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Voici un commentaire du chapitre 2 de l’Assommoir (1877) d’Emile Zola.
Il s’agit de l’extrait dans lequel Gervaise exprime son idéal de vie.
L’extrait va de « Oh ! c’est vilain de boire ! dit-elle à demi-voix » jusqu’à « je mourrais volontiers dans mon lit, chez moi » .
L’assommoir, chapitre 2, introduction
A l’heure de la seconde révolution industrielle, se diffusent deux théories qui auront une influence cruciale sur leur époque :
♦ Le positivisme scientifique qui fonde la connaissance sur l’observation des faits et sur l’expérimentation ainsi que les découvertes de Mendel sur la génétique (Mendel découvre que les gène se transmettent de génération en génération).
♦ Les théories socialistes qui mettent en évidence l’exploitation de la classe ouvrière par le capitalisme industriel.
Emile Zola est sensible à ces théories et les intègre dans ses œuvres littéraires comme l’Assommoir, roman naturaliste dans lequel il dépeint les ravages de l’alcoolisme dans le milieu ouvrier parisien.
Dans le chapitre 2 de l’Assommoir, Gervaise exprime ses désirs et ses rêves.
Annonce du plan de l’analyse
Cet extrait du chapitre 2 de l’Assommoir est représentatif d’une esthétique réaliste (I). Mais c’est aussi un texte dans lequel Zola observe le peuple ouvrier (II) pour montrer la tragédie des ouvriers victimes de déterminismes sociaux (III).
Questions possibles à l’oral de français sur le chapitre 2 de L’Assommoir
♦ En quoi cet extrait appartient-il au mouvement naturaliste ?
♦ D’après cet extrait du chapitre 2, en quoi l’Assommoir est-il un roman sur le peuple ?
♦ Quelle représentation du monde ouvrier nous offre Zola ?
♦ Dans quelle mesure peut-on dire que cet extrait est tragique
I – Une esthétique réaliste
A – Le registre réaliste
L’Assommoir est un roman qui étudie les ravages de l’alcool dans le milieu ouvrier.
A ce titre Zola fait preuve de réalisme et utilise un champ lexical de l’alcool très étendu : « boire », « anisette », « liqueurs » , « verre », « prune », « verre d’eau-de-vie », « l’absinthe », « la mine à poivre », « ribote », « canon », « marchand de vin ».
La variété et la précision dans le vocabulaire, souvent technique, montre une volonté d’épuiser l’étude de son sujet.
Cette précision se retrouve dans la construction syntaxique des phrases. Ainsi, les nombreux compléments circonstanciels de temps, de moyen et de lieu, inscrivent la scène dans le réel : « Et elle raconta qu’autrefois, avec sa mère, elle buvait de l’anisette, à Plassans ».
Le réalisme est renforcé par l’alternance entre récit et dialogues au style direct qui font entendre les voix des personnages, leur donnant vie sous nos yeux.
La langue des personnages est d’ailleurs mise en valeur dans cet extrait.
B – Une langue populaire et argotique
Pour décrire la condition ouvrière, Zola a recours à un niveau de langue familier qui nous immerge dans le milieu social dépeint.
On retrouve ainsi dans le chapitre 2 un parler populaire et argotique :
♦ Dans le vocabulaire : « vilain », « cochonneries », « cheulards-là », « mine à poivre », « écrabouillé », « ribote », « gratis » ;
♦ Dans la syntaxe :« ça l’avait dégoûtée », « une prune par –ci par-là, ça n’était pas mauvais », « les camarades avaient beau le blaguer »;
♦ Dans des expressions populaires :« elle ne pouvait plus voir les liqueurs », « Quant au vitriol […] bonsoir ! il n’en fallait pas » .
Par le style argotique et les distorsions syntaxiques, Zola mime le parler populaire des ouvriers de l’époque et montre que le roman réaliste ne s’interdit aucun sujet.
Transition : L’écriture de Zola reflète la langue des ouvriers dont il souhaite montrer la dignité.
II – Un peuple ouvrier valorisé
A – Des personnages moraux et modestes
Le terme « ouvrier » ainsi que le champ lexical du travail (« zingueur », « métier », « jeune ouvrier », « travailler ») campe immédiatement le milieu ouvrier du XIXème siècle.
