Tartuffe, Molière. Acte I, scène 1 : texte

Dans Le Tartuffe, Molière s’attaque aux directeurs de conscience qui sont des faux-dévots et qui utilisent la religion pour mieux manipuler les autres.

L‘acte I scène 1 de Tartuffe constitue une scène d’exposition originale et dynamique, qui joue sur un comique de caractère tout en dévoilant subtilement le noeud de l’intrigue.

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Tartuffe, acte I scène 1 (le texte)

ACTE I – SCÈNE 1

Madame Pernelle,
Flipote sa servante,

Elmire,
Mariane,
Dorine,
Damis,
Cléante.

MADAME PERNELLE :
Allons, Flipote, allons, que d’eux je me délivre.

ELMIRE :
Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous suivre.

MADAME PERNELLE :
Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus loin :
Ce sont toutes façons dont je n’ai pas besoin.

ELMIRE :
De ce que l’on vous doit envers vous on s’acquitte,
Mais ma mère, d’où vient que vous sortez si vite ?

MADAME PERNELLE :
C’est que je ne puis voir tout ce ménage-ci,
Et que de me complaire on ne prend nul souci.
Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée :
Dans toutes mes leçons j’y suis contrariée,
On n’y respecte rien, chacun y parle haut,
Et c’est tout justement la cour du roi Pétaut.

DORINE :
Si….

MADAME PERNELLE :
Vous êtes, mamie, une fille suivante
Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente :
Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis.

DAMIS :
Mais….

MADAME PERNELLE :
Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils.
C’est moi qui vous le dis, qui suis votre grand’mère ;
Et j’ai prédit cent fois à mon fils, votre père,
Que vous preniez tout l’air d’un méchant garnement,
Et ne lui donneriez jamais que du tourment.

MARIANE :
Je crois….

MADAME PERNELLE :
Mon Dieu, sa soeur, vous faites la discrette,
Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette ;
Mais il n’est, comme on dit, pire eau que l’eau qui dort,
Et vous menez sous chape un train que je hais fort.

ELMIRE :
Mais, ma mère,…

MADAME PERNELLE :
Ma bru, qu’il ne vous en déplaise,
Votre conduite en tout est tout à fait mauvaise ;
Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux,
Et leur défunte mère en usoit beaucoup mieux.
Vous êtes dépensière ; et cet état me blesse,
Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse.
Quiconque à son mari veut plaire seulement,
Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement.

CLÉANTE :
Mais, Madame, après tout….

MADAME PERNELLE :
Pour vous, Monsieur son frère,
Je vous estime fort, vous aime, et vous révère ;
Mais enfin, si j’étois de mon fils, son époux,
Je vous prierois bien fort de n’entrer point chez nous.
Sans cesse vous prêchez des maximes de vivre
Qui par d’honnêtes gens ne se doivent point suivre.
Je vous parle un peu franc ; mais c’est là mon humeur,
Et je ne mâche point ce que j’ai sur le coeur.

DAMIS :
Votre Monsieur Tartuffe est bien heureux sans doute….

MADAME PERNELLE :
C’est un homme de bien, qu’il faut que l’on écoute ;
Et je ne puis souffrir sans me mettre en courroux
De le voir querellé par un fou comme vous.

DAMIS :
Quoi ? je souffrirai, moi, qu’un cagot de critique
Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique,
Et que nous ne puissions à rien nous divertir,
Si ce beau Monsieur-là n’y daigne consentir ?

DORINE :
S’il le faut écouter et croire à ses maximes,
On ne peut faire rien qu’on ne fasse des crimes ;
Car il contrôle tout, ce critique zélé.

MADAME PERNELLE :
Et tout ce qu’il contrôle est fort bien contrôlé.
C’est au chemin du Ciel qu’il prétend vous conduire,
Et mon fils à l’aimer vous devroit tous induire.

DAMIS :
Non, voyez-vous, ma mère, il n’est père ni rien
Qui me puisse obliger à lui vouloir du bien :
Je trahirois mon coeur de parler d’autre sorte ;
Sur ses façons de faire à tous coups je m’emporte ;
J’en prévois une suite, et qu’avec ce pied plat
Il faudra que j’en vienne à quelque grand éclat.

DORINE :
Certes c’est une chose aussi qui scandalise,
De voir qu’un inconnu céans s’impatronise,
Qu’un gueux qui, quand il vint, n’avoit pas de souliers
Et dont l’habit entier valoit bien six deniers,
En vienne jusque-là que de se méconnaître,
De contrarier tout, et de faire le maître.

MADAME PERNELLE :
Hé ! merci de ma vie ! il en iroit bien mieux,
Si tout se gouvernoit par ses ordres pieux.

DORINE :
Il passe pour un saint dans votre fantaisie :
Tout son fait, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie.

                                                 Molière, Tartuffe, 1664

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