Petit Pays, Gaël Faye : fiche de lecture

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Voici une fiche de lecture complète (résumé avec analyse des personnages et des thèmes) du roman Petit pays de Gaël Faye.

Petit pays est un roman partiellement autobiographique publié par Gaël Faye en 2016.

Il constitue un témoignage poignant autour d’un des derniers génocides du XXe siècle : celui du Rwanda, lors duquel les Hutus massacrèrent des Tutsis.

Environ 800 000 personnes, majoritairement tutsies, perdirent la vie.

Cette histoire tragique vibre encore dans le présent : les coupables n’ont pas encore tous été reconnus et condamnés, et les rescapés comme Gaël Faye restent traumatisés par ces événements.

Mais ce n’est pas le récit d’une guerre qu’il s’agit dans Petit pays, puisque c’est un enfant qui raconte.

Le narrateur, Gabriel, est un jeune garçon qui glisse vers l’adolescence quand le paisible petit pays où il a grandi, le Burundi, glisse vers le chaos.

Dans une écriture métisse, à la fois poétique et politique, Gaël Faye mêle la mélancolie d’une enfance radieuse au témoignage des violences historiques.

Qui est Gaël Faye ?

Gaël Faye naît en 1982 à Bujumbura, capitale du Burundi. Ce petit pays se situe en Afrique de l’Est, entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.

Né d’un père français et d’une mère rwandaise, il mène une enfance paisible, jusqu’à ce que le génocide du Rwanda, en 1994, le force à l’exil.

En 1995, il s’installe à Versailles avec sa mère, et tente de se recréer un environnement familier après la douloureuse perte de ses repères et le traumatisme de la guerre.

Il mène avec succès des études dans la finance, mais quitte rapidement la City de Londres, où il ne s’épanouit pas, pour se consacrer à sa passion : la musique et l’écriture.

Son premier album solo, Pili Pili sur un croissant au beurre, sort en 2014.

Gaël Faye publie par la suite plusieurs projets musicaux témoignant de la variété et du multiculturalisme de ses inspirations, puisqu’il collabore avec Oxmo Puccino (France), Mulatu Astarte (Ethiopie) ou encore Flavia Coelho (Brésil).

Parallèlement à sa carrière de musicien, Gaël Faye publie Petit pays en 2016, roman en partie autobiographique où il raconte son enfance au Burundi, et le surgissement du génocide qui le force à partir.

Le roman connaît un grand succès. Il remporte de nombreux prix, et est adapté au cinéma en 2020.

Comment résumer Petit Pays ?

Prologue

Le narrateur, Gabriel, est un enfant. Il ironise sur l’absurdité du génocide entre Hutus et Tutsis, justifié par une différence dans la taille des nez.

Dans la deuxième partie du prologue, il exprime du dégoût pour la vie morne et répétitive qu’il mène en France, où il ne se trouve pas à sa place.

Il est habité par l’obsession du retour au pays de l’enfance heureuse, dans une Afrique idéalisée. Il reçoit un mystérieux appel téléphonique.

Chapitre 1

Le narrateur raconte le mariage de ses parents. Son père est du Jura, sa mère est une gracieuse rwandaise.

Mais les parents, rapidement, ne s’entendent plus, parce que leur mariage est trop précoce, parce que leur jeunesse pleine d’illusion peine à accepter les obligations de la vie domestique, parce que la situation politique se dégrade.

Chapitre 2

Le narrateur raconte son enfance.

Lors d’un trajet familial, la famille quitte le calme Burundi pour le Zaïre tumultueux. Ils rendent visite à un ami de son père, Jacques, colon raciste et âgé qui éprouve pour le Zaïre un attachement mêlé de mépris.

Ses propos racistes, ainsi que ceux du père, suscitent la colère de la mère.

Chapitre 3

La destruction du bonheur familial s’accentue.

La bonne humeur du père, tout au long d’un sortie familiale dans une nature luxuriante, n’empêche pas les disputes avec la mère.

Les parents se séparent.

Chapitre 4

Le narrateur fête Noël et le Nouvel An 1993 avec son père par une excursion parmi des pygmées dans une forêt.

A leur retour, ils apprennent le brutal départ d’un employé de maison, parti en volant plusieurs choses, dont le vélo neuf du narrateur.

