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Voici une fiche de lecture complète sur Discours de la servitude volontaire (également appelé contr’un) d’Etienne de La Boétie au programme du bac de français avec le parcours « »Entretenir » et « défendre » la liberté » .
Discours de la servitude volontaire, oeuvre écrite par La Boétie et publiée à titre posthume par Montaigne en 1572, a fait l’objet de nombreuses récupérations politiques, par les Protestants lors de sa publication, dans un contexte de guerre civile, par les révolutionnaires de 1789 ensuite, qui y voient un appel à l’insurrection, puis par les démocrates à partir du XIXème siècle qui y lisent un éloge de la démocratie.
Ces différentes appropriations témoignent des nombreux contresens possibles, mais aussi de la richesse interprétative de ce texte profondément vivant.
Le parcours « Défendre et entretenir la liberté » permet de revenir à la source du texte, pour rendre compte de la pensée humaniste de La Boétie et de son éloge de la liberté.
Analyse d’extraits issus de la servitude volontaire :
- Discours de la servitude volontaire, début (exposé du sujet)
- Discours de la servitude volontaire, la description de la servitude du peuple (« peuples misérables… »)
- Discours de la servitude volontaire, comment la servitude s’installe par habitude
- Discours de la servitude volontaire, la liberté est naturelle
Qui est Etienne de La Boétie ?
Étienne de la Boétie (1530 – 1563), né dans une famille de petite noblesse, reçoit une éducation humaniste de haut niveau et gardera toute sa vie le goût de l’étude et de l’écriture.
Il a entre seize et dix-huit ans quand il compose Discours de la servitude volontaire, œuvre qui ne sera publiée qu’à titre posthume par Montaigne en 1572.
Après de brillantes études de droit, il est nommé conseiller au parlement de Bordeaux en 1553 puis fait la rencontre de Montaigne avec qui il se lie d’une profonde amitié.
Il meurt brutalement de la tuberculose en 1563, léguant ses écrits à son ami Montaigne.
Comment résumer Discours de la servitude volontaire ?
L’idée centrale du Discours de la Boétie est que la tyrannie, domination de tous par un seul homme, n’est possible que parce que le Peuple consent à cette servitude.
Il expose cette thèse au début de son ouvrage : « je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils ont pouvoir de l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout endurer de lui que de le contredire.
»
Pour La Boétie, il est naturel d’obéir à celui qui nous procure du bien, mais pas d’être asservi à un tyran.
La raison de cette servitude ne réside pas dans un manque de courage, mais dans une absence de volonté du peuple.
Nul besoin en effet de se battre pour se libérer de la tyrannie : il suffit de ne pas consentir à la servitude, de cesser d’alimenter le feu de la tyrannie, qui tombe alors d’elle-même : « Soyez donc résolus à ne plus rester en servitude, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez, ni que vous l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse dont on a dérobé la base, s’effondrer de son propre poids et se briser.
»
La Boétie expose ensuite les causes qui mènent le peuple à vouloir vivre dans la servitude :
- Premièrement, nous ne respectons pas la nature, qui nous a tous faits frères et libres. La liberté est un état naturel, comme en témoigne les animaux qui se défendent becs et ongles lorsqu’on les asservit. Néanmoins, l’homme s’accoutume à la servitude si l’amour de la liberté n’est pas entretenu par l’éducation et la culture.
- Deuxièmement, les tyrans, dont La Boétie a dressé une typologie (tyran par l’élection du peuple, par la force des armes ou par l’hérédité), usent de méthodes variées pour maintenir les hommes dans la servitude. Les Lydiens par exemple ont été abrutis par le théâtre, les bordels, les jeux et les festins, afin de prévenir toute velléité de révolte. À chaque roi sa méthode de tyrannie : les discours démagogues sur le bien public, la rareté des apparitions et le mystère, le spectacle de leurs pouvoirs magiques.
La Boétie analyse ensuite les raisons du maintien de la tyrannie.
Il observe que le tyran met en place un système pyramidal pour maintenir le peuple dans la sujétion. Les cinq ou six proches qui le soutiennent disposent chacun d’une centaine d’hommes sous leurs ordres, et ainsi de suite, si bien qu’une multitude de « tyranneaux » maintiennent dans la sujétion ceux qui se situent en dessous d’eux. Le tyran n’est donc puissant que grâce à son entourage dont il se méfie pourtant et qui finit souvent en disgrâce.
Quels sont les thèmes importants dans Discours de la servitude volontaire ?
