Thérèse Raquin, Zola : résumé et fiche de lecture

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Voici une fiche de lecture complète (résumé et analyse) du roman Thérèse Raquin d’Émile Zola au programme du bac de français des séries Technologiques, avec le parcours « Anatomie des passions ».

Thérèse Raquin est un roman qui illustre le projet naturaliste de Zola. L’écrivain y étudie minutieusement le comportement des personnages, soumis à des déterminismes héréditaires, biologiques et sociaux.

Laurent et Thérèse sont en effet déterminés par leur hérédité et leur physiologie : le tempérament sanguin de Laurent et nerveux de Thérèse déterminent et dérèglent le couple, le menant inéluctablement à l’adultère, au crime et au suicide.

Qui est Emile Zola ?

Né en 1840, Emile Zola est un journaliste et écrivain français, chef de file du mouvement naturaliste.

Son ambition est de donner un statut scientifique à la littérature : le roman est pour lui un laboratoire dans lequel l’écrivain expérimente le rôle des déterminismes sociaux et biologiques sur ses personnages.

Il est notamment l’auteur du cycle des Rougon-Macquart, une fresque de vingt romans relatant l’histoire d’une famille sous le Second Empire.

Les dernières années de sa vie sont consacrées à la défense du capitaine Dreyfus, victime d’antisémitisme. Il meurt asphyxié en 1902, dans des circonstances suspectes, ne permettant pas de déterminer s’il a été victime d’un accident ou d’un meurtre.

Comment résumer Thérèse Raquin ?

Le roman ouvre sur la description du passage du Pont-Neuf, corridor sombre reliant la rue Mazarine à la rue de Seine.

Puis le narrateur opère un retour en arrière : bien des années auparavant, à Vernon, Mme Raquin a recueilli Thérèse, sa nièce de 2 ans née à Oran, et l’a élevée aux côtés de son fils Camille, enfant chétif et constamment malade que Thérèse épouse à l’âge adulte.

Lorsque Camille décide de s’installer à Paris, sa mère achète un fonds de mercerie au passage du Pont-Neuf et les trois membres de la famille s’enferment dans cet environnement clos et obscur.

Rapidement, les Raquin instaurent les soirées du jeudi, où le commissaire Michaud, son fils Olivier et Grivet, un employé des chemins de fer, viennent se divertir. Thérèse s’y ennuie.

Mais un soir, Camille présente Laurent, un ami d’enfance, ancien artiste raté devenu employé. Ce grand gaillard plaît à Thérèse. Après avoir peint le portrait de Camille, Laurent conçoit l’idée de devenir l’amant de Thérèse et bientôt, une relation adultère et passionnelle s’installe entre eux.

Lorsque leur liaison devient difficile à dissimuler, la perspective du meurtre de Camille commence à germer dans leur esprit. Une promenade en canot sur la Seine offre l’occasion : Laurent jette Camille dans le fleuve et simule une chute accidentelle des trois personnages. L’enquête conclut rapidement à l’accident tandis que Laurent retrouve au bout de quelques jours le corps de Camille à la morgue.

Malgré l’immense douleur de Mme Raquin, les soirées du jeudi reprennent et les deux amants patientent. Mais le fantôme de Camille les hante. Au bout de quinze mois, Thérèse et Laurent décident de se marier, convaincus que cette union les libérera du souvenir effrayant de leur victime. Le stratagème fonctionne : Michaud et Mme Raquin les encouragent à ce mariage auxquels le couple feint de se résigner.

La nuit de noces, saturée du souvenir de Camille, est vécue dans la terreur. Les nuits suivantes se répètent : le fantôme de Camille s’interpose, rendant toute étreinte ou repos impossible.

Laurent sombre dans l’angoisse. Il démissionne pour se consacrer à la peinture, mais les personnages qu’il dessine présentent inexorablement les traits de Camille.

Mme Raquin, victime d’une grave crise, est frappée de paralysie. Muette mais lucide, elle surprend les aveux involontaires des meurtriers de son fils, sans pouvoir les dénoncer.

La haine gagne peu à peu le couple : disputes, brutalité, ruine de la mercerie. Thérèse et Laurent se réfugient dans la débauche, mais rien ne les apaise et ils menacent de se dénoncer mutuellement à la police.

