Alcools, Apollinaire : fiche de lecture

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alcools apollinaireVoici un résumé et une analyse (fiche de lecture) du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire.

Alcools, publié en 1913, est le recueil majeur de Guillaume Apollinaire mais aussi un des recueils les plus marquants de la poésie du 20e siècle.

On dit de ce recueil qu’il se situe entre tradition et modernité.

Et pour cause :

Apollinaire puise ses thèmes dans la poésie lyrique traditionnelle, utilise des sources bibliques et mythologiques…

…mais il fait aussi preuve d’une « esprit nouveau » en faisant entrer le monde contemporain dans la poésie (la ville industrielle, le quotidien…), en créant des images insolites et en supprimant toute ponctuation de son recueil. En cela, Guillaume Apollinaire est le précurseur des surréalistes.

Alcools : analyse en vidéo

I – Le contexte du recueil Alcools (1913)

Lorsqu’Apollinaire publie Alcools en 1913, la France est dans une effervescence culturelle remarquable.

Le fauvisme et le cubisme, avec notamment « Les Demoiselles d’Avignon » de Picasso en 1908, sont de véritables révolutions esthétiques. Ces peintures véhiculent une autre vision du monde.

Au niveau technique, les premiers vols motorisés lancent l’histoire de l’aviation ce qui exerce une fascination sur les hommes d’où des mouvements comme le futurisme qui influencent l’écriture d’Alcools.

Fidèle à cet « esprit nouveau » (terme qu’il emploie lui-même), Guillaume Apollinaire avec Alcools bouleverse les codes poétiques traditionnels et se fait le chantre de la modernité et de l’univers urbain.

Analyses de poèmes issus d’Alcools :

II – Résumé d’Alcools

Alcools réunit des poèmes composés entre 1898 et 1913 : c’est donc un recueil très hétéroclite qui donne à voir 16 ans d’écriture poétique d’Apollinaire.

On pourrait penser que ces poèmes sont organisés de façon chronologique, mais ce n’est pas le cas.

Apollinaire a trié et organisé ses poèmes pour en dégager des thématiques.

Ainsi, le poème « Zone » qui ouvre le recueil et qui est un hymne à la modernité, une déclaration d’amour à la ville industrielle, est en réalité le dernier poème écrit par Apollinaire. En plaçant « Zone » en tête du recueil, Guillaume Apollinaire marque sa volonté de placer son œuvre sous le signe de la modernité.

Apollinaire a rassemblé ses textes sous plusieurs thématiques, notamment :
♦ La section « Rhénanes » inspirée par son voyage en Allemagne et son amour malheureux pour Annie Playden;
♦ Les 6 poèmes « A la santé » qui évoquent la courte incarcération d’Apollinaire
♦ La section « Marie »  qui évoque les amours avec le peintre Marie Laurencin.

La grande diversité des poèmes d’Alcools rende une synthèse difficile. Certains critiques ont d’ailleurs qualifié ce recueil d’un « fourre-tout » composé de pièces disparates.

Pourtant, c’est peut-être là que réside toute la cohérence du recueil. A l’image d’une peinture cubiste, le recueil Alcools juxtapose des pièces a priori disparates et pourtant liées entre elles par le lyrisme, l’émotion et la fluidité qui découle de l’absence de ponctuation.

 III – Thèmes majeurs dans Alcools

L’amour

L’amour dans Alcools est souvent malheureux comme dans « Le Pont Mirabeau » ou « La Chanson du Mal-Aimé » où le poète chante son désespoir après le départ de la femme aimée.

Le poète est toujours dans l’attente de l’amour heureux comme le montre « L’Adieu » : « Et souviens-toi que je t’attends ».

Le souvenir et le temps

Le souvenir, la nostalgie, la fuite du temps sont des thèmes lyriques traditionnels qui sont au cœur du recueil Alcools.

Le thème de la fuite du temps est omniprésent à travers deux éléments : l’élément liquide qui s’écoule (comme dans « Le pont Mirabeau ») et les saisons qui se succèdent (comme dans « automne malade » ou « Mai » ) :

La Seine qui passe sous le « Pont Mirabeau » ou le Rhin dans la section « Rhénanes » évoquent l’écoulement inéluctable du temps. Chez Apollinaire, le temps est linéaire et fatal. Il est source du lyrisme et du tragique car le poète ne parvient pas à le retenir.

L’automne est la saison dominante dans le recueil. Elle est la saison de la mélancolie qui se déploie dans « Colchiques », « Automne », « Rhénane d’automne », « Automne malade ».

