L’étranger, Camus : analyse (le procès)

Tu passes le bac de français ? CLIQUE ICI et deviens membre de commentairecompose.fr ! Tu accèderas gratuitement à tout le contenu du site et à mes meilleures astuces en vidéo.

l'étranger camus - Photo issu du Procès (film, adaptation Procès Kafka)Voici une analyse d’un extrait issu de L’Etranger de Camus.

Il s’agit d’un extrait du chapitre 4 de la deuxième partie relatif au procès:

« Même sur un banc d’accusé, il est toujours intéressant d’entendre parler de soi […] les qualités d’un homme ordinaire pouvaient devenir des charges écrasantes contre un coupable. » Lire cet extrait de L’Etranger.

I – Meursault étranger à son procès

A – Un regard neuf et naïf

Cet extrait s’inscrit dans la tradition satirique  qui met en scène un personnage portant un regard extérieur et naïf sur les évènements qui l’entourent (Candide de Voltaire, Lettres Persanes de Montesquieu).

En effet, Meursault observe et écoute en spectateur attentif : « entendre » et « moi, j’écoutais et j’entendais« .  Il n’apparaît que comme un spectateur extérieur, un témoin des évènements.

Honnête et méticuleux, il  a le souci de retranscrire fidèlement le  déroulement du procès.

Il peine toutefois à saisir tous les détails de ce procès mais fournit des efforts d’attention et d’analyse. On relève ainsi plusieurs adverbes d’approximation (« peut-être« , « en quelque sorte« , « en quelque sorte« ) et le verbe modalisateur inséré en incise : « si j’ai bien compris« .

Ce regard naïf lui permet de percer l’absurdité de ce procès dans lequel le procureur et son avocat plaident la même cause.

On note ainsi le parallélisme entre le procureur général et l’avocat aux lignes 4 à 6 :
« L’avocat levait les bras et plaidait coupable, mais avec excuses. Le Procureur tendait ses mains et dénonçait la culpabilité, mais sans excuses. » 

La position physique des deux avocats est identique (« levait les bras » et « tendait ses mains ») et leur discours est identique (« plaidait coupable » et « dénonçait la culpabilité ».)

La répétition de l’idée de culpabilité dans ces deux phrases souligne l’enfermement de Meursault dans un système judiciaire qui ne le comprend pas.

B – Meursault exclu de son procès

De façon paradoxale, alors qu’en tant qu’accusé Meursault pouvait s’attendre à être au centre du processus judiciaire, il en est  irrémédiablement exclu.

Lorsqu’il veut prendre la parole, son avocat lui ordonne de se taire (« Taisez-vous, cela vaut mieux pour votre affaire« . Le ton de l’avocat est péremptoire comme en témoigne l’emploi de l’impératif).

Sa personne est niée par la justice. Il note que son procès se déroule « en dehors de moi« , « sans mon intervention« , « sans qu’on prenne mon avis ».

Aux lignes 9 à 11, Meursault n’est plus sujet des verbes, ce qui renforce le sentiment d’exclusion :
« On avait l’air de traiter cette affaire sans moi. Tout se déroulait sans mon intervention. Mon sort se réglait sans qu’on prenne mon avis. »
Meursault est dépossédé de son procès.

Le point de vue interne accentue l’isolement de Meursault. Le procès est en effet perçu uniquement du point de vue de l’accusé comme en témoigne les verbes de perception : « me gênait« , « j’ai mis du temps à le comprendre« , « j’ai trouvé que« , « moi j’écoutais et j’entendais« , « je ne comprenais pas bien » (l.45). Le point de vue interne amplifie le décalage entre ce qui est dit de Meursault et ce qu’il ressent.

C – Le manque d’intérêt pour son propre procès

Meursault est d’autant plus étranger à son procès qu’il ne s’y intéresse pas réellement.

Le procès est perçu comme un spectacle qui a pour fonction d’ « occuper les gens ».

