Zone, Apollinaire : analyse

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zone apollinaire analyseVoici une analyse du poème « Zone » de Guillaume Apollinaire.

Sont étudiés ici uniquement les 24 premiers vers du poème, du début jusqu’à « entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes » .

« Zone », Apollinaire : introduction

Placé en tête du recueil Alcools, « Zone » est en réalité le dernier poème écrit par Guillaume Apollinaire avant la publication en 1913.

(Voir mon résumé et mon analyse d’Alcools pour le bac de français)

Le choix de faire de ce poème le poème liminaire du recueil (c’est à dire le premier poème) est significatif : « Zone » sera un manifeste poétique, par lequel le poète révolutionne le genre poétique, tant dans la forme que dans les thèmes.

« Zone » est un poème fleuve, sans ponctuation (Apollinaire la retire au dernier moment) ni régularité de mètre ou de rime.

Le titre lui-même est porteur de sens : en marge du recueil, ce poème renvoie également au quotidien urbain moderne qui fascine Apollinaire.

Poème analysé

Zone

À la fin tu es las de ce monde ancien

Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin

Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine

Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation

Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut

Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers

J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes

Extrait de « Zone », Guillaume Apollinaire, Alcools (1913).

 Questions possibles à l’oral sur « Zone » :

♦ En quoi peut-on affirmer que le poème « Zone » est moderne ?
♦ Pourquoi Apollinaire a-t-il choisi de commencer son recueil Alcools par « Zone » ?
♦ En quoi ce poème peut-il être considéré comme un art poétique ?
♦ Qu’est-ce qui est novateur dans ce poème ?

Annonce du plan

Dans cette lecture analytique, nous verrons tout d’abord qu’Apollinaire affirme dans « Zone » une esthétique novatrice (I), puis nous nous demanderons à quel point ce texte représente une rupture avec la poésie traditionnelle (II). Pour terminer, nous remarquerons que c’est son quotidien qu’Apollinaire place au centre de ce poème (III).

I – « Zone » : une esthétique nouvelle

A – Dans la forme

Un bref survol du texte suffit pour que la structure du poème surprenne le lecteur : « Zone » commence par trois vers désolidarisés les uns des autres, puis une petite strophe de trois vers, puis deux strophes beaucoup plus longues, de 8 et 10 vers, respectivement.

Cette irrégularité des strophes s’accompagne d’une grande diversité dans la longueur des vers :
♦ 11 ou 12 syllabes pour le premier vers (si on lit en faisant la diérèse du mot « an/ci/en », ce qui en fait un alexandrin);
♦ 16 pour le vers 2;
♦ 17 pour le vers 3, etc.

Ce sont donc des vers libres, étonnamment longs.

De même, les rimes ne respectent pas les règles traditionnelles : bien qu’il semble y avoir un schéma très simple de rimes suivies, beaucoup d’entre elles sont des rimes pauvres (ancien/matin, haut/journaux, nom/clairon, etc.) et certaines ne sont que des échos sonores (Christianisme/Pie X, sténo-dactylographes/passent, industrielle/Ternes).

Enfin, il convient de remarquer l’absence totale de ponctuation, qui oblige le lecteur à trouver son propre rythme de lecture et de diction.

B – Dans l’énonciation

La situation d’énonciation de ce poème (qui parle ? à qui ? quand ?) est très particulière : le premier pronom à apparaître est celui de la deuxième personne du singulier, « tu », au vers 1, qu’on retrouve ensuite aux vers 3, 7, 9, 10, 11.

Mais on trouve également la deuxième personne du pluriel, « vous », au vers 8 (une adresse explicite au Pape : « c’est vous Pape Pie X ») et la première du singulier, « je », aux vers 15 et 23.

Quels sont donc les interlocuteurs de ce dialogue ? Il semble en réalité que la première et la deuxième personne du singulier renvoient au poète-narrateur, comme le révèle, à la suite de cet extrait, certains indices autobiographiques marqués par la deuxième personne (« tu n’es encore qu’un petit enfant », « tu es très pieux », etc.).

