Dissertation sur On ne badine pas avec l’amour !

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Voici une dissertation sur On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset (parcours au bac de français : Les jeux du coeur et de la parole).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rédigé comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation

Dans la scène de dénouement, Perdican s’exclame : « Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ? » Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle votre lecture de On ne badine pas avec l’amour de Musset ?

Pour que ce corrigé te sois utile, entraîne-toi d’abord à réaliser toi-même un plan sur ce sujet. Aide-toi de ma fiche et vidéo sur On ne badine pas avec l’amour.

Introduction

Lorsqu’il écrit On ne badine pas avec l’amour en 1834, Alfred de Musset est marqué par la finesse de l’analyse psychologique du sentiment amoureux dans le théâtre marivaudien.

Chez Marivaux, l’obstacle à l’amour n’est en effet plus extérieur (un père qui refuse le mariage par exemple) mais intérieur (le personnage doit surmonter son amour-propre pour reconnaître qu’il aime).

On retrouve ce mécanisme dans la pièce de Musset : alors qu’aucun obstacle extérieur ne s’oppose à l’union de Perdican et Camille, l’orgueil, cette passion fondée sur l’opinion très haute qu’une personne a d’elle-même, empêche des aveux amoureux sincères entre les deux jeunes gens, si bien que Perdican déclare dans la scène du dénouement : « Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu’es-tu venu faire entre cette fille et moi ? ».

Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle la lecture de la pièce ? L’orgueil est-il véritablement une force agissante dans l’œuvre ? L’emporte-t-il indéniablement sur l’amour ?

Nous verrons que l’orgueil prend des expressions variées dans cette pièce dont il est le véritable moteur. Malgré cela, nous nous demanderons si l’amour de l’autre ne ressort pas vainqueur de cette confrontation.

I – L’orgueil, un vice aux expressions variées

A – La coquetterie de Camille

  • Comme chez Marivaux avant lui, Musset considère la coquetterie comme une des manifestations féminines de l’orgueil. Camille, piquée par l’intérêt que Perdican porte à Rosette, joue l’indifférente alors qu’elle espionne le couple en secret. Lorsque Perdican s’accommode du refus de mariage, elle en prend ombrage : « Je suis bien aise que mon refus vous soit indifférent » (Acte II, scène 1).

  • Consciente de sa beauté (« Oui, je suis belle, je le sais. Les complimenteurs ne m’apprendront rien », acte II scène 5), Camille prend le visage de la « belle dame sans merci » de la tradition médiévale qui soumet le chevalier à ses rigueurs et à ses épreuves.
  • Lorsque Camille annonce à Perdican son choix du couvent, il réplique : « Tu es une orgueilleuse, prends garde à toi ». Selon lui, le couvent symbolise le refus du monde, la négation des sentiments et des passions et révèle la volonté orgueilleuse de tout maîtriser.  

B – La vanité sociale

  • L’orgueil social se manifeste chez les personnages secondaires. Le Baron n’est ainsi pas évoqué par son nom mais par son identité sociale et sa position avantageuse dont il se vante tout au long de la pièce. Ainsi, il loue la qualité du couvent de Camille (« Elle sort du meilleur couvent de France ») et insiste sur son statut d’homme d’Etat, à l’acte I scène 2 : « Qu’il est austère et difficile le recueillement de l’homme d’Etat (…) depuis que le Roi m’a nommé receveur ». De façon comique, il enjoint Perdican à utiliser le latin comme une marque aristocratique alors même que Camille ne le comprend pas !

  • Maître Bridaine, le curé, est également touché par l’orgueil social, lorsque, à l’acte II, scène 2, il se désole du plan de table prévu par le Baron. Dans un registre tragique, il se plaint de ce qu’il vit comme une déchéance : « Ô malheureux que je suis ».  Le spectateur, lui, s’amuse de cet orgueil mal placé et excessif.

C – Le mensonge et la manipulation

  • Perdican cherche également à piquer l’orgueil de Camille, en recourant au mensonge s’il le faut. Il lui affirme par exemple que l’amitié lui suffira. Les dialogues entre les deux jeunes gens mettent en scène l’affrontement de deux ego, qui ne cessent de se blesser pour sortir vainqueur.
  • L’orgueil se caractérise par une opinion très avantageuse de sa propre valeur au détriment de la considération due à autrui. C’est ainsi que Perdican séduit Rosette à l’acte I scène 4, non par amour authentique mais parce qu’il est vexé d’avoir été ignoré par Camille. Son libertinage est une réaction à sa blessure d’orgueil.

Transition : Omniprésent, l’orgueil est aussi omnipotent : il dirige les personnages et constitue le nœud de la pièce.

