Le pin des Landes de Théophile Gautier : commentaire

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le pin des landes théophile gautier Voici une analyse du poème « Le pin des Landes » de Théophile Gautier.

Le Pin des Landes, Introduction :

Ecrit suite à un voyage en Espagne, « Le pin des landes » de Théophile Gautier fut publié en 1840 dans La Presse puis en 1845 dans le recueil España.

Dans ce texte, le pin devient une allégorie du poète qui puise son inspiration poétique dans la souffrance.

 Questions possible à l’oral de français sur « Le pin des Landes » :

♦ Quel est le sens de ce poème ?
♦ Que symbolise le pin des Landes ?
♦ Quelle est la place du poète dans le monde selon ce poème ?
♦ Quel portrait du poète Théophile Gautier dresse-t-il ici ?
♦ Quelle réflexion sur l’art mène le poète ?

 Annonce du plan :

Nous verrons dans cette analyse que le pin est une allégorie du poète (I) qui fait face à un environnement aride et violent (II). La souffrance subie par ces deux êtres est pourtant à l’origine de la création poétique (III).

I – Le pin : une allégorie du poète

A – Le pin progressivement humanisé

Dans ce poème, le pin est progressivement personnifié.

D’abord présenté comme un « arbre », son humanisation commence au quatrième vers avec l’emploi des termes « plaies » et « flanc », traditionnellement utilisés pour qualifier un animal ou un humain.

Cette humanisation est d’abord physique puisque le poète prête un corps au conifère.

Le tronc est ainsi comparé à un « flanc » (v.3) ; la résine à des « larmes »  (« ses larmes de résine » ) et à du « sang » (v.5 ; v.9 « son sang qui coule goutte à goutte » ).

La verticalité du tronc fait aussi référence à la tenue verticale propre à l’homme :

Et se tient toujours droit sur le bord de la route
Comme un soldat blessé qui veut mourir débout
(v.11-12).

Le poète prête également à l’arbre des actions comme s’il s’agissait d’un être animé : il « surgit » (v.3), « verse » (v.10) et « se tient droit » (v.11).

Puis l’humanisation du pin s’accentue lorsque Théophile Gautier lui attribue des sensations (« douloureux » v.8), des sentiments (l’absence de regret au v.9) et une volonté (« qui veut mourir debout »).

C’est un être digne, que Théophile Gautier érige en héros de guerre (« un soldat blessé qui veut mourir debout » ).

B – Le pin remplacé par le poète

Au fur et à mesure du poème, la comparaison du pin à l’homme ouvre le pas au remplacement du pin par le poète.

Ainsi, le vers 12 substitue la figure du poète à celle du pin dans la comparaison (v.12) : « Le poète est ainsi dans les Landes du monde » .

La comparaison est explicite : la place du pin dans les Landes représente la condition du poète dans le monde.

Le poète est le sujet des verbes dans ce deuxième quatrain (« il est sans blessure », « il garde son trésor » , « pour épancher ses vers » ).

Cette strophe finale, en remplaçant le pin par le poète, élucide le poème : elle en révèle le sens en qualifiant le poète avec des termes qui renvoient à la description du pin. Ainsi :

♦ Les « Landes désertes » représentent le monde (« Les landes du monde »).
♦ La « blessure » du poète fait référence à « la plaie » du pin
♦ Le « trésor » du poète renvoie à la « résine » de l’arbre
♦ Le « cœur » du poète se substitue au « flanc » et au « tronc » du pin
♦ Les « vers » du poètes, qualifiées de « larmes d’or » renvoient aux « larmes de résine » .

La substitution est parfaite : chaque caractéristique du pin est remplacée par une caractéristique du poète.

Transition : Cette substitution vaut également pour le paysage puisque les « Landes désertes » du vers 1 représentent « Les landes du monde » au vers 13, c’est à dire un monde désanchanté dans lequel vit le poète.

II – Les Landes et le monde : un environnement aride

A – Un paysage désertique

Dès le premier vers, les Landes, qui sont une dense forêt, sont qualifiées de « désertes » par le poète et comparées à un « Sahara ».

L’aridité du paysage est mise en avant par la formule restrictive (« ne…que » ) du premier quatrain : « On ne voit (…) d’autre arbre que » .

Ce désert est sans couleur : le sable est « blanc », l’herbe est « sèche ». L’adjectif « vertes » qui aurait pu qualifier l’herbe se réfère  aux « flaques d’eaux » : l’aridité est telle que le vert, couleur de la végétation, ne se retrouve quand dans l’eau stagnante.

L’aridité du paysage est également rendue à l’oreille par l’allitération en [ r ] , accompagnée de la sensation d’étouffement qui ressort des allitérations en [ bl  et.

On ne voit, en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes

C – Le pin et le poète : des personnages saillants

Dans ce monde aride et désolé, le pin et poète sont des éléments saillants du paysage.

