Dissertation sur La Rage de l’expression !

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Voici une dissertation sur La Rage de l’expression de Francis Ponge (parcours au bac de français : Dans l’atelier du poète).

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rédigé comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet de dissertation

En quoi La Rage de l’expression peut-il être considéré comme un recueil en cours d’élaboration ?

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Introduction

À l’automne 1870, Rimbaud ordonne à Paul Demeny – qui ne l’écoutera pas : « Brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner Â». Sous sa plume, la création poétique apparaît comme un acte à cacher voir à faire disparaître à jamais. Traditionnellement, le processus de création apparaît en effet tour à tour difficile, inavouable, honteux, insatisfaisant. Mais au XXème siècle, notamment avec Francis Ponge, la perspective se renverse.

Ainsi, dans La Rage de l’expression publié en 1952, le poète montre un travail inachevé, et assume les difficiles strates de création quitte à surprendre le lecteur.

En quoi La Rage de l’expression peut-il ainsi être considéré comme un recueil en cours d’élaboration ? De quelle manière le fait de découvrir un travail poétique à l’œuvre change-t-il la réception du lecteur ?

Après avoir montré qu’on a affaire aux linéaments d’une œuvre en construction, nous verrons que Francis Ponge nous convie à un atelier poétique de la rupture. Enfin, nous étudierons combien le rôle du lecteur est essentiel dans l’élaboration de ce recueil.

I – La Rage de l’expression donne à voir les linéaments d’une Å“uvre en construction

A – Une oeuvre inachevée

  • Francis Ponge assume ses expérimentations poétiques au point de présenter son Å“uvre comme inachevée. Le recueil se présente donc comme un ensemble de notes qui concernent des sujets variés, des textes accompagnés de commentaires.

Exemple : Le lecteur comprend parfois explicitement d’après les titres qui comprennent les termes « note » ou « carnet » que les poèmes présentés sont en cours d’élaboration (« Notes prises pour un oiseau Â», « Le Carnet du Bois de pins Â» ou « La Mounine ou Note après coup sur un ciel de Provence Â»)

  • Ponge affirme ne pas vouloir composer une Å“uvre finie. Son but est de respecter la primauté de l’objet.

Exemple : Dans « Berges de la Loire Â» qui peut se lire comme un manifeste poétique, il écrit : Â« Que rien désormais ne me fasse revenir de ma détermination : ne sacrifier jamais l’objet de mon étude à la mise en valeur de quelque trouvaille verbale que j’aurai faite à son propos, ni à l’arrangement en poème de plusieurs de ces trouvailles Â».

B – Les notes d’un scientifique

  • Ponge affiche clairement son objectif de connaître les objets qu’il analyse, de l’étymologie de l’objet à ses évocations. Il part souvent d’une définition du Littré, ce qui donne davantage l’impression de lire des notes de recherche qu’un poème.

Exemple : Les poèmes sur la faune et la flore (« Guêpe Â», « Mimosa Â») témoignent du regard que Francis Ponge porte sur le monde. Il part littéralement des définitions du dictionnaire Le Littré.

  • La méthode qu’il utilise est celle d’un scientifique : observation minutieuse, analyse rigoureuse, évaluation précise par le langage, approche objective.

Exemple : Dans « Berges de la Loire Â», Ponge lance : « ne jamais essayer d’arranger les choses Â». Par cette typographie en italiques, il montre que son objectif n’est pas d’améliorer ou de rendre beau, mais d’observer.

Exemple 2 : Les définitions sont souvent reproduites intégralement, ce qui donne l’impression de lire les notes d’un chercheur. Dans « Le Mimosa » : « Florilège : 1° Synonyme d’anthologie. 2° Titre de quelques ouvrages qui traitent de plantes remarquables par la beauté de leurs fleurs.« 

C – L’exhibition du processus de création

  • Mais face à cette volonté affichée de cerner les objets, Ponge ne cache pas les méandres de sa réflexion poétique, faite d’hésitations inhérentes à l’écriture.

Exemple : Dans « La Mounine Â», il écrit : « Je désire moins aboutir à un poème qu’à une formule, qu’à un éclaircissement d’impressions Â».

  • Le processus de création fait partie du recueil : le lecteur est donc confronté à des répétitions, à des corrections, à des textes proposés avec plusieurs versions.

Exemple : Dans « Le Carnet du Bois de pins Â», Ponge numérote les « Ã©léments indéformables Â» puis multiplie les combinaisons chiffrées. Au centre de ce poème, on trouve également un long texte intitulé « Formation d’un abcès poétique Â» ; cette métaphore péjorative confirme que les ajouts successifs de textes sont des protubérances qui augmentent le texte initial sans le remplacer. Dès lors, les différentes versions cohabitent et s’enrichissent.

II –  Un atelier poétique de la rupture

A – Une expérimentation nouvelle

  • Ponge prend ses distances avec la poésie traditionnelle lyrique : il veut expérimenter une matière (les objets) et une nouvelle posture (savant et artiste).

