L’étranger, Camus : incipit (analyse)

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l'étranger camus chapitre 1Voici une analyse de l’incipit de L’Étranger d’Albert Camus (« Aujourd’hui, maman est morte… » ).

L’extrait commenté va de « Aujourd’hui, maman est morte » à « J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler » . Clique ici pour lire cet extrait du chapitre 1 de L’Etranger.

L’Etranger, Camus, Incipit : introduction de commentaire

Camus écrit L’Étranger en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale.

Nombre de ses œuvres seront marquées par cette guerre et par les sentiments nés de l’absurdité du monde et du besoin de révolte face aux crimes commis par l’humanité.

L’Étranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » et qui transpose en roman sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’existence n’a pas de sens et seule la fatalité et le hasard guident nos pas.

Le récit de Meursault illustre effectivement ces idées : il se contente de décrire les événements de manière distante et détachée, même lorsque quelque chose le touche de près, comme la mort de sa mère dans l’incipit.

Dans ce commentaire, nous verrons que le chapitre 1 (incipit) de L’Etranger de Camus présente à la fois des caractéristiques classiques d’un incipit et des éléments surprenants (I), notamment l’attitude du narrateur, un personnage tout à fait atypique (II). Il faudra cependant nuancer notre jugement et prendre en compte l’ambiguïté de la narration (III)

Questions possibles sur l’incipit de L’Etranger:

♦ Qu’est-ce qui fait l’originalité de cet incipit ?
♦ En quoi cet incipit éclaire-t-il le titre du roman (L’Etranger) ?
♦ Comment est construite dans cet incipit la personnalité ambigüe de Meursault ?
♦ Meursault est-il présenté comme un anti-héros ?

Pour savoir comment répondre à ces questions, clique ici.

I – Un incipit à la fois traditionnel et déroutant

A – Caractéristiques classiques

Comme dans les incipits de romans traditionnels, les premières pages de L’Etranger nous donnent un cadre spatio-temporel précis.

Le début du deuxième paragraphe nous informe ainsi que le narrateur se trouve à Alger, qui est « à quatre-vingt kilomètres » de Marengo (où se trouve l’asile de vieillards où vivait la mère du narrateur).

Même si nous ne savons pas à quelles dates précises se déroule l’action, le texte comporte de nombreuses indications temporelles : « aujourd’hui » (premier mot), « hier » (deuxième phrase), « à deux heures », « après-demain », etc.

Ce début de roman est également classique en ce sens qu’il présente une situation initiale particulière, qui déclenche l’intrigue : le narrateur vient de recevoir « un télégramme de l’asile » lui annonçant la mort de sa mère, il va donc entamer un court voyage et se rendre à Marengo pour régler les formalités et assister à l’enterrement.

B – L’originalité de l’incipit : un décalage entre le contenu et le style

Là où l’incipit déroute, c’est dans la présentation très factuelle des événements, alors que le récit est écrit à la première personne (focalisation interne) et que le narrateur est intimement concerné par ce qui se passe, c’est-à-dire le décès de sa mère qu’il vient tout juste d’apprendre (début in medias res : le lecteur entre dans le roman directement au cœur de l’action).

On remarque immédiatement que le texte est marqué par l’absence totale d’un lexique psychologique qui exprimerait les sentiments ou émotions d’un narrateur. Lorsqu’il est « étourdi » (troisième paragraphe), ce n’est que parce qu’il a monté des escaliers.

En revanche, ce passage fourmille de détails purement informatifs, donnés dans des phrases simples (sujet-verbe-complément) et déclaratives qui ne sont pas sans rappeler le style laconique du télégramme : « J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. » (début du troisième paragraphe).

La banalité du propos est surprenante : il prend la peine d’expliquer qu’il s’endort à cause sa course, des « cahots », de « l’odeur d’essence », de « la réverbération de la route et du ciel », alors qu’il ne manifeste aucun sentiment de tristesse.

Ces phrases courtes et banales contrastent avec la situation exceptionnelle qu’est en train de vivre le narrateur.

