La vie antérieure de Baudelaire : commentaire

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vie antérieure baudelaire commentaireVoici un commentaire composé rédigé de « La vie antérieure » de Baudelaire issu des Fleurs du Mal.

« La vie antérieure » est un poème écrit par Charles Baudelaire, issu de la section « Spleen et Idéal » du recueil Les Fleurs du Mal.


I – Un décor majestueux

A – Un décor exotique

On retrouve dans « La vie antérieure » le thème de l’exotisme cher à Baudelaire.

Faites le lien avec « Parfum exotique », poème dans lequel Baudelaire évoque un paysage exotique idéal.

On retrouve en effet dans « la vie antérieure » les mêmes éléments que dans « Parfum exotique » :

la présence de la mer (« houles », « vagues »),

du soleil (« soleils marins », « mille feux »),

de la chaleur  (« rafraichissaient » v.12)

d’une certaine langueur tropicale (« voluptés calmes » v.9, « languir » v.14).

Cette langueur transparaît d’ailleurs à travers le rythme ample du sonnet. Ainsi les deux premiers vers et le deuxième quatrain se déroulent presque sans interruption, avec une grande fluidité.

B – Un décor somptueux

Le décor dans « la vie antérieure » est vaste et somptueux.

Observez le champ lexical de la grandeur : «vastes » (v.1), « grands piliers » v.3, « majestueux » (v.3), « azur » (v.10).

Vous pouvez noter que l’assonance de la voyelle « a », son ouvert, suggère l’amplitude : « « habité sous de vastes portiques », « majestueux », « grottes basaltiques »,  « images de cieux » etc.

L’immensité et la richesse du décor sont également suggérées à travers l’abondance des substantifs ( = des noms) au pluriel : « de vastes portiques », « les soleils marins », « mille feux », « grands piliers », « grottes basaltiques », « les houles », « les images de cieux » etc. 

L’omniprésence d’expressions au pluriel donne l’impression d’un monde infini qui ne cesse de se démultiplier sous les yeux de Baudelaire.

Notez  l’expression au pluriel « soleils marins » qui suggère un éternel retour des jours.

Outre l’espace, le temps semble également se dilater dès le début du poème avec l’adverbe de temps « longtemps » (v.1). 

Par ailleurs, les « vastes portiques » et les « grands piliers » ne sont pas sans rappeler l’architecture grecque.

II – Un monde sensuel et spirituel

A – Un monde sensuel

L’idéal de Baudelaire est un monde où les sens, sollicités, s’épanouissent.

Des références aux sensations abondent ainsi dans « la vie antérieure » :

♦ Sensations visuelles (la vue) : « soleil », « teignaient », « couleurs » v.8,  « mes yeux »

♦ Sensations olfactives (l’odorat) :  « tout imprégnés d’odeurs » (v.11)

♦ Sensations auditives (l’ouïe) : « riche musique » (v.7)

♦ Sensations tactiles (le toucher) : « me rafraîchissaient » (v.12)

On retrouve par ailleurs des références aux quatre éléments qui parachèvent l’évocation d’un monde particulièrement concret et sensuel :

♦ Le feu : « soleils », « mille feux »

♦ La terre : « portiques », « grottes »

♦ L’air : « les cieux »

♦ L’eau : « les houles »

B – Un monde spirituel

Si Baudelaire évoque un monde sensuel, ce dernier n’est toutefois pas dénué d’une dimension spirituelle.

Ce sont les adjectifs « solennelle et mystique » au vers 6 qui laissent entrevoir la dimension spirituelle de ce paysage édénique.

Ces deux adjectifs rappellent le caractère sacré et mystérieux du paysage, mystère déjà aperçu à travers la transformation des piliers en « grottes basaltiques » au vers 4.

La dimension mystique du monde décrit par Baudelaire transparaît notamment à travers la fusion des éléments : « les houles, en roulant les images des cieux, / mêlaient d’une façon solennelle et mystique/ les tout-puissants accords de leur riche musique/ au cours du couchant reflété par mes yeux ».

