Le Cid, Corneille : fiche de lecture

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Le Cid de Pierre Corneille est une des pièces les plus connues du répertoire théâtral français.

Elle est célèbre pour la querelle, nommée « la querelle du Cid » qu’elle souleva, tant elle représente les deux orientations opposées de la création théâtral de l’époque, entre les audaces d’un baroque enflammé, et l’idéal du classicisme.

Le classicisme triomphera en même temps que le pouvoir royal triomphera d’une aristocratie orgueilleuse, représentée dans la pièce.

La pièce de Corneille n’interroge pas seulement les frontières du genre de la tragédie antique. Elle questionne également les libertés de l’individu, soumis aux exigences sociales que l’on attend de lui.

Ce conflit, entre la fidélité à l’honneur familial et l’amour individuel, crée un genre nouveau de héros.

Qui est Corneille ?

Pierre Corneille (1607-1684) est un brillant bourgeois de Rouen. Il abandonne tôt sa charge d’avocat afin d’écrire pour le théâtre. Le succès de ses comédies lui vaut d’être pensionné par Richelieu.

En 1637, la tragi-comédie Le Cid lui vaut un succès populaire retentissant.
Corneille est cependant affecté par la querelle que soulève sa pièce dont l’Académie Française blâme l’irrégularité.

Corneille réoriente alors avec succès sa création vers la tragédie (Polyeucte, 1642), sans complètement abandonner la comédie, comme en témoigne le succès de sa pièce Le Menteur en 1643-1644.

Il tombe cependant en disgrâce aux yeux de Louis XIII, qui l’accuse de privilégier l’aristocratie frondeuse dans Nicomède (1651).

Mais grâce au puissant Nicolas Fouquet, puis à Louis XIV, Corneille renoue avec la gloire littéraire.

L’arrivée triomphante du jeune Racine sur la scène littéraire le convainc cependant de s’en retirer.

Comment résumer Le Cid ?

ACTE 1

Scène 1

La scène est à Séville, (au Siècle d’Or).

Don Gomès dialogue avec Elvire, la suivante de sa fille Chimène. Il demande à Elvire d’informer Chimène qu’il souhaite qu’elle épouse Don Rodrigue, jeune aristocrate qui se distingue par sa beauté et ses vertus guerrières. 
Don Gomes part se faire élire gouverneur par le Roi. 

Scène 2

Elvire apprend avec enthousiasme à Chimène que son père approuve son mariage. Mais Chimène se méfie d’une situation si favorable : « mon âme troublée / Refuse cette joie« .

Scène 3

L’Infante confie à sa gouvernante Léonor qu’elle aime Don Rodrigue pour son « mérite », et qu’elle arrange son mariage avec Chimène afin d’oublier cet amour indigne de son rang de princesse. 

Léonor la blâme puis la plaint.
Elles vont à la rencontre de Chimère qui vient. 

Scène 4

Le père de Chimène reproche à Don Diègue, le père de Rodrigue, de lui avoir usurpé le rang de gouverneur qui lui revenait. 

Don Diègue l’enjoint cependant à marier leurs enfants, puisque « Rodrigue aime Chimène« .

Le comte refuse, les deux nobles se disputent, chacun se prétendant plus noble et courageux que l’autre. Don Diègue incarne une noblesse vieillissante, tandis que Le Comte représente une noblesse guerrière plus jeune.
Le comte gifle Don Diègue, et achève de l’humilier en refusant le duel.

Scène 5

Monologue pathétique de Don Diègue où il se reproche la « vieillesse ennemie » de son corps jadis si vigoureux.
Il considère son fils Rodrigue doit le venger, malgré son amour pour Chimène.

Scène 6

Don Diègue dit à son fils Don Rodrigue qu’il doit le venger d’un humiliant soufflet infligé par un noble très valeureux.

Rodrigue accepte de le venger, mais perd toute contenance en apprenant qu’il doit tuer le père de Chimène.

Scène 7

Monologue pathétique où Rodrigue se lamente du choix qu’il doit faire : « Il faut venger un père, et perdre une maîtresse« .

Il choisit d’abord l’amour, puis se ravise, en affirmant qu’il tuera celui qui humilia sa famille

Il choisit l’honneur collectif à l’amour individuel.

Acte II

Scène 1

Le comte regrette son emportement contre Don Diègue, d’autant plus que le Roi le lui reproche vivement.

