Dissertation sur Juste la fin du monde !

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Voici une dissertation sur Juste la fin de monde de Jean-Luc Lagarce (parcours au bac de français : crise personnelle, crise familiale).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces.

Tu peux lire ici la même la même dissertation rédigée intégralement comme tu devras le faire le jour J.

Sujet de dissertation :

L’étymologie grecque du mot crise, Krisis, vient du verbe krinein qui signifie discerner, juger, décider. En quoi cette étymologie éclaire-t-elle votre lecture de Juste la fin du monde ?

Pour que ce corrigé te soit utile, entraîne-toi avant à réaliser ce sujet à l’aidede ma fiche et vidéo sur Juste la fin du monde !

Introduction

La crise est un moment de transition chaotique, souvent douloureux, qui sépare deux périodes d’équilibre. Elle implique tension, discorde, rupture. La « crise » est d’ailleurs profondément liée au genre théâtral puisque toute pièce met en scène le passage d’un nœud dramatique à un dénouement.

Juste la fin du monde n’échappe pas à cette règle puisque Jean-Luc Lagarce nous invite au spectacle d’une crise personnelle et familiale à son apogée.

Mais le mot « crise » vient aussi du grec Krisis qui signifie décision, jugement et désigne un moment crucial d’arbitrage.

En quoi cette étymologie permet-elle d’éclairer la lecture de Juste la fin du monde ? Qui juge et arbitre dans cette pièce ? Quelle instance décisionnelle préside aux choix des personnages ?

Nous verrons comment le moment de chaos que constitue la crise dévoile les véritables responsables des décisions qui sont prises dans l’oeuvre de Jean-Luc Lagarce : la famille et l’individu, mais surtout le destin et ses lois inexorables.

I – Juste la fin du monde met en scène une crise personnelle et familiale

A – La tragédie personnelle de Louis

  • Dès le prologue, Louis annonce sa mort à venir : « Plus tard, l’année d’après / J’allais mourir à mon tour ». Le nœud de l’intrigue ne réside pas dans la maladie de Louis mais dans son aveu : parviendra-t-il à dévoiler ce douloureux secret ?
  • Cet aveu est difficile : « C’est pénible, ce n’est pas bien / Je suis mal à l’aise. / (…) mais tu m’as mis mal à l’aise et là, / maintenant, / je suis mal à l’aise. » (Partie I, scène 2). Les épanorthoses (Louis revient sans cesse sur ses termes pour les nuancer) et la structure chiasmique (ABBA) de ses phrases soulignent son mal-être.
  • On peut établir un parallèle avec Phèdre de Jean Racine. Dans les tragédies classiques, si le héros ne parvient pas à lutter contre ses passions, c’est la révélation de celles-ci qui crée le chaos. C’est ce qui arrive à Louis : sa maladie est déjà là. Impuissant, il ne lui reste plus qu’à la révéler à son entourage. .

B – La crise familiale

  • Le retour de Louis rompt l’équilibre familial et réveille les souffrances de chaque membre de la famille. Pour la mère, le retour de Louis correspond au retour du fils prodigue dont on n’a jamais vraiment compris le départ. Pour Antoine, c’est le retour du frère aîné rival. Pour Catherine et Suzanne, Louis est un miroir qui les confronte à la médiocrité et à la banalité de leur vie.
  • La crise familiale s’exprime violemment, au travers de disputes constantes. Tous les personnages se querellent. La violence la plus spectaculaire est celle d’Antoine dans la scène 2 de la deuxième partie : « ANTOINE : Tu me touches : je te tues ».

Transition : Juste la fin du monde met donc en scène deux crises distinctes : la crise personnelle de Louis et la crise familiale provoquée par son retour. Comme son étymologie grecque krisis l’indique, la crise désigne aussi un moment décisif d’arbitrage. Et l’on voit justement dans cette pièce des mécanismes se mettre en place pour arbitrer la sortie de crise.