Transition : L’incipit d’un roman joue aussi le rôle d’accroche, et c’est ici l’originalité de la narration qui intrigue le lecteur.

La bizarrerie du comportement de Meursault dérange et crée une sorte de suspense : qui est-il vraiment et comment expliquer son comportement ?

II – Un personnage atypique

A – Un personnage en apparence complètement détaché …

Mersault apparaît tout de suite comme un personnage indifférent et détaché.

Ainsi, lorsqu’il reçoit le télégramme, il affirme : « Cela ne veut rien dire », alors que l’information donnée est très claire (« Mère décédée »).

Il donne l’impression d’être davantage préoccupé par le jour exact du décès (« aujourd’hui » ou « hier » ?) que par la mort de sa mère.

On a par ailleurs l’impression qu’il a hâte que cette mort soit « une affaire classée », comme s’il ne s’agissait que d’un léger désagrément à régler avant que la vie ne reprenne son cours habituel.

De même, malgré cet événement exceptionnel, il ne change pas ses habitudes et rend au restaurant pour manger : « J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude », ce qui semble indiquer qu’il n’est pas particulièrement troublé par la nouvelle qu’il vient de recevoir.

La réaction de ses amis et connaissances au restaurant, qui « ont tous beaucoup de peine » pour lui, met l’accent sur l’absence d’émotions de la part du narrateur lui-même.

Détaché du monde, Meursault apparaît parfois comme un enfant : phrases simples, peu de connecteurs, utilisation du mot « maman », sieste dans le bus pour Marengo (« je me suis assoupi », « j’ai dormi presque tout le trajet »)… Il semble ne pas avoir pleinement conscience du monde qui l’entoure.

B – …Mais en réalité complexe

Malgré cette apparente indifférence, Meursault fait preuve de bonne volonté tout au long de cet incipit et se conforme aux codes.

Il a l’intention de partir sans tarder pour pouvoir veiller sa mère (« Ainsi, je pourrai veiller », paragraphe 2), il demande « deux jours de congé à [son] patron », il a l’intention de porter les habits de deuil (« quand il me verra en deuil ») et emprunte même à son voisin Emmanuel « une cravate noire et un brassard ». A cet égard, il fait tout ce qu’on attend de quelqu’un qui vient de perdre sa mère.

Cet incipit dévoile en outre un personnage qui se sent coupable, comme le montre la conversation rapportée entre lui et son patron.

Il se sent obligé de justifier son départ pour que le patron ne pense pas qu’il cherche simplement à prendre des congés : « Ce n’est pas de ma faute », même s’il ajoute immédiatement : « je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. »

Transition : Malgré son apparent détachement et une absence d’émotions, l’incipit révèle un narrateur plus complexe qu’il en a l’air. Le lecteur doit-il déjà faire son procès, ou y a-t-il des raisons qui expliquent cette attitude ?

III – Un personnage à condamner ?

A – Une situation d’énonciation ambigüe : entre journal intime et compte rendu

Le récit dans ce chapitre 1 de L’Etranger prend la forme d’un journal, comme le montrent l’utilisation de la première personne et du passé composé j’ai reçu », « j’ai demandé »). Nous sommes donc dans le domaine de l’intime.

Le narrateur y fait l’inventaire de ses actions de la journée par de nombreux verbes d’action (« j’ai pris l’autobus », « j’ai mangé », « je suis parti », etc.), selon un déroulement chronologique.

Il expose également ses projets. Le futur sert à décrire les actions qu’il compte entreprendre dans un avenir proche : « Je prendrai l’autobus », « j’arriverai dans l’après-midi ».

Il manque cependant au récit l’analyse des événements et la description des sentiments propre au style du journal.

Au contraire, Meursault livre au lecteur une sorte de compte rendu extrêmement factuel, n’hésitant pas à détailler des éléments sans importance, comme le fait qu’il ait la tête qui tourne en montant un peu vite les escaliers.

B – Les indices de l’attachement à sa mère

Même si ce n’est pas évident au premier abord, certains petits indices montrent que Meursault avait de l’affection pour sa mère et que sa mort le touche.