Il s’obstine cependant avec orgueil à défier le Roi en refusant de s’excuser, ce que lui reproche Don Arias, émissaire du Roi : « Vous devez redouter la puissance d’un Roi.« 

Scène 2

Rodrigue provoque le comte en duel parce qu’il a humilié son père, tout en rappelant la gloire du comte. Le comte répond à son éloge, refuse le duel mortel, mais finit par l’accepter.

Scène 3

L’Infante et Léonor tentent de rassurer Chimène, que désespère le duel à venir entre son amant et son père : « Impitoyable honneur, mortel à mes plaisirs ».

L’Infante propose alors une solution qu’accepte Chimène : emprisonner Rodrigue pour empêcher le duel. 

Scène 4

L’Infante ne peut cependant convoquer Rodrigue, sorti du Palais en se querellant avec le comte.

Scène 5

L’Infante se lamente d’aimer Rodrigue, car il est indigne de son rang, comme le rappelle Léonor. L’Infante rêve cependant sa victoire contre le comte, ce qui le rendrait enfin digne d’elle

Scène 6

Le roi s’insurge contre l’insoumission forcenée du comte, mais reste clément en rappelant son rôle protecteur.
Il évoque sa longue guerre contre les Musulmans.

Don Alonse, gentilhomme de la cour, annonce la mort du comte. Elle afflige le roi qui perd à la fois un soutien et un sujet orgueilleux.

Chimène vient demander justice.

Scène 7

Chimère et Don Diègue accourent auprès du Roi pour lui demander « justice » : Chimène veut l’exécution de la famille de Don Diègue dont un membre, Rodrigue, perpétra un meurtre qui ravit un fidèle guerrier au royaume.

Don Diègue répond qu’il est le véritable responsable du meurtre du comte, et qu’il doit donc seul être condamné.

Le Roi l’emprisonne en attendant de prendre sa décision. 

ACTE III

Scène 1

Rodrigue pénètre chez Chimène et la cherche pour recevoir d’elle le châtiment qu’il pense mériter : la mort. Elvire le convainc de ne pas se soumettre au ressentiment de Chimène. Elle vient, Rodrigue se cache. 

Scène 2

Par amour, Don Sanche propose à Chimène de la venger, et dénonce la lente justice du Roi. Chimène refuse pour ne pas offenser le Roi, mais pourrait accepter, si sa justice est trop lente.

Scène 3

Chimène est déchirée entre la fidélité au père et l’amour pour l’amant : « La moitié de ma vie à mis l’autre au tombeau ».

Elvire l’invite donc à renoncer à demander la mort de Rodrigue.
Mais par honneur familial, Chimène décide finalement de poursuivre la mort de Rodrigue pour mourir de tristesse après lui.

Scène 4

Chimène est bouleversée par l’arrivée de Rodrigue. Il justifie son crime (« j’ai vengé mon honneur« ), et demande à en être châtié : « C’est pour t’offrir mon sang qu’en ce lieu tu me vois ».

Chimène est déchirée entre la vengeance et l’amour. Elle décide de pas tuer Rodrigue, mais de prolonger son supplice en le laissant vivant. 

Scène 5

Monologue paranoïaque de Don Diègue, qui croit voir le fantôme du Comte assassiné, dont il craint la vengeance.
L’arrivée de son fils Rodrigue le soulage. 

Scène 6

Don Diègue clame à Rodrigue sa fierté d’avoir un fils si digne : « Je t’ai donné la vie, et tu me rends ma gloire ».

Il l’invite à prendre la tête d’une troupe contre les Maures, pour l’honneur du Roi.

Rodrigue voit dans ce projet une offense au serment qui le lie à Chimène, pour qui il doit mourir.

Mais Don Diègue lui répond que défendre la patrie est plus important, et qu’une victoire serait « l’unique moyen de regagner son cœur. »

Acte IV

Scène 1

Ses succès miliaires contre les Maures font la gloire de Rodrigue.

Chimène est déchirée entre l’admiration amoureuse et la vengeance : « Silence mon amour, laisse agir ma colère ».

Scène 2

L’Infante demande à Chimène d’abandonner son projet de vengeance, Rodrigue étant devenu l’unique salut du royaume contre les Maures.
Chimène s’y résout douloureusement. Désobéir au Roi la « rendrait criminelle ».

Scène 3

Le Roi veut faire Rodrigue seigneur (« Cid » en Arabe), et refuse la vengeance de Chimène.

Rodrigue refuse le titre de « Cid » avec humilité et honneur. À l’invitation du Roi, il raconte sa victoire en une longue tirade épique

Scène 4

Don Alonse annonce : « Sire, Chimène vient vous demander Justice« . Le Roi demande alors à Don Diègue de feindre la tristesse

Scène 5

Le Roi fait brièvement croire à Chimène que Rodrigue est mort à la guerre, afin de démontrer l’amour qu’elle éprouve pour lui.