Chapitre 5

Gabriel discute avec ses voisins, deux jumeaux de son âge. Ils lui racontent que lors d’un séjour dans un village, chez leur grand-mère, ils ont été circoncis de force, ce qui les a traumatisés et déplu à leur père français.

Ils ajoutent enfin qu’ils ont vu dans ce village un enfant conduire le vélo volé du narrateur.

Chapitre 6

Le petit-déjeuner d’avant l’école offre au narrateur l’occasion de décrire les employés de maison de son père : le serviable Cuisinier Prothé s’est remis d’une maladie ; Donatien est le plus fidèle employé ; et Innocent aussi désagréable que précieux pour les affaires du père.

Chapitre 7

Le narrateur, Gaby, découvre en classe la lettre adressée par sa correspondante d’Orleans, Laure. Il en éprouve de l’émoi et lui répond par un autoportrait amusant de lui-même et du Burundi.

Chapitre 8

Gabriel mène auprès des employés de la maison, Donatien et d’Innocent, une enquête pour retrouver le vélo volé.

Le vélo volé a été vendu à une famille de paysans pauvres.

Gabriel récupère son vélo auprès de cette famille mais éprouve une profonde culpabilité, car sa famille aurait les moyens de lui offrir un nouveau vélo contrairement à la famille de paysans.

Il subit la désapprobation d’Innocent et de Donatien.

Chapitre 9

Gabriel rend visite à sa grand-mère maternelle, qui vit parmi d’autres familles de réfugiés rwandais ayant fui la violence pour vivre au Burundi.

Son oncle maternel, Pacifique, est un beau jeune homme séduisant, qui se passionne pour les tristes chansons d’amour françaises.

Alphonse était une autre fierté la famille. Ce brillant ingénieur est mort en combattant pour le Front patriotique rwandais. Et la volonté de Pacifique de combattre à son tour suscite l’inquiétude de la famille.

L’arrière-grand-mère, Rosalie, raconte quant à elle les légendes du Rwanda qu’elle a quitté et qui lui manque.

La mère, qui éduque ses enfants comme des blancs, considère cette nostalgie patriotique avec distance.

Pacifique au contraire écoute Rosalie avec une attention émue, lui promet le retour au pays, le retour au Rwanda à moderniser.

Chapitre 10

Gabriel décrit les jeux qu’il mène avec sa petite bande d’amis : vol et revente de mangues, plaisanteries, baignade, pêche.

Son meilleur ami est Gino, un garçon de son âge. La rivalité entre son ami Gino et un autre enfant, le redoutable Francis, un peu plus âgé, symbolise le passage vers la peur et la guerre.

Chapitre 11

Portrait de Gino, métis patriote qui, à douze ans, rêve comme Pacifique de participer à une guerre libératrice au Rwanda.

La conversation politique se poursuit en un débat sur la démocratie dans un cabaret, véritable « radio du trottoir » où boire et débattre.

Chapitre 12

L’organisation d’élections présidentielle suscite la joie populaire.

Prothé et Innocent, les employés de maison, symbolisent le conflit entre les deux grands partis qui s’opposent, le nouveau contre l’ancien.

Chapitre 13

Les élections sont un jour d’allégresse pour le peuple qui pour la première fois peut s’exprimer démocratiquement.

Après l’angoisse de l’attente, les résultats tombent : c’est le Frodebu, le nouveau parti, qui a gagné face à l’Uprona au pouvoir, que soutient l’armée.

Chapitre 14

L’anniversaire des onze ans de Gabriel offre l’occasion d’une belle fête dans le jardin, autour d’un barbecue au crocodile chassé par Jacques.

Les habitants du quartier boivent et dansent dans une joie interrompue par la bagarre entre Gino et Francis, puis par la pluie.

Chapitre 15

L’entrée au collège s’accompagne pour Garbriel de la découverte des marques et de l’argent qui hiérarchisent les élèves en groupes.

Gino jalouse Francis pour sa sociabilité.

Mais la conversation entre eux s’interrompt : une fissure dans la maison de Gino indique un mouvement sismique. Les séismes fréquents symbolisent la violence imminente sous le calme apparent.

Chapitre 16

Réveil nocturne sous le bruit des balles.

Le lendemain, la population apprend qu’un coup d’Etat vient d’avoir lieu. Le président élu vient d’être assassiné par l’armée, des massacres commencent, un couvre-feu est mis en place.

Le père, qui d’après Innocent couche avec une jeune femme de son quartier, prend ses dispositions pour protéger sa famille. Gabriel s’inquiète, comme son père.

