Dissertation sur Entretiens sur la pluralité des mondes !

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Voici une dissertation sur Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle (parcours au bac de français : Le goût de la science).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le dĂ©veloppement est prĂ©sentĂ© sous forme de liste Ă  puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton dĂ©veloppement doivent ĂŞtre intĂ©gralement rĂ©digĂ©s. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rĂ©digĂ© comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

Selon vous, le plaisir que prend le lecteur à lire Entretiens sur la pluralité des mondes repose-t-il uniquement sur les savoirs scientifiques qu’il y découvre ?

Pour que ce corrigĂ© te soit utile, entraĂ®ne-toi d’abord Ă  rĂ©aliser toi-mĂŞme un plan sur ce sujet. Aide-toi de ma fiche et vidĂ©o sur Entretiens sur la pluralitĂ© des mondes.

Introduction

Amorce : Déjà au Ier siècle avant Jésus-Christ, le poète latin Lucrèce transmettait au lecteur, dans un poème en hexamètres, la vision du monde d’Epicure dans son poème De rerum natura. Véritable poète-philosophe, il révèle des principes physiques tels que le mouvement de la nature, ou la présence du vide et d’atomes qu’il appelle corps invisibles.

De la même façon, en 1686, dans Entretiens sur la pluralité des mondes, Bernard de Fontenelle prend le même plaisir à faire découvrir à son lecteur les savoirs scientifiques de son époque, comme le système copernicien sous la forme d’un dialogue entre un philosophe et une marquise.

ProblĂ©matique : Dans quelle mesure le plaisir procurĂ© par la lecture des Entretiens sur la pluralitĂ© des mondes dĂ©pend-il de la transmission de connaissances scientifiques ? Le plaisir du lecteur ne dĂ©pend-il pas aussi d’autres facteurs ? Comment l’art de la vulgarisation, le ton mondain et le charme littĂ©raire participent-ils eux aussi Ă  captiver le lecteur ?

Annonce de plan : Dans un premier temps, nous mettrons en évidence que le plaisir du lecteur vient des savoirs scientifiques transmis. Mais le genre littéraire et le ton employés sont également sources de divertissement. Enfin, nous montrerons que les Entretiens stimulent surtout le plaisir de la réflexion philosophique.

I – La vulgarisation de savoirs scientifiques comme socle du plaisir de la lecture

A – La joie d’accĂ©der Ă  des savoirs scientifiques nouveaux

Fontenelle rend accessibles des concepts auparavant rĂ©servĂ©s aux savants. Au XVIIème sècle, l’hĂ©liocentrisme, les Ă©clipses ou la thĂ©orie des tourbillons de Descartes ne sont pas des concepts Ă©vidents pour tous. Fontenelle offre au lecteur profane la possibilitĂ© de pĂ©nĂ©trer un univers rĂ©servĂ© jusque-lĂ  aux initiĂ©s.

Exemple 1 : Dès le Premier Entretien, Fontenelle suscite la curiositĂ© du lecteur. Il explique que la Terre tourne sur elle-mĂŞme et autour du Soleil et que l’hĂ©liocentrisme est plus vraisemblable que le gĂ©ocentrisme, position dĂ©jĂ  soutenue par GalilĂ©e en 1633.

Exemple 2 : Devenu membre de l’AcadĂ©mie française en 1691, et en tant que secrĂ©taire perpĂ©tuel de l’AcadĂ©mie Royale des sciences, chaque annĂ©e, Fontenelle s’attache Ă  rĂ©diger la partie « Histoire Â» dans Histoire et MĂ©moires de l’AcadĂ©mie Royale des Sciences. L’enjeu est de vulgariser les dĂ©couvertes scientifiques complexes de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e, pour le grand public. Les sujets variĂ©s pouvaient concerner la botanique comme la physique. 

B – Le plaisir intellectuel de comprendre

La simple dĂ©couverte ne suffit pas : le plaisir naĂ®t surtout lorsque le lecteur suit le raisonnement et comprend les principes scientifiques. Le lecteur est ainsi placĂ© dans une quĂŞte, ou face Ă  une dĂ©monstration logique. Comprendre un raisonnement nouveau devient donc enthousiasmant : c’est un puissant ressort du plaisir de la lecture.