Chimène répond cependant qu’elle aime autant qu’elle hait Rodrigue, et « demande sa tête » par n’importe quel chevalier, qu’elle épouserait.

Le Roi refuse cette tradition vengeresse, puis accepte sous les exhortations de Don Diègue. Rodrigue combattra donc Don Sanche, qui aime Chimène. Elle devra épouser le vainqueur

Acte V 

Scène 1

Scène pathétique entre les deux amants. Don Rodrigue surprend Chimène pour lui dire adieu : « Je vais mourir ». Il se laissera tuer lors du duel.

Cette décision révolte Chimène, qui l’exhorte à combattre avec autant de « vertu » (courage) qu’il combattit son père.

Don Rodrigue la rassure : sa défaite confirmera son honneur : « Pour venger son honneur il perdit son amour / Pour venger sa maîtresse il a quitté le jour ».

Chimène lui révèle alors à demi-mot qu’elle l’aime toujours, et lui demande d’empêcher son mariage avec Don Sanche, qu’elle n’aime pas.

Don Rodrigue se résout alors à combattre pour elle.

Scène 2

L’Infante se lamente, car son rang royal l’empêche de se marier avec Rodrigue qu’elle aime, car il lui est socialement inférieur. Dans sa tirade, elle se montre impuissante face au destin : Rodrigue et Chimène s’aiment malgré tout.

Scène 3

Léonor annonce à l’Infante qu’elle cessera bientôt de souffrir : ou Rodrigue meurt, ou il marie Chimène par le stratagème qu’elle a mis en place. Dans les deux cas, il n’y a plus d’espoir pour l’Infante.

Celle-ci répond que les victoires de Rodrigue le rendent cependant digne d’elle. Elle se résout cependant à « le donner à Chimène ».

Scène 4

Chimène se lamente de la situation qu’elle pense avoir engendrée, car elle se mariera avec « L’assassin de Rodrigue, ou celui de [s]on père ! »

Elvire tente cependant de la rassurer (« Ou vous avez Rodrigue, ou vous êtes vengées. »), et l’invite à ne pas faire preuve d’un « orgueil étrange » en refusant Rodrigue, qu’elle aime.

Chimène reconnaît qu’elle souhaite la victoire de Rodrigue avant tout pour échapper à Don Sanche, qui paraît subitement.

Scène 5

Chimène injurie Don Sanche qui vient, en tuant Rodrigue (« Exécrable assassin d’un héros que j’adore »), de la tuer : « En croyant me venger tu m’as ôté la vie. »

Scène 6

Chimène demande au roi de la laisser s’enfermer en « un Cloître sacré ».

Elle prouve ainsi la supériorité de son amour sur son désir de vengeance.

Don Sanche explique alors que Rodrigue vit encore, ce que Chimène ne l’a pas laissé expliquer.

Le Roi considère que Chimène peut s’estimer vengée, et qu’elle doit épouser Rodrigue.

Scène 7

Malgré cela, Rodrigue exhorte Chimène à le faire tuer pour se venger.
Chimène abandonne sa vengeance meurtrière, par amour pour Rodrigue et obéissance au Roi, mais elle se sent coupable d’abandonner son père.

Le Roi résout le nœud tragique en reportant le mariage à l’année suivante : Chimène se consolera, tandis que Rodrigue combattra les Maures.
Rodrigue accepte.

Quels sont les thèmes importants dans Le Cid de Corneille ?

Des personnages illustres soumis à une destinée tragique

Le Cid met en scène des personnages de hauts rangs : les aristocrates de la Cour d’Espagne au Siècle d’Or.

Malgré la hauteur de leur rang social, ces personnages restent soumis au destin, sorte de puissance aveugle et invincible qui dicte la vie de chacun.


Les personnages ressentent la puissance de ce destin : « Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers. » (v.50, Chimène), « Avec tant de rigueur mon astre me domine » (v.935, Chimène).

La pièce peut ainsi se lire comme un irréversible enchaînement de causes et de conséquences menant les personnages à la mort : « Le sort en est jeté » (v.390, Le Comte).

Cependant, la pièce ne s’achève pas de manière tragique, car « le Ciel autrement en dispose » (v.1795, Le Roi). Corneille ne respecte ainsi pas les règles classiques en adoucissant la dureté du destin.

