Dissertation sur Mes forĂŞts !

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Voici une dissertation sur Mes forĂŞts d’HĂ©lène Dorion (parcours au bac de français : La nature, la poĂ©sie, l’intime).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le dĂ©veloppement est prĂ©sentĂ© sous forme de liste Ă  puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton dĂ©veloppement doivent ĂŞtre intĂ©gralement rĂ©digĂ©s. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rĂ©digĂ© comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

Dans quelle mesure la nature rĂ©sonne-t-elle avec l’intime dans ce recueil ?

Pour que ce corrigĂ© te sois utile, entraĂ®ne-toi d’abord Ă  rĂ©aliser toi-mĂŞme un plan sur ce sujet. Aide-toi de ma fiche et vidĂ©o sur Mes forĂŞts.

Introduction

Depuis le mouvement littéraire et culturel du romantisme, la nature constitue souvent le creuset des états d’âme du sujet poétique. Au XXème siècle, dans le poème « Les sapins » du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire (1913), les arbres se voient confier des rôles de médecins, d’astrologues, de musiciens : ils fascinent.

Près d’un siècle plus tard, en publiant Mes forêts en 2021, l’auteur québécois francophone Hélène Dorion place les arbres au centre de son écriture poétique.

Objets poétiques tour à tour mystérieux, sécurisants ou inquiétants, les forêts sont le fil directeur de son recueil, au carrefour de l’intime (du grec, in thumos du cœur) et du cosmos (du grec, monde).

Dans quelle mesure la nature rĂ©sonne-t-elle avec l’intime dans ce recueil ? Que reprĂ©sente la nature dans cette oeuvre et que permet-elle d’exprimer ? Dans quelle mesure constitue-t-elle le reflet d’une intĂ©rioritĂ© ?

Tout d’abord, nous verrons que la nature permet d’exprimer un lyrisme universel puis nous saisirons les rĂ©sonances nouvelles crĂ©Ă©es par la poĂ©sie d’HĂ©lène Dorion. Mais au-delĂ  d’un dialogue permanent avec l’intime, il s’agira de comprendre comment le traitement de la nature invite Ă  un rĂ©veil collectif des consciences.

I – La nature comme expression d’un lyrisme universel

A – La relation du sujet poĂ©tique Ă  la nature

  • Le sujet poĂ©tique voit, ressent, entend la nature. DiffĂ©rents Ă©lĂ©ments sont convoquĂ©s dans le recueil : l’eau (« Comme roulent les galets / la vague n’emporte /aucune question »), le vent, les animaux (le lecteur croise lièvres, renards, coyote, ours blanc…), les pierres, le feu.
  • Dans les poèmes d’HĂ©lène Dorion, ce sont les forĂŞts qui sont au cĹ“ur de l’écriture. Elles apparaissent prĂ©cĂ©dĂ©es du dĂ©terminant possessif « mes ». Mais elles ne sont pas des objets de possession personnelle. Elles sont vues par le prisme d’un « je » qui a en commun avec tout lecteur une capacitĂ© Ă  ressentir des Ă©motions.
  • Les forĂŞts sont « extĂ©rieures et intĂ©rieures, rĂ©elles et symboliques ». Elles constituent une gĂ©ographique, un paysage, ainsi qu’un refuge vital et existentiel.

B – Des rĂ©sonances subjectives variĂ©es

  • La nature apparaĂ®t comme le reflet d’une intĂ©rioritĂ© faite de souvenirs d’êtres aimĂ©s ou de lieux frĂ©quentĂ©s pendant l’enfance (la rue Summerside dans « Avant la nuit »)

    Exemple : Dans « mes forêts sont de longues traînées de temps », le premier vers évoque métaphoriquement des êtres disparus avec une certaine nostalgie : « des greniers peuplés de fantômes. »
  • Elle peut Ă©galement exprimer l’amour avec pudeur.
    Exemple : « alors que je rĂŞve / vers toi mon corps s’enroule / frĂŞles pĂ©tales / au bout de la nuit des mots / frĂ©missent comme / ces brumes inapaisĂ©es / encerclent nos silences »
  • La relation de la poètesse Ă  la nature est loin d’être une symbiose. Au contraire, elle rĂ©vèle souvent des dĂ©chirements intĂ©rieurs. A l’instar d’une nature parfois violente, le sujet poĂ©tique est en proie Ă  des Ă©motions intenses.

    Exemple : Dans le poème « Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices / un temps de séisme et de chute », le mouvement de crescendo indique la violence et la souffrance qui habitent à la fois les forêts et le sujet poétique.

II – Des rĂ©sonances nouvelles avec la nature

A – Un cheminement de lecture et d’existence

  • D’emblĂ©e, le lecteur est frappĂ© par la construction musicale du recueil.
    Exemple : la litanie des « Mes forêts sont un temps de » font songer à un chœur ou un refrain musical.
  • Grâce Ă  la nature, le sujet poĂ©tique peut accĂ©der Ă  une meilleure connaissance de soi, tout en Ă©tant conscient de sa fragilitĂ©.

    Exemple : Le motif de l’écorce, couche extérieure protectrice des arbres, symbolise également cette fragilité de l’intime. À la fois protection et vulnérabilité, signe de croissance et de blessures, l’écorce représente l’expérience humaine.
  • Ce chemin de lecture prend du temps. Pour accĂ©der Ă  cette connaissance, le poète doit faire preuve de patience : il s’agit de parcourir un chemin et de respecter le rythme des forĂŞts qui oscillent entre mouvement et immobilitĂ©, entre activitĂ© et silence.

