Dissertation sur Les Caractères de La Bruyère !

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Voici une dissertation sur Les Caractères (livre V à X) de La Bruyère (parcours au bac de français : La comédie sociale).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le dĂ©veloppement est prĂ©sentĂ© sous forme de liste Ă  puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton dĂ©veloppement doivent ĂŞtre intĂ©gralement rĂ©digĂ©s. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rĂ©digĂ© comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

En quoi, dans les livres V Ă  X des Caractères, l’art de la mise en scène sert-il le projet du moraliste ?

Pour que ce corrigĂ© te sois utile, entraĂ®ne-toi d’abord Ă  rĂ©aliser toi-mĂŞme un plan sur ce sujet. Aide-toi de ma fiche et vidĂ©o sur Les Caractères.

Introduction

Le Grand Siècle voit fleurir des œuvres avec une portée didactique, qu’il s’agisse des Maximes de La Rochefoucauld (1665) ou des Pensées de Pascal (1670). A son tour, La Bruyère œuvre à la rédaction des Caractères qui s’enrichissent au gré des années et sont publiés en 1696.

ConstituĂ©e de 420 remarques, sous forme de maximes, de rĂ©flexions et de portraits, cette Ĺ“uvre sous-titrĂ©e « Les mĹ“urs de ce siècle Â» est prĂ©sentĂ©e comme une suite des Caractères de l’auteur grec ThĂ©ophraste.

En quoi, dans les livres V Ă  X des Caractères, l’art de la mise en scène sert-il le projet du moraliste ?

Le terme de mise en scène peut surprendre ici car il est propre au théâtre, alors que Les Caractères de La Bruyère sont des remarques qui n’ont pas Ă©tĂ© destinĂ©es Ă  ĂŞtre reprĂ©sentĂ©es sur scène. En quoi pourtant La bruyère emprunte-t-il au théâtre pour faire une Ĺ“uvre de dĂ©nonciation et d’instruction des mĹ“urs ?

Nous verrons que dans les livres V Ă  X des Caractères, Jean de La Bruyère met en scène le monde comme un vaste théâtre et n’hĂ©site pas Ă  recourir Ă  une Ă©criture théâtrale pour Ă©difier le lecteur. Enfin, comme dans le théâtre classique, la mise en scène et le comique servent Ă  instruire.

I – La Bruyère met en scène le monde comme un théâtre

A – La cour et la ville sont la scène de ce théâtre

  • La Bruyère prĂ©sente la sociĂ©tĂ© comme un vaste théâtre oĂą tout est artifice, versatilitĂ© et vanitĂ©.

    Exemple : Il s’inscrit dans la lignĂ©e du theatrum mundi, notion baroque mise Ă  l’honneur par Shakespeare dans sa pièce Comme il vous plaira (« All the world’s a stage Â»)
  • Le regard est omniprĂ©sent, comme au théâtre. Tout est spectacle, tout est destinĂ© Ă  ĂŞtre vu : « L’on se donne Ă  Paris (…) pour se regarder au visage et se dĂ©sapprouver les uns les autres Â» (VII, remarque 1)

B – Les courtisans en sont les acteurs

  • La Bruyère souligne dès le dĂ©but du livre VII que les gens cherchent Ă  paraĂ®tre en sociĂ©tĂ©, par leurs carrosses, tenues des femmes. Il critique la fatuitĂ© des gens de la ville.

    Par exemple la remarque 47 du livre « La vie Ă  la Cour Â» : « Mille gens Ă  la Cour y traĂ®nent leur vie Ă  embrasser, serrer et congratuler ceux qui reçoivent, jusqu’à ce qu’ils y meurent sans rien avoir. Â» L’utilisation du prĂ©sent d’habitude et de l’Ă©numĂ©ration de verbes Ă  l’infinitif souligne la prise de distance de l’auteur qui dĂ©nonce l’agitation vaine des courtisans.
  • Le moraliste reproche Ă  la vie Ă  la Cour d’être basĂ©e sur le calcul et la stratĂ©gie.

    Exemple : Livre « De la Cour Â», remarque 64 : « La vie de la Cour est un jeu sĂ©rieux, mĂ©lancolique, qui applique : il faut arranger ses pièces et ses batteries. Â» La Bruyère montre que la vie de la Cour est dirigĂ©e par une vĂ©ritable stratĂ©gie sous des apparences lĂ©gères.

II – L’écriture du moraliste est théâtrale

A – Des portraits qui s’apparentent à des saynètes de comédie

  • L’écriture de La Bruyère emprunte Ă  l’esthĂ©tique théâtrale.
    Exemple : Certains passages sont construits comme des saynètes de comĂ©die : Livre « De la sociĂ©tĂ© et la conversation Â», remarque 66 : Â« Je le sais, ThĂ©obalde, vous ĂŞtes vieilli ; Â» La Bruyère utilise la 1re personne du singulier et le vouvoiement pour se rire de l’auteur Ă  la mode.
  • La Bruyère met en scène des types dont il brosse des portraits satiriques, comme le flatteur, le courtisan. Pour cela, il emprunte au théâtre, notamment Ă  Molière, chez qui on retrouve le type du vieux barbon (Arnolphe dans L’Ecole des Femmes ou Harpagon dans L’Avare), ou du valet (Sganarelle dans Don Juan) pour ne citer qu’eux.