Mais Gervaise et Coupeau sont des ouvriers qui se révoltent contre leur condition.
Ils ont une conscience morale forte et posent des interdits comme le montrent les termes à forte valeur morale : « C’est vilain de boire », «Coupeau ne comprenait pas que ‘on pût avaler », « il n’en fallait pas », « il faut des jambes solides ».
Ce sont aussi des personnages touchants qui se projettent dans l’avenir avec un certain optimisme, ce que montre la répétition du terme « idéal » accompagné de l’irréel du présent (« ce serait », « je voudrais », « ce serait », « ça ne me plaisait pas »).
Leurs rêves sont toutefois très modestes.
L’idéal de Gervaise s’inscrit dans une philosophie épicurienne populaire qui consiste à avoir des rêves modérés pour être satisfait plus rapidement.
Son idéal s’exprime ainsi de manière négative : « je ne suis pas ambitieuse », « je ne demande pas grand-chose », « de ne pas être battue ». L’emploi des adjectifs numéraux « un /un/ deux » accentue la modestie de ce rêve.
B – Des personnages littéraires à part entière
Zola fait de Gervaise et de Coupeau des personnages littéraires à part entière.
Gervaise est ainsi décrite dans une phrase ample qui rappelle le style de Flaubert : « Elle ne se levait pourtant pas, le tenait sur ses genoux, les regards perdus, rêvant comme si les paroles du jeune ouvrier éveillaient en elle des pensées lointaines d’existence.» Gervaise prend des allures de Madame Bovary, accédant ainsi à la dignité de personnage littéraire. Son positionnement, statique, lui donne une certaine de solennité.
Elle est par ailleurs décrite positivement. Elle respecte des interdits moraux et fait preuve de raison et de bon sens : « je laisserai la sauce, parce que ça me ferait mal« .
Les trois points de suspension (« … ») qui émaillent son discours (« pas grand’chose… » , « pas davantage… » , « si c’était possible… » , « être battue… » , « c’est tout… » ) suggèrent une sincérité et une émotion qui montrent son authenticité.
L’éloquence n’est d’ailleurs pas totalement absente de son discours. Ainsi, la multiplication des rythmes ternaires donnent une tonalité poétique à sa rêverie : « Mon idéal, ce serait de travailler tranquille, de manger toujours du pain, d’avoir un trou un peu propre pour dormir, vous savez, un lit, une table et deux chaises, pas davantage un lit, une table et deux chaises ».
Transition : A travers le discours simple et sincère de Gervaise, Zola valorise le peuple ouvrier. Car le but de Zola n’est pas de donner une image négative du peuple, mais plutôt d’observer comment les déterminisme sociaux entraînent les ouvriers vers la déchéance.
III – Des personnages victimes des déterminismes sociaux
A – La naturalisme : une étude scientifique des déterminismes sociaux
Zola souhaite donner un statut scientifique à la littérature.
Il considère la société comme un laboratoire et observe ses personnages comme des sujets d’expérimentation. Par cette observation précise, il veut mettre en relief les déterminismes sociaux qui mènent les ouvriers parisiens à la déchéance.
Pour mieux observer ses personnages, Zola fait le choix d’un narrateur omniscient.
Les verbes introducteurs de parole marquent l’attitude observatrice du narrateur :
♦ « dit-elle à demi-voix »;
♦ « ajoute-t-elle en montrant son verre »;
♦ « Il conclut par cette phrase »;
♦ « Elle lit encore lentement, sans transition apparente »;
♦ « elle reprit après avoir hésité » .
Comme un scientifique, Zola analyse ses personnages de façon rationnelle, en suivant une structure logique :
♦ Il évoque d’abord une parole de Gervaise : « Oh ! c’est vilain de boire ! »
♦ Il décrit ensuite son attitude à travers des verbes d’action : « avait repris », « Elle ne se levait », « le tenait »)
♦ Enfin, il dévoile ses pensées et sa psychologie comme le souligne le champ lexical de la pensée : « rêvant », « pensées lointaines », «mon idéal », « un idéal », « cherchait », « interrogeait ses désirs », « ne trouvait rien […] qui la tentât », « avoir hésité ».