Seul le « tu » du vers 6 s’adresse à une entité particulière, le « Christianisme ».

Les indices temporels sont eux aussi brouillés et n’aident pas le lecteur à clarifier la situation : la plupart des verbes sont au présent, mais la dernière strophe de l’extrait laisse apparaître du passé composé et de l’imparfait (« J’ai vu », « j’ai oublié », « était »).

L’expression « ce matin » apparaît trois fois (vers 2, 10 et 15) mais se retrouve ensuite sous la forme « le matin » (vers 19), qui renvoie à une temporalité moins précise (tous les matins).

C – Dans la langue

Le style du poète-narrateur de « Zone » apparaît relâché, avec un niveau de langue familier : « Tu en as assez » (v. 3), « il y a » (v. 12 et 13).

Dans la dernière strophe de cet extrait, le poète semble raconter au lecteur une de ses flâneries dans Paris, nonchalamment, utilisant des verbes simples et directs pour s’exprimer (« J’ai vu », v. 15), « J’aime », v. 23) et des indications étonnamment précises dans un texte poétique (« entre la rue Aumont-Thieville et l’avenue des Ternes », dernier vers).

Les images invoquées par le poète sont elles aussi banales et peu ressemblantes à ce qu’on attend de la poésie traditionnelle : « automobiles » (v. 4), « hangars » (v. 6), « journaux » (v. 12), « rue industrielle » (v. 23).

Transition : Apollinaire inscrit clairement « Zone » dans une esthétique nouvelle, qui frappe dès les premiers vers par son originalité. On peut néanmoins se demander à quel point le poète s’éloigne de la tradition.

II – « Zone » : un poème entre rupture et continuité

A – Une volonté de rupture

Dès le premier vers de « Zone », la volonté de rupture du poète se manifeste clairement : « A la fin tu es las de ce monde ancien ». Cette volonté de rupture se décline plus familièrement au vers 3 : « Tu en as assez de l’antiquité grecque et romaine ».

Le « monde ancien » et « l’antiquité grecque et romaine » font référence au siècle qui vient de s’achever (le XIXe) et aux formes d’art classique, jugées obsolètes par Guillaume Apollinaire. Le début du XXe siècle voit en effet fleurir des mouvements expérimentaux, comme le cubisme et le futurisme.

Au tout début de ce poème, lui-même placé en début de recueil, Apollinaire prône donc un renouvellement du monde et de l’art, marqué par l’omniprésence du présent de l’indicatif : ce qui compte, c’est « ce matin ».

B – Le lyrisme

Apollinaire ne rompt pas totalement avec la tradition lyrique attachée à la poésie.

Alors qu’il célèbre le monde nouveau qui l’entoure, la figure du poète, présente par la deuxième personne du singulier « tu », ne semble pas entièrement à l’aise.

Sans s’épancher sur ses états d’âme, il fait référence à sa « honte » (v. 9) provoquée par le regard des autres, ou peut-être de Dieu (« toi que les fenêtres observent ») et à son envie de se « confesser » (v. 10), c’est-à-dire d’exprimer ses sentiments.

Plus loin dans « Zone », il évoque son enfance pieuse : cette veine autobiographique se rattache elle aussi à une certaine tradition poétique et lyrique.

On peut aussi noter l’utilisation du vocatif « ô », très utilisée dans la littérature classique (« ô tour Eiffel », v. 2, « ô Christianisme », v. 7), qui souligne l’élan lyrique du poète.

C – Le rôle de la religion

La religion occupe une place importante dans « Zone », et Apollinaire y revient davantage dans la suite du poème.

Le pronom personnel « tu » renvoie d’ailleurs autant au poète lui-même qu’au christianisme (« tu n’es pas antique ô Christianisme », v. 7), créant un rapprochement surprenant.

On peut déjà remarquer ici le paradoxe entre la lassitude exprimée devant « ce monde ancien » et la vigueur du christianisme, cette religion qui « est restée toute neuve » (v. 5), qui n’est « pas antique » (v. 7) et comparée aux « hangars de Port-Aviation » (v. 6).