Chapitre 17

Tandis que le centre-ville des privilégiés reste épargné, le chaos et la violence gagnent le pays. Les massacres provoquent l’exode de la population.

Mais les jeux et les escapades continuent pour Gabriel.

Le vol de mangues dans le jardin de Francis provoque cependant la violente vengeance de ce dernier, qui tente de noyer Gabriel et Gino dans la rivière.

Dans son supplice, le jeune Gino avoue sous la menace de Francis que sa mère, que personne n’a jamais vue, est morte. La douleur et surtout les pleurs de Gino suscitent la haine de Gabriel à l’encontre de Francis.

Chapitre 18

Les tensions s’accroissent et l’atmosphère se trouble. Les massacres et les disputes, comme celle entre Prothé et Innocent, se multiplient.

Innocent est licencié par le père, qui est très préoccupé par la situation.

A l’école, Gabriel découvre la différence qui structure le Burundi, entre Hutus et tutsis. Il découvre que la situation impose à chacun, dont lui-même, de faire partie d’un camp.

Chapitre 19

Gabriel part en vacances au Rwanda avec sa sœur Ana et sa mère. Ils se rendent chez la sœur de la mère : tante Eusébie. Chez elle, règne la joie familiale.

Pacifique annonce son mariage et la grossesse de sa femme.

Mais il révèle que des massacres se préparent au Rwanda, car les extrémistes Hutus s’opposent au Front populaire rwandais. C’est pourquoi il demande à la mère d’accueillir au Burundi les enfants d’Eusébie et sa femme, ce qu’elle accepte.

Chapitre 20

La famille chemine en voiture pour aller assister au mariage de Pacifique.

Mais la festivité laisse vite place à l’angoisse à un barrage militaire, dont les soldats Hutus insultent la famille parce que tutsie.

Le mariage entre Pacifique et Jeanne a finalement lieu, rapide et heureux. Les au revoirs au couple s’accompagnent de promesse de se revoir.

Chapitre 21

Alors que les crimes politiques se multiplient, Gabriel découvre avec effroi que Gino a intégré Francis à leur bande.

Mais Gino se justifie, en expliquant que Francis a pu être violent parce que comme lui il a perdu sa mère. Il rassure ensuite Gabriel en lui assurant qu’ils sont toujours meilleurs amis.

Francis s’intègre au groupe en les invitant à profiter d’une piscine publique. Gabriel se distingue par un plongeon audacieux qui l’aide à se débarrasser de sa peur et à gagner l’admiration des autres garçons. Le retour en taxi se fait dans le bonheur et la pluie.

Chapitre 22

Le 7 avril 1994, la mère arrive à la maison en catastrophe. Elle apprend à la famille que les président du Burundi et du Rwanda viennent d’être tués en avion.

Au téléphone, tante Eusébie explique que les Tutsis sont tenus pour responsables de l’attentat et massacrés. Tante Eusébie dit adieu à sa sœur.

Les jours suivants, les parents se relaient au téléphone, sans parvenir à obtenir l’extradition de leurs proches au Rwanda.

La mère s’épuise dans l’angoisse, tandis que le génocide des Hutus à l’encontre des Tutsis s’accentue et se prolonge d’avril à juillet 1994.

Mais début juin, Pacifique appelle pour apprendre à la famille que le Front populaire rwandais est en train de prendre le dessus sur le gouvernement génocidaire en déroute.

Chapitre 23

Les violences provoquent le départ des jumeaux (les amis de Gabriel) qui partent s’installer en France.

Les adieux douloureux laissent la bande de Gabriel orpheline d’une partie de ses membres.

L’évolution de la bande se poursuit désormais sous l’influence de Francis, qui veut en faire un gang à l’image des véritables organisation et criminelles qui violentent, organisent des barrages lors des journées « villes mortes ».

Gaby constate que les jeux d’enfants relèvent désormais du passé. La fascination de Gino et de Francis pour la violence et la vengeance face aux Hutus, dont Gino prétend qu’ils ont tués sa mère, amène Gabriel à prendre ses distances avec la bande.

C’est ce qui amène Gabriel à fréquenter l’une de ses voisines, Madame Economopoulos. Grâce à elle, il découvre la littérature qui l’aide à prendre ses distances avec sa bande d’amis et la violence de la guerre.

