Dissertation sur Le Malade imaginaire !

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dissertation le malade imaginaire

Voici une dissertation sur Le Malade imaginaire de Molière (parcours au bac de français : spectacle et comédie).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le dĂ©veloppement est prĂ©sentĂ© sous forme de liste Ă  puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton dĂ©veloppement doivent ĂŞtre intĂ©gralement rĂ©digĂ©s. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rĂ©digĂ© comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

L’Ă©crivain Robert Sabatier dĂ©finit la comĂ©die comme une « tragĂ©die envisagĂ©e d’un point de vue humoristique Â». Cette dĂ©finition vous paraĂ®t-elle s’appliquer au Malade Imaginaire ?

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Introduction    

Dans la PoĂ©tique, Aristote distingue nettement la comĂ©die de la tragĂ©die : pour lui, la comĂ©die vise Ă  ridiculiser les comportements humains tandis que la tragĂ©die reprĂ©sente une action noble suscitant terreur et pitiĂ©.

Aussi, on peut ĂŞtre surpris par la dĂ©finition de la comĂ©die donnĂ©e par l’écrivain Robert Sabatier : une « tragĂ©die envisagĂ©e d’un point de vue humoristique Â».

Cette dĂ©finition de la comĂ©die s’applique-t-elle au Malade imaginaire ? La comĂ©die de Molière, sous couvert du rire et de farce, cache-t-elle une tragĂ©die ?

Après avoir analysé les éléments tragiques présents dans Le Malade imaginaire, nous verrons que cette pièce reste une comédie traditionnelle. Molière mêle néanmoins les deux genres pour conjurer l’angoisse de la mort par le rire.

I – Le Malade imaginaire : une tragĂ©die ?

A – Comme les héros tragiques, Argan est un personnage torturé par les passions

  • Les personnages de tragĂ©die au XVIIème siècle sont torturĂ©s par leurs passions et enfermĂ©s dans un monde d’illusions. Par exemple, Phèdre, l’hĂ©roĂŻne Ă©ponyme de la tragĂ©die de Racine est animĂ©e d’une passion destructrice pour son beau-fils Hippolyte. Elle est coupable de laisser sa passion emporter sa raison, faute morale grave au XVIIème siècle. En laissant libre cours Ă  cette passion, elle dĂ©vaste son entourage.
  • A l’image d’un personnage tragique, Argan, le malade imaginaire de Molière, est coupable de se laisser dominer par ses passions. Sa colère et son hypocondrie l’aveuglent et le poussent Ă  tyranniser sa famille.

B – Les thèmes de la pièce touchent à la condition humaine

  • Traditionnellement, la tragĂ©die Ă©voque les thèmes de la condition humaine (le devoir, la morale, la mort…) tandis que la comĂ©die se contente de rire des travers de la sociĂ©tĂ© et des ĂŞtres humains.
  • Or Le Malade imaginaire aborde des sujets sĂ©rieux, ceux de la maladie et de la mort. L’hypocondrie obsessionnelle d’Argan exprime une angoisse existentielle.
  • Ainsi, Dans l’acte I scène 1, Argan fait l’inventaire mĂ©ticuleux de ses mĂ©dicaments. Le champ lexical du chiffre, omniprĂ©sent, dĂ©voile un personnage presque inquiĂ©tant, aux portes de la folie.

C – Certaines tirades dans Le Malade imaginaire ont des accents tragiques.

  • AngĂ©lique, la fille d’Argan, est dans une situation tragique : la logique de son cĹ“ur est contrariĂ©e par la folie paternelle qui agit comme une fatalitĂ©. Certaines de ses tirades sont celles d’une hĂ©roĂŻne tragique. Par exemple, dans l’acte III scène 18 : « Ă” ciel ! quelle infortune ! quelle atteinte cruelle ! HĂ©las ! faut-il que je perde mon père (…) Que deviendrai-je, malheureuse ? Â».
  • L’interjection « HĂ©las Â», la forme exclamative et le champ lexical du pathĂ©tique est typique de l’écriture tragique, comme dans Phèdre de Racine : « Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace ! / O dĂ©sespoir ! o crime ! Ă´ dĂ©plorable race ! Â»

II – Le Malade imaginaire : une comĂ©die pure qui vise Ă  faire rire

Malgré ces inflexions tragiques et le thème sombre de la pièce, Le Malade imaginaire reste une comédie traditionnelle qui vise avant tout à faire rire le spectateur.