La religion n’est pas inscrite dans le temps, elle ne peut donc pas vieillir. Le sentiment religieux est éternel : alors même qu’Apollinaire est athée, il reste marqué par son enfance pieuse, évoquée plus loin dans « Zone ». C’est ainsi qu’il ressent l’envie d’« entrer dans une église » (v. 10), tout en y renonçant par « honte », peut-être honte de la perte de sa foi.

Transition : Guillaume Apollinaire conserve donc des liens avec la tradition qui l’a précédé, notamment dans les tonalités lyriques et spiritualistes du poème. Mais son sujet central, lui, est pour le moins surprenant et novateur : le quotidien d’un Parisien en début de siècle.

III – « Zone » : un éloge du quotidien

A – Un poème urbain

L’auteur et le lecteur s’identifient à travers le « tu », qui nous invite à découvrir les déambulations d’un citadin dans sa ville.

Il s’agit évidemment de Paris (« tour Eiffel », « Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes »).

Ce qui intéresse le poète, c’est une « rue industrielle » (v. 23) banale mais « neuve », et c’est ce qui fait tout son attrait et sa « grâce ».

Loin du « monde ancien », la rue industrielle est le témoin de la modernité et voit défiler « quatre fois par jour » (v. 18) les parisiens de ce nouveau siècle, « Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes » (v. 17).

Cette longue strophe sur une rue professionnelle et bruyante (« Une cloche rageuse y aboie », v. 20, « à la façon des perroquets qui criaillent », v. 22) montre qu’Apollinaire s’intéresse à la réalité quotidienne plutôt qu’aux thèmes traditionnellement associés à la poésie (l’amour, le temps qui passe, etc.). Le quotidien est lui aussi digne d’être un sujet poétique.

B – Un art né de la banalité

La modernité du nouveau siècle se manifeste sous de nombreuses formes, notamment les nouvelles formes de littérature, comme les romans policiers ou les biographies (« les livraisons pleines d’aventures policières / Portraits des grands hommes et mille titres divers », v. 13-14).

La ville elle-même est un support sur lequel s’inscrit la poésie des temps nouveaux : « les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut / Voilà la poésie ce matin » (v. 11-12).

La ville moderne est un sujet poétique : le regard du poète transforme ce qu’il voit en images insolites et novatrices.

Ainsi, la tour Eiffel, symbole fort de modernité puisque érigée en 1890, se transforme en « bergère » dans un paysage bucolique de « troupeau de ponts » qui « bêle » (v. 2), associant ville et campagne.

Cette personnification permet de doter la ville d’une âme : elle devient animée (de même, les « fenêtres observent », « les affiches chantent tout haut », « la sirène y gémit », la « cloche rageuse aboie », etc.)

 C – L’inspiration cubiste

Difficile de ne pas penser au mouvement cubiste à la lecture de « Zone » : Apollinaire crée des images très visuelles, un tableau composé de fragments de ce qu’il perçoit en déambulant dans les rues de Paris.

L’absence de ponctuation renforce l’impression de juxtaposition d’images (« les prospectus les catalogues les affiches » v. 11, « Les inscriptions des enseignes et des murailles / Les plaques les avis » v. 21-22).

Le lecteur est livré à lui-même, submergé par ce patchwork d’images, avec la liberté de trouver lui-même le rythme du poème, tout comme le spectateur d’un tableau cubiste cherche lui-même l’angle par lequel aborder le sujet de la toile.

Les associations insolites de termes permettent de créer une nouvelle manière de voir les choses, à la fois pleine d’humour et déstabilisante pour le lecteur, mais pleine de sens.

Ainsi, la religion comparée aux « hangars de Port-Aviation » prépare l’image du Christ aviateur à la suite de cet extrait, qui prête à sourire mais qui dans le même temps accorde une qualité spirituelle à l’aviation moderne.

« Zone », Apollinaire : conclusion

Sans renier totalement la tradition poétique qui l’a précédé, « Zone » se démarque par sa profonde originalité et donne le ton du reste du recueil.

En abordant le quotidien sous un nouvel angle, le poète utilise désormais son art pour sublimer le quotidien et transfigurer les éléments les plus banals du monde contemporain, qui acquièrent une qualité presque magique pour qui sait les regarder.