Bien qu’il fasse des efforts (« il est toujours intéressant d’entendre parler de soi », « moi j’écoutais et j’entendais »), il ne se reconnaît pas dans le portrait qui est fait de lui par le Procureur et ne parvient donc pas à s’intéresser à son procès.

On relève ainsi à la ligne 16 : « la plaidoirie du procureur m’a très vite lassé »; « ce sont seulement des fragments […] qui m’ont frappé ou ont éveillé mon intérêt ».

II – Un réquisitoire caricatural

A – Le portrait d’un criminel

Le procureur dresse le portrait d’un criminel froid, calculateur et sans remord.

On se rend compte que ce n’est pas seulement le procès du meurtre qui se joue, mais le procès de l’homme lui-même, ce que remarque d’ailleurs Meursault au début du texte :
« je peux dire qu’on a beaucoup parlé de moi et peut-être plus de moi que de mon crime ».

Le procureur accuse le comportement de Meursault en énumérant la suite d’évènements qui a précédé le meurtre : « il a rappelé mon insensibilité, l’ignorance où j’étais de l’âge de maman, mon bain du lendemain, avec une femme, le cinéma, Fernandel et enfin la rentrée avec Marie. »

En réalité, Meursault est accusé parce qu’il a refusé de jouer la comédie de la tendresse filiale et de l’amour. Il va être condamné parce qu’il est resté indifférent aux valeurs morales et sociales.

B – La satire de la rhétorique judiciaire (le recours aux clichés)

Albert Camus profite de cet extrait pour faire, non pas le procès de Meursault, mais celui de la justice.

Le procureur général apparaît comme un acteur qui adopte les gestes et les arguments attendus. Meursault note ainsi qu’il « tendait ses mains » (l..6).

Son réquisitoire, qui s’apparente à un exercice de style, est parsemé de clichés : « l‘aveuglante clarté« , « l’âme criminelle« , « moralité douteuse« , « pour être sûr que la besogne était bien faite« .

Certaines de ces expressions vides de sens sont d’ailleurs incomprises par Meursault qui les transcrit entre guillemets. Le Procureur a recours à un ensemble de clichés et d’idées préconçues sur la psychologie présumée d’un criminel.

Grand orateur, le Procureur maîtrise l’art de la rhétorique.

Il sait attirer l’attention de l’auditoire avec des figures de style saisissantes. On relève par exemple une antithèse qui contraste l’ « aveuglante clarté »  des faits et « l’éclairage sombre » de la psychologie de Meursault.

Il capte l’attention grâce à des répétitions emphatiques (« Cet homme, messieurs, cet homme est intelligent ») et des questions rhétoriques (« Vous l’avez entendu, n’est-ce pas ? »).

L’expression « aveuglante clarté«  n’a pas été choisie par hasard par Camus.

En effet, sans s’en rendre compte, le Procureur met le doigt sur la cause réelle du crime : le soleil aveuglant qui a perturbé Meursault le jour du meurtre. Mais en utilisant cette expression au sens figuré, le Procureur passe à côté de la cause réelle du crime.

C – Le décalage entre le réquisitoire et le ressenti de Meursault

La satire de la justice fonctionne en raison de la distance établie entre l’accusé et ce qui est dit de l’accusé. Grâce au point de vue interne, le lecteur épouse le point de vue de Meursault et perçoit le décalage entre le réquisitoire (le portrait qui est fait de Meursault) et le ressenti de l’accusé.

Le portrait qui est fait du criminel correspond si peu à Meursault que ce dernier est souvent obligé de le transcrire au style direct (« Comme il le disait lui-même : »).

Lorsqu’il utilise le style indirect aux lignes 24 à 36, il met plusieurs expressions entre guillemets pour montrer sa distance et son incompréhension face au vocabulaire employé : « maîtresse », « de moralité douteuse », « pour être sûre que la besogne était bien faite ».

Il précise même : « J’ai mis du temps à le comprendre, à ce moment, parce qu’il disait « sa maîtresse », et pour moi, elle était Marie. » Ce décalage entre la vision moralisatrice du Procureur et celle, simple et innocente, de Meursault met en valeur l’honnêteté de l’accusé.