B – La mĂ©tamorphose du « je » et de la nature

  • La nature n’est pas qu’un cadre bucolique et rĂ©aliste. Elle est aussi un lieu fantasmĂ©, rĂŞvĂ©, grâce au prisme de la littĂ©rature. Ainsi, elle permet au sujet poĂ©tique de s’échapper hors du temps.

    Exemple : Dans le poème « Avant la nuit », il est question du « bois de Walden », référence à Thoreau, écrivain américain chez qui la nature est prépondérante, ou encore des « clairières de Zambrano », des falaises de Rilke, de la forêt de Dante…
  • Alors, au grĂ© de l’écriture et de la lecture, le « je » devient autre, il Ă©volue. La nature est son guide.

    Exemple : Comme HĂ©lène Dorion l’Ă©crit dès le premier poème de ce recueil, « L’horizon » : « les forĂŞts / apprennent Ă  vivre ».
  • La poĂ©tesse va mĂŞme plus loin : sous sa plume, le « je » s’identifie Ă  la nature et devient lui-mĂŞme un Ă©lĂ©ment sylvestre. La mĂ©taphore vĂ©gĂ©tale revient Ă  plusieurs reprises dans le recueil.

    Exemple : « je suis cette branche / qui avance comme va le vent / sans père ni mère / des années de nulle part /poussées vers demain / […] je suis cette ramille qui frémit au bout du vide » (« A la table du silence »).

III – Au-delĂ  de l’intime, le rapport Ă  la nature invite Ă  un rĂ©veil collectif des consciences

A – Un constat sans appel : un ordre du cosmos bouleversĂ©

  • La nature n’est pas dĂ©crite comme un Eden, vierge de toute prĂ©sence humaine. Au contraire, la prĂ©sence humaine a occasionnĂ© des ravages importants dont HĂ©lène Dorion se fait la porte-parole, dans un registre parfois tragique.

    Exemple : Le poème « Il fait un temps de foudre et de lambeaux… » augure d’une probable fin du monde : « dans ce temps de bile et d’Ă©boulis / les forĂŞts tremblent / sous nos pas / la nuit approche »
  • La responsabilitĂ© de l’Homme est relevĂ©e dans le dĂ©sordre de la Nature.

    Exemple : Dans « Il fait un temps de bourrasques », la prophétie finale (« on ne pourra pas toujours / tout refaire ») met en garde contre une urgence et contre un sentiment d’orgueil : l’humanité n’a plus le temps de repousser les décisions justes et n’est pas supérieure à l’ordre naturel.

B – La poĂ©sie comme acte de rĂ©silience et d’engagement

  • Il apparaĂ®t donc nĂ©cessaire que l’écriture poĂ©tique ait un rĂ´le Ă  jouer. La nature est loin d’être un espace clos sur une intĂ©rioritĂ© ; elle est ouverte sur un monde moderne parfois artificiel et vide de sens.

    Exemple : Dans « Il fait un temps d’insectes affairés », le rythme saccadé est fait de monosyllabes, qui peuvent se lire ou s’épeler (« arn », « ram », « zip », « chus », « sdf », « vip », « k »…), ou de noms de réseaux sociaux compilés en un seul « facebookinstagramtwitter » (« Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit » ). Ainsi, par l’irruption de sigles ou l’absence de majuscules et d’espaces, le lecteur constate la déliquescence du langage face à l’essentiel de la nature.
  • Ce sont les ressources de la poĂ©sie qui permettent de rĂ©vĂ©ler l’essentiel. Grâce au vers libre, Ă  l’éclatement du langage et des sonoritĂ©s, aux jeux de construction et de dĂ©construction graphique, le lecteur peut saisir la nature comme une force vivante qu’il faut prĂ©server.

    Exemple : La poésie joue sur l’espace-même de la page en répétant et en décalant différents éléments grâce aux espaces : « l’eau, l’or, le sel, le feu, le bois. » Les mots comportent en eux une puissance qu’Hélène Dorion révèle pour réveiller les consciences.

Conclusion

Le dialogue entre la nature et l’intime dans Mes forĂŞts d’HĂ©lène Dorion ne saurait ĂŞtre vu de façon exclusive. Certes le lyrisme personnel s’exprime Ă  travers des paysages et l’Ă©vocation d’Ă©lĂ©ments naturels. Le lecteur trouve une palette variĂ©e d’états d’âme : de la mĂ©ditation Ă  la rĂ©volte, en passant par l’amour ou la dĂ©sillusion.

Mais cet intime revêt une portée universelle car tout lecteur retrouve son empreinte dans les forêts : ses souvenirs mais aussi ses actions qui ont une incidence sur la nature. La souffrance n’est donc pas l’apanage de l’homme ; Hélène Dorion montre comment l’Homme peut rétablir l’ordre grâce à une prise de conscience.

Par sa puissante liberté, l’écriture poétique est, quant à elle, capable d’apporter l’espoir d’une nouvelle alliance entre la nature et l’Homme.

C’est d’ailleurs ce que soulignait Michel Collot, théoricien littéraire ayant notamment travaillé sur le paysage en poésie, lorsqu’il évoquait la « rencontre du moi, du monde et des mots », dans Le Chant du monde dans la poésie française contemporaine.

Analyses linéaires sur Mes forêts

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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