Candide, chapitre 30 : analyse (Il faut cultiver notre jardin)

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candide excipit Voici un commentaire du chapitre 30 de Candide de Voltaire (explicit ou excipit).

Clique ici pour lire le chapitre 30 de Candide (le texte)

Candide, chapitre 30 : Introduction

Voltaire, écrivain et philosophe emblématique du siècle des Lumières, auteur de nombreux articles de l’Encyclopédie, publie Candide ou L’Optimisme en 1759. (Voir ma fiche de lecture sur Candide)

Toute son œuvre est marquée par son combat contre le fanatisme religieux et en défense de la tolérance.

Candide est écrit en réaction à la pensée optimiste de Leibniz, selon lequel le monde, même s’il est imparfait, a été créé par un Dieu parfait pour être le meilleur des mondes possibles.

Voltaire défend au contraire dans ce conte philosophique l’idée que l’homme (qui vit dans un monde horrible, comme en témoignent les nombreuses mésaventures de Candide) est capable d’améliorer lui-même sa condition.

C’est ce que nous lisons dans l’explicit du conte (chapitre 30), qui se conclut sur la célèbre maxime de Candide : « Il faut cultiver notre jardin ».

Questions possibles à l’oral de français sur le chapitre 30 de Candide :

♦ Quelle est la morale de ce conte philosophique ?
♦ Y a-t-il eu une réelle évolution depuis le début du conte ?
♦ La fin de ce conte philosophique est-elle optimiste ?
♦ En quoi cette fin constitue-t-elle un apologue ?

Annonce du plan

Nous verrons que le chapitre 30 de Candide présente les principales caractéristiques d’un explicit (I), avant de nous demander s’il y a une réelle évolution des personnages à la fin du récit (II). Pour terminer, nous étudierons la ou les morale(s) qu’apporte ce conte philosophique au lecteur (III).

I – Les caractéristiques d’un explicit

A – Clôture du récit

Dans la conclusion de ce conte philosophique, il y a le sens d’un retour chez soi : « en retournant dans sa métairie ».

Tous les personnages principaux et alliés de Candide se trouvent rassemblés en un même endroit : présents dans ce jardin qui devient le cœur de la petite communauté se trouvent Pangloss, Martin, Cunégonde, Paquette, la vieille, Giroflée, et bien sûr Candide.

La dernière longue tirade de Pangloss récapitule en quelque sorte le conte tout entier, en en rappelant les principales péripéties : « si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de Mlle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado » et termine sur la situation finale : manger « des cédrats confits et des pistaches ».

Cette énumération fait de Candide un véritable héros, puisqu’il a surmonté toutes ces épreuves et a obtenu l’objet ultime de sa quête : Cunégonde.

B – Un dénouement heureux

Comme l’exigent les règles du conte, Candide se termine sur une situation heureuse pour tous les personnages.

Les qualités de chacun sont mises en avant : « chacun se mit à exercer ses talents ».

Voltaire emploie également des superlatifs pour renforcer encore leurs qualités : « Cunégonde […] devint une excellente pâtissière », « Giroflée […] fut un très bon menuisier ».

Tout comme la plupart des contes, Candide se termine sur une formule proverbiale sous forme de morale : « Il faut cultiver notre jardin ».

Transition : Ce chapitre 30 de Candide est bien la fin de l’œuvre et clôture l’intrigue sur une situation finale nette, dans laquelle nos héros s’installent enfin dans la métairie après avoir vécu de nombreuses péripéties.

On peut cependant se demander à la lecture de cet épilogue s’il y a eu une réelle évolution au cours du conte.

II – Une réelle évolution ?

A – La glose de Pangloss

S’il est un personnage qui ne semble pas avoir changé à la lecture de cet explicit, c’est bien Pangloss.

Comme dans le chapitre 1, il prononce de longs discours faussement savants, monopolisant la parole avec ces longues énumérations (les morts atroces des rois puis le récapitulatif des aventures de Candides).

En précisant « selon le rapport de tous les philosophes », il souligne qu’il est incapable de penser par lui-même et qu’il ne fait que rapporter des paroles, imposant ses discours par des arguments d’autorité.