Problématiques possibles sur cet extrait de L’Etranger :

♦ En quoi ce passage propose t-il une satire de la justice ?
♦ En quoi ce texte est-il une illustration du titre du roman ?
♦ Dans quelle mesure Meursault est-il un étranger ?

Tu seras aussi intéressé(e) par :

L’Etranger, Camus : quiz
L’Etranger, Camus : le procès (le texte)
L’Etranger, Camus : résumé
L’Etranger : incipit (commentaire)
L’Etranger : explicit (commentaire)
L’Etranger, le meurtre de l’arabe (chapitre 6) : analyse
L’absurde chez Camus : vidéo explicative
Lettres Persanes, Montesquieu, lettre 24 (analyse)

Print Friendly, PDF & Email

Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

76 commentaires

  • Bonjour, je me demandais pourquoi le personnage principal était exclu du procès et pourquoi ainsi seul son avocat parlait, y a-t-il une raison?
    Merci d’avance !

  • Bonjour j’ai pas vraiment compris comment le point de vue interne peut en effet accentue l’solemment de meursault merci d’avance pour l’explication

    • Bonjour Aicha,
      Il faut que tu lises toute l’explication qui suit cette phrase (fin de la partie I – B) : le procès est raconté du point de vue de Meursault, qui a du mal à comprendre ce que l’on dit de lui. Ce point de vue accentue donc le décalage entre ce qui est dit de Meursault lors du procès et ce que Meursault ressent.

  • Bonjour, j’adore ce site, il est très complet. Il me manque juste les problématiques auxquelles vos analyses répondent. En effet, sur chaque oeuvres que j’ai eut l’occasion de rechercher sur votre site, je vois une introduction, puis un développement très bien structuré, mais la problématique à laquelle répond l’analyse n’est pas bien apparente. Je ne sais pas si c’est fait exprès, et donc je cherche dans la conclusion s’il y a une phrase qui répondrai à une problématique quelconque, mais en général les conclusions concluent votre analyse et ne répond pas à une questions spécifique. Aussi, vous pourriez ajouter quelques ouverture possibles à la fin de vos analyse, j’ai consulté votre page qui donne des consei pour fabriquer une ouverture nous même mais j’ai toujours des difficultés. Sur ce merci, vous êtes d’une grande aide.

  • Bonjour tout ceci m’aide beaucoup pour mon bac de français,
    J’aimerai vous demandez quelle transition pourrait on faire entre les deux parties.
    Merci pour ce que vous faites

  • Je voulais juste vous remercier pour votre travail qui est très utile pour moi (et certainement à beaucoup d’autres). J’essaye d’utiliser le moins possible votre aide sachant que je passe mon bac français cette année mais il m’arrive tout de même d’être obligé d’en venir à vos documents. Ceux-ci sont extrêmement pratiques et d’une aide réelle qui permet de comprendre et d’évoluer même en une seule visite du site.
    Merci beaucoup Amélie et continuez ce que vous faites, c’est génial !

      • Bjour Amelie je me nomme kra en classe de Terminale A .je voudrais m’inscrire pour la formation du commentaire composé en video. Actuellement nous travaillons sur le commentaire composé en classe.

  • Je ne comprends pas le lien entre le la pbl: En quoi cet extrait est-il une illustration du titre du roman ? et le deuxième axe : description caricatural du réquisitoire.

  • Bonjour Amélie j’ai ici une problématique pour cet extrait pouvez-vous me donnez votre avis. ici le personnage de Meursault reste fidèle a lui même c’est à dire un personnage impassible, naïf qui laisse les événements lui tombé dessus sans rien dire. Alors qu’il se fait pratiquement écrasé par le réquisitoire caricaturale fait par le procureur. On peut ici faire une ouverture avec le roman le vœux d’une morte d’Emile Zola où le personnage Daniel Raimbault est lui aussi un peu naïf, mais lui va plutôt s’affirmé et tout faire pour tenir la promesse qu’il a fait à sa bienfaitrice Blanche.