Ainsi, lorsqu’il reformule le message du télégramme dans ses propres mots (« Aujourd’hui, maman est morte »), « mère » devient « maman », « décédée » devient « morte ». Le style froid et officiel du télégramme prend une dimension plus humaine, presque enfantine, dans les mots de Meursault, trahissant un certain désarroi.

Par ailleurs, il ne semble pas prendre pleinement conscience de cette nouvelle.

Bien qu’il décide de partir immédiatement, il affirme un peu plus loin : « Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte » (reprenant ainsi la formulation enfantine). C’est une sorte de déni qui contribue à expliquer son attitude détachée.

De même, l’explication qu’il donne au fait qu’il s’endorme immédiatement comprend beaucoup de choses : la course, les cahots, l’odeur d’essence, la réverbération, mais l’utilisation de l’adverbe « sans doute » (« c’est à cause de tout cela sans doute ») peut être interprété comme une incertitude de la part du narrateur, qui est peut-être plus affecté qu’il ne veut bien l’admettre (le « tout cela » pourrait bien inclure la mort de sa mère).

C – Une langue très personnelle

La focalisation interne et la narration à la première personne rendent le lecteur dépendant du personnage. Nous découvrons son histoire à travers ses mots, ses formulations (par exemple sa reformulation du télégramme), et ce qu’il choisit de dire.

Il apparaît rapidement que Meursault rechigne à évoquer ses propres émotions, alors qu’il se plaît à donner de nombreux détails factuels et insignifiants, ou à expliquer ce qu’il ressent à travers des causes physiques (il est étourdi parce qu’il a fait un effort, il a sommeil parce qu’il fait chaud, etc.)

Meursault a visiblement du mal à parler de lui-même (il ne répond rien de particulier aux condoléances que lui présentent ses amis et Céleste) et reste mutique lorsqu’un autre passager du bus tente d’engager la conversation : « J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler ».

Le lecteur se retrouve ainsi devant un certain paradoxe : il lit le récit d’une personne qui raconte elle-même son histoire sans avoir vraiment envie de parler, ce qui explique en partie l’étrangeté et le malaise qui découlent de la lecture.

Incipit de l’Etranger : Conclusion

C’est un personnage extrêmement ambigu qui est introduit dans cet incipit. Son apparente froideur est à nuancer, car de nombreux indices montrent un personnage plus affecté qu’il n’y paraît.

Le début du roman annonce déjà le procès : l’incompréhension du jury sera à l’image de l’incompréhension du lecteur dans l’incipit, face à l’attitude étrange de Meursault.

En plus d’un sens, ces quelques paragraphes suffisent à expliquer le titre : Meursault est étranger au monde (car il ne mesure pas totalement la portée des événements) et étranger à lui-même (car il n’est pas capable de formuler ce qu’il ressent).

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

93 commentaires

  • Bonjour Amélie,grâce à votre commentaire sur l’étranger de Camus, j’ai pu passer mon oral de français un peu plus sereinement et j’ai obtenu la note de 14, ce qui pour moi est très bien puisque au bac blanc, j’avais eu 9.
    Je recommande votre site à tous ceux qui veulent progresser car la clarté de vos explications nous aident vraiment. Merci encore et bonnes vacances. Ah! j’oubliais : je serais très intéressé par des commentaires en philo car à la rentrée, je vais vers l’inconnu total….

    • Merci beaucoup pour ton retour Brice ! Je suis heureuse de savoir que mon site t’a aidé à atteindre de si bonnes notes 🙂 Je ne fais pas d’explications de texte en philo, du moins pour le moment, car mon site sur le bac de français me prend déjà beaucoup de temps. Mais j’espère que tu trouveras une aide sur d’autres sites.

  • Bonjour merci pour cette analyse mais je me demandais si vous pourriez me donner une idée d’ouverture s’il vous plait merci d’avance 🙂

  • Bonjour !
    Merci beaucoup, votre site m’a énormément aidé à préparer mes fiches pour l’oral de français.
    Merci encore ! Continuez, c’est vraiment super !