Exemple 1 : Le philosophe-narrateur a recours Ă  une dĂ©marche hypothĂ©tico-dĂ©ductive, comme un scientifique, afin d’entraĂ®ner la Marquise et le lecteur au raisonnement scientifique. Par exemple, il suppose d’abord la prĂ©sence d’habitants sur les planètes, puis consacre les Deuxième et Troisième Soir Ă  examiner la validitĂ© de cette idĂ©e.

Exemple 2 : Dans La lettre sur les aveugles Ă  l’usage de ceux qui voient (1749), Diderot met en scène un aveugle de naissance, mathĂ©maticien et gĂ©omètre anglais, Nicholas Saunderson.  Ce dernier est capable de concevoir des raisonnements mathĂ©matiques très abstraits sans jamais avoir vu la lumière ni les formes gĂ©omĂ©triques.  Le lecteur prend plaisir Ă  suivre un raisonnement contre-intuitif, qui bouleverse les idĂ©es reçues : Diderot prouve que la pensĂ©e scientifique ne dĂ©pend pas de la vue mais de la pure logique.

C – L’enthousiasme pour le progrès scientifique

Une fois que le lecteur comprend les découvertes scientifiques, son plaisir se renforce en voyant comment elles s’inscrivent dans une vision globale de l’univers. Il peut contempler l’ordre et la diversité du cosmos et se rendre compte que les connaissances scientifiques permettent de mieux comprendre le monde qui l’entoure.

Exemple : Au Cinquième soir, le philosophe montre à la Marquise que chaque étoile fixe est un Soleil entouré de ses propres planètes. Cette révélation sur l’immensité et la variété infinie des mondes suscite chez le lecteur un enthousiasme intellectuel et moral, car elle révèle un univers riche et plein de surprises.

II – Le plaisir de la lecture tient aussi Ă  la forme littĂ©raire et aux registres choisis

A – Des choix littĂ©raires originaux

Fontenelle utilise le dialogue philosophique pour rendre la science accessible et vivante. La Marquise curieuse incarne le lecteur profane et permet une conversation fluide, presque théâtrale, loin de l’environnement austère d’un laboratoire. Les dialogues insufflent dynamisme et vivacitĂ© Ă  une matière difficile d’accès. De plus, le cadre mondain et nocturne crĂ©e une atmosphère sĂ©duisante et poĂ©tique.

Exemple 1 : Lors du Premier soir, le philosophe et la Marquise se promènent dans le parc du château au crĂ©puscule. Le dialogue rend l’échange vivant et plaisant : la science n’est pas prĂ©sentĂ©e comme un exposĂ© acadĂ©mique, mais comme une conversation galante et imagĂ©e. L’ouvrage est donc loin de commencer comme un traitĂ© scientifique, comme le souligne l’une de ces premières rĂ©pliques du philosophe : « Ne trouvez-vous pas, lui dis-je, que le jour mĂŞme n’est pas si beau qu’une belle nuit ?« 

Exemple 2 : Un siècle plus tard, Voltaire fait le choix du conte philosophique pour introduire des idées scientifiques et philosophiques. Dans Micromégas, il imagine un géant venu d’une autre planète, afin de tourner en dérision l’orgueil humain et souligner la relativité des points de vue. Ces choix littéraires originaux participent au plaisir du lecteur.

B – Un ton lĂ©ger et sĂ©duisant

Dès la prĂ©face, Fontenelle annonce son double objectif : plaire et instruire. Il Ă©crit : « J’ai voulu traiter de philosophie d’une manière qui ne fĂ»t point philosophique […] ni trop sèche pour les gens du monde, ni trop badine pour les savants. » Le ton utilisĂ© est donc lĂ©ger, voire badin.

Exemple : Fontenelle ne dissocie pas la quĂŞte de la connaissance et celle de l’amour. Dès le Premier Soir, le philosophe assimile plaisir intellectuel et plaisir amoureux en dĂ©clarant : « Une blonde comme vous me ferait encore mieux rĂŞver que la plus belle nuit du monde avec toute sa beautĂ© brune.« 

Les Entretiens sont particulièrement savoureux pour le lecteur de l’Ă©poque car on y retrouve l’esprit des salons mondains, oĂą fuse l’art de la rĂ©partie. Le lecteur prend plaisir Ă  suivre les Ă©changes vifs, raffinĂ©s et intellectuels des protagonistes.