  • Bonsoir J’aimerais vous demander si je peux écrire ceci comme étant une ouverture dans ma conclusion :la ressemblance entre l’Etranger et Kafka ,en particulier son roman le plus célèbre: le procès est flagrante. ils abordent le même thème celui du procé,à une différence près puisque chez Kafka la société finit par avoir raison de l’individu alors que dans l’étranger ,Meursault établit une conscience qui autorise la révolte et ceci à l’encontre de la comédie sociale .

  • Bonsoir Amélie,

    Comme Marie ci-dessus, je dois étudier le procès de Meursault, mais mon passage est la fin du chapitre 3 partie 2 (depuis « Le procureur s’est alors retourné vers le jury »). Ma lecture analytique s’est avérée plus difficile que prévu puisque je ne trouve pas de problématique ni de plan reliant les éléments importants peu nombreux…

    Vous auriez quelques conseils pour moi?

    Merci beaucoup !!

  • Bonjour, je dois faire un commentaire sur le chapitre 4 partie 2. Le procès de Meursault. La problèmatique est : Comment les sentiments de Meursault évoluent ils au moment du procès. Je n’arrive pas a cerner les deux axes et ce n’est pas par faute d’avoir essayé. Merci

  • Bonjour, je suis élève de 1erL et j’étudie actuellement cet extrait dz l’etranger. Je bloque sur une question qui est la suivante: « pourquoi peut on dire qu’il s’agit du procès d’un homme en rupture avec la morale conventionnelle? Appuyez vous sur des exemples concrets. » Je ne fais que chercher mais je bloque totalement. En espérant que vous a
    ayez la réponse a cette question ^^ merci d’avance 🙂

  • Bonjour, mon oral de français approche et je n’ai aucune idée d’ouverture pour ce texte-ci … Avez-vous des conseils ? Dans les livres qui se rapprochent de L’étranger de CAMUS, j’ai lu La métamorphose de KAFKA ou L’adversaire de CARRERE.
    Merci

  • Bonjour, j’aurai besoin d’aide pour réaliser un commentaire littéraire sur l’extrait du réquisitoire. Mais ma professeur de français nous a imposé un plan:
    1) La parodie de l’éloquence judiciaire.
    2) Le lecteur associé au regard de Meursault.
    En fait, je ne comprend pas très bien ce que signifie ces termes, et ce qu’il faut réellement que j’étudie afin de répondre à ces deux axes. Si vous pouviez me donner une réponse ou encore mieux un exemple de commentaire suivant ce plan ce serait génial. Merci!

  • Bonsoir je suis entrein de faire un commentaire composé sur cet extrait et j’ai 2 sous axes dont je trouve pas d’idée ???
    – Une inteligence qui joue contre Meursault
    – Des apparences qui plaident contre lui
    Svp je deande votre aide

  • bonjour ! c’est pour savoir si vous connaissez d’autre oeuvre littéraire similaire à L’étranger de Camus, fin plus précisément au personnage Meursault;

  • Bonjour Amélie,
    J’aurais une petite question, si nous avons pour ce texte la question en quoi ce texte est-il une illustration du titre du roman, nous ne devons pas utiliser les parties qui concernent la satire de la justice non? car cela ne répond pas à la question, mais du coup notre exposé comportera une seule grande partie alors qu’il en faut deux minimums :/
    Peut tu m’éclairer sur cette question? cette problématique n’englobe pas tout le commentaire.. est ce que je me trompe?
    en attente d’une réponse s’il vous plaît ( mon oral arrive bientôt :/)

  • Bonjour Amélie,
    J’aurais une petite question, si nous avons pour ce texte la question en quoi ce texte est-il une illustration du titre du roman, nous ne devons pas utiliser les parties qui concernent la satire de la justice non? car cela ne répond pas à la question, mais du coup notre exposé comportera une seule grande partie alors qu’il en faut deux minimums :/
    Peut tu m’éclairer sur cette question? cette problématique n’englobe pas tout le commentaire.. est ce que je me trompe?
    en attente d’une réponse svp ( mon oral arrive bientôt :/)

  • Bonjour Amélie,

    je voulais savoir si le plan que vous proposez pour cette lecture analytique (et les autres) fonctionne pour toutes les autres problématiques que vous proposez pour chaque extrait analysé ?

