenir de l’enfance et de la tendresse passĂ©e (du dĂ©but du passage Ă  « l’herbe oĂą nous voilĂ  Â»).

Puis il rejette la jeune femme dans un adieu emportĂ©, et la renvoie Ă  son couvent, dressant une caricature outrancière de la vision du monde qui est enseignĂ©e aux jeunes filles par les religieuses (de « Eh bien ! Camille Â» Ă  « des montagnes de fange Â»).

Enfin, ses derniers mots sont un appel au courage et Ă  l’authenticitĂ© pour affronter un monde certes imparfait mais oĂą vivre l’amour est une victoire (de « mais il y a au monde une chose sainte… Â» Ă  la fin du passage).

I – Perdican rĂ©voltĂ© contre une Camille qu’il ne reconnaĂ®t plus

A – La dĂ©nonciation vĂ©hĂ©mente de l’éducation des filles

De « Vous me faites peur » à « le portrait de notre vieille tante !« 

« Vous me faites peur : la colère vous prend aussi Â», dit Camille, dans une rĂ©plique qui sert de didascalie interne et donne a posteriori le ton sur lequel Perdican a prononcĂ© la rĂ©plique prĂ©cĂ©dente.

Mais Perdican, qui vient de dĂ©noncer l’ Â« influence funeste Â» des nonnes sur une jeune fille qui a la vie devant elle, continue sur sa lancĂ©e.

Il s’emporte, avec une cascade d’interrogations vĂ©hĂ©mentes qui prĂ©sentent en anaphore le verbe savoir dans sa tournure interrogative.

Il s’offusque donc en premier lieu de l’ignorance des femmes.

La première question, rhĂ©torique, s’adresse Ă  Camille : « Sais-tu ce que c’est que des nonnes, malheureuse fille ? Â» Le ton est agressif, l’apostrophe mĂ©prisante ; Perdican place Camille devant sa naĂŻvetĂ©.

La question suivante, vraie question, dresse le portrait de femmes d’une part manipulatrices (« elles qui te reprĂ©sentent l’amour des hommes comme un mensonge Â»), mais aussi manipulĂ©es elles-mĂŞmes par le mensonge de la religion : Â« savent-elles qu’il y a pis encore, le mensonge de l’amour divin ? Â»

Le chiasme (amour / mensonge / mensonge / amour) reproduit dans la syntaxe l’enfermement auquel les mensonges des nonnes condamnent les jeunes filles.

Perdican laisse ici éclater brièvement son athéisme et son mépris de ces vieilles institutions religieuses qui dominent l’éducation féminine.

RĂ©voltĂ©, il va plus loin et enchaĂ®ne avec une troisième interrogation, qui, avec une gradation, accuse de « crime Â» ces nonnes Ă  la fois ignorantes et mortifères. Elles sont en effet prĂŞtes Ă  entraĂ®ner dans leur marasme la beautĂ© et la jeunesse dont on leur a confiĂ© l’éducation : « Savent-elles que c’est un crime qu’elles font, de venir chuchoter Ă  une vierge des paroles de femme ? Â».

Perdican oppose ici la « vierge Â» Ă  la « femme Â» : la jeune fille pure, qui a tout Ă  dĂ©couvrir et doit s’ouvrir au monde, et la femme qui a dĂ©jĂ  vĂ©cu et souille de ses rĂ©cits et souffrances l’imagination d’une plus jeune, la poussant vers la peur et la claustration.

Perdican lance ensuite deux exclamations : la première semble exprimer la sidĂ©ration (« Ah ! comme elles t’ont fait la leçon ! Â») ; la seconde, l’amertume : « Comme j’avais prĂ©vu tout cela quand tu t’es arrĂŞtĂ©e devant le portrait de notre vieille tante ! Â» Cette « vieille tante Â» semble personnifier l’austĂ©ritĂ© et avoir inspirĂ© Ă  Camille sa dĂ©cision.

B – L’appel au souvenir et Ă  l’amitiĂ©, ou Camille dĂ©masquĂ©e

De « Tu voulais partir » Ă  « sur l’herbe oĂą nous voilà« 

Puis soudain, Perdican abandonne le sujet des nonnes pour accuser Camille elle-même et dévoiler son plan orgueilleux.

C’est alors une cascade de reproches, dont l’énumération n’est marquée que par des points virgules tant leur flot est vif.

L’imparfait montre dans ce passage que Perdican a saisi les premières intentions de Camille : « Tu voulais partir sans me serrer la main ; tu ne voulais revoir ni ce bois, ni cette pauvre petite fontaine qui nous regarde tout en larmes Â».

Par l’Ă©vocation d’un dĂ©cor bucolique (« ce bois« , « petite fontaine« , « sur l’herbe » ) jeune homme appelle Camille Ă  respecter la tendresse qui les unit, leur histoire commune et le lieu qui en a Ă©tĂ© tĂ©moin : c’est lĂ  que se trouve la vĂ©ritĂ© Ă  ses yeux.

