Corrigé bac de français 2012 S et ES – commentaire composé (L’enterrement, Verlaine)

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verlaine l'enterrement

Enterrement à Ornans, Courbet.

Voici une proposition de corrigé du bac de français 2012 séries S et ES : le commentaire composé de « l’enterrement » de Paul Verlaine issu des Poèmes saturniens (1866).

Il s’agit d’un corrigé simple, indicatif, qui vous donnera une idée de ce qui peut être attendu d’un élève de première au bac de français.

Vous pouvez relire ici le sujet du bac de français 2012 (S et ES).

Je ne sais rien de gai comme un enterrement !
 Le fossoyeur qui chante  et sa pioche qui brille,
La cloche, au loin, dans l’air, lançant son svelte  trille1,
Le prêtre en blanc surplis2, qui prie allègrement,

L’enfant de chœur avec sa voix fraîche de  fille,
Et quand, au fond du trou, bien chaud, douillettement,
S’installe  le cercueil, le mol éboulement
De la terre, édredon du défunt, heureux  drille3,

Tout cela me paraît charmant, en vérité !
Et puis, tout rondelets, sous leur frac4  écourté,
Les croque-morts au nez rougi par les pourboires,

Et puis les beaux discours concis, mais pleins de sens,
Et puis, cœurs  élargis, fronts où flotte une gloire,
       Les héritiers resplendissants !

I – Une scène d’enterrement réaliste

On assiste dans ce poème à une scène d’enterrement comme l’indique le titre « l’enterrement ». On retrouve ainsi le champ lexical de l’enterrement : « fossoyeur », « trou », « cercueil », « défunt », « croque-morts », « héritiers ».

Les différents acteurs de cette scène d’enterrement sont décrits par touches successives : le fossoyeur, le prêtre, l’enfant de chœur, le défunt, les croque-morts, les héritiers (« le fossoyeur qui chante », « l’enfant de chœur avec sa voix fraîche de fille » etc).

Les détails sont nombreux : « la pioche », « la cloche », « le trou », « la terre », « leur frac écourté », « les pourboires », « les beaux discours ». Cette profusion de détails est renforcée par l’anaphore « Et puis » aux vers 10, 12 et 13 qui crée un effet d’accumulation.

Le défunt est mis en relief dans la deuxième strophe. Annoncé par les deux conjonctions « Et quand » au vers 6, le défunt n’apparaît qu’au vers 9 une fois que le regard du lecteur a été attiré vers le bas (« au fond du trou »).

Mais alors qu’on pourrait s’attendre à un traitement triste, cette scène d’enterrement est traitée par Verlaine sur le ton de la gaieté.

II – Un traitement comique

Cette scène d’enterrement est traitée sur un mode comique par Verlaine, registre déroutant et peu conventionnel pour une scène d’enterrement.

Le premier vers, superlatif, donne le ton au poème : « Je ne sais rien de gai comme un enterrement ! ». On observe le champ lexical de la joie, de la gaieté : gai, trille, allègrement, heureux, charmant et une ponctuation très expressive qui souligne, non pas la tristesse et la douleur, mais la joie et la gaieté de l’inhumation.

La mort est désacralisée et parodiée comme s’il s’agissait d’un long et confortable sommeil. On observe ainsi une métaphore filée entre la mort et le repos : « douillettement », « s’installe », « edredon ». Le défunt est décrit comme ayant une place enviée de tous, bien au chaud, confortable et heureux.

L’enterrement est ainsi l’occasion d’une fête joyeuse. On relève un environnement musical agréable : « le fossoyeur qui chante », la cloche « lançant son svelte drille », « l’enfant de chœur avec sa voix fraîche de fille ».

Derrière la légèreté du poème se cache toutefois une satire sociale acerbe.

III – Une satire sociale

Verlaine tourne en dérision tous ceux qui prennent part à l’enterrement

Chaque participant est caricaturé. Tout d’abord le prêtre qui prie « allégrement », sans considération pour le défunt ; puis l’enfant de cœur efféminé (« avec sa voix fraiche de fille »), enfin les croque-morts bons vivants (rondelets), soûls (nez rougi) et intéressés (par les « pourboires »)..

La famille bourgeoise et son avidité est dénoncée avec verve par Verlaine dans le dernier tercet. La famille est incapable de cacher son intéressement. Verlaine dénonce ironiquement « les beaux discours concis, mais plein de sens ». Il faut comprendre par-là que les discours des héritiers ne parviennent pas à cacher leur intéressement.

L’ironie se poursuit avec la description des « cœurs élargis » (par la perspective de l’héritage).  Les héritiers apparaissent à la fin du poème auréolés de lumière (« fronts où flottent une gloire / les héritiers resplendissants »). On peut voir ici une parodie religieuse où les saints sont des bourgeois dont la seule religion est l’argent.

Vous pouvez noter que ce poème en alexandrin se clôt par un vers en octosyllabe. Cette chute abrupte met l’accent sur le dernier vers et le rôle prépondérant – mais déplacé – des héritiers.

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Amélie Vioux

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