    Merci!

  • Ayant des cours que je trouve plutôt moyens et pour la plupart pas assez approfondis, vos commentaires me sont d’un agréable secours. Je passe mon oral le 26 et suis donc en pleines révisions. Parmi tous les sites de commentaires, semi-commentaires ou autres genres (des sites avec des infos à piocher sur le texte), le vôtre est le plus organisé et complet (ailleurs la méthode manque et certains points me paraissent bien étranges…). De plus, merci pour ce site qui doit être l’unique où, hormis les commentaires de lycéens comme moi, je n’ai pas croisé la moindre faute d’orthographe. En ce qui concerne ce cher Meursault, je vais très prochainement lire les trois commentaires proposés (en comptant me baser principalement sur le même plan -ou proche). Dommage pour moi que la « demande en mariage » ne soit pas présente dans votre liste… Par ailleurs, j’ai bien fouillé notre ami Google et aucun commentaire, aucune lecture analytique ne sont présents sur le texte de Muriel Barbery « L’Elegance du hérisson » (pour ma part la présentation de Renée), je ne sais pas si cela est dû au fait que le texte soit plus contemporain et peut-être nouveau au BAC mais c’est peut-être une piste à développer par la suite (si bien sûr vous avez le temps) -même si perso’ je devrai me contenter de mon cours. (dsl pour la longueur de mon com’ ^^ »)

  • Bonjour, Pouvez-vous mettre  » le roman  » en objet d’étude avec les notions à apprendre d’ici le 18 juin? c’est le seul objet d’étude qui n’apparaît pas, et je suppose que nous en aurons besoin pour le bac.

  • Merci beaucoup !! J’aurai pas ailleurs une autre question, puis-je parler d’un début de conversion pour Meursault dans la deuxième partie du roman, chapitre 5, qui va être plus intense lors du dénouement final.
    Dans le sens ou dans cette partie il se rend compte que la parole lui est inutile, alors il se plonge dans un monologue intérieur.
    Merci pour votre aide, c’est vraiment génial ce que vous apportez à nous les élèves grâce à votre site et votre temps !
    Jonathan

  • Bonjour Amélie !
    Pourriez vous m’expliquer l’usage de la parole dans ce roman. Selon moi la première partie est plus décousue, les prépositions sont simple. Meursaults semble dénué de sentiments ce qui se ressent à travers l’écriture tandis que dans la deuxième partie Meursault semble s’exprimé plus, ses phrases s’enrichissent peu à peu jusqu’à pouvoir mettre une valeur sur ce qu’il ressent à la fin. Il y a une évolution; Suis- je dans le vrai dans ce que je vous raconte ? Pourriez- vous m’aider à développer cela ?
    Merci !

    • Bonsoir Jonathan,
      C’est exactement cela. Dans la première partie de L’Etranger, l’écriture de Meursault est très neutre, simple; le lecteur a l’impression de lire une juxtaposition de constats. Dans la deuxième partie du roman, les phrases deviennent plus complexes, et même lyriques dans les dernières pages. On assiste donc à une transformation du personnage.

  • je suis marocain, je fais ma licence en littérature francaise
    prière de m’éclaircir ce point : la structure du procès sur le plan narratif ?
    merci bcp

  • Bonjour,

    Je dois mettre en relation l’essai le Mythe de Sisyphe et l’Etranger mais je ne vois pas trop de rapport. J’ai pensé à la prise de conscience de Meursault pendant à son procès face à l’absurdité de la vie mais je ne suis pas vraiment sur .. je suis perdue

    • Bonsoir Nesrin,
      Je ne vous donne pas tout sur un plateau afin que vous cherchiez un petit peu !;) Trouver une conclusion qui ouvre sur l’œuvre, son titre ou autre n’est pas trop difficile pour ce passage. Tu peux écrire une conclusion et me la proposer : je te donnerai mon avis.