De même, il cite la Bible en latinut operaretur eum »), mais n’amène pas de nouvelles idées.

Sa deuxième tirade rappelle également ses raisonnements du début du conte, autour de l’idée que tout va pour le mieux « dans le meilleur des mondes possibles » : il n’a donc pas évolué dans ses raisonnements. Malgré tout ce qu’il s’est passé, il garde un optimisme indéfectible.

B – Un récit cyclique ?

Au niveau de l’intrigue elle-même, la question d’une véritable évolution peut se poser.

En effet, la récompense des personnages paraît bien maigre (cultiver le jardin et « manger des cédrats confits et des pistaches ») par rapport aux nombreuses épreuves qu’ils ont dû traverser.

Par contrepoint, l’énumération de Pangloss, qui récapitule les aventures en mettant en avant les dangers encourus et la souffrance subie, rend d’autant plus ridicule la chute de la phrase : l’on pourrait dire qu’ils ne sont pas mieux lotis qu’au début de l’histoire.

Même si Candide a obtenu l’objet de sa quête, à savoir la femme aimée, elle se révèle « à la vérité bien laide », renversant les valeurs traditionnelles du conte.

D’une manière générale, le sort des personnages n’est pas particulièrement enviable à la fin du conte : ils exercent des métiers simples, à la portée de tous (pâtissière, menuisier, lingère), et c’est pour certains (comme Cunégonde, fille de Baron) une forme de dégradation sociale.

C – L’affranchissement de Candide

Candide, en revanche, semble avoir évolué, notamment dans sa relation avec Pangloss.

Alors que dans l’incipit du conte, il l’écoutait religieusement, il lui coupe ici la parole dans le premier paragraphe, et semble ne guère accorder d’importance à sa deuxième tirade, répondant par « Cela est bien dit » et s’opposant même à lui : « mais il faut cultiver notre jardin. »

C’est Candide qui a le mot de la fin, alors même qu’il parle peu dans cet extrait. Par contre, il fait « de profondes réflexions », réfléchit seul.

D’une certaine manière, l’élève dépasse le maître : Pangloss reconnaît que Candide a raison lorsqu’il l’interrompt (« Vous avez raison »)

Transition : Il apparaît dans cet excipit que tous les personnages n’évoluent pas, mais Candide sort mûri de ces épreuves. Il illustre ainsi l’un des principes des Lumières, qui voyaient en l’homme un être capable de penser et décider par lui-même.

Voltaire se sert de ce conte et de son héros pour transmettre les valeurs qui lui tiennent à cœur.

III – La morale de Candide

A – Le travail comme source de bonheur

La formule de conclusion résume l’idée de la nécessité il faut ») du travailcultiver »).

Dans la petite communauté finale rassemblée autour de la métairie, chacun trouve sa place et s’accomplit dans sa tâche : Cunégonde comme cuisinière, Paquette comme brodeuse, Martin comme jardinier, etc.

Toutes ces activités ont une valeur positive. En témoignent les nombreuses formules appréciatives : « louable », « excellente », « très bon », « honnête ».

Les verbes « travailler » et « cultiver » reviennent chacun à deux reprises dans ce passage, mettant l’accent sur l’importance des tâches manuelles.

La mise en valeur du travail manuel s’accompagne du refus des ambitions, comme s’emploie à le démontrer Pangloss avec sa longue tirade sur les « grandeurs dangereuses » et les horribles morts royales.

C’est la vie simple et modeste du travailleur qui est valorisée dans cette fin de conte.

B – Valorisation de l’action contre les discours stériles

Candide s’oppose clairement au verbiage de Pangloss lorsqu’il l’interrompt pour l’inciter à l’action par une phrase courte et claire, qui va droit au but : « Je sais aussi […] qu’il faut cultiver notre jardin. »

Le fait de réfléchir n’est pas dénigré, puisque Candide se met lui-même à faire « de profondes réflexions ». Mais ses réflexions ne sont pas stériles : elles s’accompagnent d’une action productive (l’agriculture).

En revanche, Pangloss continue à tourner à vide, n’apportant aucune connaissance utile à la communauté (ou au lecteur).

