Le balcon, Baudelaire : commentaire

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Le balcon – Manet

Voici un exemple de commentaire composé du poème « Le balcon » de Baudelaire.

« Le balcon » est un poème de Baudelaire issu de la section « Spleen et Idéal » du recueil Les Fleurs du Mal.

Clique ici pour lire le poème de Baudelaire « Le balcon ».

« Le balcon », Baudelaire : commentaire

I – Ambivalence de la femme aimée

L’ambivalence de la femme aimée surprend dès la lecture du « balcon ». Cette dernière revêt en effet le double visage de mère et d’amante : « mère » et « maîtresse ».

Cette ambiguïté se poursuit tout au long du poème. On observe ainsi un clivage dans les qualités attribuées à la femme car celle-ci inspire à la fois respect et désir :

♦ Au visage de mère répond la douceur du foyer, du sein et du cœur : « la douceur du foyer » (v.4), « ton sein m’était doux » v.8, « ton cœur si doux » v.24.

 ♦ Mais sur cette figure maternelle se superpose le visage de l’amante sensuelle : « plaisirs » (v.2), « caresses » (v.3), « beautés langoureuses » (v.23), « cher corps » v.24, « baisers infinis » v.26.

Des parallélismes de construction soulignent cette ambivalence. Observez les vers 2  et 8 :
«  ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi tous mes devoirs ! » (v.2)
«  Que ton sein m’était doux ! Que ton cœur m’était bon ! » (v.8)

Le parallélisme syntaxique souligne l’ambivalence de la femme tantôt maîtresse (« plaisirs », « seins »), tantôt mère (« devoirs », « doux »).

La femme aimée est  littéralement adorée. Remarquez la périphrase méliorative au vers 13 : « reine des adorées » qui souligne l’idéalisation de la femme.

L’adoration de Baudelaire transparaît également à travers une ponctuation très expressive (nombreuses phrases exclamatives). Le lyrisme est souligné par un décor évocateur qui lie les deux amants dans une intimité douce et inquiétante.

II – Une intimité douce et inquiétante

A – Une intimité douce

L’intimité des Baudelaire et de la femme aimée apparaît de prime abord douce et heureuse.

Tout d’abord, le balcon est un lieu aérien, suspendu sur le monde qui suggère une intimité ouverte vers l’extérieur.

A l’intimité du lieu répond l’intimité de l’atmosphère : les scènes évoquées se déroulent le soir, dans un paysage crépusculaire. Le décor, tout en étant lumineux et rougeoyant (« illuminés », « ardeur du charbon », « les soleils sont beaux ») est vaporeux (« voilés de vapeurs roses »).

L’intimité s’exprime aussi à travers la chaleurchaudes soirées » v.15), le rapprochement des corps (« la beauté des caresses » v.3, « Que ton sein m’était doux » v.8) et les échanges entre les deux amants «(« Nous avons dit souvent d’impérissables choses » v.9).

Le rapprochement des corps et la communion des deux amants atteint son paroxysme au vers 13 et 14 : « En me penchant vers toi , reine des adorées,/ je croyais respirer le parfum de ton sang ». Baudelaire a le sentiment de respirer l’essence même de la femme aimée.

Cette intimité douce devient néanmoins inquiétante au fil du poème.

B – Une intimité inquiétante

A partir de la quatrième strophe du poème « le balcon », l’intimité entre Baudelaire et la femme aimée devient inquiétante.

 Alors que les corps étaient rapprochés dans une intimité amoureuse, l’obscurité de la nuit forme peu à peu entre eux « une cloison » (v.16) qui sépare les deux amants. Vous pouvez observer le champ lexical de l’obscurité dans cette strophe : nuit, s’épaissir, noir, prunelles.

La femme aimée devient insondables et Baudelaire ne peut que chercher à deviner ses prunelles qu’il ne voit plus (v.17).

Cette ambiguïté transparaît à travers l’oxymore « ô douceur ! ô poison ! » au vers 18. (On a ici un oxymore car deux mots de sens opposés – douceur et poison – sont juxtaposés). La communion avec la femme aimée devient mortifère, vénéneuse.