  • Bonjour
    je n’arrive pas a repondre a ces differentes questions malgre ce commentaire:
    Pourquoi peut on dire qu’il s’agit du proces d’un homme en rupture avec la morale conventionnelle? (justifier avec des exmples)
    Comment comprendre la remarque finale de Mersault sur le discours du juge? (« mais je ne comprenais pas bien comment les qualites d’un homme ordinaire pouvaient devnir des charges écrasantes contre un coupable »)
    merci de m’aider

    • Bonsoir Marie,
      Il n’y a pas de difficulté particulière dans les questions qui te sont posées. Il s’agit de montrer que Meursault est davantage jugé au regard de sa morale, de sa façon de vivre, qu’au regard du meurtre qu’il a commis (l’on juge son comportement à l’enterrement de sa mère, sa relation avec Marie etc).

    • Le discours de l’avocat de Meursault prend place avant cet extrait, dans le chapitre 4 de L’Etranger. Néanmoins, dès le début de son procès, Meursault s’en sent complètement exclu. Il y assiste comme un spectateur extérieur. Il te suffit de lire mon commentaire du chapitre 7 : les procédés par lesquels on perçoit que Meursault se sent exclu de son procès sont à peu près les mêmes que dans le chapitre 4 (regard naïf sur la scène, impossibilité pour Meursault de prendre la parole et de se reconnaître dans le portrait qui est fait de lui, manque d’intérêt pour son procès…)

  • Bonjour,

    Je trouve que les lectures qu’on nous fait lire en Première sont assez démoralisantes.
    Amélie, Pourquoi nous fait-on lire des œuvres telles que La Peste ou L’Étranger d’Albert Camus? Ça ne donne pas d’espoir, quand on est à un âge où il faut décider de son avenir et où la vie n’est pas simple à gérer ?
    A l’oral du bac, si on me demande mon avis je vais dire ce qu’en j’en pense mais je voudrais être en mesure de donner des exemples d’œuvres porteuses d’espoir et où les personnages évoluent positivement .. je pense par exemple à Candide …

    Qu’en pensez vous ?

    • Bonjour Solène,
      C’est une opinion un peu dangereuse car, même si je comprends ce que tu veux dire, je ne trouve pas La Peste ou L’Etranger sombres, la philosophie de l’absurde nous invitant surtout à être lucide sur le non-sens de la vie et à l’accepter sans se réfugier derrière des croyances religieuses ou irrationnelles. Dans Le Peste, Camus donne une signification à la révolte (une forme de solidarité et de compassion) et est donc porteur d’espoir et de sens; L’Etranger nous invite à avoir un regard critique sur notre société et son fonctionnement. Quant à Candide, porteur d’espoir en raison du message final, c’est un conte qui reste tout de même profondément pessimiste (le monde est toujours aussi atroce et injuste, Cunégonde est devenue acariâtre et Pangloss n’a pas évolué). Le conte est noir même si l’ironie de Voltaire le rend plaisant à lire.

  • Bonjour,

    J’aimerais savoir comment adapter votre plan aux problématiques ci-dessus et à cette problématique: En quoi Meursault est étranger de son procès?.

    • Ton analyse est bonne, elle met en valeur les aspects importants de cet incipit. En revanche, il ne faut pas se demander à quelle problématique ton plan s’adapte mais plutôt comment tu adapteras ton plan aux différentes problématiques. Comme tes intitulés d’axe de lecture sont très larges, tu ne devrais toutefois pas avoir de problème pour répondre à des problématiques différentes sur ce texte.

  • « I/ Le récit

    1. Un journal?

    – Présence intense du narrateur par l’utilisation du point de vue interne (la perception des événements se fait uniquement par le personnage)
    On retrouve plus de 22 fois « je » en anaphore, renforcé par les pronoms possessifs.
    – Simultanéité entre moment où il écrit et le déroulement des événements. Le lecteur est projeté dans le présent du héros.