La personnification de la fontaine, par laquelle Perdican appelle Camille à la pitié, symbolise l’affection portée à ce jardin, écrin à la fois de leur enfance et de leur amour.

L’indiffĂ©rence affectĂ©e par Camille a quelque chose de sacrilège Ă  ses yeux comme le suggère le verbe renier : « tu reniais les jours de ton enfance Â».

Ă€ cet amour vrai s’opposent l’hypocrisie et le mensonge de l’éducation religieuse : « et le masque de plâtre que les nonnes t’ont plaquĂ© sur les joues ».

Par la mĂ©taphore du « masque de plâtre Â» Perdican montre qu’il ne croit pas au jeu que lui joue Camille : il n’a pas la vraie Camille devant lui, mais une Camille recouverte de terreurs religieuses, de mĂŞme que le masque blafard du plâtre cache les vraies couleurs du visage.

Or pour ce jeu, qu’elle joue par orgueil, elle allait le sacrifier et « lui refus[er] un baiser de frère Â» : c’est un nouveau reproche et un nouvel appel Ă  la sincĂ©ritĂ©, au souvenir de l’affection passĂ©e et Ă  l’amour.

Cependant, Perdican affirme voir clair dans le jeu de Camille. Car finalement, elle est revenue s’asseoir sur les lieux de leur enfance : « mais ton cĹ“ur a battu ; il a oubliĂ© sa leçon, lui qui ne sait pas lire, et tu es revenue t’asseoir sur l’herbe oĂą nous voilĂ . Â»

C’est donc dans les actions, et non dans les mots qu’apparaît la vraie Camille.

La mĂ©tonymie du « coeur » met l’accent sur la sincĂ©ritĂ© des sentiments, ignorants des grands discours et des influences trompeuses.

II- Un message pour les nonnes ignorantes et malfaisantes

De « Eh bien ! Camille, ces femmes ont bien parlé » à «  »si imparfaits et si affreux« 

Cependant, puisque Camille refuse d’avouer son amour, Perdican la renvoie à son couvent, jouant sa dernière carte.

Il parle alors par antiphrases, avec une ironie amère et rageuse ponctuĂ©e d’interjections : « Eh bien ! Camille, ces femmes ont bien parlĂ© ; elles t’ont mise dans le vrai chemin Â».

Le déterminant démonstratif « ces femmes » véhicule ici la distance et le mépris de Perdican pour les religieuses.

Perdican sait qu’il ne reverra peut-ĂŞtre pas celle qu’il aime : « il pourra m’en coĂ»ter le bonheur de ma vie Â» . Par la pĂ©riphrase hyperbolique « le bonheur de ma vie », qui dĂ©signe la relation amoureuse espĂ©rĂ©e avec Camille, il montre la sincĂ©ritĂ© de ses sentiments.

Enfin, il revient Ă  son idĂ©e première : les nonnes se trompent. Celles qui croient accĂ©der au bonheur et au paradis en s’enfermant loin de l’amour et de ses dangers se privent en fait de tout. Il dĂ©clare ainsi pĂ©remptoirement, comme une sentence : « le ciel n’est pas pour elles Â».

Et pour se venger du malheur que ces femmes inconnues lui infligent indirectement, il voudrait se venger en leur jetant Ă  la figure ce qu’il pense d’elle : « dis-leur cela de ma part Â».

Dans ce flot verbal enfiĂ©vrĂ©, Camille a Ă  peine le temps de formuler une brève interrogation, provocatrice : « Ni pour moi, n’est-ce pas ? Â».

Elle montre à nouveau que son orgueil est piqué. Elle voudrait en effet inciter Perdican à faire d’elle une exception, à revenir sur ses propos.

Mais Perdican esquive le piège et ne rĂ©pond pas Ă  sa question : « Adieu, Camille, retourne Ă  ton couvent Â», rĂ©pond-il durement, Ă  l’impĂ©ratif.

Il se lance dans la caricature ironique et amère des « rĂ©cits hideux Â» qui ont « empoisonnĂ© Â» Camille.

La mĂ©taphore du poison revient sur l’idĂ©e d’une mĂ©tamorphose de Camille : la jeune fille est comme malade de cette Ă©ducation de nonnes ; sous leur emprise, elle joue un rĂ´le qui est loin de sa vraie personnalitĂ©.

Le message qu’il veut envoyer aux religieuses dresse un portrait caricatural des hommes et des femmes et de leurs défauts supposés en matière amoureuse.

La gĂ©nĂ©ralisation outrancière se lit dans l’anaphore du dĂ©terminant « tous Â» : « Tous les hommes Â», « toutes les femmes Â» ; on passe ensuite Ă  « le monde Â», avec une gradation.

L’exagĂ©ration caricaturale est prĂ©sente dans la cascade d’adjectifs qui qualifient les uns et les autres : « menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, mĂ©prisables et sensuels Â» ; « sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dĂ©pravĂ©es Â».

