Dissertation sur Discours de la servitude volontaire !

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dissertation sur discours de la servitude volontaire

Voici une dissertation sur Discours de la servitude volontaire de La Boétie (parcours au bac de français : « Entretenir » et « défendre » la liberté).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le dĂ©veloppement est prĂ©sentĂ© sous forme de liste Ă  puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton dĂ©veloppement doivent ĂŞtre intĂ©gralement rĂ©digĂ©s. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rĂ©digĂ© comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

« Soyez rĂ©solus de ne plus servir, et vous voilĂ  libres. Â» Selon vous, cette Ĺ“uvre propose-t-elle une vĂ©ritable mĂ©thode pour dĂ©fendre la libertĂ© ?

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Introduction

[Accroche] Dans le roman dystopique 1984, George Orwell imagine une société où la liberté a été totalement anéantie par un pouvoir tyrannique omniprésent. Le peuple y vit sous la surveillance de Big Brother, sans même avoir conscience de son oppression.

[PrĂ©sentation de l’oeuvre] Trois siècles plus tĂ´t, Étienne de La BoĂ©tie posait dĂ©jĂ  cette question centrale dans son Discours de la servitude volontaire. Écrit vers 1546-1548, ce texte prĂ©curseur du siècle des Lumières s’attaque avec force Ă  la tyrannie. La BoĂ©tie y affirme que le pouvoir du despote repose uniquement sur le consentement de ceux qu’il opprime et il Ă©crit : « Soyez rĂ©solus de ne plus servir, et vous voilĂ  libres. »

[ProblĂ©matique] Dans quelle mesure Discours de la servitude volontaire propose-t-il une mĂ©thode pour dĂ©fendre la libertĂ© ? En affirmant « Soyez rĂ©solus de ne plus servir, et vous voilĂ  libres », La BoĂ©tie prĂ©sente-t-il une voie d’émancipation applicable dans la rĂ©alitĂ©, ou s’agit-il d’un idĂ©al moral difficilement atteignable ? Cette Ĺ“uvre peut-elle ĂŞtre lue comme un manuel de rĂ©sistance ou bien comme un texte fondateur dont la force rĂ©side davantage dans l’inspiration que dans l’action ?

[Plan] Le Discours de La Boétie semble, à première vue, proposer une véritable méthode pour défendre la liberté. Mais derrière cette apparente simplicité, le jeune humaniste s’attache surtout à analyser les rouages de la tyrannie et les raisons de sa persistance. Son texte se présente ainsi moins comme un manuel d’action que comme une réflexion morale et littéraire, destinée à éveiller les consciences et à préparer les esprits à la liberté.

I – Une Ĺ“uvre qui semble proposer une mĂ©thode de dĂ©fense de la libertĂ©

A – Un prĂ©supposĂ© : la libertĂ© est un bien naturel et dĂ©sirable

Pour La Boétie, la liberté est naturelle et relève même de la volonté divine.

Exemple 1: Ainsi, « s’il y a quelque chose de clair et d’évident en la nature, et face Ă  quoi il ne soit pas permis de faire l’aveugle, c’est que la nature, le ministre de Dieu, la gouvernante des hommes, nous a tous faits de mĂŞme forme, et, comme il me semble, au mĂŞme moule, pour nous permettre de nous reconnaĂ®tre tous, mutuellement, comme compagnons, ou plutĂ´t comme frères. » Or de l’Ă©galitĂ© naturelle des hommes dĂ©coule leur libertĂ© : « il ne peut venir Ă  l’esprit de personne que, nous ayant mis tous en mĂŞme compagnie, la nature ait placĂ© certains en servitude Â»

Exemple 2 : Pour La BoĂ©tie, la simple observation des animaux permet de confirmer que la libertĂ© est naturelle. En effet, les animaux se dĂ©fendent becs et ongles si on leur arrache leur libertĂ© : « des plus grandes aux plus petites, lorsqu’on les prend, font si grande rĂ©sistance d’ongles, de cornes, de bec et de pieds qu’elles dĂ©montrent assez, par lĂ , combien elles tiennent chèrement Ă  ce qu’elles perdent.« 

B – Un constat : le peuple se soumet volontairement au tyran

La Boétie affirme que le tyran n’a aucun pouvoir si le peuple ne lui est pas soumis. Sa thèse se fonde sur un paradoxe : ce n’est pas le tyran qui impose sa domination, mais les individus eux-mêmes qui choisissent inconsciemment de le servir. Il montre que le pouvoir des tyrans ne repose pas nécessairement sur la contrainte physique, mais sur le consentement inconscient des dominés.

Exemple 1 : La BoĂ©tie dĂ©peint le tyran comme un ĂŞtre monstrueux qui tire son pouvoir du peuple : « D’oĂą a-t-il pris tant d’yeux dont il vous Ă©pie, si ce n’est vous qui les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ?« .

