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Voici un résumé et une analyse du livre 11 des Caractères de Jean de La Bruyère, au programme du bac de français pour les élèves de séries technologiques, dans le cadre du parcours « Peindre les Hommes, examiner la nature humaine » .
La Bruyère présente ses Caractères comme la simple continuation des Caractères de Théophraste, auteur grec du IVème siècle avant Jésus-Christ.
Mais La Bruyère enrichit et dépasse le texte source pour élaborer un véritable chef-d’œuvre.
Comme le souligne le sous-titre « Les Mœurs de ce siècle », ses remarques dressent un tableau des mœurs et des hommes du XVIIème siècle, mais elles tendent aussi à l’universalité et à l’intemporalité car derrière chaque portrait se cache la peinture d’un type humain.
Les caractères est une œuvre qui s’inscrit dans le courant du classicisme.
Si tu es en série générale, tu étudies au bac de français les livres V à X des Caractères dont la fiche de lecture est ici.
Si tu es en séries technologiques, tu étudies le livre XI, et tu es sur la bonne page 🙂
Explication du livre XI en vidéo
Qui est Jean de La Bruyère ?
Né en 1645, Jean de La Bruyère est un écrivain du XVIIème siècle, auteur d’une œuvre unique, Les Caractères, qui connaît un succès retentissant dès sa publication en 1688 et connaît plusieurs éditions augmentées jusqu’en 1696.
Moraliste du Grand siècle qui peint l’âme humaine, il s’inscrit dans le sillage de Montaigne, Pascal et La Rochefoucauld.
Dans la célèbre querelle des Anciens et des Modernes, il prend parti pour les Anciens dont il prône l’imitation.
Comment résumer le livre XI des Caractères ?
Il est difficile de résumer les Caractères car l’œuvre est composée de multiples remarques ou fragments, qui fonctionnent indépendamment les uns des autres.
Dans les livres V à X, La Bruyère s’est attaché à peindre les hommes en fonction de leur statut social : les aristocrates, les puissants, les riches, les courtisans…
Le livre XI, au programme des séries technologiques, se distingue des livres précédents car il est composé, comme son titre «De l’Homme» l’indique, de réflexions générales sur la nature humaine.
La Bruyère s’interroge : qu’est-ce qui caractérise l’Homme ? Qu’est-ce qui, au-delà des «combinaisons infinies
» de tempéraments, fonde la nature humaine ?
Il développe une vision pessimiste de la nature humaine, exposée dès la première remarque du livre XI : les hommes sont plein de vices, «ils sont ainsi faits, c’est leur nature
».
De nombreux fragments peignent l’inconstance de l’homme, être changeant, fluctuant, inégal, incohérent mais aussi sa vanité, qui le pousse à croire que tout se rapporte à lui. La vanité le conduit à la jalousie, à l’égocentrisme et à la coquetterie excessive.
Le moraliste aborde également les trois âges de la vie : l’enfance, l’âge adulte et la vieillesse et se livre à des considérations sur la mort (notamment aux remarques 32 à 48).
Passant de regrets en regrets (remarque 39), l’homme appréhende la mort sans savoir profiter de la vie (remarque 48), telle Irène qui cherche désespérément un antidote à la vieillesse (remarque 35). L’Homme finit par regretter le mauvais emploi des années (remarque 49).
Même si cette peinture de l’âme humaine est pessimiste, le moraliste fait l’éloge de la philosophie et de la sagesse qui nous console de nos maux (remarque 132).
Quels sont les thèmes importants dans le livre XI des Caractères ?
L’inconstance humaine
L’inconstance est un thème central du livre XI.
L’homme est changeant, capricieux, «il est à chaque moment ce qu’il n’était point
» (remarque 6).
Le champ lexical de l’agitation caractérise ainsi le portrait du distrait Ménalque (remarque 7), incapable de stabilité: «Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il la referme, il s’aperçoit qu’il est en bonnet de nuit (…)
».
L’homme fluctue également aux différents âges de la vie, devenant méconnaissable, une fois adulte, à ceux qui l’ont connu dans sa jeunesse (remarque 99).
Soumis aux influences extérieures, l’homme ne sait plus qui il est : «Ainsi tel homme au fond, et en lui-même ne se peut définir; trop de choses qui sont hors de lui, l’altèrent, le changent, le bouleversent; il n’est point précisément ce qu’il est, ou ce qu’il paraît être.
»
La vanité
La Bruyère fustige la vanité, ce sentiment d’orgueil, cette satisfaction de soi-même qui pousse chacun à penser que tout se rapporte à sa personne (remarque 75).
La propension à se croire plus important que les autres est un vice naturel : «L’homme, de sa nature pense hautement et superbement de lui-même
».
Ainsi, la modestie est une attitude hypocrite qui ne tend qu’à camoufler en société la haute idée qu’on a de soi-même (remarque 69).
La vanité, «vice honteux
» (remarque 66) est la mère de nombreux autres vices comme la jalousie (remarque 85), l’incivilité (remarque 8), la susceptibilité (remarque 73) ou la théâtralité (remarques 74 et 75).
La mort
L’Homme craint la mort au point qu’il tend à «se persuader qu’ [il] n’est point du nombre de ceux qui meurent
» (remarque 106)
L’aversion pour la mort le conduit à des comportements absurdes, telle Irène qui consulte l’oracle pour guérir de la vieillesse (remarque 35), Géronte qui meurt sans avoir rédigé le testament qu’il souhait écrire depuis trente ans (remarque 105) ou N**, à l’agonie et sans enfant, qui bâtit une maison dont personne ne profitera (remarque 124).