C’est ainsi que les cieux se confondent avec la mer et que la musique des vagues ne fait plus qu’un avec le coucher du soleil.

Baudelaire dévoile ainsi un monde de correspondances où chaque élément naturel concourt à une harmonie et une symphonie finale. (Faire le lien avec le poème « Correspondances » de Baudelaire peut d’ailleurs constituer un excellent élargissement pour votre conclusion).

III – L’irruption du spleen

Alors que « la vie antérieure » décrit un idéal heureux et harmonieux, la chute du sonnet laisse le lecteur sur l’image de la souffrance du poète (« le secret douloureux » v.14).

Cette chute semble ainsi marquer l’irruption du spleen qui vient briser l’harmonie.

Si l’on relit « la vie antérieure », on s’aperçoit que quelques touches inquiétantes venaient déjà assombrir l’idéal dépeint par Baudelaire.

On remarque ainsi que dans le premier quatrain, le paysage se transforme le soir en « grottes basaltiques » (v.4). Cette métamorphose légèrement inquiétante laisse planer une ombre de mystère sur l’idéal décrit.

Au vers 12, l’image du front brûlant du poète qui doit être rafraîchi par les palmes des esclaves semble annoncer le malaise de Baudelaire.

Mais seule la chute au vers 14 révèle le spleen du poète du à un « secret douloureux ». Notez que Baudelaire laisse planer le mystère sur le secret source de sa souffrance.

Ce secret fait « languir » le poète (v.14). Il faut comprendre le verbe languir dans son sens propre : il s’agit ici d’un véritable dépérissement.

Cette langueur est soulignée phonétiquement par la fluidité de l’allitération en « l » du dernier vers : « Le secret douloureux qui me faisait languir ».

Problématiques possibles à l’oral sur « La vie antérieure » :

♦ Dans quelle mesure ce poème témoigne-t-il de la tension du poète entre spleen et idéal ?
♦ Etudiez le thème de l’exotisme
♦ Quelle vision de l’idéal se dégage de ce poème ?
♦ Etudiez le lyrisme de ce texte.

Pour aller plus loin :

Moesta et errabunda : analyse
Chant d’automne, Baudelaire : analyse
Une charogne, Baudelaire : analyse
Les phares, Baudelaire : analyse
Hymne à la beauté, Baudelaire (analyse)
L’albatros, Baudelaire : analyse
L’ennemi, Baudelaire (analyse)
La cloche fêlée (analyse)
L’homme et la mer (analyse)
Le serpent qui danse, Baudelaire (analyse)
Le vampire, Baudelaire : analyse
Recueillement, Baudelaire : analyse
Alchimie de la douleur : analyse
Remords posthume (analyse)
Spleen, Quand le ciel bas et lourd, Baudelaire : lecture linéaire
L’invitation au voyage, Baudelaire (analyse)
Le balcon, Baudelaire : analyse
La chevelure, Baudelaire : analyse
Elévation, Baudelaire (commentaire)
Le chat, Baudelaire (commentaire)
Le crépuscule du matin (analyse linéaire)
Le soleil, Baudelaire (lecture linéaire)
Le vin des chiffonniers (analyse linéaire)
Parfum exotique, Baudelaire : lecture linéaire
L’Horloge, Baudelaire : analyse
Harmonie du soir, Baudelaire : analyse
Les Voiles, Lamartine : analyse

Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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24 commentaires

  • Bonjour, bravo c’est très détaillé et bien expliqué. J’aurais aimé avoir votre avis, Baudelaire parle des esclavages, c’est très cliché esclaves = doivent me rafraichir avec des palmes… est-ce un jeu de contraste/d’opposition qui est souvent utilisé chez lui ou une normalité de l’époque, les gens qui voyagent (riches évidemment) doivent être servi ? Baudelaire étant en avance sur la façon de penser de dire les choses gênantes et qu’il pouvait être révolté sur certain sujet, il ne devrait pas aimé cela et pourtant il en parle comme quelque chose d’idéal… merci pour l’avis…

  • Merci beaucoup Amélie! Tes commentaires sont toujours très complets!!