Le tableau final est outrĂ© : « le monde n’est qu’un Ă©gout sans fond oĂą les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fanges Â».

La nĂ©gation restrictive « ne…que… Â» rĂ©duit abusivement le monde entier Ă  cette image.

Cette mĂ©taphore des rapports humains est bien sĂ»r faite pour susciter le dĂ©goĂ»t, avec l’idĂ©e de la puanteur des Ă©gouts, de la « fange Â», l’image d’être « informes Â» au sol, pataugeant dans la dĂ©pravation morale.

Avec cette image outrancière, Perdican souhaite montrer à quel point l’enseignement que sa cousine a reçu en matière de relations humaines est faux et ridicule.

III – L’appel Ă  la sincĂ©ritĂ© et au courage face Ă  la vie

De « Mais il y a au monde une chose sainte et sublime » à la fin de la scène

Le discours de Perdican revire cependant encore une fois.

Après avoir dressĂ© ce paysage Ă©cĹ“urant des mĹ“urs humaines, qui reflète le point de vue idĂ©aliste et intransigeant des nonnes, il en vient Ă  sa conception personnelle de l’amour, amorcĂ©e par le conjonction de coordination « mais », qui introduit une opposition : « mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces ĂŞtres si imparfaits et si affreux. Â»

Usant paradoxalement d’un vocabulaire religieux (« sainte Â», « sublime Â») pour qualifier l’amour terrestre et charnel, il appelle ici Camille Ă  redescendre de son idĂ©alisme et Ă  accepter l’imperfection des ĂŞtres, pour permettre l’amour.

C’est un appel Ă  la modestie et au courage qu’il exprime avec le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale, le pronom impersonnel « on Â», la rĂ©pĂ©tition de l’adverbe « souvent Â» : « On est souvent trompĂ© en amour, souvent blessĂ© et souvent malheureux ; mais on aime Â».

Perdican met ici en balance la souffrance d’un cĂ´tĂ©, l’amour de l’autre : c’est l’amour qui pèse le plus. L’important est d’aimer, en acceptant les risques que l’on court. LĂ  se trouve le bonheur, l’action et la vie.

Reprenant la mĂŞme tournure de phrase, Perdican la coule dans une perspective temporelle, avec la conjonction subordonnĂ©e circonstancielle de temps : « et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompĂ© quelquefois, mais j’ai aimĂ©. Â»

Ce « mais j’ai aimĂ© Â» rĂ©pond Ă  « mais on aime Â», et, sonnant comme une victoire, contrebalance Ă  nouveau la souffrance.

La phrase finale ajoute une nouvelle dimension Ă  cette conception. Il y a, dans la conception de l’amour qu’expose Perdican, une recherche de vĂ©ritĂ© de soi, d’authenticitĂ© et de sincĂ©ritĂ© : « C’est moi qui ai vĂ©cu Â».

Ă€ ce « moi Â» authentique, mis en valeur par la tournure emphatique, il oppose « un ĂŞtre factice crĂ©Ă© par [l’] orgueil et [l’] ennui Â». Par lĂ , im accuse implicitement Camille de se fabriquer un personnage qui n’est pas vrai – cette idĂ©e Ă©tait dĂ©jĂ  contenue dans l’image du « masque de plâtre Â».

La menace qui pèse sur Camille est celle de passer à côté de sa vraie vie par orgueil et ennui, en se jouant un personnage faux, au lieu d’affronter l’amour et ses déboires avec courage et authenticité.

La sortie de Perdican est brusque (« il sort Â»), marquant l’emportement du personnage, et ne laissant aucune place Ă  la rĂ©ponse.

Conclusion

Les personnages de On ne badine pas avec l’amour sont complexes.

Camille, qui ne veut pas courir au-devant des souffrances avec un époux qui pourrait se lasser d’elle et être infidèle, apparaît ici comme à la fois naïve – sous l’emprise d’une influence malfaisante – et manipulatrice, dans le sens où elle joue avec les sentiments de Perdican.

Perdican, de son côté, la démasque, et lui qui a mené une vie de légèreté et ne peut pas garantir à Camille de l’aimer toujours, est celui qui se montre ici franc et courageux, prêt à affronter les aléas de l’amour et de la vie avec énergie.

Il incite Camille, et au-delà d’elle, les jeunes filles du XIXe siècle, à ne pas ajouter foi aux discours trompeurs professés dans les institutions religieuses, à ne pas renoncer à la vie en s’enfermant, par peur, dans un couvent, et à affronter la vie et ses difficultés avec courage.

Dans un renversement moral, c’est l’amour terrestre – par opposition Ă  l’amour divin et idĂ©al, celui que vouent au Christ les religieuses – qui est « chose sainte et sublime Â» et constitue le cĹ“ur mĂŞme de la vie.

Nul doute que dans ce passage, Alfred de Musset exprime une critique contre l’éducation des jeunes filles de son époque.

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

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