Chapitre 24

L’insécurité s’installe et amène les gens à se barricader, tandis que la violence se banalise : Gabriel voit dans la rue un homme se faire lyncher à mort sans que personne ne réagisse.

Chapitre 25

Jacques arrive brusquement à la maison, avec la mère, dont la famille avait perdu la trace depuis longtemps.

Elle est méconnaissable : maigre, malade, faible. Son élégance a disparu.

Elle revient du Rwanda, où la population fuit massivement les massacres, comme le raconte Jacques. Il décrit une misère atroce qui déferle sur le Kivu.

La mère leur apprend la mort des enfants de tante Eusébie, massacrés dans leur maison, de même que la famille de Jeanne.

Pacifique, qui a tué les meurtriers pour se venger, a été fusillé par la cour martiale tutsie. Tente Eusébie reste introuvable.

La famille est bouleversée.

Chapitre 25

L’employé de maison Donatien adresse à Gabriel un discours pacifique et philosophique, lui raconte sa vie faite de misère et d’épreuves. Sa foi en Dieu l’aide à garder espoir.

Puis Gabriel découvre avec effarement que Francis et Gabriel se sont procuré deux grenades auprès d’un gang. Ils s’arment pour se défendre contre les Hutus.

Effrayé, Gabriel décide de ne plus les fréquenter.

Chapitre 26

La mère plonge dans la dépression et l’épuisement.

La nuit, elle raconte à Ana, la sœur de Gabriel, les horreurs qu’elle a vécues : ramasser et enterrer les cadavres découpés des enfants de tante Eusébie, pour que cette dernière ne voit pas les traces à son retour.

Gabriel raconte à son père ce que la mère inflige à Ana. Une dispute éclate alors entre les parents.

La mère devient furieuse, accuse les membres de la famille d’être des Français responsables du génocide, blesse Ana en jetant un objet.

La blessure d’Ana justifie le départ aux urgences. Au retour, la mère est introuvable.

Gabriel s’en veut d’avoir voulu protéger son bonheur en faisant fuir sa mère.

Chapitre 27

Lettre de Gabriel à Christian, son cousin assassiné.

Il lui annonce qu’il épousera Laure, ce correspondante de France avec qui il échange des lettres.

Il lui dit combien il l’aime et combien il lui manque. Il lui dit également combien il comprend son père qui l’a tenu à distance de la politique et des choses d’adultes, qui ont rendu violente sa bande d’amis. Il lui dit combien le monde est absurde et violent.

Chapitre 28

Ana dessine les scènes horribles décrites par sa mère disparue.

Tout à coup, de jeunes Tutsis armés pénètrent la maison. Ils menacent Prothé car il est hutu, et demandent à la famille de quitter le Burundi, car ils accusent les Français d’être complices du génocide au Rwanda.

Cette menace achève de tuer l’enfance du narrateur. Mais les livres de madame Economipoulos lui offrent une échappatoire.

Chapitre 29

Gino apprend à Gaby l’assassinat du père de leur ami Armand.

Gaby se rend compte que la guerre n’épargne personne et l’oblige à prendre parti, à agir.

Gaby suit donc Francis avec sa bande. Il les amène auprès d’un violent gang tutsi dirigé par Innocent. Ils s’apprêtent à brûler vif l’un des meurtriers prétendus du père d’Armand, qui assiste à la scène, terrifié.

Innocent décide que c’est Gaby qui doit lancer le briquet dont la flamme immolera l’homme, ligoté dans un taxi.

Gaby s’exécute, sous la pression de Francis, de Gino, du gang, dont les membres menacent Gaby de tuer sa famille s’il ne tue pas l’homme. Alors Gaby s’exécute. Il en éprouve une profonde culpabilité.

Chapitre 30

Gabriel adresse une lettre poétique à Laure sur la beauté de Bujumbura sous la neige. Les jeux et la pureté blanche qui recouvrent la ville font, en apparence, oublier les horreurs de la guerre, qui ont ôté tout sens à la vie.

Chapitre 31

Les violences s’intensifient au point de faire partie de l’actualité internationale.

Prothé a été lapidé à mort dans la rue. La population fuit massivement.

Gabriel et sa sœur, qui s’en vont rejoindre une famille d’accueil. Gabriel fait ses adieux à madame Economopoulos et à son père.

Épilogue

20 ans plus tard, Gabriel retourne au Burundi en tant que jeune adulte.