  • très bien. j’aime beaucoup ton site Amélie. j’aimerais faire une dissertation sur le paragraphe qui parle de « l’enterrement de la mère de Maurseult » Pourriez vous m’aider Professeur Amélie. merci bonne continuaation

    • Bonjour Idriss,
      Je n’ai pas la possibilité de faire de l’aide personnalisée aux devoirs car vous êtes nombreux à venir consulter mon site et j’ai moi-même beaucoup de travail ! J’espère quand même que l’ensemble de mes analyses sur L’Etranger t’aideront à réaliser ton exposé. Bon courage !

    • Salut
      Incendie de wajdi mouawad est un livre d’un auteur Maghrébin ayant des textes plutôt intéressant. Je pense que tu pourras trouver ton bonheur à travers celui-ci.
      Have a good day 🙂

  • Bonjour Amélie,
    Je me suis énormément aider de cette fiche mais je ne comprends toujours pas le sens du I)b) au moment où l’incipit déroute des présentations très factuelles dès événements (le petit paragraphe).
    Et est il possible de réaliser cette fiche sans la partie III où est elle très importante?
    Merci d’avance !

  • Bonjour,
    Je ne vois pas en quoi le A du III illustre ce III. En effet, en quoi dire que la situation d’énonciation est ambigüe permet-il de démontrer que le personnage est/n’est pas à condamner ? Je ne cherche pas à critiquer, simplement à comprendre… 🙂

    • Bonjour Nathan,
      Si Meursault fait un compte-rendu factuel de ses journées, cela peut expliquer la neutralité de son écriture : il ne cherche pas à se confier mais juste à garder trace des événements, dans l’ordre chronologique.

      • Cette partie veut donc dire que cet incipit n’est pas un journal intime ? Qu’il est plutôt un compte rendu et donc que Meursault n’a pas à évoquer ses sentiments mais à énoncer les faits de façon objective ?

  • Bonjour je vous remercie beaucoup pour vos plans, ils sont vraiment très utiles.
    J’ai quelque petites questions à vous poser d’abord est-ce qu’il est préférable pour répondre à une problématique de réaliser un plan comportant uniquement deux axes et deux sous-axes chacuns? Et pendant l’exposé à l’oral est-ce qu’on a le droit de poser des questions rhétoriques pour mieux avancer dans notre analyse ou bien par exemple en guise de transitions?
    Pour l’incipit de l’Etranger j’ai fait un plan, si vous pouvez voir si il est bon:
    I-Un incipit original
    a)Respect de la fonction informative
    b)Une fonction expressive (à travers de l’horizon d’attente, le lecteur veut connaître plus)

    II-Deux personnalités opposées
    a)L’insensibilité de Meursault
    b)Les réactions des autres (Céleste, le patron, la société en général)

    Merci d’avance!!!!!

    • Ton plan est intéressant mais attention à la formulation de ton deuxième axe : il n’y a pas « deux personnalités opposées » dans cet extrait, mais plutôt « un personnage atypique », c’est à dire un personnage dont les réactions ne sont pas dans la norme attendue.
      Les questions rhétoriques durant ton exposé peuvent fonctionner très bien. Pour le plan, peu importe le nombre d’axes et de sous-parties (2 ou 3) : l’essentiel est de répondre à la question avec un exposé de 10 minutes.

  • merci bcp chere professeur pour votre soutien tout le temps ,un grand merci, svp est ce qu’on peut avoir ici des analyses concernent les figures de styles,

  • Bonjours Amélie. Tout d’abord merci pour votre aide qui m’est très précieuse. Je passe prochainement loral de Français et j’essaie d’utiliser la technique du lynx, mais je suis un peu dérouté pour lincipit, et je n’arrive pas à adapter mon plan à la problématique « Un anti héros? « . J’ai appris le plan de mon cours:
    I)Un incipit traditionnel
    1)fonction informative
    2)fonction codifiante (journal intime)
    3)fonction séductive

    II)Une nouvelle conception du romanesque
    1)Écriture désincarnée (pas de description)
    2)Logique particulière (personnage déroutant)

  • Bonjour, je me permet de rajouter le fait que cet incipit a une portée proleptique : On a le champs lexical du procès : « affaire classée », « allure plus officielle », « faute », qui annonce la suite du roman.
    Sinon merci !!