Les tâches simples mais bien exécutées permettent à tous les membres de la communauté de vivre confortablement, puisque « la petite terre rapport[e] beaucoup » : ils sont ainsi récompensés de leurs efforts.

L’action par le travail permet en outre à la communauté de trouver un équilibre, chaque membre étant dévolu à une tâche bien précise et utile à tous. L’action de chacun est donc nécessaire pour le bien-être de tous.

C – L’optimisme tourné en dérision

L’optimisme, représenté par Pangloss et sa philosophie du « meilleur des mondes possibles », emprunté à Leibniz, est mis à mal dans ce passage.

La longue énumération d’hypothèses si …, si … ») et la chute dérisoire rendent invraisemblable l’idée que tout s’est enchaîné pour le mieux.

Par ses références hors de la réalité quotidienne (les philosophes, la bible et le jardin d’Eden), Pangloss reste dans des raisonnements abstraits, sans lien avec la situation présente.

Candide, lui, tente de lui remettre les pieds sur terre en l’incitant à se mettre au travail et à cultiver le vrai jardin.

Candide chapitre 30 : conclusion

En concluant le conte, ce chapitre 30 de Candide met en lumière l’accomplissement intellectuel de Candide, qui choisit de bâtir son propre bonheur par les vertus du travail et la vie en communauté.

Par la morale de ce conte, le philosophe des Lumières nous enseigne que dans un monde imparfait, capricieux et livré au hasard, l’homme doit se libérer en prenant son destin en main, sans nier les injustices ou chercher son salut dans la religion.

Tu étudies Candide de Voltaire ? Regarde aussi :

Candide chapitre 1 (commentaire)
Candide chapitre 3 (commentaire)
Candide chapitre 6 (commentaire)
Candide chapitre 18 (commentaire)
Candide chapitre 19 (commentaire)
En quoi Candide est-il un conte philosophique ? (vidéo)
Candide : QUIZ

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 14 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2025 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries Techno ici.

44 commentaires

  • merci beaucoup!
    les analyses sont très claire et permettent de bien comprendre l’extrait.
    Ma professeure de français propose un débat sur cette fin de Candide. Le sujet et problématique est :
    Le conte, « Candide », a-t-il une fin heureuse ? A débattre, avec des arguments et des exemples divers.
    Est-ce que vous pouvez m’aider ?

    Merci pour votre écoute et votre aide.

  • Bonjour Amélie, j’admire votre travail c’est vraiment très généreux de votre part de nous aider ainsi. J’aurais donc besoin d’un léger coup de pouce car votre commentaire est parfait mais le passage que je dois traiter est seulement celui de la derniere page a partir de « Candide, en retournant dans sa métairie….. » jusqu’à la fin . Je ne sais pas comment modifier votre commentaire je sollicite votre aide car j’ai vraiment besoin de vous s’il vous plait merci d’avance j’attend votre réponse 🙂

  • « Faut il imaginer Candide heureux à la fin du récit chapitre 30 » je demande de l’aide pour mon devoir d’écriture d’invention et je dois faire parler candide à la première personne (nous universel et je pour Candide) je dois le rendre le 7 janvier
    MERCI D AVANCE

  • Bonjour Amelie,
    J ai a faire un commentaire composés dont la problématique est :En quoi ce texte est il un reflet des lumières ? Quel axes je peut prendre ?

    • Essaie plutôt de partir d’un plan pour remonter à une problématique, c’est à dire une question qui permet de relier entre elles les parties de ton plan. Si tu commences par la problématique, alors cherche à répondre à cette problématique pour élaborer ton plan.

  • Bonjour Amélie,
    Ma lecture analytique commence à partir de « il y avait dans le voisinage un derviche …  » jusqu’à la fin, est-ce que mon plan doit changer énormément comparé au votre ?

  • Bonsoir moi je suis une élève de terminale et j ai pas de prof de français or je dois passer le bac de français je suis perdu est ce que vous pouvez m aider svp

  • Bonjour, je suis en première ES et je m’aide énormément de votre site, de vos cours, de vos conseilles pour m’aider pour mon bac.
    En ce moment je travaille sur Candide, principalement sur le chapitre 19 et 30. Et j’ai vu que sur les chapitres précédents vous avez proposez des problématiques différentes, pouvez vous faire pareille pour le chapitre 19 et 30 s’il vous plait.
    Avec un grand remerciement de ma part.