Exemple 2 : Dans la fable politique La ferme des animaux de George Orwell (1945), les animaux d’une ferme se révoltent contre leur maître humain, Mr. Jones, et prennent le pouvoir, guidés par les cochons. Mais très vite, une nouvelle tyrannie se met en place sous l’autorité de Napoléon, le cochon dictateur. Alors même qu’ils aspiraient à la liberté, les animaux acceptent d’obéir aux cochons. Ils sont alors incapables de comprendre qu’ils sont à nouveau exploités, parfois même plus durement qu’avant la révolution.

C – Une solution : cesser de soutenir le tyran

La BoĂ©tie n’appelle pas Ă  la violence ou au rĂ©gicide. Il exhorte simplement le peuple Ă  ne plus servir le tyran, dans une forme de rĂ©sistance passive, qui semble ĂŞtre un mode d’emploi pour faire tomber la tyrannie.

Exemple : L’image du colosse aux pieds d’argile qui s’Ă©croule en absence de soutien illustre cette rĂ©sistance passive, non violente, prĂ´nĂ©e par La BoĂ©tie : « Je ne veux pas que vous le poussiez, ni que vous l’Ă©branliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse dont on a dĂ©robĂ© la base, s’effondrer de son propre poids et se briser.« 

II – Mais l’entretien et la dĂ©fense de la libertĂ© se heurtent Ă  de nombreux obstacles

Si Étienne de La Boétie exhorte les peuples à cesser de servir le tyran, il reconnaît dans son Discours les nombreux obstacles qui se lèvent sur le chemin de la liberté.

A – Le poids des habitudes

La BoĂ©tie distingue les peuples tombĂ©s en servitude, souvent soumis par la violence, des gĂ©nĂ©rations suivantes, nĂ©es dans la servitude. Ne connaissant pas d’autre Ă©tat, « n’ayant jamais connu la libertĂ©, ne sachant mĂŞme pas ce que c’est« , leur ignorance les pousse Ă  l’inaction.

L’auteur humaniste va plus loin en soulignant qu’une Ă©ducation mal orientĂ©e peut entretenir cet Ă©tat : loin de toujours Ă©veiller l’esprit, l’Ă©ducation peut ĂŞtre façonnĂ©e par le tyran pour dĂ©tourner les peuples de leur dĂ©sir naturel de libertĂ©, en les accoutumant dès l’enfance Ă  obĂ©ir et Ă  se contenter de distractions.

B – Les mĂ©canismes d’aliĂ©nation du peuple

La BoĂ©tie dĂ©crit Ă©galement les mĂ©canismes d’aliĂ©nation collective, qui empĂŞchent le peuple de rĂ©clamer sa libertĂ©.

Exemple 1 : Ainsi, contrairement Ă  ce qu’on pourrait imaginer, la servitude n’est pas toujours imposĂ©e par la seule violence. Le tyran use aussi des jeux et divertissements pour abĂŞtir les hommes et les dĂ©tourner de la libertĂ© vĂ©ritable : « Mais ce qu’il y a de sĂ»r et certain, c’est que le tyran ne croit jamais sa puissance assurĂ©e, tant qu’il n’est pas parvenu Ă  ce point de n’avoir plus pour sujets que des hommes sans valeur aucune. » La BoĂ©tie prend l’exemple des peuples de l’AntiquitĂ© : « Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bĂŞtes Ă©tranges, les mĂ©dailles, les tableaux et autres drogues analogues Ă©taient, pour les peuples anciens, les appâts de la servitude, le prix de leur libertĂ© ravie, les outils de la tyrannie.« 

Exemple 2 : Le tyran peut aussi plonger volontairement le peuple dans l’ignorance, en dĂ©truisant et interdisant les livres : « Le Grand Turc s’est bien aperçu que les livres et la bonne Ă©ducation inspirent aux hommes, plus que tout autre chose, le bon sens et l’intelligence de se reconnaĂ®tre et de haĂŻr la tyrannie.« 

C – Le secret du maintien de la servitude

Étienne de La Boétie analyse minutieusement « le secret de la domination, le soutien et le fondement de la tyrannie.« 

Selon lui, la tyrannie est maintenue en place grâce Ă  un système pyramidal : le tyran est soutenu par cinq ou six proches qui disposent chacun d’une centaine d’hommes sous leurs ordres, et ainsi de suite, si bien qu’une multitude de « tyranneaux » maintiennent dans la sujĂ©tion ceux qui se situent en-dessous d’eux.

La BoĂ©tie s’insurge contre ces « tyranneaux » qui prĂ©fèrent jouir de privilèges matĂ©riels plutĂ´t que de dĂ©fendre leur libertĂ©. En Ă©change de ces avantages, ils soutiennent le tyran et assurent la soumission de ceux qui leur sont subordonnĂ©s. Cette organisation en chaĂ®ne, oĂą chacun trouve intĂ©rĂŞt Ă  maintenir l’ordre Ă©tabli, illustre la complexitĂ© du pouvoir tyrannique et explique pourquoi son renversement peut s’avĂ©rer si difficile.