Il retrouve Armand, avec qui il se remémore leur enfance dans le cabaret du quartier, tout en prenant soin de ne pas évoquer les désastres qui les lient.

Le père de Gabriel est mort dans une embuscade peu après son départ. Gabriel explique qu’il est revenu au Burundi récupérer les livres laissés par madame Economopoolos à sa mort.

C’est alors que Gabriel reconnaît dans le cabaret la voix de sa mère, vieillie par l’alcool et la pauvreté. Elle le prend pour Christian, le cousin assassiné.

Gabriel ne sait pas ce qu’il adviendra de sa vie, sinon qu’il prendra soin de sa mère, tout en repensant à ses origines.

Qui sont les personnages dans Petit Pays ?

Gabriel

C’est le personnage-narrateur. Il a grandi au Burundi et a vu son enfance paisible bouleversée par les horreurs du génocide entre Hutus et Tutsis.

Réfugié en France, il y a grandi, mais ne se satisfait pas de sa vie adulte, qu’il juge dénuée de sens.

C’est la mélancolie de l’enfance détruite qui l’amène à retourner au Burundi, par un voyage, mais surtout par l’écriture : celle de Petit pays.

Le roman, partiellement autobiographique, met en scène les motivations de l’écrivain.

Le père

Le père de Gabriel est un ingénieur français qui vit confortablement au Burundi grâce à ses activités.

Il offre à sa famille un confort matériel qui les distingue du reste de la population.

Aimant et protecteur, il s’attache à tenir ses enfants à distance de la politique, et de tout ce qu’elle induit : rejet, haine, violence. Il ne parvient cependant pas à maintenir la cohésion de la famille.

La mère

Originaire du Rwanda, elle a dû fuir son pays pour le Burundi à cause des troubles politiques.

Mais le Burundi l’ennuie, et elle aspire à vivre en France, pour que ses enfants grandissent dans le confort et la sécurité. La mère éduque d’ailleurs ses deux enfants métis comme s’ils étaient blancs.

Gabriel insiste sur la gracieuse beauté de sa mère.

La mère sombre dans la folie après le massacre raciste des membres de sa famille par des Hutus.

Elle disparaît après une dispute familiale où éclate sa démence. Ce n’est qu’à la toute fin du récit qu’elle reparaît sous les traits d’une chanteuse détruite par la mélancolie et l’alcool.

Ana

C’est la petite sœur du narrateur. Plus jeune que lui de trois ans, c’est une bonne élève, une enfant sage et exemplaire. Gabriel et elle jouent ensemble et s’entendent très bien.

Au retour de la mère, après le génocide, elle subit le récit des massacres. De ce traumatisme naît un rejet de cette partie de l’histoire familiale.

Les employés de maison

Le père emploie plusieurs personnes pour gérer sa maison, ses enfants et son travail. S’ils constituent d’abord un groupe de personnages formant un ensemble relativement unitaire, le chaos politique fait éclater cet état de fait.

Chacun s’inscrit progressivement, et parfois malgré lui, dans un camp. Innocent va ainsi devenir le chef d’un gang tutsi, tandis que Prothé est lapidé parce que hutu.

Les amis de Gabriel

Les amis de Gabriel subissent une dynamique comparable.

Avant les troubles politiques, ils constituent une bande relativement homogène et fraternelle. Leurs jeux enfantins les maintiennent en dehors du monde adulte.

Mais le génocide les radicalise.

L’entrée du redouté Francis dans la bande est cruciale dans cette dynamique de violence. Sous son influence, le fidèle ami Gino envisage une vengeance meurtrière à l’encontre des Hutus.

Petit pays raconte ainsi la destruction progressive des amitiés de l’enfance, broyées par l’histoire et le monde adulte.

Gabriel conserve une profonde mélancolie de cette légèreté.

Ses cousins du Rwanda, assassinés, aggravent cette destruction de l’enfance innocente.

Madame Economopoulos

Cette femme riche illustre le cosmopolitanisme du Burundi d’avant le génocide. Gabriel et ses amis s’amusent tout d’abord à lui voler des mangues par défi et par jeu.

Mais à mesure qu’il prend ses distances avec ses amis et leur violence, Gabriel se rapproche de Madame Economopoulos. Elle a une grande importance sur lui, car c’est elle qui l’ouvre à la littérature et aux pouvoirs de l’imagination en lui prêtant des livres.

