Candide de Voltaire, chapitre 6 : commentaire

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candide chapitre 6Voici le commentaire composé du chapitre 6 de Candide.

Cette analyse porte sur le passage qui va de « après le tremblement de terre qui avait détruit (…) » à « avec un fracas épouvantable ». Lire l’extrait du chapitre 6 de Candide.

Introduction (Candide chapitre 6) :

Le chapitre 6 de Candide prend place à un moment où Candide est témoin d’expériences cruelles.

Alors qu’il ne rencontre que des horreurs en Europe (guerre etc), Candide décide avec Pangloss d’embarquer en direction des Etats-Unis, mais fait naufrage à Lisbonne.

Suite à un tremblement de terre, l’Inquisition, qui est un tribunal judiciaire de l’Eglise, organise un autodafé (c’est-à-dire une cérémonie où l’on exécute les hérétiques condamnés par le tribunal de l’Inquisition) et condamne Candide et Pangloss. (Voir ma fiche de lecture sur Candide)

Ce chapitre 6 de Candide est ainsi l’occasion pour Voltaire de dénoncer l’Inquisition. (Cette phrase doit normalement être remplacée par la problématique donnée par votre examinateur)

Après avoir étudié comment Voltaire met en scène dans ce récit une cérémonie religieuse plutôt carnavalesque (I), nous verrons que cette mise en scène permet de dresser une critique violente de l’Inquisition (II)  par le recours à l’humour noir et à l’ironie (III)

I – Le récit d’une cérémonie religieuse carnavalesque

A – L’unité narrative

Le début du chapitre 6 de Candide forme un véritable récit court et dense. Les actions s’enchaînent avec rapidité.

♦ On peut relever quatre étapes clés dans le déroulement du récit :
– la prise de décision par les sages de faire un autodafé
– la désignation des coupables (l.10 à 19)
– le déroulement de la procession religieuse
– l’exécution de la sentence (l.29 à 33).

♦ Ces différentes étapes s’enchaînent avec rapidité.

Relevez que ces éléments du récit sont souvent simplement juxtaposés :
(« On vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide (…) ; tous deux furent menés séparément dans des appartements d’une extrême fraîcheur »).

On observe même une ellipse narrative qui accélère le récit  :
« huit jours après, ils furent tous deux revêtis d’un san-benito ».
Voltaire passe sous silence ces 8 jours afin d’insuffler plus de légèreté et d’efficacité au récit.

♦ La circularité du texte met en valeur l’unité narrative de cet extrait. En effet, le texte s’ouvre et se termine sur l’image d’un tremblement de terre. La phrase finale (« Le même jour, la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable ») clôt le récit en démontrant l’inefficacité de toute la mise en scène décrite.

B – Description d’une cérémonie religieuse carnavalesque

L’autodafé décrit par Voltaire apparaît à bien des égards comme une parade de carnaval.

♦ Alors que l’ensemble du récit est très rapide, le narrateur s’attarde sur les descriptions de la cérémonie : les habits (« un san-benito », « mitres de papier »), les motifs (« flammes renversées », « diables qui n’avaient ni queues ni griffes » etc). La procession s’apparente presque à un carnaval.

♦ L’accent est mis sur la beauté du spectacle : la « procession », « le sermon », « la belle musique en faux bourdon ». Ces termes appartiennent davantage au champ lexical du spectacle qu’à celui de la religion.

♦ Relevez dans votre commentaire l’expression « donner au peuple un bel autodafé » qui rappelle l’expression romaine munus dare popula (donner au peuple des jeux).

L’idée est de divertir le peuple avec des jeux pour les détourner de questions plus exigeantes. Cette expression crée immédiatement un rapprochement entre la cérémonie et un spectacle de cirque.

II – La dénonciation de l’inquisition

A – Dénonciation de la superstition

Dans le chapitre 6, Voltaire dénonce la superstition religieuse en mettant en valeur l’absurdité de l’autodafé.

♦ Tout d’abord, l’idée même d’organiser un autodafé ne s’appuie sur aucun élément rationnel.
« Le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu (…) est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler ».

La distorsion entre les moyens utilisés (brûler quelques personnes à petit feu) et la fin recherchée (arrêter la terre de trembler) discrédite d’emblée cette initiative.