Exemple : Dans le sixième soir, la Marquise accuse le narrateur sur le ton du badinage de lui avoir « gâtĂ© l’esprit ». L’expression « gâter l’esprit Â» mĂŞle le champ de l’Ă©ducation (gâter au sens de corrompre, fausser) Ă  celui de la galanterie (gâter au sens de dĂ©tourner, sĂ©duire). Le narrateur rĂ©pond sur le mĂŞme ton : « Je serais bien glorieux […] d’avoir eu tant de pouvoir sur vous » et ajoute « je ne crois pas qu’on pĂ»t rien entreprendre de plus difficile ». Cette rĂ©plique feint l’humilitĂ© tout en flattant la Marquise. On est davantage dans le jeu mondain et le registre de la sĂ©duction que dans le dialogue scientifique.

L’humour et l’ironie permettent Ă©galement de moquer les croyances anciennes et les superstitions.

Exemple : Dans le Troisième entretien, en parlant de la possibilitĂ© d’une vie sur la Lune, Fontenelle Ă©crit : « Il y a des gens dans la Lune qui ont la tĂŞte en bas et les pieds en haut, par rapport Ă  nous. » Il joue sur l’imaginaire et les reprĂ©sentations absurdes de l’époque, tout en montrant que ces idĂ©es sont en rĂ©alitĂ© le fruit de notre point de vue terrestre. Toujours dans cet Entretien, il se plaĂ®t Ă  manier l’humour lorsqu’il imagine des habitants sages et mĂ©ditatifs sur Jupiter ou passionnĂ©s et inconstants sur VĂ©nus. Il mĂŞle ici science, psychologie et fantaisie pour mieux capter l’auditoire.

C – La puissance des images utilisĂ©es

Au-delà du cadre galant et du ton léger, le plaisir de lecture des Entretiens tient également à la puissance des images que Fontenelle emploie. Les métaphores concrètes et poétiques rendent accessibles des concepts scientifiques complexes et permettent au lecteur de visualiser l’univers de façon vivante et plaisante.

Exemple 1 : Dans le Premier Soir, pour expliquer la conception mĂ©caniste du monde inspirĂ©e de Descartes, le philosophe compare l’univers aux rouages d’un théâtre : « la nature est un grand spectacle, qui ressemble Ă  celui de l’OpĂ©ra […] on cache Ă  votre vue ces roues et contre-poids qui font tous les mouvements ». Cette image concrète permet Ă  la Marquise, et par lĂ  au lecteur, de comprendre que, derrière l’apparence harmonieuse du ciel, se cachent des mĂ©canismes rĂ©gis par des lois physiques.

Exemple 2 : Dans le Cinquième Soir, le philosophe dĂ©veloppe une image ludique pour faire comprendre la thĂ©orie des tourbillons de Descartes : ces derniers « s’ajustent comme les engrenages d’une montre, en gonflant et en se dĂ©gonflant comme des ballons de toutes les tailles ». La Marquise rĂ©agit avec enthousiasme Ă  cette image, comme pourrait le faire le lecteur : « J’aime ces ballons qui s’enflent et se dĂ©gonflent Ă  chaque moment, et ces mondes qui se combattent toujours ». Le philosophe complète cette reprĂ©sentation par de nouvelles images poĂ©tiques qui permettent de lier comprĂ©hension de l’univers, plaisir et Ă©merveillement : « Les mondes voisins nous envoient quelquefois […] des comètes, qui sont ornĂ©es, ou d’une chevelure Ă©clatante, ou d’une barbe vĂ©nĂ©rable, ou d’une queue majestueuse ».

III – Le plaisir philosophique : rĂ©flĂ©chir Ă  la place de l’homme

A – La relativisation de la place de l’homme

Au-delà du plaisir immédiat de la lecture ou de la compréhension de concepts scientifiques précis, Fontenelle invite à changer de perspective pour adopter un regard relativiste sur la place de l’homme dans l’univers. En découvrant que la Terre n’est qu’un astre parmi d’autres, le lecteur est amené à réfléchir à la relativité de la condition humaine.

Exemple : Dans le Sixième entretien, Fontenelle conclut que l’homme n’est pas le centre de l’univers : « Nous ne sommes rien, et il n’y a peut-être pas de si grande gloire à avoir été fait homme. » Ce passage illustre la portée philosophique de l’œuvre : en découvrant l’immensité du cosmos, le lecteur est amené à relativiser la place de l’homme.

B – Le plaisir de dĂ©velopper une rĂ©flexion critique

Fontenelle invite le lecteur à réfléchir par lui‑même et à remettre en question les idées reçues, en transposant au domaine scientifique la querelle des Anciens et des Modernes qui agite les milieux littéraires au XVIIᵉ siècle.