A – Les personnages sont farcesques

  • Argan demeure un personnage de comĂ©die en raison du caractère mĂ©canique de son comportement qui suscite le rire. Ainsi, dans la scène 8 de l’acte II, il abuse de l’anaphore « HĂ© bien ? Â» pour interroger Louison, ce qui donne une tournure obstinĂ©e et mĂ©canique Ă  son personnage.
  • Les autres personnages sont souvent caricaturaux. Les allusions scatologiques dĂ©crĂ©dibilisent les mĂ©decins qui deviennent des personnages de farce. Par exemple, le nom du mĂ©decin « Purgon » fait songer Ă  la purgation que le praticien veut mener sur les patients grâce Ă  ses lavements. Quant Ă  Thomas Diafoirus, son nom vĂ©hicule une charge comique car la « foria » dĂ©signe, en latin, la diarrhĂ©e.
  • Le personnage de Polichinelle est directement empruntĂ© Ă  la commedia dell’Arte et Ă  la farce italienne. Le jeu entre Polichinelle et les violons dans le premier intermède se rapproche des lazzi, jeux de scènes outrĂ©s et comiques de la commedia dell’Arte.

B – Molière utilise toute la palette des procédés comiques

  • Molière nous offre une comĂ©die au rythme effrĂ©nĂ© qui joue sur toute la palette des procĂ©dĂ©s comiques traditionnels : comique de mots, de situation, de gestes, de rĂ©pĂ©tition, de caractère…
  • Le comique de caractère est assurĂ© par le recours Ă  des personnages grotesques et caricaturaux : le maĂ®tre colĂ©rique, la servante insolente, la belle-mère cupide…
  • Dans le troisième intermède, le comique de mots est particulièrement savoureux lors de la cĂ©rĂ©monie d’intronisation d’Argan prononcĂ©e dans un latin de cuisine qui parodie la langue scientifique.
  • Le comique de situation se dĂ©ploie dans le quiproquo de la scène 5 de l’acte II lorsque Thomas Diafoirus confond AngĂ©lique, sa future femme, avec BĂ©line, sa future belle-mère.

C – Molière offre avant tout un spectacle divertissant

  • Le Malade Imaginaire s’inscrit dans le genre de la comĂ©die-ballet, une comĂ©die en trois actes entrecoupĂ©s d’intermèdes dansĂ©s et chantĂ©s qui assurent un spectacle visuel total.
  • Dans la didascalie qui introduit le troisième intermède, Molière insiste sur la dimension spectaculaire des intermèdes : « C’est une cĂ©rĂ©monie burlesque d’un homme qu’on fait mĂ©decin, en rĂ©cit chant et danse Â».
  • Le retour Ă  la comĂ©die-ballet pour Molière, après le succès de plusieurs « grandes comĂ©dies Â» en cinq actes, atteste de sa volontĂ© de privilĂ©gier avant tout le plaisir du spectateur.

III – Le Malade imaginaire, une comédie pour conjurer l’angoisse de la mort

Le Malade imaginaire est un spectacle total qui Ă©chappe Ă  la classification des genres en conciliant tragique et comique.