  • Bonsoir,

    Il y a un point que je n’assimile pas concernant l’axe numéro 3.
    En effet, le grand A de cette partie développe un cas d’énonciation ambigu entre le journal intime et le compte rendu factuel pour répondre à la question « Meursault, un personnage à condamner ? ». Or je ne comprend pas en quoi la limite entre journal intime et compte rendu répond à cette problématique et nous éclaire sur la dimension coupable de Meursault.

    Merci d’avance.

  • Par rapport au début de votre sous-partie II-b

    Peut-on penser que le comportement de Meursault de s’en tenir aux codes peut être vu comme une critique par Camus de ces codes, Meursault étant une caricature de celui qui fait semblant d’être en deuil pour respecter la personne décédée, mais ne ressent rien de plus.

  • salut j’ai un commentaire a rendre pour la rentrée et j’aurai besoin d’aide pour la problématique et le plan c’est sur le chapitre 3 de la première partie :

    Aujourd’hui j’ai beaucoup travaillé au bureau. Le patron a été aimable. Il m’a demandé si je n’étais pas trop fatigué et il a voulu savoir aussi l’âge de maman. J’ai dit « une soixantaine d’années », pour ne pas me tromper et je ne sais pas pourquoi il a eu l’air d’être soulagé et de considérer que c’était une affaire terminée.
    Il y avait un tas de connaissements qui s’amoncelaient sur ma table et il a fallu que je les dépouille tous. Avant de quitter le bureau pour aller déjeuner, je me suis lavé les mains. À midi, j’aime bien ce moment. Le soir, j’y trouve moins de plaisir parce que la serviette roulante qu’on utilise est tout à fait humide : elle a servi toute la journée. J’en ai fait la remarque un jour à mon patron. Il m’a répondu qu’il trouvait cela regrettable, mais que c’était tout de même un détail sans importance. Je suis sorti un peu tard, à midi et demi, avec Emmanuel, qui travaille à l’expédition. Le bureau donne sur la mer et nous avons perdu un moment à regarder les cargos dans le port brûlant de soleil. À ce moment, un camion est arrivé dans un fracas de chaînes et d’explosions. Emmanuel m’a demandé « si on y allait » et je me suis mis à courir. Le camion nous a dépassés et nous nous sommes lancés à sa poursuite. J’étais noyé dans le bruit et la poussière. Je ne voyais plus rien et ne sentais que cet élan désordonné de la course, au milieu des treuils et des machines, des mats qui dansaient sur l’horizon et des coques que nous longions. J’ai pris appui le premier et j’ai sauté au vol. Puis j’ai aidé Emmanuel à s’asseoir. Nous étions hors de souffle, le camion sautait sur les pavés inégaux du quai, au milieu de la poussière et du soleil. Emmanuel riait à perdre haleine.
    Nous sommes arrivés en nage chez Céleste. Il était toujours là, avec son gros ventre, son tablier et ses moustaches blanches. Il m’a demandé si « ça allait quand même ». Je lui ai dit que oui et que j’avais faim. J’ai mangé très vite et j’ai pris du café. Puis je suis rentré chez moi, j’ai dormi un peu parce que j’avais trop bu de vin et, en me réveillant, j’ai eu envie de fumer. Il était tard et j’ai couru pour attraper un tram. J’ai travaillé tout l’après-midi. Il faisait très chaud dans le bureau et le soir, en sortant, j’ai été heureux de revenir en marchant lentement le long des quais. Le ciel était vert, je me sentais content. Tout de même, je suis rentré directement chez moi parce que je voulais me préparer des pommes de terre bouillies.