Zola part ainsi de l’observation précise pour mieux comprendre la pensée des personnages.
B – Un destin tragique
Si Coupeau et Gervaise apparaissent raisonnables et optimistes, Zola laisse entrevoir que ces personnages sont voués à une déchéance fatale.
On comprend que cette déchéance va venir de l’alcool qui est au centre de la discussion des personnages et auquel ces derniers parviennent encore à résister.
L’alcool est une incarnation du tragique. Comme un poison, il se diffuse dans la vie des personnages.
Pour Zola, l’hérédité pèse sur les personnages. Ainsi, la mention de la « mère » pour Gervaise et du « papa Coupeau », tous deux corrompus par l’alcool, a pour but de montrer que la corruption de l’alcool est héréditaire et plus forte que la volonté des personnages.
En outre, les personnages sont enchaînés dans une vie de dénuement et de pauvreté : « Et c’est tout, vous voyez, c’est tout ». La répétition de « c’est tout » dévoile l’enfermement de Gervaise dans une existence misérable.
La fin de cette existence sans joie est d’ailleurs déjà annoncée : « on peut à la fin avoir le désir de mourir dans son lit… Moi, après avoir bien trimé toute ma vie, je mourrais volontiers dans mon lit, chez moi. »
Les répétitions (en couleurs) suggèrent le caractère répétitif d’une vie morne à laquelle Gervaise ne peut échapper.
Le dénuement de cette vie est amplifiée par la modestie de Gervaise qui exprime son idéal à la forme négative :
♦ « je ne suis pas ambitieuse » ;
♦« je ne demande pas grand-chose » ;
♦ » de ne pas être battue » .
La répétition de la première personne du singulier (« Moi, après avoir bien trimé toute ma vie, je mourrais volontiers dans mon lit, chez moi. ») souligne le désir de ne pas prendre trop de place dans le monde.
Or dans la théorie du darwinisme social qui a influencé Zola, cette posture de retrait montre l’œuvre de la sélection naturelle qui détruit les plus faibles au profit des plus conquérants.
L’Assommoir, Zola, chapitre 2, conclusion
Ce passage du chapitre 2 de L’Assommoir précède la description de l’alambic, symbole de la déchéance ouvrière.
Mais avant de décrire cette déchéance, Zola montre la dignité et la fragilité du peuple ouvrier. Il pourra ainsi dresser un portrait critique d’une société qui asservit et aliène l’homme.
Pour cela, il construit un roman naturaliste et populaire qui intègre l’ouvrier comme un personnage littéraire à part entière.
La volonté d’intégrer toutes les strates de la société dans la littérature s’exprimera dans d’autres romans de Zola comme la Bête humaine ou Germinal.
Tu étudies l’Assommoir de Zola ? Regarde aussi :
♦ L’Assommoir, excipit : analyse
♦ Germinal, incipit : analyse
♦ Germinal, Zola : résumé
♦ Au bonheur des dames, incipit
♦ Au bonheur des dames, Zola : résumé
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Petite erreur de frappe au début : l’extrait analysé va jusqu’à « je mourrais volontiers dans mon lit, chez moi.» Et non « je pourrais volontiers ».
Bonne continuation
Merci Antony. Coquille rectifiée !
Merci beaucoup pour votre aide précieuse!
J’accompagne un jeune qui est en seconde et se trouvait perdu en début d’année. « Maintenant, on ne fait plus du français, on fait de la littérature » m’a-t-il dit la première fois, démuni et inquiet… J’essaie de l’aider à acquérir des repères sur le XIXème siècle afin qu’il comprenne mieux l’origine des différents mouvements littéraires qui le traversent.
Nous mettons actuellement l’accent sur le commentaire composé et je reviens souvent sur une de vos videos pédagogiques, lumineuse pour lui.
Vraiment merci pour ce beau travail que vous réalisez!
Merci beaucoup de tous vos efforts . Vous faites un magnifique travail. Je vous félicite. Merci infiniment.
Bonne continuation et je veux vous remercier pour toutes ces informations là
pas mal