    Je suis aussi tes formations et elles me font vraiment progresser!!

    Merci encore!

  • Bonjour
    Pourrais je savoir ou vous avez trouvé l’image qui accompagne le commentaire car je dois trouver des images qui correspondent à des poèmes.
    Merci

  • Bonsoir,

    Ne pourrait-on pas dire que la transformation des « vastes portiques » (vers 1) en « grottes basaltiques » (vers 4) traduit plutôt un élément créateur d’harmonie ? Ici ce serait donc entre un monde civilisé et un univers plus sauvage. Pour moi, le basalte n’est pas spécialement inquiétant, il m’évoque juste une roche volcanique, qui fait donc partie d’un paysage plutôt exotique. Qu’en pensez-vous ? Je ne sais pas si je suis très claire…

    Quoiqu’il en soit, ce commentaire est très bien fait, merci beaucoup de l’aide que vous nous apportez !

    • Bonjour Laure,
      Ton interprétation est intéressante et bien justifiée. Mes commentaires ne sont que des propositions, il est donc parfaitement possible, comme tu le fais, de proposer d’autres interprétations.

  • Bonjour, je suis en première ES. Je suis entrain de faire un commentaire sur la vie antérieure de Baudelaire mais je n’arrive pas a trouver une question d’ouverture. Pourriez-vous m’aider s’il vous plaît ?

    Merci d’avance.

  • Bonjour, je suis en première ES et jai fait un commentaire sur ce poème. Cependant je ne trouve pas de question d’ouverture. Pourriez-vous m’aider s’il vous plaît ?

    Merci d’avance.

  • Bonjour je suis en première ES est je suis un peu perdue dans l’écriture de mon commentaire je voudrais savoir si cette problématique est juste ou incohérente avec ce commentaire. Voici ma problématique:
    Comment se développe le Spleen et l’Idéal dans ce sonnet ?

    Merci d’avance.

  • Bonjour Amélie,

    Tu as, dans l’une des vidéos que tu animes, et dont je ne saurais me souvenir l’intitulé, insisté sur la différence entre le titre donné au recueil de poèmes de Baudelaire « Les Fleurs du Mal » et celui donné à la quatrième section du recueil « Fleurs du Mal ». Ainsi cette absence ou greffe (tout dépend du sens dans lequel on appréhende le problème) d’un pronom complément à un groupe nominal ne m’apparaît plus du tout anodin, par conséquent je me permet de te demander ce qu’elle induit exactement, cela m’intrigue énormément. J’espère avoir le plaisir de connaître ta réponse. Je terminerai en te disant que ces synthèses sont de formidables outils d’apprentissage, et que j’ai une pensée émue pour les dyslexiques et les aveugles à qui ces cours sont encore plus utiles qu’à moi-même, en cela je te remercie beaucoup.

    ^_^

  • Bonjour, je révise grâce à votre site mon bac de français et je m’aperçois qu’il n’y a pas Recueillement ( 1861)…Est-ce possible d’avoir juste un plan type?

    Merci

  • Bonjour Amélie,

    J’ai recherché des problématiques possibles sur ce poème et je suis tombée sur celle-ci : Dans quelle mesure, selon vous, ce poème échappe-t-il à l’exotisme facile ?
    Cependant je ne la comprends pas très bien … Faut-il parler de l’exotisme dans un premier temps puis du Spleen ensuite pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un « exotisme facile » ?

    Merci d’avance

  • Bonjour Amélie ! tout d’abord je voudrais te remercier pour les efforts que tu fais pour nous apporter ton aide, je te suis très reconnaissante ! Je voulais aussi savoir si il serait possible de faire une analyse linéaire sur ce poème à l’oral ?

  • Bonjour;

    Je trouve ce commentaire composé très bien mais je ne parviens pas a trouver une problématique adapté donc si vous aurez une idée de problématique a me faire parvenir.

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