A – Argan possède un caractère complexe

  • Le Malade imaginaire est une comĂ©die de caractère. Argan incarne l’hypocondriaque dont Molière montre les travers. Pour les classiques, la comĂ©die a une visĂ©e moraliste : elle donne Ă  voir les dĂ©fauts pour les corriger.
  • Le portrait satirique que BĂ©line esquisse d’Argan fait Ă©cho au portrait du fâcheux dans les Caractères de ThĂ©ophraste, un type classique de la littĂ©rature satirique : « Un homme incommode Ă  tout le monde, malpropre, dĂ©goĂ»tant, sans cesse un lavement ou une mĂ©decine dans le ventre, mouchant, toussant, crachant toujours, sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur, fatiguant sans cesse les gens, et grondant jour et nuit servantes et valets. Â» (Acte III, scène 12)
  • Mais les personnages de Molière ne sont pas complètement figĂ©s : certaines rĂ©pliques d’Argan peuvent le rendre touchant, par exemple lorsqu’il se lamente dans la scène d’exposition : « Est-il possible qu’on laisse comme cela un pauvre malade tout seul ? Â».
  • Molière parvient Ă  donner Ă  ses personnages comiques une profondeur psychologique qui n’existait pas dans les comĂ©dies de l’époque. Il en est de mĂŞme avec ses personnages au caractère complexe et ambigu : Tartuffe, l’hypocrite religieux, ou Alceste, le misanthrope.

B – La satire de la mĂ©decine constitue une charge grave et sĂ©rieuse

  • Molière ne se contente pas de ridiculiser les mĂ©decins Ă  travers des scènes farcesques. Il dĂ©nonce le pĂ©dantisme et la dangereuse incompĂ©tence des mĂ©decins.
  • Avec sa rhĂ©torique savante et des adeptes comme Argan, la mĂ©decine est mĂŞme apparentĂ©e Ă  la religion. Lorsqu’Argan refuse un lavement, il est comme excommuniĂ© par M.Purgon (acte III, scène 5).
  • On retrouve la mĂŞme veine satirique trois siècles plus tard dans la pièce Knock de Jules Romain. Knock, un mĂ©decin peu scrupuleux, parvient Ă  faire croire aux habitants d’un village qu’ils sont tous malades. Cette pièce, aux nombreuses scènes farcesques montre l’instauration d’un pouvoir totalitaire par un mĂ©decin qui manipule chacun en utilisant ses peurs et ses dĂ©sirs.

C – Molière use d’ironie

  • L’ironie est le style caractĂ©ristique du Malade imaginaire qui permet d’aborder le thème tragique de la pièce avec distance et humour.
  • Toinette se dĂ©marque des valets traditionnels par une ironie qui bouscule la hiĂ©rarchie sociale entre maĂ®tres et valets : « Quand un maĂ®tre ne songe pas Ă  ce qu’il fait, une servante bien sensĂ©e est en droit de le redresser. Â» (Acte I, scène 5)
  • Mais l’ironie la plus marquante est celle dont use Molière envers lui-mĂŞme. Alors qu’il est gravement malade en 1673, Molière jouait sur scène le rĂ´le d’Argan, un malade imaginaire.
  • Le dramaturge fait mĂŞme dire Ă  Argan, Ă  propos de Molière : « si j’étais que des mĂ©decins je me vengerais de son impertinence, et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours (…) et je lui dirais : « crève, crève, cela t’apprendra une autre fois Ă  te jouer Ă  la Faculté« . (acte III, scène 3)

Conclusion

Ni tragédie, ni comédie pure, le Malade imaginaire est une pièce satirique délibérément orientée vers la moquerie des mœurs du XVIIème siècle, notamment des sciences et de la médecine.

Claude Stratz, qui a mis en scène Le Malade imaginaire Ă  la ComĂ©die-Française en 2001, Ă©crit : « La dernière pièce de Molière commence dans les teintes d’une journĂ©e finissante. C’est une comĂ©die crĂ©pusculaire teintĂ©e d’amertume et de mĂ©lancolie. Â» Le rire de Molière dans Le malade imaginaire permet en effet de conjurer la peur de la mort et d’offrir un antidote Ă  la maladie par le rire.

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Amélie Vioux

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