Le pin est en effet opposé à son environnement.

C’est un élément vertical dans Les Landes horizontales de Théophile Gautier.

L’horizon linéaire est évoqué dans la métaphore des Landes désertes (v.1) et dans l’énumération d’éléments qui se trouvent au ras du sol (l’herbe sèche » et les flaques d’eau, v.3). A l’opposé, le pin, pourvu d’un tronc, est un élément saillant : il « surgit » et « se tient toujours droit » .

En outre, la verticalité du poème évoque visuellement la verticalité du conifère. On observe ainsi un certain isomorphisme (une analogie dans la forme) entre le pin et le corps du poème : la forme du poème évoque le fond.

C – Des hommes violents 

Le pin et le poète sont les victimes de la violence des hommes.

L’homme est en effet affublé des pires attributs. Bourreau (v.6)assassin, il apparaît sous les traits d’un meurtrier.

L’acte d’assassinat fait référence au processus de gemmage au cours duquel on retire du tronc la résine, afin de fabriquer, entre autres, colle, vernis et savon.

L’homme est également celui qui prend tandis que le pin est celui qui donne. L’utilitarisme de l’homme – « avare » , « qui vit aux dépends de ceux qu’il assassine » (v.6-7) – crée un contraste avec la générosité du pin qui « ouvre un large sillon » et « verse son baume » (v.10).

La posture attribuée au pin s’apparente ainsi à celle d’un martyr. Debout et digne, donnant son sang sans le regretter (v.9), il supporte son supplice la tête haute.

III – La souffrance nécessaire à la création poétique

A- le pin et le poète : des êtres en souffrance

 Le pin est, dès le début, caractérisé par sa « plaie » (v.4). Le champ lexical de la souffrance est présent tout au long du poème : « larmes » (v.5), « tronc douloureux » (v.8), « mourir » (v.8), « sang » (v.9), « blessé » (v.12).

L’assonance en [ ou ] dans la deuxième strophe fait entendre la plainte douloureuse du pin :

Sans regretter son sang qui coule gtte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat qui veut mourir debout

D’abord appliqué au pin, ce champ lexical de la souffrance est ensuite repris au sujet du poète : « la blessure » (v.13), « une entaille profonde »  (v.15).

La résine du pin et les vers du poète partagent d’ailleurs la même métaphore, celle des larmes : « larmes de résine » (v.5) et « divines larmes d’or »  (v.16). La souffrance du pin est ainsi à l’image de celle du poète.

B – Une souffrance nécessaire à la création artistique

Néanmoins, cette souffrance est féconde : elle est à la source de la création artistique.

Dans la sécheresse des landes où l’eau est statique (évoquée par les « flaques d’eaux vertes » ), seuls les liquides du pin sont en mouvement : « larmes de résine », « sang qui coule goutte à goutte », « verse son baume »,  « sève qui bout ».

Cette fertilité est mise en valeur par la rime entre « création » (v.6) et « sillon » (v.8). En se répondant, ces deux termes soulignent l’origine de la création : c’est bien de la « plaie » , qui devient un « sillon » (terme connotant la fertilité puisque le sillon fait référence à la terre labourée), que naît la création.

La quatrième strophe confirme le parallèle entre le pin et le poète. C’est de la souffrance (« entaille profonde » ), que naît la création poétique (« ses vers »)

Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or.

La nécessité de la souffrance est soulignée par la formule de l’obligation : « Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde » (v.15).

L’auteur mène ainsi une réflexion sur l’origine de la création artistique : d’où provient l’art ? Selon Théophile Gautier, ce n’est pas l’amour, ni une femme, ni une muse ce qui constitue le point de départ de la création : c’est la douleur.

Tout en étant souffrance, l’art est néanmoins précieux. On observe le champ lexical de la richesse dans la rime entre « le trésor«  et « divines larmes d’or » (v.14 ; v.16).

La souffrance libère également sa propre cure : son baume (v.10). Le poète joue en effet sur la polysémie du terme « baume » qui désigne à la fois la résine qui coule de certains végétaux, mais aussi, au sens figuré, quelque chose qui apaise.

Le pin des Landes, conclusion :

L’allégorie du pin permet au lecteur de mieux visualiser et comprendre l’activité poétique telle qu’elle est conçue par Théophile Gautier à la moitié du XIXème siècle.

Le poète, qui vit dans un monde violent et désolé, tire de sa souffrance l’œuvre d’art.  Théophile Gautier oppose à l’utilitarisme de l‘homme avide de gain la seule vraie richesse qui vaille : celle des « divines larmes d’or » de la beauté. Cette vision de « l’art pour l’art » est caractéristique du mouvement parnasse.

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Fonction du poète, Victor Hugo (analyse)
Voyelles, Rimbaud (analyse)
Le Parnasse

Qui suis-je ?

Amélie Vioux

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