La forme épouse ici le sujet : c’est un poème résolument moderne et optimiste, célébrant la nouveauté et l’inventivité de ce début de siècle.

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Amélie Vioux

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44 commentaires

    • Bonjour Valentin,
      Lis attentivement mon analyse et repère les adjectifs que j’utilise pour qualifier la ville : tu vas trouver des réponses. Bon courage !

  • Bonjour Amélie ,
    je te remercie pour ce commentaire très compressif .
    Mais j’aimerai savoir si le commentaire peut se dire dans un oral de Français.
    Merci beaucoup !

  • Bonjour,
    L’analyse du poème est très claire merci. Mais j’ai juste un problème car je dois faire un commentaire linéaire du poème mais je n’arrive vraiment pas à dégager deux mouvements dans le texte et ainsi trouver une problématique. Pourriez vous m’aider?

    • Bonjour
      J’ai étudié ce poème en classe .On peut distinguer 3 mouvements:
      _La tristesse de la fin de l’amour
      _l’évocation du souvenir au présent
      _l’élargissement de la réflexion

  • Bonjour, votre travail est très utile et intéressant!
    J’ai encore du mal à analyser des textes complètement par moi-même et vos analyses m’aide à me lancer dedans, c’est le petit coup de pouce dont j’ai besoin, car ça fait germer pleins d’idées dans ma tête ^^ J’en apprends toujours sur l’histoire, ou la méthodologie de la poésie dans vos analyses, c’est vraiment enrichissant 😀

  • Vos cours sont très clairs et limpides, j’aime beaucoup les regarder alors que je n’aime pas trop le français, mais grâce à vous je comprends mieux le but d’un commentaire.

  • Un travail complet. Un petit problème cependant : si on considère qu’un élève ne dispose que de dix minutes pour présenter sa lecture à l’oral, des travaux aussi consistants posent, paradoxalement, problème. Cordialement.

    • Bonjour Nacer,
      Tu n’es pas censé réciter mes lectures analytiques, autrement l’oral de français n’a aucun enjeu. Le jour J, tu as 30 minutes pour répondre à une question. Mes analyses contiennent suffisamment d’éléments pour vous permettre de répondre aux questions possibles.

  • Bonjour, je voudrai savoir si ce plan fonctionne pour la question : « peut-on parler d’un poème qui oscille entre tradition et modernité? »
    Car il développe véritablement la modernité ainsi qu’un peu de traditionnel mais il ne parle pas par exemple des poèmes bucoliques, mythologie grecque..

  • Bonjours Amélie , ma professeur nous a donnés une question pour s’entraîner à l’oral et c’est en quoi l’espace urbain est il source d’inspiration poétique ? Et je suis un peu perdu à vrai dire , si vous pouviez m’aider , cela serait génial !

  • Bonjour Amélie, dans ton analyse tu dis que zone est le dernier poème du recueil d’Apollinaire. Dans mon cours, il est dit que c’est son premier je suis un peu perdue. Merci d’avance si tu me réponds.

  • Objet d’étude: La poésie
    Alcool, Zone
    Apollinaire

    Salut, voici mon travail sur ce poème,
    en espérant vous aider.

    Apollinaire:
    → Surréalisme, cubisme et esprit nouveau.

    – Né en 1880, meurt en 1918
    – Poète.
    – Guillaume Apollinaire, vivant avec une mère extravagante divorcée, est un grand poète du XXe siècle, qui participe aux révolutions littéraires et esthétiques de son époque. Défenseur de l’art moderne et conteur, il est l’inventeur du mot « surréalisme » et ouvre une nouvelle voie poétique.
    – Œuvres principales : RECUEILS, « Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée » (1911), « Alcool » (1898- 1913), « Calligrammes » (1913-1916)

    Œuvre étudiée:
    – Zone, du recueil Alcool
    – Ce poème tourne autour d’une promenade dans Paris, qui reflète une promenade dans le temps/ dans le monde, mais le sens est confus.
    – Publiée entre 1898- 1913.