La mort est une tragédie car elle empêche de vivre: «[L’Homme] ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre.
»
Le théâtre du monde
La Bruyère représente le monde comme un théâtre, thème traditionnel dans la littérature moraliste du XVIIème siècle.
Le monde est théâtral car chacun revêt un masque, pour paraître ce qu’il n’est pas aux yeux d’une société régie par l’artifice et la superficialité.
Ainsi, les hommes cachent leurs intentions véritables «parce qu’[ils] veulent passer pour vertueux
» (remarque 65).
L’homme est un acteur qui n’hésite pas à feindre la fausse délicatesse (remarque 144).
Cette comédie sociale est néfaste car l’art de la dissimulation éloigne de la connaissance de soi: «La différence d’un homme qui se revêt d’un caractère étranger à lui-même, quand il rentre dans le sien, est celle d’un masque à un visage.
»
Quelles sont les caractéristiques de l’écriture de La Bruyère dans le livre XI ?
Dans les Caractères, La Bruyère veut étudier l’homme et l’âme humaine.
Pour cela, il adopte une écriture prenant la forme de maximes souvent brèves, faisant penser aux Maximes de La Rochefoucauld (1665), un autre célèbre moraliste du XVIIème siècle.
Les maximes correspondent à une affirmation à valeur universelle, au présent de vérité générale : «
Si la pauvreté est la mère des crimes, le défaut d’esprit en est le père
» (livre XI, remarque 13). C’est une écriture qui vise la clarté mais aussi l’abstraction comme le montre l’important vocabulaire philosophique.
Mais Les Caractères relèvent aussi d’une écriture satirique.
La Bruyère a souvent recours au portrait en action qui lui permet de brosser rapidement une caricature.
La juxtaposition de propositions et les énumérations créent un effet cumulatif qui montre la démesure et l’impolitesse choquante des personnages décrits, par exemple : « il manie les viandes, les remanie, démembre, déchire » ou « il embarrasse tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne, ne connaît des maux que les siens » dans le portrait de Gnathon (remarque 121).
Que signifie le parcours : Peindre les Hommes, examiner la nature humaine ?
Dans le livre XI des Caractères, Jean de La Bruyère tente de définir les constantes de la nature humaine, au-delà des «combinaisons infinies
» de tempéraments (remarque 131).
Le titre «De l’Homme» annonce d’ailleurs la dimension générale et philosophique de ce livre.
Les trois âges de la vie
Le moraliste peint l’Homme dans les trois âges de la vie – l’enfance, l’âge adulte et la vieillesse – pour en donner la vision la plus complète possible.
L’enfance constitue une période ambivalente. L’enfant est en effet un homme en puissance et contient en germe tous ses défauts (remarque 50).
Comme les adultes, il s’organise déjà en microsociété (remarque 57). Mais les enfants ont malgré tout le sens inné de la justice (remarque 59).
Le vieillard, quant à lui, demeure souvent pétri de vices, notamment en raison de son incohérence et de son avarice (remarques 113 et 114) mais il incarne aussi un modèle de sagesse, un «trésor inestimable
», en raison de son expérience (remarque 118).
Des traits psychologiques invariables
Malgré les métamorphoses liées aux trois âges de la vie, La Bruyère parvient à définir des caractéristiques immuables de la nature humaine.
L’inconstance, l’incohérence, la vanité, la jalousie, l’égocentrisme, la peur de la mort sont ainsi autant de traits psychologiques invariables et persistants.
Une galerie de portraits
Ces défauts sont littéralement mises en peinture, à travers une galerie de portraits.
La Bruyère invente des personnages fictifs (Ménalque, Irène, Argyre, Géronte, Gnathon, Cliton, Ruffin, Timon…) qui incarnent les défauts qu’il veut critiquer.
Le comportement de ces personnages est croqué habilement, à travers des précisions sur les traits physiques, l’habillement, le ton de voix, la gestuelle.
L’accumulation d’adjectifs fonctionne comme autant de coups de pinceaux faisant apparaître progressivement un personnage sous les yeux du lecteur: «Ruffin commence à grisonner; mais il est sain, il a un visage frais et un œil vif qui lui promettent encore vingt années de vie; il est gai, jovial, familier, indifférent (…)
»
Le présent de vérité générale rappelle qu’au-delà du cas particulier d’un personnage, ce sont tous les hommes qui sont visés.
Le portrait satirique n’est pas la seule forme utilisée pour peindre la nature humaine.
La maxime et la réflexion
La Bruyère a également recours à la maxime, énoncé court édictant une vérité générale (par exemple, la remarque 22), ou à la réflexion, plus développée, comme la remarque 85 qui analyse la différence entre la jalousie et l’émulation.
Ces formes variées mènent à une étude approfondie de l’homme, à la manière d’un scientifique dans un laboratoire qui examine, voire dissèque l’âme humaine, pour en tirer une loi générale.
Tu étudies Les Caractères de La Bruyère ? Regarde aussi :
- Dissertation sur Les Caractères
- Gnathon, Les Caractères : analyse (XI, 121)
- Giton, Les Caractères : analyse (VI, 83)
- Phédon, Les Caractères : analyse (VI, 83)
- Arrias, Les Caractères : analyse (V, 9)
- Remarque 74, « De la cour » : analyse (VIII, 74)
- Théophile, Les Caractères : analyse (IX, 15)
- Pamphile, Les Caractères : analyse (IX, 50)
- Irène, Les Caractères : analyse (XI, 35)
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