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Voici une fiche de lecture complète (résumé et analyse) du roman Lettres d’une péruvienne de Françoise de Graffigny, publié en 1747 puis augmenté en 1752.
Ce roman, qui reprend la technique du décentrement utilisé par Montesquieu dans Lettres Persanes en 1721, rencontre un succès considérable.
Il conjugue en effet avec brio la forme épistolaire (= par lettres) et le goût pour l’exotisme, très en vogue au XVIIIème siècle, avec une critique acérée de la société française.
Le regard extérieur et perçant de Zilia, jeune princesse péruvienne, met en lumière la superficialité des français, l’intolérance religieuse, la condition des femmes et les injustices sociales.
Qui est Françoise de Graffigny ?
Françoise de Graffigny (1695-1758), née Françoise d’Issembourg du Buisson d’Happoncourt, est une femme de Lettres du XVIIIᵉ siècle.
Devenue veuve après avoir subi un mari violent pendant treize ans, elle s’installe à Paris en 1739 où elle fréquente les cercles littéraires et philosophiques de l’époque, faisant la rencontre de Voltaire, Marivaux, Rousseau, D’Alembert et Diderot.
Après l’écriture de quelques pièces, elle rencontre un immense succès avec son roman épistolaire Lettres d’une Péruvienne (1747), et sa pièce de théâtre Cénie (1750).
Elle est également l’autrice d’une abondante correspondance. Malgré sa renommée de son vivant, son œuvre tombe dans l’oubli après la Révolution française, avant d’être redécouverte au XXᵉ siècle grâce aux mouvements féministes.
Comment résumer Lettres d’une Péruvienne ?
Zilia, jeune princesse péruvienne, est enlevée par des conquérants espagnols.
À l’aide de quipos, petits cordons de différentes couleurs, elle écrit des lettres d’amour à Aza, l’homme qu’elle devait épouser, et lui décrit la brutalité des Espagnols.
Son destin bascule lorsque le navire espagnol qui la retient captive est attaqué par un vaisseau français commandé par le Chevalier Déterville. Ce dernier recueille la jeune péruvienne et s’éprend d’elle, bien que l’esprit naïf de la jeune fille ne décode pas encore les signes de galanterie.
Le bateau accoste en France et Zilia commence à comprendre des mots de français. Elle découvre également avec surprise et fascination son reflet dans un miroir.
Habillée à la mode française, elle se rend à Paris aux côtés de Déterville et remarque déjà l’inobservance des « lois de l’honnêteté
» (lettre 14) ainsi que le caractère superficiel des Parisiens : « Je soupçonne cette nation de n’être point telle qu’elle paraît ; l’affectation me paraît son caractère dominant.
» La fréquentation du théâtre est l’occasion de dépeindre une société dominée par le spectacle.
Maîtrisant de mieux en mieux le français, Zilia porte un regard critique sur le gouvernement et les inégalités sociales. Elle relate aussi avec indignation un accrochage avec un prêtre qui l’exhorte à renoncer à son amour pour Aza, au nom de la vertu. Déterville, toujours épris d’elle, lui offre une maison, mais Zilia, fidèle à Aza, ne répond que par l’amitié.
Les lettres 28 et 30, ajoutées lors de la seconde édition de 1752, témoignent de l’évolution de Zilia en femme de Lettres à visée philosophique.
Son regard perçant dénonce la condition des femmes françaises, maintenues volontairement dans l’ignorance et la frivolité.
Pendant ce temps, Déterville, parti à Malte, fait venir Aza en France. Mais ce dernier, acquis à la cause des colonisateurs, s’est converti au catholicisme et s’apprête à épouser une jeune Espagnole. À son arrivée, il n’a, pour son ancienne fiancée, qu’une froide indifférence.
Déterville annonce son retour à Paris, animé par l’espoir d’épouser Zilia. Mais celle-ci, détachée des passions, lui offre une amitié sincère et décide de vivre dans un état de sagesse apaisé, s’adonnant simplement au « plaisir d’être ».
Quels sont les thèmes importants dans Lettres d’une Péruvienne ?
La colonisation
À travers les Lettres d’une Péruvienne, Françoise de Graffigny dénonce les excès de la colonisation.
À l’instar de Montaigne avant elle, elle renverse le regard du colonisateur : celui qui prétend apporter la civilisation est en réalité le véritable barbare.
L’Europe ne sème ainsi en Amérique que brutalité, sauvagerie et tragédie, comme en témoigne le champ lexical de la violence dans les premières lettres : « soldats furieux », « sang », « carnage », « tyrannie », « peuples féroces
».
Au contact des Européens, les Incas sont corrompus. Physiquement d’abord, comme en témoigne le sort de Zilia, maltraitée et enfermée par les Espagnols : « Je fus placée dans un lieu plus étroit et plus incommode que n’était ma prison
» (lettre 3). Moralement ensuite, comme le souligne le parcours d’Aza, qui, converti au catholicisme, a troqué sa fidélité contre l’inconstance et la frivolité.
L’amour
Lettres d’une Péruvienne explore la psychologie amoureuse.