Bientôt, chacun décide d’assassiner l’autre, lui avec de l’acide prussique, elle avec un couteau. Le soir du meurtre projeté, ils découvrent simultanément leurs intentions. Saisi par l’horreur et la pitié, le couple partage la fiole d’acide sous les yeux de Mme Raquin, qui contemple le spectacle de ce double suicide.

Quels sont les thèmes importants dans Thérèse Raquin ?

La violence

La violence est omniprésente dans le roman. Elle est inscrite dans les gènes des personnages. Ainsi, Thérèse, depuis son enfance, est placée sous le signe de l’animalité : à la vue de la nature, « il lui prit une envie sauvage de courir et de crier » dépeint le narrateur. Son existence est « brûlante et emportée », elle se couchait parfois « à plat ventre, comme une bête », ses yeux sont « noirs et agrandis, le corps tordu, près de bondir » (Chapitre II).

Il en va de même pour Laurent dont le « front bas », les « lèvres rouges », le cou « large et court, gras et puissant » et « les grosses mains » (chapitre V) annoncent sa sauvagerie.

Cette violence éclate lors de la scène du meurtre de Camille, d’autant plus brutale qu’elle surgit lors d’une balade calme en canot. La morsure infligée à Laurent par Camille, qui ne cesse de rougir, fonctionne comme un rappel de cette violence originelle que rien ne peut contenir.

L’agressivité s’exprime également dans la relation entre Laurent et Thérèse : la violence de la passion amoureuse, inaugurée par un premier rapport charnel « silencieux et brutal » (chapitre VI), se dégrade peu à peu en violence conjugale : « C’étaient des scènes atroces, des étouffements, des coups, des cris ignobles, des brutalités honteuses ». (chapitre XXVIII).

L’amour

L’amour n’est jamais pur dans ce roman. Tous les personnages aiment, mais mal, comme si l’amour était condamné à se dévoyer. Madame Raquin aime son fils mais l’étouffe et le sature de médicaments.

L’amour entre Thérèse et Camille est un amour sans passion, fondé sur l’habitude et un cousinage qui confine à l’inceste. Zola évoque la nuit de noces avec une froideur glaçante : « Le soir, Thérèse au lieu d’entrer dans sa chambre, qui était à gauche, entra dans celle de son cousin, qui était à droite ». Le parallélisme syntaxique des deux propositions relatives souligne que Thérèse est une automate qui obéit à un devoir conjugal plus qu’à un élan du cœur.

Quant à l’amour passionnel entre Thérèse et Laurent, il est décrit comme une maladie : « Chaque nouveau rendez-vous amenait des crises plus fougueuses » explique le narrateur au chapitre VII. Le terme « crise » remplace celui, attendu, de « retrouvailles », comme si l’amour était une pathologie.

La société

Zola, journaliste avant d’être romancier, se plaît dans Thérèse Raquin à croquer les défauts de la société de son temps. Le passage du Pont-Neuf constitue un lieu fermé caractérisé par sa saleté et son obscurité : les dalles sont « gluantes », les « vitres », au lieu d’offrir la lumière « ne jettent que de la nuit » (chapitre I). Cet espace urbain, confiné et commerçant incarne une société immobile, claustrée, sans vie.

La société parisienne est également moquée à travers les jeudis de Mme Raquin. Ces soirées sont le théâtre d’ambitions médiocres : des employés d’administration rêvent de petites promotions et partagent les mêmes banalités. Le commissaire Michaud, vieil ami de Madame Raquin, illustre cette médiocrité : il fréquente toutes les semaines un meurtrier sans rien soupçonner.

La société est enfin décrite comme un théâtre. Pour couvrir son meurtre, Laurent compose un personnage et « avait trouvé une voix d’acteur, douce et pénétrant qu’il employait pour flatter les oreilles et le cœur de la bonne vieille » (chapitre XIX). L’enquête policière valide la mise en scène des deux amants. Mme Raquin, paralysée à la fin du roman, devient la spectatrice muette de ce spectacle morbide.

Quelles sont les caractéristiques de l’écriture dans Thérèse Raquin ?

L’écriture de Zola s’inscrit tout d’abord dans le naturalisme. Zola considère le roman comme un laboratoire où s’étudie l’influence de l’hérédité, des tempéraments et du milieu sur les personnages.

L’amour, la haine, la violence n’est, pour Zola, qu’une affaire de tension nerveuse : ce sont les nerfs, le sang, l’instinct qui expliquent ces phénomènes d’où l’important champ lexical du corps dans l’œuvre.

