Dissertation sur Le Menteur !

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Voici une dissertation sur Le Menteur de Pierre Corneille (parcours au bac de français : Mensonge et comédie).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rédigé comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation :

Peut-on considérer que Le Menteur consacre le triomphe des menteurs ?

Pour que ce corrigé te sois utile, entraîne-toi d’abord à réaliser toi-même un plan sur ce sujet. Aide-toi de ma fiche et vidéo sur Le Menteur.

Introduction

Dans l’Illusion comique, pièce écrite par Corneille en 1636, Primadant déclare à propos de son fils Clindor, devenu comédien : « J’ai pris sa mort pour vraie, et ce n’était que feinte » (Acte V, scène 6). Il définit ainsi le théâtre comme une fiction, un mensonge composé avec grâce pour le divertissement et le plaisir des spectateurs.

Mais au XVIIème siècle, le mensonge véhicule avant tout une dimension morale : opposé à la vérité, la modération et la raison, il fait l’objet d’une réprobation.

Or, dans Le Menteur, si celui qui ment s’écarte de la vérité, il produit également l’action dramatique et devient source de divertissement et de plaisir.

La pièce consacre-t-elle donc le triomphe des menteurs ? Que symbolise le mensonge dans cette pièce ?

Nous verrons que si les menteurs triomphent dans cette pièce, il s’agit avant tout d’un triomphe du jeu et de l’esprit qui traduit un éloge du théâtre et du divertissement.

I – Une pièce qui semble consacrer le triomphe du mensonge et des menteurs

A – Paris, l’espace du mensonge

  • Dorante, étudiant qui débarque de Poitiers, est conscient que Paris est un monde d’illusion et de faux-semblant dans lequel il faut se composer un masque pour réussir : « On apprenne à se faire un visage à la mode » (acte I, scène 1).

  • Cliton lui-même décrit Paris comme un espace baroque et bigarré : « Paris est un grand lieu plein de marchands mêlés (…) Dans la confusion que ce grand monde apporte / Il y vient de tous lieux des gens de toute sorte ». (Acte I, scène 1) Paris, lieu de mouvement perpétuel et de chaos, entraîne les personnages dans ses codes trompeurs.

B – La spirale du mensonge

  • Dorante incarne un type théâtral, le menteur invétéré, incapable de vivre dans la vérité. Pour séduire, il n’hésite pas à se travestir en soldat héroïque : « Nos armes n’ont jamais remporté de victoires / Où cette main n’ait eu bonne part à la gloire » (acte I, scène 3). Il érige le mensonge en art de vivre : « Tout secret ne gît qu’en un peu de grimace / A mentir à propos, jurer de bonne grâce » (acte I, scène 6).

  • Mais il est entraîné dans une spirale intenable car le mensonge initial en entraîne d’autres. Ainsi, à l’acte II, scène 6, pour se défaire d’un éventuel mariage avec Clarice, Dorante invente un mariage forcé avec une certaine Orphise, fille d’Armédon, à Poitiers. À l’acte IV scène 4, Dorante a déjà oublié ces personnages fictifs et manque d’être démasqué en se trompant de nom (Pyrandre au lieu d’Armédon).

  • Pour maintenir l’illusion, le jeune homme doit donc sans cesse réitérer le mensonge. Les autres personnages sont également entraînés dans cette spirale, comme Clarice qui échange son identité avec son amie Lucrèce lors d’un rendez-vous nocturne avec Dorante. Ne pourrait-on pas déceler ici le point de vue d’un moraliste ? Car les menteurs, que ce soient Dorante ou Clarice, se retrouvent toujours victimes ou prisonniers de leurs propres fabulations

C – Une vérité qui ne parvient pas à devenir publique

  • Certains personnages incarnent au contraire la vérité. C’est le cas de Cliton, le valet, qui ne cesse de reprendre Dorante sur ses mensonges : « Savez-vous bien Monsieur que vous extravaguez ? » (L’acte I, scène 3 ) Il incarne la voix de l’honnêteté et du bon sens. Mais le jeu théâtral de l’aparté souligne que cette vérité ne parvient pas à devenir publique. Le menteur reste donc maître du jeu.

  • Philiste est également un personnage averti. Après le récit de Dorante sur les fêtes mirifiques qu’il aurait données, il déclare à Alcippe : « Sans raison toutefois, votre âme en est saisie / Les signes du festin ne s’accordent pas bien » (Acte I, scène 5).  Le menteur, s’il parvient à séduire la majorité, n’aveugle donc pas tout le monde. Mais les protestations de Philiste demeurent discrètes : il ne s’oppose pas frontalement au menteur, lui laissant la maîtrise du jeu.

Transition : Corneille dévoile la toute-puissance du mensonge et du menteur qui parvient à faire taire la voix de la vérité lorsqu’elle tente d’émerger. Est-ce à dire que Corneille consacre l’immoralité des menteurs ? Rien n’est moins sûr car le fabulateur est aussi celui qui apporte du jeu, de l’esprit et du divertissement.