L’honneur

La noblesse des personnes leur vient de leur famille et de leur sang. Ils sont prêts à tout pour conserver leur « honneur », même à tuer celui qui les humilie : « Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage » (v.276, Don Diègue).

Les aristocrates dépendent de l’image que les autres ont d’eux : l’humiliation est une mort sociale.

L’importance de l’honneur explique l’importance des relations familiales, et la vengeance meurtrière de Don Diègue. Rodrigue est comme la transposition de son père : « Venge-toi, venge-moi » (v.289)

Les actions des personnages, comme celles de Rodrigue, sont entièrement soumises aux obligations morales liées à leur haut rang social : « J’ai fait ce que j’ai dû, je fais ce que je dois. » (v.910)

Chimène également est animée par « ce fier honneur toujours inexorable » (v.1815) qui caractérise l’aristocratie de sang.

L’honneur du sang nie l’individu, et l’enferme dans un destin tragique. Les amants sont ainsi victimes d’un conflit parental qui ne les regarde pas : « Que de maux et de pleurs nous coûterons nos pères » (v.996).

La tension entre l’individu et la société 

Mais la pièce oppose la fidélité à l’honneur familial, et l’amour individuel.

Chimène doit en effet choisir entre son sang et son amour : « je poursuis un crime aimant le criminel » (v.818), « Ma passion s’oppose à mon ressentiment » (v.821), « Impitoyable honneur, mortel à mes plaisirs ».

La pièce met en scène des individus qui souffrent de la pression sociale, et veulent s’en échapper.

Rodrigue et Chimène incarnent une jeunesse dominée par des conflits parentaux, et niée même dans sa valeur, ce à quoi Rodrigue répond : « aux âmes bien nées / La valeur n’attend pas le nombre d’années » (v.407-408)

À ce conflit générationnel, s’ajoute la violence des inégalités sociales. En effet, l’Infante aime Rodrigue, mais ne peut l’épouser parce qu’il lui est socialement indigne, malgré sa vaillance : « Rodrigue, ta valeur te rend digne de moi, / Mais pour être vaillant tu n’es pas fils de Roi. » (v.1580-1581)

La noblesse et la soumission au Roi

La pièce met en scène une aristocratie orgueilleuse et indépendante, dont les membres veulent se faire justice eux-mêmes, par des duels ou des expéditions armées : « Pour grands que soient les Rois, ils sont ce que nous sommes » (v.151).

Une telle indépendance déplaît au Roi, qui veut contrôler cette aristocratie puissante : « songez que les Rois veulent être absolus. » (v.389)

La décision de Chimène (« Et vous êtes mon Roi, je vous dois obéir », v.1830), ainsi que la rime finale (toi/Roi), résument la soumission de cette noblesse frondeuse au roi : le service de l’Etat remplace l’amour de la gloire personnelle.

Cela fait écho aux politiques de Richelieu et de Louis XIII, de la féodalité vers l’absolutisme.

Quelles sont les caractéristiques de l’écriture de Corneille dans Le Cid ?

Tragi-comédie baroque, ou tragédie classique ?

Lorsqu’elle est créée en 1637, la pièce est une tragi-comédie.

Ce genre baroque, aux registres variés, met en scène des héros princiers dont les amours contrariés finissent par triompher, au terme de péripéties multiples et spectaculaires.

Ce genre, alors à la mode, plaît car il se distingue de la comédie, trop farcesque, et de la tragédie, alors trop sérieuse.

Cependant, la pièce ne respecte pas l’idéal moral et esthétique qui définit la tragédie classique, genre qui se recrée alors.

Jusqu’en 1660, Corneille va alors adoucir les audaces de sa pièce, sans pour autant la conformer à la pureté classique.

Le panache baroque d’une aristocratie orgueilleuse

Les personnages représentent une aristocratie féodale, encore attachée à un idéal chevaleresque de courage et d’honneur.

D’où ces tirades enflammées composés d’alexandrins exaltant le dépassement de soi : « Mourant sans déshonneur je mourrai sans regret » (v.742, Don Diègue). Cette rhétorique sublime est baroque de par son éclat et ses variétés.

Un lyrisme pathétique

À ces vers ardents de détermination guerrière, s’opposent le lyrisme amoureux et les souffrances morales qu’expriment ces personnages en proie à l’amour et au doute.

La pièce est ainsi ponctuée de tirades désespérées, comme le monologue de Rodrigue (I, 7). La variété des vers accentue le lyrisme tragique. Ces stances représentent bien l’esthétique classique voir précieuse de la pièce.

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Amélie Vioux

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