Dissertation sur Gargantua !

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Voici une dissertation sur Gargantua de Rabelais (parcours au bac de français : Rire et savoir).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le dĂ©veloppement est prĂ©sentĂ© sous forme de liste Ă  puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton dĂ©veloppement doivent ĂŞtre intĂ©gralement rĂ©digĂ©s. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rĂ©digĂ© comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

Rabelais, dans le « Prologue Â» de Gargantua, Ă©voque les Silènes, boĂ®tes dĂ©corĂ©es « Ă  plaisir pour exciter le monde Ă  rire Â» mais contenant diverses « choses prĂ©cieuses Â». En quoi cette image Ă©claire-t-elle votre lecture de Gargantua ?

Pour que ce corrigĂ© te sois utile, entraĂ®ne-toi d’abord Ă  rĂ©aliser toi-mĂŞme un plan sur ce sujet. Aide-toi de ma fiche et vidĂ©o sur Gargantua.

Introduction

Dans Le Banquet de Platon, Alcibiade comparait Socrate aux sculptures des Silènes, laides à l’extérieur mais contenant en leur intérieur des figurines de dieux.

Rabelais reprend cette image à son compte dans le Prologue de Gargantua, en en faisant des boîtes décorées. Le narrateur Alcofribas Nasier – annagramme de François Rabelais- use de ce procédé rhétorique de la captatio benevolentiae pour séduire son lecteur.

En quoi Gargantua est-elle une Ĺ“uvre ambivalente qui Ă  la fois emprunte au registre comique et offre des enseignements sĂ©rieux ?

Nous Ă©tudierons d’abord les ressorts du rire dans ce roman, puis les intentions sĂ©rieuses qui jouent avec le rire. Nous mettrons enfin en Ă©vidence que les « choses prĂ©cieuses » renfermĂ©es dans l’oeuvre sont les valeurs humanistes que transmet Rabelais.

I – Gargantua, une Ĺ“uvre qui suscite l’excitation et le rire

A – Des aventures au rythme effrĂ©nĂ©

  • Le lecteur trouve un plaisir certain Ă  la lecture des Ă©pisodes rocambolesques et exagĂ©rĂ©s de Gargantua.

Exemple : La naissance du gĂ©ant lors d’un banquet, au bout de onze mois, est mĂ©morable. Il naĂ®t de l’oreille gauche de sa mère Gargamelle qui a mangĂ© trop de tripes et se voit obligĂ©e d’avaler un astringent.

  • Les multiples pĂ©ripĂ©ties maintiennent le rythme du roman.

Exemples : La guerre picrocholine regorge d’actions. En effet, Frère Jean finit par ĂŞtre prisonnier, puis Gargantua reprend le dessus de la bataille. Entretemps, le moine tue ses deux gardiens et se rue sur l’armĂ©e ennemie.

Lors du voyage de Gargantua à Paris, sa jument géante arrache la forêt et décime les frelons qui l’infestaient.

B – Le rire farcesque liĂ© aux plaisirs du corps

  • Dans le roman, le corps de Gargantua est montrĂ©, exhibĂ©, sans retenue. VĂ©ritable hĂ©ritage de la farce mĂ©diĂ©vale, le corps, est mis en scène, sans fard, comme en tĂ©moigne la multiplicitĂ© des images scatologiques.

Exemple : Lorsque Gargantua arrive Ă  Paris sur sa grande jument, il se rend sur les tours de Notre-Dame et pisse tellement sur ses poursuivants qu’il en noie plusieurs milliers.

  • Le corps de Gargantua est gigantesque si bien que les appĂ©tits qui en dĂ©coulent (faim, soif, sexe) semblent intarissables. Les besoins primaires sont souvent dĂ©crits lors de banquets.

Exemple : Pour nourrir Gargantua, il faut le lait de plus de 15000 vaches. Lors d’un repas, Gargantua avale des pèlerins qui Ă©taient cachĂ©s dans sa laitue. AccrochĂ©s aux dents du gĂ©ant, ce dernier les retire avec un cure-dent.