II – Mais un triomphe avant tout du jeu et de l’esprit

A – Mentir par défi

  • Dorante conçoit le mensonge comme un défi intellectuel. À l’acte III, scène 4, il dévoile à Cliton les caractéristiques du bon menteur : « Le ciel fait grâce à fort peu de personnes / Il y faut promptitude, esprit, mémoire, soins / Ne se brouiller jamais, et rougir encore moins ». Si le talent de mystificateur constitue une « grâce » faite par le « ciel », c’est donc davantage une compétence qu’une déficience morale.

  • Le menteur apprécie la mise en danger du mensonge, qui l’enivre. Lorsque Géronte lui demande le nom du père d’Orphise, Dorante, qui a oublié l’appellation initialement inventée (Armédon) réussit à s’en sortir par une pirouette d’esprit (acte IV scène 4) . « L’esprit a secouru le défaut de mémoire » explique-t-il à l’acte IV, scène 5.

B – Mentir par créativité

  • Le menteur se rapproche de l’homme de lettres comme le prouve le jeu sur les styles que Dorante réalise à chaque mensonge.

  • Devant Clarice, il devient auteur d’épopée bravant en Allemagne les « combats » (acte I, scène 3).

  • Devant Alcippe, il orchestre le récit galant d’une fête imaginaire (acte I, scène 5) La préciosité de ses propos, à l’évocation de la jalousie du soleil qui « finit nos plaisirs », s’apparente aux poèmes précieux de Vincent Voiture, en vogue dans les années 1640.
  • Devant Géronte, Dorante met en scène une tragi-comédie aux multiples retournements de situation (« ma montre sonna », « Avec mon pistolet le cordon s’embarrasse (…) le feu prend, le coup part »).

Transition : Le menteur est célébré dans cette pièce car il représente une allégorie du jeu et de l’esprit. Finalement, ne peut-on pas voir dans le triomphe du mensonge une consécration du théâtre lui-même ?

III – Finalement, Le Menteur ne consacre-t-il pas plutôt le triomphe du théâtre ?

A – Dorante, incarnation de l’acteur

  • Devant chaque personnage, Dorante est contraint de poursuivre un rôle : le jeune premier amoureux, le fils marié, l’organisateur de fêtes dispendieuses. Ces masques multiples font de lui l’idéal de l’acteur qui change de masque en fonction des rôles à jouer.

  • Quand Cliton expose les qualités nécessaires au menteur – « Il faut bonne mémoire après qu’on a menti » (acte IV, scène 5 ) –  ne donne-t-il pas, en définitive, la définition d’un acteur ?

B – Dorante, incarnation du metteur en scène et du dramaturge

  • Dorante peut même être perçu comme un metteur en scène et dramaturge. Ses mensonges constituent le véritable ressort dramatique qui relance l’action à de multiples reprises.
  • Les autres personnages adoptent la posture de spectateurs, comme Clarice : « Il fait pièce nouvelle, écoutons » (acte III, scène 5). Le vocabulaire théâtral permet d’évaluer la qualité de la mise en scène.
  • Philiste, à l’acte V, scène 2, qui ne goûte que peu cet art du mensonge, utilise également le vocabulaire du théâtre : « Non sa parole est sûre, et vous pouvez l’en croire ; (…) Et si ce mariage est de même méthode / La pièce est fort complète et des plus à la mode ». Les personnages s’expriment comme s’ils assistaient à une pièce divertissante.

C – Le mensonge, une allégorie du théâtre

  • Dans cette pièce, Corneille ne présente pas tant le mensonge comme un défaut moral que comme une capacité d’invention, de création. Le menteur devient l’allégorie du théâtre.
  • D’ailleurs, Cliton livre à la fin de la pièce une morale inattendue : « Comme en sa propre fourbe un menteur s’embarrasse / Peu sauraient comme lui s’en tirer avec grâce. / Vous autres qui doutiez s’il en pourrait sortir / Par un si rare exemple apprenez à mentir ». La condamnation morale du mensonge (« fourbe ») bascule au profit d’un jugement esthétique (« avec grâce »).

Conclusion

Si les mystificateurs triomphent dans cette pièce, Le Menteur ne consacre pas pour autant la victoire de la tromperie morale.

Corneille quitte le point de vue du moraliste pour adopter celui du dramaturge qui dresse, à travers ses personnages, un éloge de son propre art.

Le théâtre est en effet un mensonge divertissant réalisé avec grâce.

Marivaux, un siècle plus tard, dans des pièces comme La Double Inconstance ou Les Fausses confidences, utilise également le masque comme emblème du théâtre, cette fiction qui permet de faire émerger la vérité.

Analyses linéaires sur Le Menteur :

Dissertations sur les autres oeuvres au programme :

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Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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