Gabriel se découvre ainsi une passion ardente pour la lecture, qui lui offre un espace de respiration dans un univers étouffant et morbide.

C’est notamment pour récupérer les livres que Madame Economopoulos lui lègue que Gabriel, à la fin du récit, retourne au Burundi.

Laure

C’est la correspondante française de Gabriel. Ils ne se rencontrent pas, mais s’échangent des lettres. C’est par l’école que cette correspondance se met en place.

Après les premières banalités échangées, Gabriel ne peut s’empêcher d’éprouver un émoi trouble en lisant les lettres de Laure, dont il tombe amoureux.

Les lettres que Gabriel lui adresse sont quant à elle révélatrices de son humour séducteur et de l’ironie distante avec laquelle il considère le Burundi.

Quels sont les thèmes importants dans Petit Pays ?

La mélancolie de l’enfance

Tout le récit est guidé par la mélancolie du bonheur enfantin.

Cette nostalgie s’exprime dès le prologue, avec la remémoration fabuleuse de « cette fête d’éternité autour du crocodile éventré au fond du jardin… »

Si cette enfance est à ce point regrettée, c’est qu’elle est associée à l’insouciance et à la liberté, à cette bande de copains avec qui Gabriel se baigne, vole des mangues et discute à l’intérieur d’une voiture abandonnée dans une impasse.

Cette enfance, c’est également l’union familiale d’avant les disputes parentales et le divorce.

Cette enfance enfin, c’est la vie d’avant l’horreur, le génocide, le chaos et l’exil forcé.

A la fin du récit, Gabriel retourne au présent, à sa vie d’adulte, en France, dans une société moderne où il se sent mal à l’aise.

Sa tristesse l’amène à ce voyage, à ce retour dans la terre de l’enfance regrettée.

Mais cette tentative de retrouver cette part de lui-même qu’il a perdue est finalement vaine : «Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore.»

La destruction de l’intime par l’histoire

Petit pays raconte également la destruction de l’intime par l’histoire.

Ce qu’il y a de plus personnel, à savoir ses émotions, ses sensations, ses proches, ses habitudes quotidiennes, est bouleversé par les événements politiques collectifs.

Le refus de reconnaître les élections présidentielles par l’armée burundaise, puis le génocide des Tutsis par les Hutus, font progressivement sombrer le quotidien paisible de Gabriel dans un chaos meurtrier.

Sa vie quotidienne, rythmée par l’école et les copains, est peu à peu rendue impossible par une insécurité grandissante.

Gabriel perd ses amis, perd ses repères, perd sa mère, qui elle-même perd la raison. Même les dessins de sa soeur Ana sont envahis par les horreurs du génocide. Les lettres à Laure, d’abord tendres et joueuses, laissent également place aux considérations désabusées sur le Burundi.

Si l’histoire menace l’intimité, elle menace ensuite la vie même de Gabriel, qui doit fuir.

Les mécanismes du génocide

À travers le regard de Gabriel, le récit montre les mécanismes qui mène une population à vouloir en détruire une autre.

Le roman évoque ainsi dès le prologue les tensions entre Hutus et Tutsis antérieures au génocide, sans trop insister sur le rôle de la Belgique sur la construction de ces crispations ethniques.

Il évoque aussi le ressentiment des Tutsis chassés du Rwanda, à travers la mère et sa famille.

Gabriel montre surtout à quel point la guerre condamne chacun à prendre un parti, de gré ou de force.

Gabriel est sommé par ceux qui l’entourent de prendre un parti, une décision, de choisir avec qui il s’allie, de décider qui il combat.

La pression est exercée par Francis, rapidement rejoint par Gino, qui vont jusqu’à forcer Gabriel à exécuter un inconnu peut-être innocent.

Petit pays retrace donc les étapes qui amène des individus en apparence paisibles à devenir de plus en plus violents dans leurs discours puis dans leurs actes.

La migration et l’exil

Petit pays ne raconte pas seulement les massacres. Gabriel donne à voir les mouvement de populations, qu’il s’agisse de migrations plus ou moins choisies ou d’exils douloureusement volontaires.

Son père, tout comme Jacques ou Madame Economopoulos, sont des Européens qui ont choisi de migrer en Afrique pour y mener leurs activités.
Ce statut de migrants privilégiés est critiqué par la mère, qui elle souhaiterait migrer pour la France et le confort.