De façon plus surprenante, ce roman prend également une dimension fantastique. Après son assassinat, Camille vient hanter ses meurtriers : « Là couchait le cadavre de Camille » (chapitre XXII) La figure spectrale de Camille ne laisse aucun espace de vie aux deux personnages qui finissent par se diviser. Un important champ lexical du fantastique accompagne ainsi l’écriture du roman : « hallucinations atroces », « angoisses vives », « lueurs étranges », « peuplait de fantômes », « en sursaut » (chapitre XVIII).

Que signifie le parcours « Anatomie des passions » ?

Le terme « anatomie » peut surprendre. En effet, c’est un terme médical : l’anatomie, c’est la dissection d’un corps en vue d’en étudier la structure, le fonctionnement.

Pourquoi utiliser un tel terme pour évoquer le roman de Zola ?

Tout simplement parce que l’écrivain adopte une approche scientifique des émotions et désirs. Inspiré par la méthode expérimentale du docteur Claude Bernard, il fait de Thérèse Raquin un lieu d’expérimentation où observer et disséquer les passions.

Les émotions : un phénomène physiologique

Zola dresse dans Thérèse Raquin une véritable anatomie des passions.

L’écrivain accorde en effet une attention particulière à la dimension physique et physiologique des émotions. Pour lui, les passions trouvent leur origine dans le corps, et plus précisément dans le « sang » et les « nerfs ». Tel un biologiste ou un médecin, l’auteur naturaliste distingue deux types de comportements humains : le tempérament sanguin et le tempérament nerveux : « L’amant donnait de son sang, l’amante de ses nerfs, et ils vivaient l’un dans l’autre, ayant besoin de leurs baisers pour réguler le mécanisme de leur être ». La passion n’est donc pas un phénomène sentimental mais un phénomène physiologique, explicable par l’origine géographique et biologique des personnages. L’écriture opère ainsi une sorte d’autopsie : en analysant les ressorts et mécaniques du corps, on peut tout expliquer : l’amour, l’intérêt, la jalousie, la peur, la haine…

Les passions : un déséquilibre des nerfs et du sang

Les passions correspondent dès lors à un déséquilibre des nerfs et du sang.  Par exemple, pour expliquer la passion amoureuse de Thérèse, Zola remonte, comme un biologiste, jusqu’à la nature nerveuse de ses ascendants : « Tous ses instincts de femme nerveuse éclatèrent avec une violence inouïe ; le sang de sa mère, ce sang africain qui brûlait ses veines, se mit à couler, à battre furieusement » (chapitre 7, p. 73).

Quant à Laurent, d’un tempérament sanguin et apathique, il est déréglé par la nature nerveuse de Thérèse, qui réveille en lui une violence et une agitation jusque-là inconnues : « Une existence nerveuse, poignante et nouvelle pour lui, lui fut brusquement révélé, aux premiers baisers de sa maîtresse. […] Puis les nerfs dominèrent, et il tomba dans les angoisses qui secouent les corps et les esprits détraqués. » (chapitre XXII) Zola établit ici un véritable diagnostic : les passions sont nommées et analysées comme un médecin diagnostiquerait et suivrait l’évolution d’une maladie : « Alors eut lieu en lui un étrange travail ; les nerfs se développèrent, l’emportèrent sur l’élément sanguin, et ce fait seul modifia sa nature. Il perdit son calme, sa lourdeur, il ne vécut plus une vie endormie. »

L’hérédité et la biologie : le nouveau visage de la fatalité

Ce déséquilibre physiologique domine les personnages et agit comme une fatalité. La fatalité désigne ce qui est inéluctable. Dans la littérature classique, comme les tragédies de Racine du XVIIème siècle, la fatalité est extérieure : le destin ou les dieux agissent comme une force inéluctable, contre laquelle le héros ne peut pas lutter. Chez Zola, la fatalité change de visage : elle devient intérieure. Ce sont les phénomènes héréditaires et biologiques qui déterminent les personnages et dictent leurs actes et pensées : « Ces changements, qui partent de la chair, ne tardent pas à se communiquer au cerveau, à tout l’individu. » (chapitre XXII) Il n’y a donc pas véritablement de psychologie chez les personnages de Zola : tout est régi par le jeu des nerfs et du sang. La psychologie et les actes s’expliquent par des éléments médicaux.

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Amélie Vioux

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