II – L’orgueil, une force omnipotente

A – L’orgueil, moteur des comportements des personnages

  • Dans la lignée des moralistes du XVIIème siècle comme La Bruyère ou La Rochefoucauld, Musset dénonce l’orgueil comme l’un des principaux vices humains : « Orgueil ! Le plus fatal des conseillers humains ». Le superlatif (« le plus ») suggère que l’orgueil est le défaut le plus influent. Cela rejoint La Rochefoucauld dans ses Maximes :

« L’amour-propre est l’amour de soi-même, et de toutes choses pour soi ; il rend les hommes idolâtres d’eux-mêmes, et les rendrait les tyrans des autres si la fortune leur en donnait les moyens.  » (La Rochefoucauld, Maxime 1 dans l’édition de 1664)

  • Le recours à des personnages types (Le Baron, Perdican, Maître Bridaine) souligne que Musset appréhende ces derniers comme des objets d’étude permettant d’étudier les vices humains.

B – L’orgueil, le moteur dramatique de la pièce

  • Sans l’orgueil, Camille et Perdican, liés depuis leur enfance, ne se seraient probablement plus quittés. D’ailleurs, le Baron se déclare « plein de joie » (acte I scène 2) car le mariage de ses « deux enfants réunis » lui semble être une évidence. Perdican non plus ne voit aucun obstacle à son bonheur dans le premier acte : « Quel bonheur ! Que je suis heureux ! ».

  • Mais l’orgueil de Camille, qui se manifeste par une froideur implacable, constitue le nœud de la pièce. Son rejet hautain, qui transparaît dans ses tournures négatives (« Non, je suis lasse », « Je n’en ai nulle envie », « Non pas ce soir », « Je ne suis pas assez jeune (…) ni assez vieille », « les souvenirs d’enfance ne sont pas de mon goût ») blesse l’amour-propre de Perdican et lance la machine tragique.

Transition : Les personnages ne parviennent manifestement pas à réchapper à l’orgueil, véritable moteur de la pièce. Mais ce « conseiller » est-il aussi fatal qu’on pourrait le croire ?

III – L’amour de l’autre, force concurrente à l’orgueil

A – La profondeur du lien amoureux

  • La froideur initiale entre Camille et Perdican laisse place à l’expression de l’amour, à l’acte III, scène 8 : « PERDICAN – Insensés que nous sommes ! Nous nous aimons. Quel songe avons-nous fait Camille ? (…) Oui, nous nous aimons Perdican ; laisse-moi le sentir sur ton cœur ». Les personnages parviennent donc à se libérer de l’orgueil, pour s’avouer leurs sentiments.
  • Certains personnages ne sont pas touchés par l’orgueil : c’est le cas de Rosette, séduite par Perdican, et qui meurt de chagrin.
  • Finalement, cette pièce n’exhorte-t-elle pas à se libérer de l’orgueil pour révéler ses sentiments authentiques ? Les accents chrétiens de Perdican, dans la dernière scène, nous invitent à plus d’humilité : « Il a bien fallu que nous nous fissions du mal car nous sommes des hommes. Ô insensés ! Nous nous aimons ».

B – L’amour divin

  • En dépit de la critique de la religion présente dans l’oeuvre, l’amour pour Dieu apparaît comme une alternative à l’amour de soi.

  • Camille est animée par un amour divin qu’elle souhaite éternel, opposé à l’amour terrestre, transitoire : « Je veux aimer, mais je ne veux pas souffrir ; je veux aimer d’un amour éternel, et faire des serments qui ne se violent pas. Voilà mon amant. (Elle montre son crucifix) » (Acte II, scène 5).  

  • Si Perdican estime que le refuge dans la religion est une forme d’orgueil à vouloir tout mapitriser (« tu es une orgueilleuse, ; prends garde à toi », (Acte II, scène 5), il n’est pas insensible à cet élan mystique (« Il y a de la sincérité dans ta démarche » Acte II, scène 1). 

Conclusion

Si l’orgueil est une force omniprésente et en apparence omnipotente, il n’exerce pas un empire absolu sur tous les personnages.

Il constitue certes le nœud de la pièce mais ce nœud est dénoué par son alternative, l’amour de l’autre sous forme humaine et divine.

En ce sens, Musset est peut-être plus proche de Pascal que de La Rochefoucauld : l’homme pèche par amour-propre mais porte aussi en lui les ressources de la grandeur. On retrouve cette ambiguïté entre misère et grandeur, typiquement romantique, dans le théâtre de Victor Hugo, par exemple chez les personnages éponymes Ruy Blas et Lucrèce Borgia.

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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