L’amour de Zilia pour Aza est un amour hyperbolique, exprimé dans une terminologie mystique. L’invocation « ô délices de mon cœur
» par exemple idéalise Aza, qui devient une figure quasi divine pour la jeune fille.
L’apostrophe « mon cher Aza » qui ponctue toutes les lettres de Zilia illustre sa constance et sa fidélité. Le roman s’ouvre d’ailleurs sur « Aza ! » et s’achève sur le substantif « amour » comme si le nom propre et le nom commun se faisaient écho.
Mais il s’agit d’un amour contrarié puisqu’Aza n’a pas tenu sa promesse de fidélité. Lorsqu’elle l’apprend, Zilia puise dans ce sentiment pour le métamorphoser en « plaisir d’être », un amour de la vie qui n’est plus incarné dans un être humain mais se répand dans une sorte d’extase mystique : « cette pensée si douce, ce bonheur si pur, je suis, je vis, j’existe
» (lettre 38).
L’amour de Déterville pour Zilia, en revanche, est d’une nature différente. Marqué par la passion, il s’exprime dans un vocabulaire galant : « je vous promets d’être à vous », « je vous aime », « transport », « gaieté
» (lettre 9).
Mais cet amour à sens unique consume le Chevalier, comme en témoigne le tableau pathétique que Graffigny peint dans la lettre 23 : « le voyant pâlir, abandonner la grille et jeter au ciel des regards remplis de douleur
».
La France et la société européenne
Graffigny adopte le point de vue naïf d’une jeune Péruvienne pour dresser une peinture critique de la France. Ce procédé, en vogue au XVIIIᵉ siècle, a notamment été utilisé par Montesquieu dans Les Lettres persanes (1721), où Rica et Usbek portent un regard neuf sur l’Europe et sera repris par Voltaire dans L’ingénu (1767).
Zilia s’étonne tout d’abord de l’esprit festif des Français : « Leurs danses, leurs cris de joie, une liqueur rouge semblable au mays, dont ils doivent abondamment
» (lettre 7).
Puis, à travers les déclarations enflammées de Déterville, elle saisit un trait central de l’esprit français : la galanterie et la passion.
Sa découverte de Paris, avec son « grand nombre d’habitants » et ses « maisons si prodigieusement élevées
», et du théâtre, lui révèle une société dominée par l’artifice et le paraître. Elle dépeint ainsi la capitale comme une ville de la démesure, des excès et du spectacle.
Zilia s’intéresse également à la politique et au fonctionnement de la société. Dans la lettre 20, elle observe que « les souverains ne tirent la leur (leur subsistance) que des travaux de leurs sujets
» et perce à jour un système profondément inégalitaire : « ce souverain répand ses libéralités sur un si petit nombre de ses sujets
». Dans la lettre 34, elle dénonce le statut des femmes françaises, maintenues volontairement dans l’ignorance et la frivolité.
Quelles sont les caractéristiques de l’écriture de Françoise de Graffigny ?
Le registre dominant dans cette œuvre est sans conteste le lyrisme. Chaque personnage en aime un autre : Déterville aime Zilia, qui aime Aza, lequel finit par épouser une jeune Espagnole. L’exploration de ces amours contrariées permet à Françoise de Graffigny d’exprimer toutes les nuances du lyrisme, de l’exaltation au désespoir.
Mais l’écriture de Françoise de Graffigny s’inscrit aussi dans la tradition des moralistes du XVIIe siècle, qui analysent l’âme humaine et traquent les marques de l’orgueil et de l’amour-propre. L’autrice affectionne ainsi le présent de vérité générale, que l’on retrouve dans des phrases rappelant les maximes de La Rochefoucauld ou de La Bruyère : « La censure est le goût dominant des Français comme l’inconséquence est le caractère de la nation
» (lettre 30).
L’épisode de la découverte du miroir par Zilia, dans la lettre 12, souligne la naissance de la coquetterie et de l’amour-propre, un thème souvent traité par les moralistes : « je ne pus encore me garantir de la surprise en me voyant comme si j’étais vis-à-vis de moi-même. Mon nouvel ajustement ne me déplut pas
» avoue ainsi Zilia.
Enfin, de façon subtile, l’écriture de Françoise de Graffigny s’appuie sur des ressorts comiques. Zilia ne connaissant pas les noms de nombreux objets, elle use de périphrases pour désigner des réalités familières du public français de l’époque : « cette espèce de cérémonie
» pour désigner la médecine (lettre 4), des « maisons flottantes
» pour les bateaux (lettre 6), une « ingénieuse machine qui double les objets
» pour le miroir (lettre 12), une « machine ou cabane
» pour la calèche (lettre 12) ou encore « des petits outils de métal fort dur et d’une commodité singulière
» pour une paire de ciseaux (lettre 15).
Ces périphrases accentuent l’ingénuité comique de Zilia face à un monde inconnu. Pour le lecteur, elles créent autant d’énigmes plaisantes à résoudre qui rappellent l’esthétique précieuse.
Que signifie le parcours « Un nouvel univers s’est offert à mes yeux » ?