Le mythe

Le mythe est omniprésent dans la poésie d’Apollinaire qui puise son inspiration dans les sources bibliques et mythologiques.

Derrière le temps linéaire qui passe, il existe dans la poésie d’Apollinaire un temps cyclique, celui du mythe qui vient s’incarner dans le monde moderne comme les « nixes nicettes » dans « Automne malade » ou les légendes allemandes dans « Nuit Rhénane » ou « La loreley » .

Le voyage

Le thème du voyage et du mouvement est central comme le montrent des poèmes comme « Le voyageur », « L’émigrant de Landor road », « Hôtel », le cycle des « Rhénanes » et l’attrait pour les « Saltimbanques » en mouvement perpétuel.

« Zone » est aussi un poème marqué par le nomadisme puisque l’imaginaire du poète est conduit dans toutes les villes d’Europe.

D’ailleurs, dans Alcools, le poète va de ville en ville : il commence son périple à Paris (« Zone »), débarque en Amérique (« Annie »), évoque l’Allemagne (section « Rhénanes » ) etc.

Cette itinérance du poète s’accompagne d’une écriture changeante, qui va de style en style, du romantisme au symbolisme en passant par l’esthétique cubiste et orphique.

La modernité

Dans Alcools, Apollinaire se fait le chantre de la modernité. Il célèbre la ville industrielle et les innovations techniques comme l’aviation et les automobiles.

Les innovations sont aussi poétiques : le vers est libéré des règles de versifications traditionnelles mais aussi des règles syntaxiques grâce à la suppression de la ponctuation. Les images insolites fleurissent, annonçant le surréalisme.

IV – L’écriture dans Alcools

Des influences multiples

Apollinaire dit à propos d’Alcools :

« Vous le classerez dans l’école poétique qui vous plaira, je ne prétends faire partie d’aucune, mais il n’en est aucune également à laquelle je ne me sente attaché.  »

On retrouve en effet dans l’écriture d’Apollinaire des influences très diverses :

♦ Le romantisme est présent à travers la thématique de l’automne (la saison romantique par excellence), de la nostalgie et du temps qui passe.

♦ On retrouve l’influence du symbolisme dans des poèmes comme « Le larron », « Lul de Faltenin », « L’Ermite », « Le signe ». Ces poèmes sont polysémiques, souvent hermétiques et contiennent des signes qu’il convient de décoder.

♦ L’influence de Verlaine est évidente dans « Les colchiques » ou dans les poèmes de « A la Santé » qui font songer aux poèmes que Verlaine a également écrit en prison.

♦ Alcools est aussi marqué par l’influence du cubisme et du collage. Le recueil dans son ensemble semble influencé par le cubisme dans la mesure où il rassemble des poèmes disparates permettant d’envisager toutes les facettes de l’aventure poétique d’Apollinaire.

♦ Alcools est aussi imprégné par le courant futuriste qui apparaît en particulier dans « Zone » avec la célébration de la modernité et du mouvement

La fluidité

La fluidité s’obtient de façon formelle par :

♦ La suppression de la ponctuation qui permet de lire les vers de plusieurs manières.

♦ Le vers libre, souvent utilisé, qui donne une variété rythmique et fait du vers la véritable ponctuation du poème.

♦ Les assonances et allitérations qui remplacent parfois les rimes et créent de nouvelles associations de mots par des rapprochements phoniques.

Mais cette fluidité n’est pas que formelle. Elle est renforcée par les thèmes du recueil : les vers coulent à l’image du temps, de l’eau et de l’alcool.

Que signifie le parcours : Modernité poétique ?

Le parcours littéraire associé à ce recueil au bac de français est : Modernité poétique ?

Ce que tu dois immédiatement remarquer dans ce parcours, c’est le point d’interrogation final : ce parcours n’affirme pas la modernité poétique d’Apollinaire, il la questionne.

Apollinaire est en effet souvent présenté comme le chantre de la modernité qui révolutionne la poésie en 1913 avec son recueil Alcools, faisant fi des codes de la poésie par son usage du vers libre, son absence de ponctuation et ses images insolites.

Mais le parcours t’invite à nuancer cette représentation que nous avons d’Apollinaire.

En effet, Guillaume Apollinaire puise aussi son inspiration dans les mythes et le lyrisme traditionnel. Il n’est donc pas en rupture avec les traditions : il offre plutôt un pont entre l’ancien et le nouveau, une voie entre la tradition et la modernité.

Alcools et la modernité poétique

Lorsque Apollinaire publie Alcools en 1913, l’Europe est dans une effervescence culturelle remarquable.