La mère, quant à elle, a connu l’exil, puisqu’avec une partie de sa famille, elle a dû fuir le Rwanda pour le Burundi, où elle subit le racisme.

C’est de la douleur de cet exil que naît le ressentiment des Tutsis qui combattront les Hutus génocidaires.

La situation initiale du récit, paisible en apparence, était donc déjà le fruit du bouleversement de l’intime par l’histoire.

Gabriel, lui, connaît finalement l’exil, c’est-à-dire le départ forcé, puisqu’il doit fuir les violences meurtrières du Burundi. Il quitte ainsi une terre natale qui n’est la terre ni de son père ni de sa mère, mais à laquelle il est profondément attaché par ses souvenirs.

Petit pays raconte donc ces mouvements, voulus ou subis, que les humains mènent à travers les frontières. La migration comme l’exil sont représentés comme des expériences douloureuses, sources de mélancolie. Seul le père semble faire exception à ce principe.

Le tableau critique de l’Afrique post-coloniale

Le récit, qui se passe entre le Burundi, le Rwanda et le Zaïre, dresse le portrait critique des sociétés africaines post-coloniales.

Jacques symbolise la mainmise violente de la Belgique sur le Zaïre/Congo.

Petit pays cherche à montrer que ces territoires, bien qu’ils soient indépendants, portent encore les marques de la conquête européenne.

Jacques en est un exemple, avec ses discours méprisants à l’endroit d’une Afrique à aménager.

Mais la famille même de Gabriel est représentative d’une perpétuation de la domination des Européens sur les Africains : son père, venu de France, fait travailler des autochtones et fait partie de la classe supérieure. La mère fait remarquer ces inégalités.

Le père subira le fait d’être un Français, comme les autres Européens : il sera accusé d’être le complice des génocidaires, et contraint au départ, alors qu’il est innocent. Le poids du traumatisme colonial pèse ainsi sur le présent.

Gabriel assiste donc à la disparition d’une société au multiculturalisme inégalitaire, dont il pouvait explorer les différentes couches sociales de par sa condition d’enfant métisse.

La lecture et l’écriture comme une libération

Dans le chaos de la guerre civile, Gabriel trouve une échappatoire grâce aux livres que Madame Economopoulos lui prête.

Le jeune garçon se libère d’un quotidien angoissant et mortifère par l’évasion vers des mondes imaginaires et idéaux.

Mais la littérature est également un miroir dans Petit pays. En effet, c’est sa propre histoire que Gaël Faye raconte et romance. Il écrit pour mieux faire face à son histoire.

La littérature agit comme un miroir réparateur pour l’auteur mélancolique et traumatisé par les violences de l’histoire.

Quelles sont les caractéristiques de l’écriture dans Petit Pays ?

Une écriture poétique

L’écriture dans Petit pays se caractérise par sa poésie.

Elle consiste à multiplier métaphores et comparaisons mettant en lien les choses de manière surprenante, voire amusante, et pour mieux célébrer le monde, ou en dénoncer la violence.

Le fait que ce soit un enfant qui raconte favorise de telles images, puisque Gabriel cherche à restituer ce qu’il voit avec spontanéité, ce qui l’amène à des effets de style simples mais marquants.

L’écriture se pare même d’effets sur les sonorités : « Les hurlements de Maman sous ma fenêtre, le pare-brise de la voiture qu’elle pulvérise. » Gaël Faye est également un musicien et un rappeur, et témoigne d’un goût prononcé pour le rythme.

Une écriture métisse

Gaël Faye, tout comme Gabriel, son double romanesque, est métis, d’un père français et d’une mère tutsie du Rwanda.

Son écriture est empreinte de ce mélange culturel. Il écrit en effet en français, tout en utilisant des mots tutsis, qu’il ne traduit pas, et dont il n’est pas toujours possible de saisir la signification exacte.

Il se ainsi crée dans Petit pays une langue nouvelle : une écriture métisse. Gaël Faye témoigne ainsi de son attachement pour sa langue maternelle, avec laquelle il dépeint son pays d’origine.

Mais l’écriture ne tombe jamais dans un exotisme qui ferait du Burundi une Afrique de carte postale emplie de clichés. La mère représente elle-même cette volonté : « Quand Papa a sorti son Polaroïd pour immortaliser ces enseignes et célébrer l’inventivité locale, Maman a tchipé et lui a reproché de s’émerveiller d’un exotisme pour blancs. »

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Amélie Vioux

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