    2. la chronologie

    – Elle est à peu près respectée puisque la succession des événements suit la progression des paragraphes: « je prendrai […] à deux heures » -> « j’ai pris […] à deux heures. »
    – Les temps: présent d’énonciation (« je ne sais pas ») qui s’allie avec le futur et l’imparfait. On trouve plus bizarrement du passé composé dont nous verrons la valeur plus loin.

    3. Absence de description des lieux

    – Une remarque spatiale (« Marengo ») mais elle est faussée par l’intervention du narrateur. A cause de la technique du journal, ce ne peut être le personnage qui se précise à lui-même où se trouve l’asile.
    – On ne sait rien du restaurant, de chez Emmanuel, du paysage lors du voyage en bus.
    -> Donc, un personnage enfermé en lui-même dont seul compte ce qu’il ressent.

    II/ Le personnage

    1. Absence de description

    – Pas de nom. On apprendra plus tard qu’il se nomme Meursault. La sémantique de ce nom peut nous renseigner quant à la suite du roman. En effet, « Meur » rappelle la mer et le meurtre et « sault » le soleil.
    – Pas de description physique due à la technique du journal. Le lecteur peut ainsi s’identifier au personnage.
    – Seules les sensations donnent plus de précisions: tactile  » très chaud », olfactive  » odeur d’essence « , visuelle  » réverbération ».
    -> Il réagit en fonction des sensations. A première vue, on pourrait conclure que c’est un homme simple.

    2. Ses relations avec les autres

    Elles sont marquées par l’indifférence et le manque de communication.
    – Indifférence par rapport à sa mère: absence d’émotion car il s’attache à l’analyse du télégramme et conclut: » Cela ne veut rien dire. ». Le deuil le dérange même: « affaire classée ».
    – Avec son patron: relation tendue « pas l’air content ».
    – Au restaurant: neutralité: « comme d’habitude ».
    – Avec le militaire: à l’attitude ouverte du soldat, le personnage oppose un mutisme marqué: « pour n’avoir pas à parler ».
    -> Un personnage qui centre tout sur lui: absence d’émotions, de communication.

    III/ Explication de cette attitude

    1. les marques temporelles

    – Elles font apparaître l’absurdité de son comportement car elles sont très nombreuses, on a l’impression qu’il nous livre son programme mais il y a un manque d’enchaînement logique qui est renforcé par l’utilisation du passé composé. Le personnage a une vision floue du monde.

    2. Un style simple.

    – C’est un enfant: lexique + banalité du style avec verbe introducteur du D.D toujours le même « dit » + phrases courtes qui montrent une pensée peu élaborée.

    3. Un étranger

    – On note une volonté de respecter les codes sociaux avec modalisateur: « il a fallu » + soucis du respect des usages: « je pourrai veiller », « cravate noire », « brassard ».
    – Mais il reste tout de même étranger aux sentiments qui accompagnent ces codes sociaux car il n’essaye pas de paraître triste.

    CONCLUSION

    Cet extrait de L’Etranger présente un personnage en apparence assez simple mais qui devient plus complexe, notamment par son extrême sensibilité aux sensations et à sa vision confuse du monde qui annoncent le meurtre. On peut rapprocher ce texte de La Condition Humaine d’André Malraux à la différence que Meursault est un personnage passif, qui va subir les événements, alors que Tchen est un homme actif, qui agit poussé par un idéal. »

  • Bnjour,
    Très clair,super analyse cela m’aide beaucoup pour l’oral,merci !! Serai t’il possible que vous fassiez l’analyse de l’incipit de l’etranger ??

  • … Et que dire en conclusion, vers quoi ouvrir ? (ma problématique porte sur l’utilisation que fait Camus de son narrateur-personnage pour peindre un monde, judiciaire ici, absurde)
    Merci ! 🙂

    • Bonjour Roxane,
      J’ai indiqué deux problématiques possibles à la fin de l’analyse :
      – En quoi ce passage propose-t-il une satire de la justice ?
      – En quoi cet extrait est-il une illustration du titre du roman ?

Répondre à Amélie X