    • Il n ‘y a pas de faute : explicit est le terme juste, dérivé du latin. C’est le terme excipit qui est un néologisme aujourd’hui admis. Les puristes préfèrent le terme explicit, même si excipit est de plus en plus utilisé.

  • Vous êtes en contrat avec facebook, ils partagent avec vous nos informations. Je cherche ni à vous insulter ou à vous critiquer mais il faut que tous les utilisateurs le sache, je sais que ce genre de message peut laisser à suspicion, je vous laisse donc l’opportunité de vérifier par vous même. En faisant clique droit sur cette page, appuyez sur « enregistrer sous », à la fin du téléchargement un dossier apparaît. En l’ouvrant et en faisant défiler les images, vous pourrez voir apparaître votre photo de profil facebook si vous êtes connecté au moment où vous effectuez cette manipulation. Voilà j’espère que je vous ai convaincue. Très personellemnt je ne vois pas de gros inconvénients à celà, mais je trouve inadmissible que des internautes comme vous et moi ne soyons pas informé.

  • Merci pour votre site c’est super pour les révisions du BAC ! Par ailleurs qu’elle est la signification exacte de « glose de pangloss » ?

  • bonjour madame,
    je ne sais si vous lirez mon commentaire , mais je tente quand meme: MERCI !
    je suis une pure S,je deteste lorsque l’on cherche trop loin dans les textes, je trouve que l’on dénature l’oeuvre plus qu’autre chose , les lectures analytique de mon professeur sont complètement tirées par les cheveux , j’ai en horreur ses explications !
    vos commentaires sont parfaits  » claires, nettes et precis  » on ne va pas trop loin, on dit l’essentiel !
    ainsi, c’etait pour vous dire que j’en avais récupéré plusieurs sur votre site !
    mille merci,
    vic

  • Bonsoir Amélie, tout d’abord un grand merci pour votre site qui est vraiment très utile. De plus, j’aurai une question sur ce chap : en classe nous avons travaillé sur la pb suivante: « comment Candide peut-il énoncer la philosophie du jardin? « . Nous y avons donc répondu par: I -grâce à ses 2 rencontres
    II- car C. s’est suffisamment émancipé de Pangloss pour parler de la philosophie du jardin
    Est ce que ces deux axes peuvent être adaptés à plusieurs pb? je pense que non…

    Merci d’avance

  • Bonsoir , est ce que tu aurais stp la même chose mais pour le chapitre 27 , une sorte de lecture analytique , « voyage de candide à Constantinople » , j’en ai vraiment besoin je t’en prie

  • *Excipit n’est pas le terme correct (excipio en latin signifie « excepter » ou « recueillir », rien à voir donc avec la fin). L’antonyme d’incipit est explicit (en latin, explicit liber ou explicitus est liber signifie « le livre a été déployé, c.-à.-d. ici se termine l’ouvrage, fin », du verbe explico, « déployer », « développer »). Par ex., à la fin d’un ouvrage médiéval comme Le Roman de Thèbes (XIIe siècle), on lit « EXPLICIT HISTORIA DE THEBES ». La confusion contemporaine entre explicit et *excipit est due à l’influence de la forme d’incipit et on la trouve même dans certains manuels de français…

    • Bonjour Sébastien,
      Je sais bien qu' »excipit » est un néologisme; mais ce terme utilisé depuis une vingtaine d’années dans le milieu littéraire s’est forgé une place dans le dictionnaire, dans les manuels, et ne choque pas, à ma connaissance, les professeurs. Cela dit, je vous remercie pour le complément d’informations et je vais mentionner les deux termes sur mon site.

    • Tu as tous les éléments nécessaires dans mon commentaire pour travailler cette problématique. C’est à toi de les sélectionner et d’adapter le plan pour répondre pertinemment à la question. Pour t’aider, tu peux t’inscrire à ma formation gratuite en 10 leçons : je vous y explique comment adapter vos plans à des problématiques différentes. Regarde également mes conseils dans la rubrique oral de français. Bon courage !

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