Introduction au parcours
Dans la lettre 18, Zilia affirme : « À mesure que j’en ai acquis l’intelligence, un nouvel univers s’est offert à mes yeux.
»
Si cette phrase a été reprise pour le parcours, c’est parce qu’elle est riche de sens !
Tout d’abord, ce nouvel univers, ce sont bien évidemment la civilisation européenne et la langue française, inconnues pour Zilia au début du roman.
Mais il ne faudrait pas s’arrêter là !
Zilia, jeune princesse péruvienne maintenue ignorante dans le Temple du Soleil, va également faire l’expérience d’elle-même lors de ce périple initiatique en Europe.
Elle va forger son esprit critique et porter progressivement un regard libre sur le monde. Ce nouvel univers, c’est donc aussi à l’intérieur d’elle-même qu’elle va le trouver !
La civilisation européenne : un nouvel univers
Dans Lettres d’une Péruvienne, Françoise de Graffigny met en scène Zilia, une jeune péruvienne séquestrée par les Espagnols, puis recueillie par des Français. Confrontée à un monde nouveau, la jeune femme affirme dans la lettre 18 : « À mesure que j’en ai acquis l’intelligence, un nouvel univers s’est offert à mes yeux.
»
Ce nouvel univers, c’est bien entendu la civilisation européenne dont elle fait l’expérience dans ce roman initiatique.
Après la brutalité des espagnols, elle découvre le caractère paradoxal des Français : bienveillants et doux comme Déterville ; ils peuvent aussi être froids et malveillants comme sa mère.
Ils sont civilisés mais d’une grande frivolité. Paris et son théâtre deviennent ainsi des symboles de la superficialité d’un pays marqué du sceau du faux : les meubles d’apparence en or ne sont en réalité que de bois (lettre 20).
La maîtrise du français et de l’écriture : un nouvel univers
La découverte de ce nouvel univers est rendue possible grâce à la maîtrise du langage et de l’écriture.
Au début du roman, Zilia écrit ses lettres à l’aide de quipos, petits cordons de différentes couleurs, puis elle découvre les signes alphabétiques et apprend le français. Si elle n’en perçoit au début que quelques bribes ; elle finit progressivement par dénommer les choses sans passer par des périphrases. Les mots de son pays d’origine (cacique, china) sont ainsi délaissés au fur et à mesure qu’elle acquiert une compréhension plus fine de la culture française. Interprète de ce nouveau monde, son effort de déchiffrement et de traduction lui permet d’accéder à une autonomie intellectuelle.
La naissance de l’esprit critique : un nouvel univers
Au contact de ce nouvel univers, l’esprit de Zilia se forge.
Par l’observation, elle se libère des préjugés et passe progressivement de l’ignorance à la connaissance.
Jadis enfermée dans le Temple du Soleil, la jeune péruvienne vivait dans un espace clos, coupé du monde extérieur. Or elle découvre au fil de son voyage, « les beautés de l’univers » et la diversité de la Nature, qui la ravissent et l’enchantent : « Le soleil même m’a trompée. Il éclaire le monde entier dont ton empire n’occupe qu’une portion, ainsi que bien d’autres royaumes qui le composent. Ne crois pas, mon cher Aza, que l’on m’ait abusée sur ces faits incroyables. On ne me les a que trop prouvés
» (lettre 18). Le champ lexical de l’erreur (« trompée », « abusée », « incroyables ») souligne l’illusion et la croyance dans lesquelles Zilia était plongée. La jeune femme s’éveille à la connaissance et à un esprit plus rationnel et scientifique (« éclaire », « prouvés »), propre à celui des Lumières.
En s’ouvrant à ce nouvel univers, Zilia se transforme. Ce qu’elle perçoit façonne peu à peu son esprit.
D’abord jeune princesse captive, entièrement dévouée à Aza, elle prend peu à peu conscience d’elle-même, s’émancipe et pose un regard libre et lucide sur le monde.
Les lettres de la seconde édition de 1752 se démarquent par leur dimension critique : Zilia, autrice de Lettres d’amour devient autrice de Lettres philosophique. Son autonomie intellectuelle culmine à la fin du roman, lorsqu’elle renonce à l’amour charnel pour accéder au seul « plaisir d’être » et à la joie que procure la connaissance du monde et d’elle-même : « La vie suffit-elle pour acquérir une connaissance légère, mais intéressante, de l’univers, de ce qui m’environne, de ma propre existence ?
»
Les Lettres d’une Péruvienne relatent en définitive la construction d’une identité complexe. Un esprit intact et naïf s’ouvre au monde et en reçoit des impressions qui vont progressivement le forger.
Tu étudies Lettres d’une Péruvienne au bac de français ? Voici des idées de lectures cursives :
- Candide, Voltaire
- Zadig, Voltaire
- Essais, Montaigne
- Discours de la servitude volontaire, La Boétie
- Sido et les Vrilles de la vigne, Colette
- La peau de chagrin, Balzac
- Petit pays, Gaël Faye
- Eldorado, Laurent Gaudé
- Mémoires d’Hadrien, Yourcenar
- Ourika, Claire de Duras
Les 3 vidéos préférées des élèves :
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