Elle est engagée dans la deuxième révolution industrielle marquée par l’automobile, la chimie, le pétrole et l’électricité, c’est-à-dire la production d’énergie qui permet la mobilité et la vitesse.

D’un point de vue artistique, le fauvisme et le cubisme, avec notamment « Les Demoiselles d’Avignon » de Picasso en 1908, sont de véritables révolutions esthétiques. Ces peintures véhiculent une autre vision du monde.

Fidèle à cet « esprit nouveau » (terme qu’il emploie lui-même), Guillaume Apollinaire avec Alcools bouleverse les codes poétiques traditionnels et se fait le chantre de cette modernité et de l’univers urbain.

Pour Apollinaire, la poésie doit refléter le monde issu de la deuxième révolution industrielle, un monde de l’énergie, de la vigueur, de la rapidité, d’où l’apparition dans ses poèmes de l’ « automobile », de l’ « avion », d’un univers qui symbolise le mouvement.

La modernité poétique entre aussi dans la syntaxe, avec la suppression de la ponctuation et les néologismes comme « Nixe nicette » ou « Argyraspide » dans « La Chanson du Mal-Aimé ».

Quant au recueil, il semble une transposition littéraire d’une peinture cubiste dans la mesure où Apollinaire rassemble des poèmes disparates permettant d’envisager toutes les facettes de son aventure poétique.

Une écriture enracinée dans la tradition poétique

Mais cette modernité n’est pas une rupture avec la tradition poétique.

L’écriture poétique d’Apollinaire est enracinée dans la tradition poétique et notamment dans la tradition lyrique qu’il renouvelle.

Apollinaire revendique lui-même de multiples influences quand il dit à propos d’Alcools : « Vous le classerez dans l’école poétique qui vous plaira, je ne prétends faire partie d’aucune, mais il n’en est aucune également à laquelle je ne me sente attaché.  »

On retrouve en effet dans l’écriture d’Apollinaire des influences nombreuses :

– L’influence du romantisme à travers les thèmes de l’automne (la saison romantique par excellence), de la nostalgie et du temps qui passe.

– L’influence du symbolisme dans des poèmes comme « Le larron », « Lul de Faltenin », « L’Ermite », « Le signe ». Ces poèmes sont polysémiques, souvent hermétiques et contiennent des signes qu’il convient de décoder.

– L’influence de Baudelaire puisque le titre Alcools évoque l’ivresse assimilée par Baudelaire à l’inspiration poétique (une section des Fleurs du Mal s’intitule « Le vin »).

– L’influence de Verlaine est évidente dans « les colchiques » ou dans les poèmes de « A la Santé » qui font songer aux poèmes écrits par Verlaine en prison.

– L’influence des mythes germaniques qu’Apollinaire se réapproprie dans « Rhénanes ».

Pour Apollinaire, la poésie ne doit donc pas être « résolument moderne » mais plutôt faire la jonction entre l’ancien et le nouveau comme le montrent les métaphores dans « Zone » entre l’avion et la Croix du Christ, l’autobus et un animal « mugissant ».

Tu étudies Apollinaire ? Regarde aussi :

Biographie d’Apollinaire
« Si je mourais là-bas », Apollinaire
« La colombe et le jet d’eau », Apollinaire
La prose du Transsibérien, Blaise Cendrars
Sido et Les Vrilles de la vigne, Colette : fiche de lecture
Capitale de la douleur, Eluard [fiche de lecture]
Prose du transsiberien, Cendrars [fiche de lecture]
Cahiers de Douai, Rimbaud [fiche de lecture]
Mes forêts, Dorion [fiche de lecture]
La Rage de l’expression, Ponge [fiche de lecture]

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

22 commentaires

  • Bonjour,
    Merci de m’avoir renvoyé la leçon 2. Votre site est très riche d’informations mais aussi très clair. Pour l’instant, on fait de l’analyse linéaire sur Zone et en parcours associé (je pense) 😮 Paris et Hérodiade. (pour l’oral). Cependant, je ne savait pas comment organiser toutes ces données. Vos fiches méthodes sont des outils précieux. Merci de nous faire partager vos connaissances. Guillaume

  • BONJOUR, je dois choisir un thème récurrent dans le recueil Alcools et faire un lien entre ce thème et la modernité poétique. Je ne sais pas la mort et la fuite du temps pourrait être un bon thème dans ce cas.