La tyrannie
La tyrannie est, bien entendu, le thème majeur de l’œuvre.
Étienne de La Boétie adopte une approche rationnelle et scientifique de ce phénomène politique en dressant la typologie des tyrannies, qui sont selon lui au nombre de trois : La tyrannie par l’élection, par les armes ou par hérédité.
Il fait également preuve d’une grande érudition en s’intéressant à ce phénomène à travers des anecdotes littéraires ou historiques, empruntées à Virgile ou à Tacite.
Il dépeint le tyran comme un être monstrueux, proche de l’animal, une anomalie de la nature : « D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ?
» Décrit comme un animal mythologique, le tyran ressemble à un Léviathan dont l’existence ne repose que sur la volonté du peuple, qui acquiesce à cette domination.
La servitude
À l’époque de la Boétie, la critique de la tyrannie n’est pas une nouveauté. Mais l’originalité de la pensée de La Boétie tient dans sa condamnation de la servitude du peuple.
Pour le jeune humaniste, la tyrannie n’est possible que parce que le peuple y consent volontairement. Les hommes sont « fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un
» au point où leur servitude devient volontaire. Il suffirait en effet que le peuple cesse d’obéir au tyran pour que ce dernier perde sa puissance.
Il exhorte donc les peuples à s’opposer à la tyrannie dans ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui la « désobéissance civile », terme que La Boétie n’emploie pas mais qui transparaît dans cette phrase : « Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres
».
Étienne de Boétie n’appelle donc pas à une sédition ou au régicide mais demande simplement à ce que les peuples cessent de servir un tyran, dans une forme de résistance passive. La fin de la servitude n’est que le fruit de la volonté commune du peuple à s’affranchir de la tyrannie.
La liberté
Pour La Boétie, la liberté est un bien naturel, ce que confirme l’observation des animaux qui se défendent becs et ongles pour préserver leur indépendance : « D’autres bêtes, des plus grandes aux plus petites, lorsqu’on les prend, résistent si fort des ongles, des cornes, du bec et du pied qu’elles démontrent assez quel prix elles accordent à ce qu’elles perdent.
»
Mais l’amour de la liberté s’émousse par habitude : ceux qui sont nés dans la servitude « prennent pour leur état de nature leur état de naissance.
»
Par ailleurs, bien que naturel, l’amour de la liberté se perd s’il n’est entretenu par l’éducation.
D’ailleurs, les tyrans ingénieux abêtissent leurs sujets par des jeux, spectacles et festins qui leur font perdre le sens de la liberté. Devenus faibles et crédules, prêts à croire n’importe quel discours démagogique, les hommes perdent alors la vaillance, le sens de l’honneur et l’amour de la liberté.
Quelles sont les caractéristiques de l’écriture dans Discours de la servitude volontaire ?
La Boétie structure son discours méthodiquement, en respectant les parties traditionnelles héritées de la rhétorique antique : exorde, proposition, narration, preuve, réfutation, péroraison.
Mais à l’intérieur de cette structure scolaire, l’écriture est fougueuse et donne l’impression d’assister aux effets de manche d’un avocat défendant le droit du peuple à disposer de sa liberté : questions rhétoriques, hyperboles, gradations ascendantes, antithèses…
La rhétorique judiciaire est mobilisée, mais avec originalité puisque le peuple est à la fois victime et accusé : victime de la tyrannie et accusé de servitude volontaire.
L’écriture de La Boétie est également représentative de l’Humanisme, par ses nombreuses références à la littérature grecque et latine et les citations que l’auteur incorpore à son propre texte.
Il rend d’ailleurs hommage au travail de Défense et illustration de la langue française mené par Du Bellay et les poètes La Pléiade : « ils font tellement progresser notre langue que bientôt, j’ose l’espérer, nous n’aurons rien à envier aux Grecs ni aux Latins, hormis le droit d’aînesse.
»
Le pronom personnel de la première personne du pluriel « nous » souligne que La Boétie s’associe à ce mouvement de renouvellement de la langue française et prend ses distances avec les Grands Rhétoriqueurs qui, leur reproche-t-il, ont rendu la rime « purement mécanique ».
Que signifie le parcours : « Défendre » et « entretenir » la liberté ?
Pour La Boétie, la liberté est naturelle.
D’où son étonnement au début du Discours : comment se fait-il que tant d’hommes vivent dans la servitude d’un seul ?
C’est que la liberté doit être défendue et entretenue.
Comment ?
C’est ce que nous allons voir dans ce parcours !