  • La reprĂ©sentation du corps dans toute sa dĂ©mesure est mise au service d’une esthĂ©tique carnavalesque puisant dans la culture populaire mĂ©diĂ©vale selon le thĂ©oricien Bakhtine.

C – Le plaisir des mots

  • Le lecteur savoure Ă©galement le comique de mots, liĂ©s au grotesque, qui entremĂŞle le langage grossier de Gargantua et le vocabulaire mĂ©dical par exemple lors du massacre menĂ© par Frère Jean.

Exemples : Les jeux de mots sont lĂ©gion dans le roman : calembours, contrepèteries, sons inarticulĂ©s (Janotus de Bragmardo, chapitre XVIII), noms ridicules (Capitaine Merdaille)…

  • Le vocabulaire et les situations hyperboliques soutiennent ce rire.

Exemple : Par sa taille, Gargantua fait rire. En effet, il emporte les cloches de la cathĂ©drale Notre Dame de Paris pour les accrocher au cou de sa jument.

  • Les incohĂ©rences et les Ă©nigmes du roman prĂŞtent Ă  sourire.

Exemple : Dans le poème « Les Fanfreluches antidotĂ©es trouvĂ©es en un monument ancien Â» au chapitre II, le lecteur doit chercher le sens.

Transition : Mais derrière ce grotesque oĂą le bas cĂ´toie le haut, oĂą les instincts primitifs sont narrĂ©s avec Ă©loquence, les Silènes contiennent une vĂ©ritable sagesse.

II – Gargantua, une Ĺ“uvre qui, grâce au rire, rĂ©vèle des intentions sĂ©rieuses 

Les « choses prĂ©cieuses Â» contenues dans les Silènes symbolisent les intentions sĂ©rieuses de l’oeuvre.

A – Le refus de l’enseignement scholastique, jugĂ© ridicule

  • L’éducation scholastique apparaĂ®t comme dĂ©nuĂ©e de sens et nĂ©faste pour le dĂ©veloppement de Gargantua.

Exemples : Quand Grandgousier confie son fils Ă  un prĂ©cepteur, un sophiste rĂ©putĂ©, Thubal Holoferne, il dĂ©couvre que l’enseignement est basĂ© sur la rĂ©citation par cĹ“ur, Ă  l’endroit et Ă  l’envers, de textes scholastiques.

Gargantua rĂ©pète des activitĂ©s sans qu’elles n’aient de sens (jeux, repas, messes) ; le langage inculquĂ© est basĂ© sur des syllogismes bancals, des arguments d’autoritĂ© et des rĂ©pĂ©titions.

B – La satire de la guerre : dĂ©mesure et humour

  • La guerre picrocholine est traitĂ©e comme une satire des conquĂŞtes menĂ©es par Charles Quint.

Exemple : L’armĂ©e de Picrochole pille et saccage les terres de Grandgousier. Lors de l’attaque du clos de l’abbaye de Seuilly, le lecteur dĂ©couvre Frère Jean des Entommeures, un moine qui massacre les pillards avec enthousiasme.

  • Rabelais parodie le rĂ©cit Ă©pique pour mieux dĂ©noncer la violence

Exemple : Tel un hĂ©ros de l’Iliade, Frère Jean enchaĂ®ne les exploits guerriers. Il s’avère ĂŞtre davantage un guerrier qu’un moine : il semble prendre plaisir Ă  tuer et Ă  commenter son massacre.

  • Derrière Picrochole que Rabelais tourne en dĂ©rision, c’est la politique de conquĂŞte de Charles Quint qui est moquĂ©e.

Exemple : Rabelais joue avec l’onomastique du roi pour souligner sa violence (« Picrochole = bile amère »).

Au-delà d’une ambition démesurée, la défaite du roi est sans appel car il est destitué de son trône.

C – La religion tournĂ©e en ridicule

  • Les rites de la religion sont moquĂ©s dans la mesure oĂą ils empĂŞchent tout effort intellectuel.