La complicité du couple s’est évaporée et Baudelaire, nostalgique, ne cherche plus qu’à faire renaître les souvenirs heureux.

III – La nostalgie du poète

A – La volonté de faire renaître les souvenirs

La dernière strophe du « balcon » est capitale car elle éclaire l’enjeu du poème. Baudelaire cherche à faire renaître les souvenirs à travers la poésie. C’est ainsi qu’on peut comprendre les vers 26 à 29 (« ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, / renaîtront-ils (…)/ Après s’être lavés au fond des mers profondes ? »).

Les souvenirs peuvent être « lavés », c’est-à-dire purifiés. Il peuvent renaître après être tombés dans l’oubli (« gouffre », « mers profondes ») grâce à l’évocation poétique.

Baudelaire suggère toutefois les limites de l’évocation poétique à travers la tournure interrogative de la phrase dont le verbe renaitre est au futur (« Renaîtront-ils ? »).

Le pouvoir de la poésie semble ainsi incertain même si des indices dans la dernière strophe laissent penser que Baudelaire est parvenu à atteindre son but. En effet, l’image des « soleils rajeunis » au vers 28 suggère la réussite à faire renaître les souvenirs passés, tandis que le dernier vers  clôt le poème avec un sentiment de plénitude et d’infini qui résonne grâce à l’anaphore en « ô ».

B – L’art d’évoquer les minutes heureuses

Si Charles Baudelaire réussit à faire renaître les souvenirs, c’est parce qu’il sait « l’art d’évoquer les minutes heureuses » (v.21 et 25). Cet art de l’évocation, voire de l’incantation est à l’œuvre dans « le balcon ».

Observez l’utilisation du refrain que constitue le dernier vers de chaque strophe. Le cinquième vers reprend le premier vers de chaque strophe, faisant résonner celui-ci comme dans une rêverie.

Le lyrisme de Baudelaire dans ce poème est envoûtant. Les nombreuses anaphores (répétition d’un même mot en début de vers ou de phrases) – notez ici les anaphores en ô toi, ô, que, et – et les parallélismes résonnent comme une incantation.

Observez également la richesse phonique du poème. Par exemple l’allitération en « m » et l’assonance en « oi » dans la première strophe suggère la douceur, l’harmonie et l’intimité du couple (« Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, / ô toi tous mes plaisirs ! ô toi tous mes devoirs ! »).

A cette harmonie succède l’ambigüité et la menace suggérée par les allitérations de consonnes fricatives  « s » et « f » (« la nuit s’épaississaient (…) Et je buvais ton souffle, ô douceur, ô poison ! »).

Pour aller plus loin :

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Amélie Vioux

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10 commentaires

    • La symbolique du balcon est bien évoquée dans mon analyse, mais quoiqu’il en soit, mes analyses ne sont pas exhaustives et plusieurs plans sont toujours possibles. Je t’invite donc à faire un autre plan si tu souhaites orienter ton analyse différemment.

    • Et pour te dire d’un point de vue comme sa oui c’est romantique, mais si tu parles du mouvement littéraire non c’est du symbolisme même s’il peut se rapprocher de quelques notes du lyrisme qui fonde le romantisme.

  • Bonjour, je voulais vous demander s’il était possible que vous mettiez des sous -parties dans la première partie car cela m’aide pour apprendre. Merci pour votre site qui m’aide beaucoup, cordialement

  • Avant tout, je tiens à vous remercier pour ce commentaire composé, mais aussi pour tous vos autres articles qui m’ont beaucoup aidé pour l’épreuve écrit, et qui vont aussi m’aider pour l’épreuve orale (je l’espère). J’ai une question a vous poser : A-t-on le droit de ne pas introduire de sous-parties à l’intérieur d’une partie ?

  • J’avais beaucoup de mal à comprendre ce poème mais vos explication sont mille fois plus claires que celles de ma prof donc j’espère que comme ça je vais m’en sortir bien ! Merci !

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