A – La liberté est naturelle
La liberté est, pour Étienne de la Boétie, un bien précieux et naturel, indissociable de la condition humaine. Ainsi, redevenir libre, c’est « de bête redevenir homme
».
Tout l’enjeu de son Discours de la Servitude volontaire est donc de se demander comment les hommes ont pu accepter des siècles d’asservissement, si contraire à leur nature, et comment défendre et entretenir la liberté.
B – La défense de la liberté passe par la connaissance et la raison
La défense de la liberté passe par l’étude, la connaissance et la raison.
Ainsi, La Boétie dresse la typologie des régimes tyranniques, et étudie le mécanisme de leur mise en place : par l’élection du peuple, par la force des armes, par succession héréditaire.
Il appelle le lecteur à interpréter les signes par lesquels une tyrannie s’installe : la contrainte ou la tromperie, qui débouchera sur l’accoutumance puisque les hommes nés sous la tyrannie « prennent pour leur état de nature l’état de naissance ».
Le tyran est égocentrique, violent, ramené au statut de bête comme le montre le champ lexical omniprésent de l’animalité. Il apparaît comme un monstre doté de mille yeux, de mille pieds, de mille mains qui épient, assaillent et frappent son propre peuple.
Mais le tyran n’utilise pas que la violence pour maintenir ses sujets dans la servitude : le jeu et le divertissement, qui abêtissent les hommes, constituent également une ruse pour les détourner de la liberté véritable.
La Boétie va plus loin car ce n’est pas tant le tyran qui fait la tyrannie que les tyrannisés.
Dans Le Prince de Machiavel écrit en 1532, la soumission du peuple est obtenue par un art spécifique de gouverner. Or pour La Boétie, c’est le renoncement du peuple à la liberté, bien plus que les techniques de gouvernement, qui rend possible la tyrannie : « Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres
». Pour l’essayiste, la défense de la liberté n’a rien de révolutionnaire : nul besoin de combattre le tyran, il suffit de cesser de le servir.
Mais la liberté s’entretient, sinon l’homme s’accoutume à la tyrannie et finit par oublier son amour naturel de la liberté.
C – La liberté s’entretient par l’étude de l’histoire et la mémoire
La liberté s’entretient par l’étude de l’histoire et la mémoire. Le jeune humaniste émaille son texte de nombreuses références mythologiques (Ulysse par Homère) mais aussi historiques : en convoquant Lycurgue, les Spartiates, Brutus, Cassius, Néron, les rois d’Assyrie, La Boétie fait un voyage dans l’histoire qui lui permet de dresser le portrait du tyran pour mieux s’en prémunir.
La liberté s’entretient par « l’éducation », les « livres » et le « savoir ». Les plus éduqués, « ayant l’entendement net et l’esprit clairvoyant
», sont capables de guider ceux qui ont corrompu leur nature dans l’asservissement.
N’est-ce pas d’ailleurs l’enjeu de Discours sur la servitude volontaire que de faire prendre conscience au peuple de sa condition ?
L’écriture même de La Boétie est vectrice de liberté : erratique, faite de digression dont l’auteur s’amuse (« Mais, pour revenir à notre propos, que j’avais quasiment perdu de vue
»), elle manifeste une liberté en action.
Loin de se laisser enfermer dans des structures syntaxiques ou poétiques rigides, La Boétie, dans le sillage de l’Humanisme, montre que la liberté est une valeur universelle dont l’écriture littéraire est la plus évidente manifestation.
Pour aller plus loin dans le cadre de parcours « Entretenir et défendre la liberté » :
- Lettres persanes, Montesquieu
- Lettres d’une Péruvienne, Graffigny
- Antigone, Anouilh : résumé
- La rose et le réséda, Aragon
- Strophes pour se souvenir, Aragon
- Le Mariage de Figaro, acte V scène 3
- Union libre, Breton
- Caligula, Camus : résumé
- Les Justes, Camus : résumé
- Prose du transsibérien, Cendrars : fiche
- La Tresse, Colombani : fiche
- Article Paix, Damillaville
- Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges
- Liberté, Eluard
- La victoire de Guernica, Eluard
- La femme gelée, Annie Ernaux
- Petit Pays, Gaël Faye
- Eldorado, Laurent Gaudé
- Le loup et le chien, La Fontaine
- Les membres et l’estomac, La Fontaine
- L’école des femmes, Molière
- Essais, Montaigne
- De l’esclavage des nègres, Montesquieu
- Gargantua, Rabelais, « L’abbaye de Thélème »
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