Dissertation sur Sido et Les Vrilles de la vigne !

Voici un exemple de dissertation sur Sido et Les Vrilles de la vigne de Colette (parcours au bac de français : la célébration du monde).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés.

Selon vous, dans Sido et Les Vrilles de la vigne, Colette ne célèbre-t-elle que les êtres qu’elle a chéris ?

Pour que ce corrigé te soit utile, entraîne-toi auparavant à réaliser ce sujet avec ma fiche et vidéo sur Sido et Les Vrilles de la vigne !

Introduction

Avec Sido, roman autobiographique publié en 1929 et Les Vrilles de la vigne, recueil de 18 nouvelles publié en 1908, Colette signe deux œuvres poétiques. Elles témoignent d’une écriture du souvenir où la nostalgie fait ressurgir des moments et des personnages marquants de son enfance.

Mais ces œuvres ne célèbrent-elles que les êtres que Colette a chéris ?

Nous analyserons comment l’art du portrait participe à la célébration des êtres chéris par Colette, puis comment l’écrivaine embrasse plus largement le monde auquel elle appartient.

I – La célébration des proches ou l’art du portrait autobiographique

A – Sido, une mère au centre du monde

• Sidonie Landoy épouse Colette est dépeinte par sa fille comme une femme extraordinaire, en symbiose avec la nature (« la reine du jardin »): elle possède le pouvoir de parler aux animaux, de commander le vent, de connaître l’heure où le soleil se couche…Elle a transmis son amour de la nature à sa fille.

• Sido entretient une relation d’affection, voire de fusion avec sa fille qu’elle couvre de noms affectueux : « joyau tout en or ».

• L’intensité de l’amour de Colette pour sa mère érige cette dernière en déesse de la nature. Elle a recours au registre épidictique pour faire l’éloge de cette mère, au centre de tout.

• On peut établir un parallèle avec le récit autobiographique d’Annie Ernaux, Une femme, où la mère de l’auteur occupe une place centrale. Le récit est toutefois traité dans la veine réaliste chez Annie Ernaux, où le lecteur découvre la vie de labeur de la mère et ses derniers jours à l’hôpital ; alors qu’il est poétique chez Colette.

B – Les figures masculines chéries

• Un chapitre de Sido est consacré au père, « Le capitaine ». Amputé d’une jambe, il est présenté comme un homme joyeux, aimant la vie, sa femme et ses enfants.

• Les deux frères, Achille et Léopold, sont dépeints dans la section « les sauvages » de Sido. Les anecdotes rapportées (courte bagarre, mariage de la sœur Juliette) montrent l’affection de Colette pour ses frères.

C – L’amour et l’amitié

• Colette évoque aussi son amour pour Missy, surnom de Mathilde de Morny, l’amante de Colette depuis 1905. Dans « Nuit blanche », « Jour gris », « Le Dernier Feu », elle décrit des bribes de son histoire d’amour avec douceur.

• L’amitié pour Valentine, dans Les Vrilles de la vigne est également au coeur de plusieurs nouvelles. Dans : « Belles-de-jour », les deux femmes partagent leur chagrin lié aux histoires d’amour avec des hommes. « La guérison » évoque la souffrance Valentine après le départ de son amant Henri. Même si le personnage de Valentine permet une critique des conventions bourgeoises, Colette évoque toujours la jeune femme avec tendresse.

II – La célébration lyrique du monde

L’allégorie du rossignol, qui ouvre le recueil Les Vrilles de la vigne, symbolise le besoin de liberté, de solitude et d’authenticité qui anime Colette.

A – La beauté de la nature

• Par le recours à la description du locus amoenus (du latin lieu agréable, de la nature, équivalent du paradis terrestre) et à un vocabulaire technique pour nommer la faune et la flore, Colette peint de véritables tableaux de la nature.

• La célébration du monde passe par un rapport sensuel au monde. Ainsi, on assiste à une explosion des sensations dans le jardin de Sido : il s’agit d’un véritable Eden, empli d’une variété des fleurs et des couleurs. Le refus de la mère d’offrir des fleurs coupées pour un mort (le défunt mari de Mme Enfert) témoigne aussi de ce rapport vivant et sensuel à la nature.

• L’évocation de la nature permet de raviver les souvenirs. Dans « Jour gris », dans Les Vrilles de la Vigne, Colette revisite son enfance à travers l’évocation du jardin. Dans « forêt de crécy », l’évocation du sous-bois permet à l’autrice de retrouver des sensations anciennes.

• Dans « Bain de soleil », la plage éblouissante procure à l’écrivaine un profond bien-être.

B – L’amour des animaux

• Colette livre son amour pour les animaux, surtout les chats et les chiens, dans Les Vrilles de la vigne : « Amours », « Nonoche » (la maternité de sa chatte), « Toby-Chien parle »…La célébration du monde passe par une compréhension fine du monde animal.

• Les animaux sont d’ailleurs dotés de la parole comme Toby-Chien qui explique sa passion pour la musique dans une interview. L’écrivaine les fait converser comme dans « Dialogue de bêtes ».

• Dans « Rêveries du Nouvel an », l’écrivaine et l’animal se confondent.

C – Le plaisir de l’écriture

• L’écriture riche, précise et poétique de Colette permet de célébrer le monde. Elle mêle recherche du mot exact et évocation de sensations et d’émotions.

• La musicalité de l’écriture de Colette rapproche ses récits de poèmes en prose. Les sonorités participent à cette musicalité, comme l’allitération en « ll » et l’assonance en « i » dans « bain de soleil » : « les mollets criblés de mille aiguilles, les reins fourmillants sous le tricot bleu ».

• Les nombreuses synesthésies font songer au poème « Correspondances » de Baudelaire, par exemple lorsque les violettes dans « Le dernier feu » font surgir des réminiscences de l’enfance.

Conclusion

En puisant dans son enfance, Colette fait émerger les êtres qu’elle a chéris dans son cercle familial et amical. Sa mère, Sido, personnage éponyme, est incontestablement la figure qu’elle célèbre avec le plus d’amour.

Mais son émerveillement face à la nature et son attachement aux bêtes sont également célébrées.

Par le recours à la description, à l’art du portrait, au registre lyrique, Colette invite le lecteur à saisir l’essence des moments d’amour partagés et célèbre également le pouvoir du langage.

Dans La Gloire de mon Père, en 1957, Marcel Pagnol célèbrera non seulement son père instituteur Joseph et son oncle Jules mais aussi les charmes de la bastide et de la Provence.

Pour aller plus loin sur Colette :

• Sido, le portrait de Sido (« Elle revenait chez nous lourde de chocolat… »)
• Sido, Car j’aimais tant l’aube
• Portrait de Sido en prêtresse du vent (« Levée au jour, parfois devançant le jour… »)
• Sido au cerisier (« Je l’ai vue suspendre, dans un cerisier… »)
• Les Vrilles de la vigne (Autrefois le Rossignol ne chantait pas la nuit… »)
• Les Vrilles de la vigne, Le dernier feu (« Ô violettes de mon enfance »)
• Les Vrilles de la vigne, bain de soleil (« Poucette, tu vas te cuire le sang ! »)
• Les Vrilles de la vigne, forêt de Crécy
• Les Vrilles de la vigne, jour gris

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