    Exemple : Au livre V, Arrias incarne la caricature du pĂ©dant : « Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraĂ®tre ignorer quelque chose. Â»

    Ou encore au livre VI, le portrait de Giton, le riche, qui se conduit avec théâtralité en société (sa gestuelle est exagérée).
  • En plus des portraits individuels, La Bruyère excelle dans l’art des portraits satiriques collectifs : les grands, les courtisans.
    Exemple : Dans le livre « De la cour Â», la dĂ©bauche et l’alcoolisme en vogue chez les courtisans sont dĂ©noncĂ©s.

B – Le registre comique

  • Comme au théâtre, le registre comique est largement exploitĂ©, selon des ressorts diffĂ©rents. Exemple : Les figures de style (hyperbole, gradation, mĂ©taphore) amplifient le registre comique :« J’entends ThĂ©odecte de l’antichambre ; il grossit sa voix Ă  mesure qu’il s’approche ; le voilĂ  entrĂ© : il rit, il crie, il Ă©clate ; on bouche ses oreilles, c’est un tonnerre. Â»(Livre V, 12) 
  • Il y a une vĂ©ritable esthĂ©tique de la maxime, qui, par un rythme percutant, se retient aisĂ©ment. VĂ©ritables leçons de vie, les maximes constituent parfois un trait d’esprit…

    Exemple : … « C’est une grande misère que de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. VoilĂ  le principe de toute impertinence. Â» (V, 18)

    «  ĂŠtre infatuĂ© de soi, et s’être fortement persuadĂ© qu’on a beaucoup d’esprit, est un accident qui n’arrive guère qu’à celui qui n’en a point, ou qui en a peu. Â»

    … ou un constat clairvoyant : « Le sage quelquefois Ă©vite le monde, de peur d’être ennuyĂ© Â».

III – Comme au théâtre, le comique sert la satire sociale

A – L’argent, cible de la condamnation du moraliste

  • La Bruyère dĂ©nonce l’emprise de l’argent, qu’il dĂ©signe comme un instrument d’hypocrisie. Il crĂ©e des diffĂ©rences de rang social et non de mĂ©rite.

    Exemple : Livre VI, 7 (VII) « Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : « C’est un bourgeois, un homme de rien, un malotru » ; s’il rĂ©ussit, ils lui demandent sa fille Â» ou VII, 14 : « ThĂ©ramène Ă©tait riche et avait du mĂ©rite ; il a hĂ©ritĂ©, il est donc très riche et d’un très grand mĂ©rite.« 
  • Jean de La Bruyère condamne l’argent Ă©rigĂ© comme valeur suprĂŞme qui pervertit l’homme.

    Exemple : Le portrait de PhĂ©don, le pauvre, est rĂ©vĂ©lateur : son absence de fortune le marginalise. Il est d’une timiditĂ© excessive et ne parvient plus Ă  s’exprimer clairement. Sa pauvretĂ© le condamne Ă  ĂŞtre inexistant dans l’espace social.
  • La Bruyère pointe du doigt les richesses obtenues par la naissance, et non par le mĂ©rite. Ainsi Giton, le riche, se comporte odieusement.

    Lien avec une autre oeuvre : Un siècle plus tard, Figaro s’écrie dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais : « Parce que vous ĂŞtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand gĂ©nie ! noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous ĂŞtes donnĂ© la peine de naĂ®tre, et rien de plus. Â» (Acte V, scène 3)

B – L’éloge du modèle de l’honnête homme

  • Au quotidien, la vision de l’honnĂŞte homme proposĂ©e par La Bruyère est celle d’un homme cultivĂ© mais sans pĂ©dantisme. Il s’exprime avec simplicitĂ© et prĂ©cision. Ses qualitĂ©s sociales lui permettent de s’intĂ©grer au monde avec mesure et en cherchant les vertus.
  • Sur le plan du gouvernement, le Roi se doit d’atteindre l’idĂ©al de l’honnĂŞte homme. En soulignant par contraste son goĂ»t immodĂ©rĂ© pour la conquĂŞte et le faste, La Bruyère corrige l’image du Roi : outre ses vertus intĂ©rieures, ce dernier doit garder son autoritĂ© pour ĂŞtre respectĂ©.

    Exemple : Livre X, 27 : « Nommer un roi père du peuple est moins faire son Ă©loge que l’appeler par son nom, ou faire sa dĂ©finition. Â»

Conclusion

En dĂ©finitive, avec ses Caractères, La Bruyère fait Ĺ“uvre de moraliste et ne s’en cache pas : il critique, dĂ©nonce, se moque des travers de son temps. Les vices de ses semblables – le pĂ©dantisme, la cupiditĂ©, l’hypocrisie, le règne des apparences- sont dĂ©noncĂ©s comme autant d’élĂ©ments rĂ©vĂ©lateurs de la corruption des mĹ“urs.

L’auteur use d’une mise en scène efficace : la description de la société comme comédie sociale, le recours au registre satirique et l’art de la maxime lui permettent de dispenser ses enseignements au lecteur.

Ainsi émerge le modèle de l’honnête homme, capable de s’exprimer simplement et d’évoluer dans le monde sans dogmatisme ou pédantisme, incarné par le Roi.

La mĂŞme alliance du placere et docere se retrouvait Ă©galement, Ă  la mĂŞme Ă©poque, dans les Fables de La Fontaine.

Analyse d’extraits clĂ©s des Caractères :

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Amélie Vioux

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