III -Une méthode surtout morale et intellectuelle

A – Une texte plus exhortatif que prescriptif

Ecrit vers les 18 ans d’Etienne de La BoĂ©tie, le Discours sur la servitude volontaire ne propose pas un rĂ©el programme politique. Ce texte est plus exhortatif que prescriptif.

Exemple 1 : L’Ă©criture de La BoĂ©tie est fougueuse et l’auteur mobilise tout son art oratoire pour exhorter le peuple Ă  se libĂ©rer de la tyrannie et lui rappeler sa responsabilitĂ© dans sa propre servitude. Il se fait l’avocat de la libertĂ© et utilisant une Ă©loquence proche de celle du prĂ©toire. L’usage de questions oratoires, d’hyperboles, de gradations ascendantes et d’antithèses crĂ©ent un effet dramatique :

Nommerons-nous cela lâcheté ? Appellerons-nous vils et couards ces hommes soumis ? Si deux, si trois, si quatre cèdent à un seul, c’est étrange, mais toutefois possible ; on pourrait peut-être dire avec raison : c’est faute de coeur. Mais si cent, si mille souffrent l’oppression d’un seul, dira-t- on encore qu’ils n’osent pas s’en prendre à lui, ou qu’ils ne le veulent pas, et que ce n’est pas couardise, mais plutôt mépris ou dédain ?

Exemple 2 : Deux siècles plus tard, dans Le Contrat social (1762), Rousseau, quant Ă  lui, propose un modèle politique prĂ©cis : la souverainetĂ© du peuple, la volontĂ© gĂ©nĂ©rale et des lois lĂ©gitimes. Ă€ l’inverse de la BoĂ©tie, Rousseau trace donc une voie institutionnelle vers la libertĂ©.

B -Une réflexion à visée universelle

Deux siècles avant les Lumières et la Révolution française, La Boétie engage une réflexion d’une portée qui dépasse largement son époque. Il ne se contente pas de dénoncer la servitude : il en explore les implications morales et politiques, en posant les bases d’un idéal fondé sur trois piliers qui marqueront durablement la pensée française : l’égalité, la liberté et la fraternité.

Exemple : Pour lui, l’égalité est un fait premier, inscrit dans l’ordre naturel : « la nature a fait les hommes égaux ». Elle ne se discute pas, car elle est manifeste dans toutes les sphères de l’existence. De cette égalité essentielle découle logiquement la fraternité, comprise comme la reconnaissance mutuelle entre semblables, et la liberté, qui en est le corollaire nécessaire. La servitude apparaît alors comme une aberration rationnelle : elle nie ce que la nature a voulu, et introduit une hiérarchie artificielle et injuste entre les hommes.

Ainsi, loin de livrer un simple mode d’emploi pour se libérer du tyran, La Boétie offre un socle intellectuel universel. Sa démarche n’est pas celle d’un stratège politique, mais celle d’un humaniste qui prépare les esprits, convaincu que la liberté véritable ne peut naître que d’une prise de conscience partagée.

C – Un appel Ă  la responsabilitĂ© des intellectuels

Après avoir constatĂ© que le peuple asservi a perdu le goĂ»t de la libertĂ©, La BoĂ©tie rappelle l’existence de « quelques-uns, de meilleure naissance que les autres, qui sentent le poids du joug et ne peuvent se retenir de le secouer« . Cette Ă©lite, « ayant l’entendement net et l’esprit clairvoyant » ne peut goĂ»ter Ă  la servitude et continuera de dĂ©fendre la libertĂ©. Il en appelle donc Ă  une Ă©lite capable de guider le peuple et de raviver en lui le goĂ»t pour la libertĂ©.

C’est finalement ce que fait La BoĂ©tie lui-mĂŞme avec son Discours. Le philosophe veut Ă©veiller les consciences : si les individus comprenaient ce qui se joue dans l’exercice du pouvoir, ils cesseraient naturellement de se soumettre.

Conclusion

Discours de la servitude volontaire a fait l’objet de nombreuses rĂ©cupĂ©rations politiques, par ceux qui voyaient dans ce texte une mĂ©thode de dĂ©fense de la libertĂ© radicale qui consiste Ă  dĂ©sobĂ©ir et Ă  refuser l’oppression.

Toutefois, l’approche de La BoĂ©tie reste surtout morale et intellectuelle : il ne s’agit donc pas de donner au lecteur un plan d’action politique mais de rĂ©veiller sa conscience d’honnĂŞte homme.

Ouverture : La position de La Boétie sur la servitude des peuples trouve un écho dans Lettres persanes de Montesquieu. À travers le regard étranger de Rica et Usbek sur la société française, l’auteur dénonce l’aveuglement des hommes face à la tyrannie politique par exemple. Grâce à la littérature, le lecteur est invité à prendre du recul, à interroger ce qui paraît normal, et à refuser l’obéissance par habitude, seules conditions pour être libre.

Analyses linéaires sur des extraits de Discours de la servitude volontaire :

Autres dissertations rédigées :

Dissertations sur l’ancien programme :

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Amélie Vioux

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