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Voici une étude linéaire pour l’oral de français du poème « Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit » issu du recueil Mes forêts d’Hélène Dorion.
Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit, introduction
Tour à tour collaboratrice dans des revues, des émissions culturelles et radiophoniques, enseignante en littérature, directrice des Éditions du Noroît, Hélène Dorion est née en 1958 à Québec.
Elle a été élue à l’Académie des Lettres et nommée Chevalière de l’Ordre Nationale du Québec en 2006.
Sa prose, sa poésie, ses prix littéraires et les nombreuses traductions de son œuvre font d’elle une écrivaine de premier plan dans la littérature francophone.
En 2021, son recueil Mes forêts est publié. Il se caractérise par des vers libres et une absence de ponctuation.
Ce recueil comprend quatre sections dans l’intervalle desquelles apparaissent des poèmes intitulés « Mes forêts sont… »
Le poème « Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit » apparaît justement entre la section « Une chute de galets » et « L’onde du chaos ».
Problématique
Dans le poème étudié qui dessine un rapport personnel aux forêts, à quelles prises de conscience nous invite la poétesse ?
Plan linéaire
Nous analyserons successivement chaque strophe en montrant comment elles s’articulent et quelle évolution elles dessinent.
I – Le réveil des forêts
Première strophe, de « Mes forêts sont des bêtes » à « rempli de lucioles »
Toujours évoquée au pluriel et précédée d’un déterminant possessif de la 1ère personne du singulier (« Mes forêts ») , la forêt apparaît comme une quête sans fin pour la poétesse.
Le quintil s’ouvre sur une métaphore qui renvoie aux habitants sylvestres nocturnes : « Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit ». Le présent de l’indicatif souligne une habitude.
Puis, la métaphore se fait de plus en plus sauvage, allant de la passivité (« attendent« ) au réveil comme l’indique la multiplicité des verbes d’action : « lécher », « gratter
» répété à deux reprises, « boire » et « se glisser ».
Mais derrière des actions en apparence instinctives pour une bête (« lécher le sang », « gratter la terre », « gratter l’écorce »
) se cache une poésie unique.
En effet, les forêts prennent vie peu à peu, et un autre univers naît, comme en témoignent le complément du nom « le sang de leurs rêves
», le complément d’objet empreint de religiosité « boire l’offrande
», ou le complément circonstanciel « dans un lit rempli de lucioles
».
L’émerveillement se traduit également par les sens du lecteur qui sont mis en éveil : l’ouïe (« gratter »
), le goût (« lécher » , « boire »
) la vue (« lucioles »
).
II – Un autre univers
De « Mes forêts sont une planète » à « tout immobile
»
La strophe suivante se présente de façon déstructurée, dans la mesure où le premier vers apparaît nettement détaché.
Les espaces qui l’encadrent de part et d’autre matérialisent la métaphore elle-même : « mes forêts sont une planète silencieuse
». Les espaces qui isolent ce vers restituent en effet le silence qui entoure la planète.
À une strophe qui consacrait l’activité des bêtes, succède littéralement une autre dimension où règne le silence.
Une deuxième métaphore d’ordre astronomique vient compléter la définition : « une éclipse
», qui correspond à la disparition passagère d’un astre.
Il n’y a donc nul repère auquel se raccrocher puisque même l’éclipse « fléchit », et l’on trouve « le bois des barques à la dérive
».
Sur le plan typographique, la disposition des trois vers, de longueur croissante, restitue visuellement la dérive de la barque.
Les repères se dissolvent pour ne laisser qu’une assonance en « i » omniprésente (silencieuse, éclipse, qui, fléchit, dérive, immobile
), comme une fréquence lancinante.
La perte de repère va se nicher jusque dans l’opposition entre le mouvement (« fléchit », « à la dérive »
) et l’immobilité (avec la proposition subordonnée de concession « alors qu’on croirait tout immobile
»).
III – Une dimension critique
De « Elles sont un dessin » à « « sans jamais les voir
»
Par une troisième métaphore, ce mouvement suivant se rapporte à l’activité humaine : « elles sont un dessin de nature morte
».