  • Salut…..je vous remercie infiniment à ton aide car j’aurai à présenter le mardi prochain le compte rendu oral de ce roman (l’étranger)
    j’ai rencontré des difficultés au niveau de l’analyse de ce roman ms maintenant je les ai tous dépassé après lire quelques commentaires que vous avez déjà publier ainsi que voir des vidéos sur YouTube
    merci intensément de nous faciliter le fait d’analyser un livre

  • Bonjour, merci beaucoup pour tous ces commentaires mis à notre disposition ! J’ai cependant une question, j’ai vu dans un aure commentaire que nous pouvions trouver un lien de téléchargement pour les commentaires mais je ne le trouve pas… Pourriez-vous me dire si ce lien existe toujours s’il vous plaît ?
    Merci d’avance et bonne journée !

  • Bonjour,
    Merci pour toutes ces précisions, je ne suis plus au lycée mais j’ai décidé de me remettre à la lecture des « classiques » de la littérature française, et il est vrai qu’il est parfois difficile d’avoir une analyse poussée lorsque l’on est seule à lire le livre et qu’un professeur n’est pas là pour nous aiguiller sur le sujet ou pour approfondir l’analyse. Plus qu’une lecture en surface, j’avais besoin d’aller plus loin dans la compréhension de ce roman. Grâce à vos différentes analyses, j’ai pu mieux comprendre certains passages du livre et comprendre les messages que l’auteur à voulu faire passer. Merci à vous

  • Bonjour Amélie,
    Je souhaitais vous remercier -certes, un peu en retard…- d’avoir mis cette fiche à disposition. Elle m’a, en effet, permis d’avoir un 19/20 à l’oral de français. Merci beaucoup !

    • Ce plan permet bien de répondre à toutes les questions, mais il faut bien sûr faire un effort pour adapter les intitulés à la question posée. Pour cela, je t’invite à regarder mes articles et vidéos sur l’oral de français.

      • Bonjour Amélie
        Merci beaucoup pour votre reponse
        J’ai passer le bac de français hier.
        Je n’étais pas inscrit à votre formation. Cependant même votre formation gratuit de 10 leçons m’a été très utile
        Merci beaucoup.

        Ps: En fait hier dans le corpus j’ ai oublié un texte, le dernier sur Robert Desnos et donc je n’ ai pas intégré d’ exemple. Sachant que mon plan était :
        – la description des auteurs
        – mais à travers la description des auteurs c’ est leur œuvre qui est décrit.
        Est ce que vous pourriez me dire combien la note que je pourrais sachant que dans le stress je n’ ai pas vu le dernier texte svp.
        Merci.

  • Bonjour Amélie,
    Je n’ai pas trouvé le commentaire qui porte sur la demande en mariage(Le soir…tendre sa bouche) du livre L’Etranger d’Albert Camus.Et donc je voudrais savoir le plan que tu pense correspondre le milieu à ce passage.
    Merci

  • Bonsoir,
    quelqu’un aurait-il une idée de romans sur lequel une ouverture de conclusion serait possible?
    Pourquoi pas sur un personnage du romantisme avec l’épanchement de ses sentiments ce qui permettrait de le mettre en opposition avec Meursault?

  • Bonjour Amélie, juste un petit commentaire pour te remercier. Ton analyse sur l’incipit de l’Etranger m’a permis d’avoir des fiches complètes et d’obtenir un 19 à mon oral blanc sur ce texte. Ton travail est juste génial ! Merci

  • Bonjour Amélie, j’aimerai savoir si ton plan sur l’incipite de L’Etranger de Camus pourrait répondre à cette problématique :
    -En quoi l’écriture de cet incipite se fait reflet d’une nouvelle conception de l’homme et du monde qui déroute le lecteur ?

  • Bonjour,
    Merci pour ce commentaire, ça aide beaucoup!
    Même si c’est le style neutre du roman qui le veut, est-ce un problème qu’il n’y est pas beaucoup de forme à analyser, et bien plus de fond?