  • Bonjour, pouvez-vous m’indiquer pourquoi le titre de ce recueil s’appelle « Alcools » ? En effet, le temps est métaphorisé avec l’eau, l’alcool et aux substances liquides, ne serait donc-t-il plus judicieux de l’appeler « Liquides » ? Et finalement pour « Alcools » au pluriel, de quels alcools parle-t-il ? Je sais très bien que vous n’êtes pas Apollinaire mais ayant chercher de nombreuses fois sur Internet et dans mes livres en vain je me permets de vous demander cela. Merci bien et bonne journée.

    • Le nom de ce receuil devait etre « eau de vie » mais fut changer pour Alcools afin de laisser plus de themes s’en degager car le premier nom etait trop précis.

    • Bonjour, j’ai étudié la question en cours et je pense que ça peut peut-être t’aider.

      Le recueil a d’abord été appelé « Le Vent du Rhin » en référence au cycle Rhénan ( je crois un des premier écrit ).
      Ensuite Apollinaire l’a nommé « Eau de Vie », donc on retrouve déjà la thématique de l’alcool mais avec la métaphore de la distillation : le recueil serai l’extrait pur, l’essence même de la vie de l’auteur. De plus, ce serait en rapport avec la vie en elle même, un peu comme l’éloge de celle-ci.
      Et finalement, Apollinaire a choisit « Alcools » au pluriel pour représenter le nombre de poèmes. Il est beaucoup plus provocateur que le titre précédent avec la référence à l’alcoolisme. Ce titre permet d’évoquer l’ivresse de l’existence, créée par l’alcool lui même et l’ivresse de l’écriture. Cette première peut référer à l’alcool qui brûle donc avec « Le Brasier ». Alors que la seconde montre l’alcool métaphorique qui soulage, une ivresse salutaire qui permet d’extérioriser et d’échapper à la douleur.
      Il y a une fracture constante entre le déchirement et l’apaisement dans le recueil et le titre le représente. Quand Apollinaire est « fatigué de la vie » il se réfugie dans l’ivresse de l’écriture.
      On peut le mettre en relation avec « Les Fleurs du Mal » de Baudelaire qui devait s’appeler à l’origine « Les Lesbiennes ».
      Dans les deux recueils on retrouve cette dimension de beauté extraite du mal et de la laideur, comme « Charogne » de Baudelaire.

      Voilà, je ne suis sure de rien mais c’est ce que j’ai pris en note de ce que ma professeure nous a dis en cours.
      J’espère que j’ai pu t’aider, bonne journée.

  • Bonjour Amélie,
    J’adore le français, et votre site est vraiment génial pour en profiter! J’ai l’impression d’avoir un tout au niveau, et une bonne culture littéraire après l’avoir découvert! Je ne m’en sers pas que pour avoir mes textes pour l’oral, dès fois il m’arrive d’ouvrir un commentaire au hasard et d’en comprendre l’analyse que vous en faites, je suis persuadé d’avoir réussi mon bac de français écrit en partie grâce à vous, je vous en remercie énormément,
    Continuez ainsi… mais ne vous fatiguez pas trop non plus 😛 !

  • Merci beaucoup pour votre travail de qualité, c’est quelque chose de très fiable, dont je me suis souvent inspirer pour mener à bien mes révisions. C’est un très bon support pédagogique, merci pour toute votre implication :))

  • Cinq œuvres de ce recueil font partie de mes lectures analytiques, rien de tel pour mener à bien les révisions avant la dernière ligne droite ! Merci beaucoup pour le travail que vous fournissez, même ma professeure de français conseille votre site, vous êtes géniale !

  • merci beaucoup pour votre aide, par contre mon bac est le 5 juin et je ne trouve pas encore certains commentaires dont: les reveries d’Emma (madame bovary)
    guillaume de lorris : la fuite du temps et la peste; Tarrou et la troisieme categorie.
    si vous avez fait les commentaires ci-dessus especiallement celle de madame bovary car c’est de la lecture analytique merci beaucoup car j’ai confondu celui la avec le commentaire : monde imaginaire…

  • Merci beaucoup pour tout ce que vous faites ! Je suis en 1ère et je lis régulièrement vos commentaires, ça m’aide énormément pour le bac français en me donnant des idées ou des manières de voir les textes que je peux réutiliser en devoirs sur table…
    Grâce à vous je suis plus confiante malgré l’épreuve qui arrive dans quelques semaines >~<
    Merci !

    • Merci pour ton message Marie ! Si tu lis régulièrement mes commentaires, tu as dû étoffer ta culture littéraire. Tu as raison d’être confiante 🙂 Bon courage pour ces dernières semaines de révisions !

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