II – Louis et sa famille opèrent des choix

A – La mise en place d’un tribunal familial

  • Le champ lexical du droit est très présent. Par exemple, Catherine déclare : « je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procès ».
  • Louis accepte d’endosser la culpabilité, comme dans un procès : « et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette, j’en éprouve du remords « (2ème partie, scène 1).
  • Tous les personnages sont mis sur le banc des accusés. Ainsi, Antoine est également accusé d’être « brutal » dans la scène 2 de la deuxième partie et c’est Louis qui le défend comme le ferait un avocat : « Non il n’a pas été brutal ».
  • On peut établir un parallèle avec la pièce Huis-clos de Sartre où les personnages, enfermés dans une même pièce après leur mort, se jugent les uns les autres.
  • Le verdict final rejette Louis hors de la famille. C’est ainsi que l’on peut interpréter le silence de la mère et la sœur dans la scène 3 de la deuxième partie : « LA MÈRE : Nous ne bougeons presque plus, nous sommes toutes les trois, comme absentes, on les regarde, on se tait. » .

B – La représentation symbolique d’une cure psychanalytique

  • Selon Freud, trois instances sont présentes chez l’homme : le moi qui assure la stabilité et le contact avec la réalité extérieure, le ça, lieu de pulsions qui ne supporte pas la contradiction, et le surmoi, instance morale qui rappelle les interdits. Les personnages de la pièce semblent symboliser ces trois éléments : la Mère serait une sorte de surmoi (l’instance morale), Antoine le ça (les pulsions) et Louis l’inconscient qui ne parvient pas à émerger et dire la mort.
  • La multiplication des épanorthoses fait penser à une parole analytique qui se cherche pour découvrir une vérité intérieure.
  • On peut rapprocher Juste la fin du monde du théâtre de Nathalie Sarraute qui cherche à saisir les non-dits et les sentiments cachés derrière les conventions sociales. Ainsi, les retrouvailles gênées des personnages, dans la première scène, peuvent s’interpréter comme le signe d’un rejet implicite.

Transition : Les personnages prennent des décisions pour juguler la crise. Mais sont-ils réellement maîtres de leur destin ? Le dénouement de la crise n’est-il pas connu d’avance ?

III – Seul le destin décide véritablement dans cette pièce

A – Les personnages sont soumis au destin

  • Louis subit la maladie, véritable maîtresse du jeu qui agit sur les personnages. Elle est évoquée dans le Prologue (« J’allais mourir à mon tour ») et l’Epilogue (« Je meurs quelques mois plus tard »). La maladie incarne la fatalité tragique inéluctable.
  • Les personnages sont également soumis à un destin héréditaire. Trois hommes de trois générations successives portent le prénom de Louis, comme si le personnage principal s’inscrivait dans une lignée tragique qui fait songer à la malédiction des Atrides dans la mythologie grecque.

B – Les personnages sont emportés dans une crise collective

  • Le titre Juste la fin du monde invite le spectateurs à être témoin d’un monde en crise. L’expression « la fin du monde » fait allusion à une apocalypse collective tandis que l’adverbe « juste » dévoile l’ironie d’un auteur qui observe ce chaos avec distance et humour.
  • Les membres de cette famille sont plongés dans un état de crise permanent. Empêtrés dans un culte de la complication, une recherche de la crise pour la crise, les personnages passent à côté de l’essentiel.
  • Même le langage est en crise. Les dialogues ressemblent parfois à ceux du théâtre de l’absurde, tel l’échange banal entre Louis et Antoine qui rappelle les échanges mécaniques entre Vladimir et Estragon dans En attendant Godot de Beckett : « Je vais bien / Je n’ai pas de voiture, non / Toi comment est-ce que tu vas ? ANTOINE Je vais bien. Toi comment est-ce que tu vas ? » (1re partie, scène 1).

Conclusion

Juste la fin du monde est bien un drame de la crise : la crise personnelle et familiale est dénouée par une décision familiale tacite et une introspection personnelle qui poussent Louis à quitter sa famille, sans révéler son secret.

Mais la pièce dévoile surtout la crise d’un monde désagrégé qui conduit à la désunion de tout, des êtres, des choses, des valeurs et de langage.

La crise des personnages est une fenêtre par laquelle apparaît l’effondrement d’un monde comme on peut le voir chez un dramaturge comme Bernard-Marie Koltès dont le théâtre exprime la tragédie de l’être solitaire et de la mort.

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

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