Cette querelle oppose les Anciens, qui considèrent l’Antiquité comme un modèle indépassable, aux Modernes, ouverts à l’idée de progrès. Fontenelle se range résolument du côté des Modernes et n’hésite pas à tourner en dérision les superstitions et le goût du merveilleux attribués aux Anciens, pour mettre en valeur une approche rationnelle et critique du monde.

Exemple 1 : Dans le Deuxième soir, le philosophe donne des explications rationnelles au phĂ©nomène des Ă©clipses. Il Ă©corche au passage les superstitions et rappelle que lors de la prĂ©cĂ©dente Ă©clipse, 32 ans plus tĂ´t, « Une infinitĂ© de gens ne se tinrent-ils pas enfermĂ©s dans des caves.  » Pourtant, les Ă©clipses s’expliquent rationnellement, et la Marquise s’étonne de la limpiditĂ© des explications, qui enlève tout mystère Ă  ce phĂ©nomène : « Je suis fort Ă©tonnĂ©e qu’il y ait si peu de mystère aux Ă©clipses, et que tout le monde n’en devine pas la cause. »

Exemple 2 : Dans Histoire des oracles publiĂ© en 1687, Fontenelle combat Ă©galement les idĂ©es reçues et les croyances irrationnelles liĂ©es Ă  la tradition. Avec le cĂ©lèbre apologue de « La dent d’or », il rappelle que les « miracles » cachent des explications simples et rationnelles. Cette remise en cause des prĂ©jugĂ©s participe avant l’heure Ă  l’esprit des Lumières et au plaisir du dĂ©veloppement de l’esprit critique.

C – Le plaisir de réfléchir sur le rôle de la vérité et du jugement

Le plaisir que procure la lecture des Entretiens tient aussi Ă  l’absence de dogmatisme de Fontenelle. L’auteur se montre ouvert Ă  des hypothèses multiples et adopte un ton lĂ©ger, « riant », face aux diffĂ©rentes opinions. Le lecteur est invitĂ© Ă  explorer les possibles, sans subir une autoritĂ© scientifique imposĂ©e. Fontenelle fait aussi preuve de relativisme et de pragmatisme social : il faut, selon lui, s’arranger avec la vĂ©ritĂ© pour ne pas surprendre, heurter ou froisser son interlocuteur.

Exemple : Dans le Sixième soir, le narrateur conseille à la Marquise : « Contentons-nous d’être une petite troupe choisie qui les croyons, et ne divulguons pas nos mystères dans le peuple ». Il signale à la Marquise qu’il faut adapter la vérité à l’auditoire pour préserver les relations sociales. La jeune femme s’indigne : « Trahir la vérité ! Vous n’avez point de conscience », mais le philosophe répond avec détachement : « je n’ai pas un grand zèle pour ces vérités-là, et que je les sacrifie volontiers aux moindres commodités de la société ».

Conclusion

Au terme de cette analyse, il est indéniable que le plaisir de la lecture des Entretiens sur la pluralité des mondes naît de la découverte de savoirs scientifiques nouveaux et passionnants, comme l’héliocentrisme.

Mais il naĂ®t Ă©galement d’un genre littĂ©raire original â€“ le dialogue philosophique – et du recours Ă  un ton lĂ©ger voire badin.

Enfin, le plaisir de la lecture vient surtout de la rencontre entre la science, la philosophie et la pensĂ©e critique. Fontenelle invite le lecteur Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la place de l’homme dans l’univers, Ă  adopter un esprit critique, curieux et ouvert, tout en explorant les limites du savoir et de la vĂ©ritĂ©.

Source de plaisir scientifique, littĂ©raire et philosophique, la littĂ©rature n’a donc pas fini de subjuguer et d’interroger le lecteur. Voyage au centre de la Terre de Jules Verne est un roman qui lie Ă©galement rigueur scientifique et plaisir de l’aventure et de l’imagination : le lecteur s’émerveille des dĂ©couvertes gĂ©ologiques et biologiques tout en Ă©tant transportĂ© dans un univers fantastique, soulignant le rĂ´le que la littĂ©rature peut jouer pour attiser le goĂ»t de la science.

Analyses linĂ©aires sur des extraits d’Entretiens sur la pluralitĂ© des mondes :

Dissertations sur les autres oeuvres au programme :

Dissertations sur l’ancien programme :

Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re) et du Brevet (3ème).

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Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 15 ans.

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