  • Bonsoir Amélie, j’ai du mal à faire un plan pour la lecture analytique de cet incipit.
    J’ai commencé par résumé brièvement l’événement et les actions du personnage, j’ai dit qu’on apprenait peu de lui dans ses paroles, mais en revanche c’est l’écriture de la narration qui nous révèle ce personnage. L’écriture est « transparente » mais elle construit le personnage, et non le personnage lui-même.
    Ce que je veux dire par là c’est que selon moi, nous en connaissons plus de sa vie grâce à l’écriture que lui-même. Le langage qu’il utilise est facile, on comprend les mots, mais pas le sens de ces mots, et l’écriture de la narration va nous éclairer sur leur sens. Je parle de la focalisation, malgré que le récit soit à la première personne, on nous glisse dans ce personnage mais, on n’a aucun accès à ses émotions pour la simple raison qu’il n’en éprouve pas et que son esprit est vide. Ce personnage est absent, il est en retard sur les événements.Et c’est pour ça que je ne suis pas d’accord avec toi lorsque tu dis « qu’il rechigne à évoquer ses émotions », selon moi, au moment de la nouvelle, il ne ressent rien, c’est à la fin du roman, qu’il a pris conscience qu’il a perdu sa mère.
    Je souhaite aussi parler du temps des verbes, et des indications de lieux et de temps, mais je ne sais pas comment organiser un plan avec toutes mes idées.
    Merci d’avance si tu peux me diriger.

  • Bonjours, je passe mon oral la semaine prochaine et je me demandais qu’elle ouverture faire sur ce texte. J’ai lu en oeuvre complémentaire La Bête Humaine de Zola mais je ne vois pas comment faire un rapprochement avec cet extrait.
    Merci d’avance

  • c’est un synthése est trés beau ms je suis important me donner quelques idés pour l’etranger ne pas compliquer s’il vous plait ???!!!

  • Bonjour Amélie
    Voilà , je suie votre blog il y a maintenant quelque semaine . C’est très intéressant et ça m’aide beaucoup cependant je trouve quelque difficulté lorsque je recherche quelque chose en particulier , il n’ y a pas un barre de recherche . Et ça m’aiderai beaucoup si il y en avait

  • bonjours madame j aimerais que vous mes aides sur l oeuvre de l etranger de camus sur la notion philosophique et litteraire je etudiant a l universite de djibouti en lettres modernes

  • Je vient de passer mon orale de francais ce matin et je suis tombé sur ce texte (l’incipit de l’étranger) je voulais donc vous remercier pour cette lecture analytique qui m’a beaucoup aidé ! Ma question était : que nous apprend l’incipit sur le personnage ? J’ai donc dit dans un premier temps que l’incipit nous apprend que le personnage est indifférent, puis dans un second temps que meursault avait une logique déconcertante et enfin qu’il est tout de même assez lucide (les observations implicites de l’affectif) es que mon plan répond a la question ? Quel était le plan attendu ? Merci de me donnez votre avis 🙂

  • Bonjour Amélie, je passe l’oral de français demain, et je ne sais pas du tout sur quoi je pourrais ouvrir avec ce texte. L’ouverture que nous avons écrite en cours est une question, mais je n’arrive pas à la retenir et si l’examinateur me demande d’y répondre, je ne saurais pas quoi dire. Pourriez vous me donner une idée sur quels textes je pourrais ouvrir si je venais à tomber sur l’incipit de l’Etranger pour mon oral?

    • Etant donné que je ne sais pas sur quelle oeuvre ouvrir, je comptais ouvrir sur ce roman mais un autre extrait. Dans mon plan, je parle du style télégraphique, alors voilà mon ouverture :
      Le style télégraphique, qui caractérise la narration dans cet incipit disparaît à la fin du roman, à l’explicit, au profit de l’expression de la révolte de Meursault, prenant conscience de l’absurdité de la vie et du monde.
      Je me demandais si cette ouverture pouvait être valable.

  • Bonjour ! Merci beaucoup pour cette lecture analytique qui m’a beaucoup aidé ! En revanche, pourriez-vous m’aider à trouver un plan pour la question « Meursault est-il présenté comme un anti héros ? », et « Qu’est ce qui fait l’originalité de cet incipit ? »

    Merci d’avance, Alexia.