Hélène Dorion joue ici sur l’expression « nature morte » qui désigne une peinture représentant des objets ou être inanimés. Néanmoins, la critique pointe déjà : la nature semble ici morte parce que l’Homme l’observe à travers le filtre du dessin.
L’expression introduite par un participe présent (« ignorant les écrans
») dote les forêts d’une capacité intellectuelle et d’une sagesse supérieure à celle de l’Homme.
La poétesse livre ici une vision toute personnelle : elle oppose la nature véritable et la représentation que l’homme s’en fait, notamment à travers les écrans.
Sa critique va même plus loin : les écrans constituent un filtre qui empêche d’accéder aux forêts comme l’indique la proposition subordonnée relative « sur lesquels on les regarde / sans jamais les voir
».
Hélène Dorion oppose ici deux verbes (regarder et voir) qui sont souvent pris pour synonymes : pour elle, l’homme regarde les forêts à travers un filtre, passivement, mécaniquement, mais ne les voit pas, parce qu’il ne s’implique pas dans sa contemplation pour percevoir l’essence des forêts.
L’attitude de l’homme est ainsi moquée, incapable qu’il est de saisir l’essence des forêts autrement que par des filtres.
IV – L’appel à la conscience des hommes
De « Mes forêts / sont chemin » à « facebookinstagramtwitter »
La strophe suivante se déstructure de plus en plus : cela se voit typographiquement par le contre-rejet « mes forêts » et par la graphie sans espace « facebookinstagramtwitter ».
Le recours à une nouvelle métaphore permet au sujet poétique de redonner du sens à la véritable contemplation des forêts, en pleine conscience.
Ainsi, les expressions « chemin de chair » et « marées de l’esprit
» sont formées à partir d’un terme relatif à la nature (« chemin« , « marées
« ) auquel est adjoint un complément de nom lié à l’humain (« de chair« , « de l’esprit
« ). Cette union souligne le lien indéfectible entre l’homme et la nature.
Pour saisir les forêts, l’homme doit donc faire preuve de patience : il s’agit de parcourir un chemin, d’attendre une marée.
Par ailleurs, la métaphore suivante illustre le temps nécessaire pour définir les forêts : « un verbe qui se conjugue lentement
». Le recours au verbe pronominal (« se conjugue
« ) et à l’adverbe (« lentement » ) confirme qu’il s’agit d’un long apprentissage.
Le dernier vers, énoncé sous forme de complément circonstanciel de manière (« loin de facebookinstagramtwitter
» ) résonne comme un avertissement : aucun filtre, aucun biais, ne peut se mettre entre l’homme et les forêts.
L’évocation des trois réseaux sociaux est désacralisée par l’absence de majuscules et d’espaces : ils ne constituent qu’une masse inutile face à la toute-puissance et à la beauté des forêts.
V – Une profession de foi personnelle
Dernière strophe
La dernière strophe apporte une forme d’apaisement pour le lecteur qui se reconnecte, grâce au sujet poétique, à la simplicité des forêts.
La répétition du déterminant possessif de la première personne (« mes forêts » , « mes pas »
) souligne cette reconnexion à soi.
La métaphore des « des rivages / accordés à mes pas
» illustre la symbiose du sujet poétique avec les forêts. Elles deviennent un repère existentiel.
Les derniers vers « la demeure / où respire ma vie
» souligne combien les forêts sont un refuge vital. Le contre-rejet sur le substantif « la demeure
« , mis en relief par l’espace qui précède ce terme, accentue la sanctuarisation de la foret.
Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit, Hélène Dorion, analyse
Au terme de cette analyse, nous pouvons affirmer que ce poème invite à de nombreuses prises de conscience : celle du respect des rythmes des forêts, qui oscillent entre mouvement et immobilité, entre activité et silence ; celle de la nécessité de contempler en pleine conscience les forêts sans le filtre des écrans ; celle d’accepter le temps nécessaire à la découverte des forêts, loin de l’instantanéité des réseaux sociaux.
Enfin, parallèlement à une dimension critique, Hélène Dorion affirme avec enthousiasme le lien vital qui l’unit aux forêts.
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