Mes forêts sont de longues tiges d’histoire, Hélène Dorion : analyse

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Voici une analyse linéaire du poème « Mes forêts sont de longues tiges d’histoire » issu du recueil Mes forêts d’Hélène Dorion.

Ce recueil est au programme du bac de français avec le parcours « la poésie, la nature, l’intime ».

Le poème étudié figure aux pages 113-114 des éditions Bruno Doucey.

Mes forêts sont de longues tiges d’histoire, Hélène Dorion, introduction

Hélène Dorion a été tour à tour critique, membre de la rédaction de revues, collaboratrice à des émissions culturelles et radiophoniques, enseignante en littérature, directrice des Éditions du Noroît.

Elle est née en 1958 à Québec et a été élue à l’Académie des Lettres, nommée Chevalière de l’Ordre National du Québec en 2006.

Sa place au sein de la littérature francophone est reconnue grâce à ses ouvrages en prose, à sa poésie, à ses nombreux prix littéraires et aux multiples traductions de son œuvre.

Son recueil Mes forêts a été publié en 2021 aux Éditions Bruno Doucey. Caractérisé par une écriture en vers libres et sans ponctuation, il livre une vision personnelle de la Nature. (Voir la fiche de lecture pour le bac sur Mes forêts d’Hélène Dorion)

Problématique

En quoi ce poème final, où l’art de la métaphore se déploie, exprime-t-il l’essence et la fonction des forêts dans l’écriture poétique d’Hélène Dorion ?

Plan linéaire

Dans un premier temps, du début du poème jusqu’à « des repentirs« , nous verrons que les forêts apparaissent comme un point de repère complexe pour l’homme.

Dans un deuxième temps, de « une boule dans la gorge » à « le silence des nuages », nous analyserons le rôle primordial des forêts dans l’écriture poétique.

Dans un troisième temps, de « mes forêts sont un long passage » à la fin du poème, nous verrons que les forêts permettent l‘introspection.

I – Les forêts, un point de repère complexe pour l’homme

De « Mes forêts sont de longues tiges d’histoire » à « des repentirs »

La première strophe est constituée d’affirmations, énoncées au présent de vérité générale : « Mes forêts sont ».

Hélène Dorion cherche à saisir l’essence des forêts, d’où la répétition du verbe d’état « sont » : « Mes forêts sont« , « Elles sont des aiguilles« , etc.

Chaque métaphore apporte un angle de définition. Ainsi, la première, « de longues tiges d’histoire », ancre les forêts dans les souvenirs personnels (l’histoire) et la marche de l’humanité (l’Histoire). L’histoire peut en effet être personnelle et collective.

La deuxième métaphore, « des aiguilles qui tournent » symbolise la boussole, véritable repère pour trouver un sens. Cette métaphore se déploie d’ailleurs sur plusieurs vers déstructurés par des espaces vides et un contre-rejet (« elles vont / d’est en ouest jusqu’au sud / et tout au nord »).

On note que ce dernier poème fait écho au poème liminaire du recueil, « mes forêts sont de longues traînées de temps« . Ainsi, les « longues tiges d’histoire » rappellent, par leur linéarité, « les longues traînées de temps » du premier poème. Les « aiguilles qui percent » dans le premier poème deviennent ici les « aiguilles qui tournent« . Ces effets d’écho encadrent le recueil et structurent son sens.

Par la suite, les métaphores « des cages de solitude/ des lames de bois clairsemées » évoquent des sentiments plus complexes : ces forêts peuvent emprisonner le poète.

Les deux expressions suivantes évoquent le vide et la privation de par le même schéma grammatical négatif : « des maisons sans famille / des corps sans amour ».

Mais aussitôt, la proposition subordonnée relative « qui attendent qu’on les retrouve » met en évidence le lien indéfectible qui relie les forêts et l’homme : c’est une histoire intime, presque charnelle, entre deux êtres vivants.

La dernière métaphore « des ratures et des repentirs » suggère que les forêts permettent à l’homme de commencer, d’essayer, d’échouer et d’améliorer. Le terme « rature« , mis en relief par l’allitération en « r » (« des ratures et des repentirs » ) introduit également le thème de l’écriture poétique.

II – Le rôle primordial des forêts

De « une boule dans la gorge » à « le silence des nuages »

Les forêts suscitent des réactions physiologiques comme l’illustre le vers « une boule dans la gorge » ou physiques (« des doigts »).

Par la verticalité des arbres, elles indiquent qu’un autre monde est possible : « des ailleurs sans retour ».

Elles peuvent s’avérer aussi désagréables, comme le suggère la métaphore « des épines dans tous les sens / ignorant ce que l’âge résout ».

Peu à peu, le lecteur comprend que les forêts acquièrent une place prépondérante dans l’écriture poétique : « elles sont des lignes au crayon/sur papier de temps ». Grâce à ces deux vers, le lecteur assiste à une métamorphose de ces forêts : elles ne sont pas seulement un décor que l’on voit. Elles sont le cœur de l’écriture poétique et défient le temps.

L’ellipse du sujet grammatical et l’asyndète (absence de mots de liaison entre les termes) mettent en valeur la fonction double des forêts : elles « portent le poids de la mer / le silence des nuages ». En effet, elles sont capables de condenser des éléments différents (l’eau, le ciel) et des sensations différentes (une forme de lourdeur, un silence).

III – Les forêts, le socle de l’introspection

De « mes forêts sont un long passage » à la fin

Enfin, les forêts sont essentielles à la vie, comme le suggère le champ lexical de la survie : « long passage », « exil », « survie », « blessure » .

La métaphore « un long passage / pour nos mots d’exil et de survie » souligne qu’elles sont un moyen d’expression pour dire l’indicible. L’emploi de la première personne du pluriel « nos » indique le pouvoir universel des forêts : « pour nos mots d’exil » .

Ensuite, elles sont à même d’apporter du réconfort, voire de guérir comme le sous-entend le vers « un peu de pluie sur la blessure ».

Elles sont également « un rayon qui dure/dans sa douceur », c’est-à-dire la symbiose des contradictions. En effet, le jeu sur les sonorités en fin de vers (comme des rimes inattendues : « blessure »/ « dure ») et l’antithèse sonore entre « dure » et « douceur » montrent que les forêts sont capables d’harmonie et de contradiction.

Mais créer ce lien intime et salvateur avec la nature nécessite d’être à son écoute car les forêts s’expriment subtilement comme le suggèrent le modalisateur « un peu » (« un peu de pluie« ) et les substantifs « un rayon« , « sa douceur« .

Avec sa métaphore marine paradoxale, le tercet final « et quand je m’y promène / c’est pour prendre le large/vers moi-même » met en valeur le rôle essentiel des forêts : elles constituent un lieu privilégié d’évasion, de liberté et la source d’une introspection.

Mes forêts sont de longues tiges d’histoire, conclusion

En définitive, ce poème ne pouvait qu’être situé à la fin du recueil. En effet, il condense des tentatives de définition nouvelle pour exprimer l’essence et la fonction des forêts dans l’écriture poétique d’Hélène Dorion.

L’art de la métaphore déployé dans tout le poème permet de mettre des mots sur le rapport personnel aux forêts.

Elles peuvent avoir vocation à emprisonner comme à libérer, à exprimer des douleurs comme à se taire.

En véritables guides, elles permettent l’évasion, pour le lecteur comme le sujet poétique, et constituent le seul point de départ possible de l’introspection.

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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