Exemple : Dans « La Mounine Â», il écrit « j’ai besoin du magma poétique, mais c’est pour m’en débarrasser Â». Il s’agit donc bien de rompre avec ce qui a été fait précédemment.

Exemple : Dans « Berges de la Loire Â» : De façon imagée et presque humoristique, la dernière phrase ancre dans le concret la posture de Ponge : « le moindre soupçon de ronron poétique m’avertit seulement que je rentre dans le manège, et provoque mon coup de reins pour en sortir Â».

  • Les expérimentations audacieuses du poète ne sont pas dénuées de doutes.

Exemple : Dans « L â€˜Å“illet Â», Ponge écrit « il est fort possible que je ne possède pas les qualités requises pour mener à bien une telle entreprise-en aucun cas. / D’autres viendront, qui utiliseront mieux que moi les procédés que j’indique. Ce seront les héros de l’esprit de demain. Â»

B – Une réflexion métalinguistique

  • Ponge interroge sans cesse les ressources du langage pour cerner les objets.

Exemple : Les premières lignes de « L’œillet Â» exposent de façon prophétique l’objectif du poète : Â« Relever le défi des choses au langage Â». Cette dialectique entre le langage (en termes linguistiques, le signifiant) et les choses (le signifié) est essentielle dans le recueil.

  •   Il brise le mythe de l’inspiration poétique et se montre au travail sur le langage.

Exemple : « En ce qui concerne le bois de pins, je viens de relire mes notes. Peu de choses méritent d’être retenues. – Ce qui importe chez moi, c’est le sérieux avec lequel j’approche de l’objet, et d’autre part la très grande justesse de l’expression. Â»

III – Le rôle prépondérant du lecteur dans l’élaboration du recueil

A – Le lecteur devient témoin d’un travail difficile et chronophage

  • Ponge se place aux antipodes du poète inspiré par les dieux ou une muse. Il répète que l’écriture poétique est un labeur chronophage.

Exemple : Dans « Tout cela n’est pas sérieux Â» :  Francis Ponge brise les codes de la poésie traditionnelle pour juger sa propre écriture qui prend du temps. À la question en apparence humoristique (« qu’ai-je gagné Â») répond la remarque sarcastique du poète : « Pas grand-chose pour la peine que je me suis donnée. Â» Là encore, il souligne l’écart entre le travail du poète, le temps passé et le résultat.

B – Francis Ponge crée une relation de complicité avec le lecteur

  • Ponge construit l’œuvre avec son lecteur. Il établit une relation de complicité avec lui en le provoquant ou en le faisant rire.

Exemple : Dans « L’œillet Â», Ponge répond à l’interrogation rhétorique (« est-ce là la poésie ? Â») par un pied-de-nez : « Je n’en sais rien, et peu importe Â».

Exemple : Dans « Le mimosa Â», on peut lire « Ex-martyr du langage, on me permettra de ne le prendre plus tous les jours au sérieux. Ce sont tous les droits qu’en ma qualité d’ancien combattant — de la guerre sainte — je revendique. — Non, vraiment ! Il doit y avoir un juste milieu entre le ton pénétré et ce ton canaille. Â»

  • A plusieurs reprises, il évoque sa soif de connaissance des objets. Il superpose à ce terme celui de co-naissance, jeu de mot présent grâce à la typographie dans « Le Carnet du bois de pins Â». Ecrire et lire la poésie vont donc de pair.

Conclusion

En définitive, à la lecture de La Rage de l’expression, le lecteur prend conscience d’être face à un recueil poétique en cours d’élaboration.

En effet, les formes utilisées sont inachevées : on y trouve des notes, des versions répétées, enrichies, corrigées, des parenthèses et accolades.

Le recueil est le fruit du travail d’un scientifique qui expose ses objets d’étude, sa méthode en ne cachant nullement ses hypothèses. Le processus de création est exhibé dans ses expérimentations nouvelles et ses difficultés.

Le rôle du lecteur est donc prépondérant dans l’élaboration-même du recueil : il détermine le ton tantôt provocateur tantôt nonchalant de l’écriture, il fait naître une réflexion sur le langage et sur le rôle de la poésie, il permet de connaître/co naître.

Dans sa Lettre à Gabriel Audisio du19 octobre 1941, Francis Ponge se présente comme un apprenti chimiste qui a travaillé tout l’été : « D’innombrables cahiers, carnets ont ainsi été noircis d’élucubrations diverses. Rien de tout cela n’est d’ailleurs susceptible d’intéresser les gens. C’est de l’expression à tâtons. Â» Ces tâtonnements ravissent encore le lecteur aujourd’hui.

Analyses linéaires de poèmes issus de La Rage de l’expression :

Dissertations sur les autres oeuvres au programme :

Dissertation sur l’ancien programme :

Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

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