♦ Voltaire introduit des connecteurs logiques trompeurs. Par exemple :
« On avait en conséquence saisi un Biscayen (…) ».
Cette phrase est illogique car il n’existe aucun lien de conséquence entre un tremblement de terre et l’arrestation d’un Biscayen.

Voltaire dénonce ainsi la logique absurde et autoritaire de l’Inquisition qui tente de travestir des solutions absurdes en arguments rationnels.

L’inanité des méthodes employées est soulignée par la dernière phrase du texte : le terre se remet à trembler dès la fin de la cérémonie.

B – Dénonciation de l’arbitraire

Une décision arbitraire est une décision qui ne repose pas sur une nécessité logique mais qui découle de la seule volonté d’un groupe ou d’une personne.

Dans le chapitre 6 de Candide, Voltaire dénonce l’arbitraire de l’Inquisition qui exécute des personnes selon son bon vouloir, sans raisons logiques et convaincantes.

♦ C’est ainsi qu’un Biscayen est arrêté et condamné parce qu’il a épousé sa commère. Cela veut dire qu’il a épousé la marraine d’un enfant dont il était le parrain, ce que l’Eglise prohibait.

♦ Des portugais sont condamnés parce qu’ils avaient arraché le lard d’un poulet. A l’époque, on entourait parfois le poulet d’un morceau de lard. Or comme les juifs s’abstiennent de manger du porc, il faut déduire de ce passage que les portugais sont condamnés pour être revenus à la religion juive (ils n’ont pas voulu manger le lard)

Pangloss et Candide sont condamnés pour des raisons encore plus dérisoires : avoir parlé pour l’un et écouté pour l’autre.

♦ Les justifications de ces trois arrestations sont donc d’une absurdité croissante. On peut ainsi parler d’une gradation qui va jusqu’au non-sens total avec l’arrestation de Candide et Pangloss.

III – Le recours à l’humour noir et à l’ironie

A – L’humour noir

Pour dénoncer la superstition, l’arbitraire et la cruauté de l’Inquisition, Voltaire recourt à ses armes préférées : l’humour noir et l’ironie.

L’humour noir consiste à évoquer avec détachement ou amusement des faits horribles ou cruels.

Le décalage entre les horreurs décrites et la manière dont elles sont évoquées tend à faire sourire mais également à faire réfléchir.

Dans le chapitre 6 de Candide, plusieurs expressions évoquent avec amusement des faits cruels. Par exemple :

« le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler. »

Une exécution d’une cruauté sans nom est décrite avec détachement, comme une recette de cuisine (« à petit  feu »).

B – La tonalité ironique

Le chapitre 6 de Candide, comme l’ensemble du conte philosophique de Voltaire, est à prendre dans un sens ironique.

L’ironie consiste à dire ou écrire le contraire de ce que l’on pense. En d’autres termes, il s’agit de faire semblant d’adhérer à une proposition fausse (de telle manière que l’on montre que l’on n’est pas d’accord avec la proposition évoquée) pour souligner le décalage entre cette proposition et la réalité.

Dans cet extrait, Voltaire feint à plusieurs reprises d’épouser le point de vue des inquisiteurs en faisant comprendre subtilement au lecteur son indignation. Par exemple :

« les sages du pays n’avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé ».
Les termes mélioratifs : « les sages », « efficace », « bel » sont ici à comprendre dans un sens contraire et créent une complicité avec le lecteur.

Tout au long du texte, Voltaire feint de justifier l’autodafé : emploi de connecteurs logiques (« On avait en conséquence saisi un Biscayen. »), ou d’un vocabulaire mélioratif (« spectacle », « bel », « belle musique », « en cadence »).

Le vocabulaire mélioratif et les descriptions grandioses contribuent à faire de ce texte un éloge paradoxal (ou faux-éloge).

Vous pouvez également relever la périphrase ironique pour désigner les prisons : « des appartements d’une extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais incommodé du soleil. »

Pour aller plus loin :

Candide chapitre 1 : commentaire
Candide chapitre 3 : commentaire
Candide chapitre 18: commentaire
Candide chapitre 19 (commentaire)
Candide chapitre 30 (commentaire)
Candide : le quiz
♦ En quoi Candide est-il un conte philosophique ? (vidéo)

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Amélie Vioux

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