Exemple : Les messes sont rĂ©pĂ©tĂ©es, les prières sont rĂ©citĂ©es de façon inintelligible, dans un langage qui entremĂŞle du latin et un jargon scolastique. Les textes liturgiques revĂŞtent mĂŞme une portĂ©e burlesque car ils sont vouĂ©s Ă  endormir, voire Ă  faire vomir plutĂ´t qu’à Ă©lever les âmes.

  • L’image du moine traditionnel est mise Ă  mal Ă  travers Frère Jean.

Transition : Sous couvert du rire, plusieurs critiques sont adressĂ©es Ă  l’éducation, Ă  la religion et Ă  la politique. Les choses prĂ©cieuses contenues dans les Silènes sont donc les valeurs humanistes que nous livre Rabelais.

III – Les valeurs humanistes : ces « choses prĂ©cieuses » renfermĂ©es dans l’oeuvre

A – Une Ă©ducation humaniste, sous l’influence d’Erasme

  • L’éducation complète de Ponocrates et EudĂ©mon est louĂ©e car elle construit le goĂ»t de l’effort, de la justice et de l’esprit critique.

Exemple : Gargantua fait travailler son esprit grâce Ă  la lecture des auteurs grecs et latins, grâce Ă  l’arithmĂ©tique ou la musique. Il fait Ă©galement de l’exercice physique par la pratique des armes et de la cavalerie. Ce type d’éducation rĂ©pond Ă  l’adage de JuvĂ©nal « mens sana in corpore sano Â» (un esprit sain dans un corps sain).

Cette éducation sollicite Gargantua qui est alors actif, exerce sa raison, expérimente… Ainsi, elle lui permet d’expliquer, de s’interroger, d’être curieux.

B – Une politique de justice et de mesure

  • Paradoxalement, en usant de la dĂ©mesure dans les actions, dans le vocabulaire, Rabelais prĂ´ne la mesure comme idĂ©al.

Exemple : Les gĂ©ants nĂ©gocient et sont capables de pardon, de gĂ©nĂ©rositĂ© lorsque les rois gagnent, comme le fait Grandgousier qui cherche Ă  comprendre et Ă  apaiser la situation.

  • Rabelais justifie une guerre juste et morale face Ă  la mĂ©chancetĂ© et l’injustice.

Exemple : Dans sa lettre Ă  son fils, Grandgousier justifie la guerre parce qu’elle est utile et nĂ©cessaire. Elle a pour but de restaurer la paix et sauver les hommes. Elle peut se lire implicitement comme un Ă©loge de François 1er qui, en tant qu’humaniste, a dĂ©fendu la paix.

C – Un idĂ©al religieux humaniste

  • La religion doit respecter la nature de l’homme.

Exemple : Dans l’épisode de l’Abbaye de ThĂ©lème, le lecteur dĂ©couvre que la vie des moines s’appuie sur l’égalitĂ© et la volontĂ© personnelle, comme l’illustre leur règle unique : « Fay ce que tu vouldras Â». Les hommes et les femmes vivent ensemble dans un endroit qui n’est pas clos et oĂą n’existe pas la pauvretĂ©. Grâce Ă  ce modèle utopique, Rabelais propose un nouvel idĂ©al de vie en collectivitĂ© oĂą règnent l’érudition, la vertu, le faste et la confiance en l’homme.

Conclusion

En dĂ©finitive, le roman Gargantua repose sur d’indĂ©niables ressorts comiques : le bas corporel apparaĂ®t rĂ©gulièrement dans ses excès, les aventures se multiplient et la rhĂ©torique suscite le rire.

Tantôt rire farcesque, tantôt rire satirique ou parodique, il permet au lecteur d’exercer son intelligence critique en questionnant son rapport à l’éducation, à la guerre et à la religion.

Ces intentions sĂ©rieuses permettent Ă  l’œuvre de Rabelais de porter en elle les valeurs humanistes essentielles que sont la mesure, la raison et l’égalitĂ©, Ă  l’instar des silènes qui renferment des « choses prĂ©cieuses ».

Ce roman porte en lui les germes des Fables de La Fontaine qui participeront aussi à éveiller les esprits grâce à une argumentation indirecte.

Pour aller plus loin sur Gargantua :

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

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