  • Bonjour, merci pour ce commentaire. Je signale juste un petit oubli de mot dans la partie I)B) « à cause sa course », il manque le « de ».
    Bye!

  • Excusez moi, mais dans mes lectures analytiques, j’ai l’excipit de l’étranger et je dois avouer que l’explication qu’on m’en a donné est un peu confuse …. serait il possible que vous puisses nous donner une ou de piste de compréhension notamment au sujet de la prise de conscience libératrice de l’absurde … je ne comprend vraiment pas ….

    Merci !!

    ( Le plan que nous avons fait est :
    I- L’expression de l’apaisement
    II- communion avec la mère
    III- Acceptation et libération de l’absurde )

  • Vous avez oublié un mot ici:
    2.Un personnage atypique
    A.Un personnage en apparence complètement détaché…
    « …De même, malgré cet événement exceptionnel, il ne change pas ses habitudes et rend au restaurant pour manger… »
    « …De même, malgré cet événement exceptionnel, il ne change pas ses habitudes et « se » rend au restaurant pour manger… » (l10)

  • Bonjour Amélie, merci pour cette aide très précieuse , j’ai une analyse à connaitre pour l’oral qui est la demande en mariage de l’Etranger , je cherche donc un plan qui puisse fonctionner avec un maximum de problématiques. Pensez vous que celui ci soit le bon ?
    I]Un dialogue qui ne fonctionne pas
    1. Les rôles renversés : une demande en mariage insolite

    2. Un dialogue refermé sur lui-même, marqué par le silence

    3. Une écriture sans relief, à l’image du vide du dialogue et du narrateur

    II. Deux attitudes opposées inconciliables

    1. Marie, un personnage conformiste

    2. L’indifférence et l’étrangeté de Meursault

    III. Quelles perspectives pour la suite du roman ?

    1. Une apparente promesse de bonheur

    2. Des perspectives pessimistes, germe de l’échec du couple
    Merci d’avance !

    • Salut Clara!!!
      Ton plan pour la demande en mariage me semble très PERTINENT quoique je ne sois pas un grand fan des plans en 3 parties…
      Bon courage à toi pour l’oral

    • Bonjours Clara, j’ai également une lecture analytique sur la demande en mariage. Je n’ai que très peu d’éléments sur le développement. Pourrais-tu m’envoyer une photo de ton cours ou autre afin que je puisse récupérer chaques idées. Qui me seraient d’une grande aide.
      J’ai créer un compte facebook pour ce genre de questions « Degun Personne ». Ajoute moi si tu souhaite me contacter par là. Merci d’avance et bonnes révisions à tous et toutes 🙂 !.

  • Bonjour Amélie, merci beaucoup pour cette explication on ne peut plus claire de l’incipit. Est-ce que vous pourriez faire une analyse ou une explication du texte Préface à l’édition américaine de Camus svp ? J’ai reçu ce texte en document complémentaire mais je ne l’ai pas du tout compris.

  • Bonjour Amélie,
    Allez-vous faire un commentaire sur l’excipit de l’étranger ? Car j’ai beaucoup de mal à structurer les idées du professeur.
    Merci

  • Bonjour Amélie ,

    SVP Ce plan pour l’oral est il valable pour toutes les problématiques que vous aviez indiquées ?

    I-un narrateur présent
    a)énonciation dynamique
    b) un repère spacio-temporel

    II-un héros étrange
    a)un deuil dénué de chagrin
    b)un univers personnel singulier

    Et Pourriez vous SVP m’expliquer ce que c’es un anti-héros ?(j’ai fait beaucoup de recherches mais je n’ai pas compris)

    Merci beaucoup

  • Bonjour Amélie,
    Pourriez-vous me dire quand est-ce que Meursault réalise que la vie est absurde (prise de conscience)?

    Merci énormément!

    Superbe site en passant 🙂

    • Cela se déroule à l’excipit, lors de sa rencontre avec l’aumonier ( je sais que tu en as plus besoin après tout ce temps, mais ça pourrait aider les autres 🙂 )

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