    Particularités : Fait de vers libres, pas de ponctuation, ref religieuses et aspect autobiographiques, complexité d’interprétation.
    Énonciation: pronom à la première personne, c’est à travers du regard du poète qu’on découvre l’oeuvre.
    Thème de l’œuvre : esthétique de la surprise et originalité, ref discrètes à caractères autobiographiques, beaucoup de thème confus.

    Problématiques :
    – En quoi le texte initial annonce-t-il l’ensemble du poème ?
    – Quelles caractéristiques de la poésie moderne présentent ces vers
    – Quelles sont la fonction et l’effet des métaphores dans ce poème ?
    -Dans quelle mesure ce poème fait-il éloge aux progrès et à la modernité

    Comment ce poème mélange t’il tradition et modernité ?

    Innovations formelles nourries de la tradition:

    – Pas de régularité strophiques: monostiche puis tercet puis strophe de 18 vers. Alternance de vers court puis longs
    – On n’a pas d’isométrie entre les vers 19-20-21-1 qui ont en alexandrins contre les autres en vers impairs et libres -> hésitations que l’on peut prendre comme un choix stylistique du poéte qui illustre la modernité.
    – Rimes suivies souvent plates et pauvres voir inexistantes, il n’y a pas non plus de rythme puisque il est libre
    – Assonances v-17-18  » les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographe »
    – Musicalité particulière liée à l’absence de ponctuation du poème -> sensibilité stylistique d’Apollinaire, l’absence de ponctuation joue aussi sur le sens du texte et crée des ambiguïtés.
    –> Ainsi les vers libres montrent une certaine modernité mais gardent une trace de l’héritage de la tradition avec la versification.

    Lyrisme revisité qui confronte ancien et nouveau :

    – Présence d’un lyrisme élégiaque peu présent mais là quand même car il opère chez le poète une fracture en lui même et donc de la souffrance. Champs lexical des émotions, de la mélancolie, de la tristesse et lassitude : « las » v-1, « tu en as assez de vivre » v3, « honte » v-9, « gémit » v-19 etc.. (thème de la fuite du temps, de l’enfance)
    – Originalité de l’énonciation: Pronom « tu », mais on ne sait pas vraiment qui est ce « tu ». On comprends que c’est d’abord celui de l’énonciateur qui se parle lui-même. -> introspection du poète
    – « tu » vise aussi le lecteur et le corps religieux (le pape, le christianisme). De même lorsque A. dit « vous » il se parle a lui même enfant « vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Eglise » (lui et René Dalize son ami d’enfance). « Je » ne vient qu’au vers 15 -> rupture syntaxique, surprise (esthétique de la surprise).

    – V-15  » j’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom » -> Déambulation dans paris par le regard du poète.
    – V-2, ce vers est une métaphore montre que la perception du poète se superpose à la réalité, il nous montre Paris en même temps qu’il déforme ce qu’il voit (surréalisme)
    – Éléments autobiographiques: On comprends l’érudition d’A;  » tu en as assez de vivre dan l’antiquité grecque et romaine » v-3 ( A. étudié des textes ancien chez lui). honte d’aller à l’église qu’il a abandonné dans le passé « la honte te retient  » v-9. puisqu’il a une enfance pieuse.
    –> perturbation du système énonciatif qui traduit le mal-être du personnage en quête d’identité (e est un autre). A. est donc confronté à la vie qui passe, la mort mais il n’a pas que lui qui est effectué car le monde est ancien, il est vieux.

    La vision du monde: Rupture de la temporalité et modernité thématique:

    -Apollinaire célèbre le monde moderne avec la tour Eiffel, l’aviation, et ainsi le mode moderne est présent sous des formes matérielles; automobiles, monde de la presse, sirène, environnement urbain etc..
    – Ancrage référentiel (argent, precision géographiques) mais boucle temporelle.
    -Figures de style qui donne un aspect mélioratif : personnification « les prospectus… chantent » v-11; parallélisme: « Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux » v-12; enumération  » les prospectus, les catalogues, les affiches, « milles titres divers » v-11. -> nouvelle modernité littéraire, nouvelle littérature ^^
    – Contraste à cette modernité avec des traces de la « vieillesse » qui plonge le monde dans son aspect ancien « ce monde ancien ». Il y a une volonté de garder cette tradition grecque et romaine mais de la remettre au goût du jour. l’ancien (antiquité, enfance, christianisme) et le nouveau (cf modernité thématique ci dessus) se mélangent et se côtoient + le « je » appuie
    ça -> A. est le fruit d’une histoire, d’une culture mais porte en lui la modernité, l’unicité.
    – Le temps et l’espace: le poème garde une unité du temps traditionnelle, il dure une journée entière, commence un matin, fini a l’aube -> Boucle

  • Merci Amélie ! Vos plans et vos commentaire sont reconnaissables entre mille par leur clarté et leur simplicité. Je n’utilise que votre site pour mon bac car vos analyses sont de loins les plus claires et les mieux rédigées. Je ne sais pas ce qu’on ferait sans vous 🙂

  • Bonjour, j’aimerais savoir exactement quel lien on peut établir entre « Zone » et « Vendémiaire », le dernier poème du recueil « Alcools ». Merci d’avance.

  • Bonjour Amélie,

    j’étudie ce poème pour mon oral de français qui est vendredi et je me demandais si l’on pouvait faire une partie entière consacrée à la religion ou si cela n’était pas judicieux ?

    Merci pour ce site, très complet, très clair, j’aime beaucoup.

    🙂

  • Bonjour, j’ai regardé les questions possibles et je ne sais pas comment répondre à pourquoi Apollinaire à ouvert Alcools avec « Zone »…

    • Bonjour Maika,

      je me permets de te répondre : Apollinaire a choisi de commencer ce recueil par « Zone » car ce poème liminaire (introductif si tu préfères) annonce la forme cyclique du recueil (d’ailleurs le titre vient du grec « zonè » signifiant la ceinture, l’anneau, évoquant donc l’infini de par la forme) et tu noteras que « Zone » commence par « à la fin », celui-ci s’annonce donc comme un poème bilan. On peut le rapprocher de « Vendémiaire », qui se termine par « le jour naissait à peine ».
      De plus, la modernité des thèmes et de la forme montrent que Alcools est un recueil moderne, cela annonce donc le thème 🙂

  • Bonjour, je regardais les différentes questions qui pouvait tomber lors de l’oral de français et je n’ai pas su répondre à celle abordant l’art poétique. Pourriez vous m’éclairer sur ce point car l’art poétique est un thème que je n’arrive pas à définir.

    • Tu peux utiliser Vendémiaire, car il y a des échos entre les 2 poèmes du recueil, ou « les pâques à New york » de Blaise cendrars car Apollinaire a été beaucoup influencé par ce poème pour écrire Zone.

  • Bonjour Amélie,
    Je suis tombée sur ce poème à l’oral l’année dernière et j’ai suivi ton cours et tes conseils, ça a bien payé : 18/20 ! Ca n’aurait pas été possible sans toi ! Merci et continue d’aider les élèves comme tu le fais 🙂

  • Bonjour, je profite de cet article pour vous demander de l’aide.
    J’ai un corpus de poème
    –  » La pipe », Baudelaire publie (Les Fleurs du mal)
    –  » Fable  » (Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien) Alfred Jarry
    –  » L’Appareil du téléphone  » (Pièces) Francis Ponge
    La question est « Pourquoi les a-t-on rassemblé dans un même corpus ? »
    Parce-qu’ils donnent une vision différente/paradoxale du réel/du quotidien bien qu’ils n’aient pas tous la même forme. « La pipe » est un sonnet classique alors que les autres sont beaucoup plus libres. Tous personnifient/humanise leurs éléments-héros/un objet du quotidien (la pipe, le homard, le corned-beef et le téléphone). Ponge va même jusqu’à en faire la célébration (« prodige », …). Baudelaire aussi ? En présentant la pipe comme une mère, une guérisseuse… ?
    Le problème, c’est que ce que j’ai compris ne permet pas de faire un plan en 2 axes et 3 sous-parties :'(

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