Dissertation sur Lettres d’une Péruvienne !

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dissertation sur lettres d'une péruvienne

Voici un exemple de dissertation sur Lettres d’une Péruvienne de Françoise de Graffigny (Parcours au bac de français : « Un nouvel univers s’est offert à mes yeux« )

Important : Pour faciliter ta lecture, le plan de cette dissertation est apparent et le développement est présenté sous forme de liste à puces. N’oublie pas que le jour J, ton plan et ton développement doivent être intégralement rédigés. Tu trouveras ici un exemple de dissertation rédigé comme tu dois le faire le jour du bac.

Sujet traité :

Dans quelle mesure la découverte d’un nouvel univers permet-elle à Zilia de construire son identité ?

Pour que ce corrigé te soit utile, entraîne-toi auparavant à réaliser le sujet à l’aide de ma fiche de lecture et ma vidéo sur Lettres d’une péruvienne !

Introduction

[Accroche] Les Grandes Découvertes permettent à l’Europe de s’ouvrir sur des civilisations lointaines et de s’interroger sur le rapport entre la civilisation occidentale et les mœurs des indigènes, comme le fait le missionnaire jésuite Jean de Léry en 1615 dans Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil.

[Présentation de l’oeuvre] Un siècle plus tard, dans Lettres d’une Péruvienne (1747), Françoise de Graffigny inverse ce point de vue dans son roman épistolaire : c’est une étrangère, Zilia, princesse inca, qui est arrachée à son peuple et qui se retrouve plongée dans la société française du XVIIIe siècle.

[Problématique] Dans quelle mesure la rencontre avec un monde radicalement différent conduit-elle Zilia à reconsidérer ses valeurs et ses certitudes ? Comment ce double mouvement d’ouverture et de résistance à un nouvel univers façonne-t-il peu à peu son identité nouvelle ?

[Plan] Si la découverte d’un univers inconnu provoque pour Zilia une perte de repères brutale, elle n’en demeure pas moins une expérience initiatique par la réflexion sur soi qu’elle entraîne. Nous nous interrogerons enfin sur la façon dont la confrontation à un nouvel univers conduit Zilia à reconstruire une identité librement choisie.

I – La découverte d’univers nouveaux constitue pour Zilia une perte de repères brutale et déstabilisante

A – Des ruptures violentes

Dans la fiction, la rupture avec un modèle familial, traditionnel et religieux peut constituer un point de départ fructueux. C’est le cas dans le roman épistolaire de Françoise de Graffigny dont le point de départ est l’enlèvement de Zilia par les conquistadors espagnols alors qu’elle célèbre une cérémonie sacrée dans le temple du Soleil.

La fracture est brutale : la jeune femme perd sa liberté, sa langue, ses croyances, et son amour avec Aza. Elle se retrouve donc dans une position d’exilée, contre son gré. Déracinée et privée de son cadre familier, elle est contrainte de partir en bateau, ce qui l’amène à une première forme de crise identitaire.

Exemple : « Arrachée à mon pays, à mon temple, à mon époux, je suis tombée dans un gouffre inconnu. »
Cette phrase révèle la violence de l’expérience pour Zilia. Dès la première lettre, Zilia s’érige contre la cruauté des conquistadores, qui se montrent insensibles aux supplications de leurs victimes.

B – La découverte d’une langue et d’une culture nouvelles

Recueillie par le vaisseau français du chevalier Déterville, Zilia va faire la découverte de la civilisation et la langue françaises. L’effort de déchiffrement et de traduction qu’elle mène tout au long du roman, pour comprendre et acquérir la langue française, forge son autonomie intellectuelle.

Exemple 1 : Dans la lettre 9, Zilia découvre les sonorités de la langue française, et le sens de quelques mots par l’intermédiaire du Capitaine Déterville. Elle est obligée de passer par des périphrases pour dénommer les choses : « Je sais que le nom du Cacique est Déterville, celui de notre maison flottante vaisseau, et celui de la terre où nous allons, France.»  

Exemple 2 : Au fur et à mesure qu’elle acquiert la connaissance de la langue française, Zilia s’ouvre à la lecture. Dans la lettre 20, elle exprime son plaisir et son désir de lire, qui lui apporte une grande partie de ses connaissances. Elle emploie même le terme de lumières (« je trouverais avec eux toutes les lumières« ) qui suggère son ouverture à l’esprit des Lumières : « Je dois une partie de ces connaissances à une sorte d’écriture que l’on appelle livre« 

C – Une identité en suspension entre deux mondes

Perdre sa place géographique et symbolique dans un univers connu a des conséquences majeures pour Zilia : elle n’appartient plus à son cadre traditionnel mais elle n’appartient pas encore à la société française. La jeune femme ressent fortement cette différence qui la déstabilise.

Exemple 1 : Dans la lettre 20, Zilia s’inquiète de son statut incertain. Elle n’appartient à aucun des deux mondes : « Je n’ai ni or, ni terres, ni adresse; je fais nécessairement partie des citoyens de cette ville. Ô ciel ! dans quelle classe dois-je me ranger ?« 

Exemple 2 : C’est le cas également de Candide, dans le conte philosophique de Voltaire publié en 1759. Le jeune Candide doit quitter son univers contre son gré. Chassé du château de Thunder-ten-tronckh, le personnage éponyme est amené à remettre en question toute son éducation optimiste transmise par Pangloss.

II – Mais la confrontation à une nouvelle civilisation est une expérience personnelle fondatrice et initiatique

A – La comparaison entre la nouvelle culture et la culture d’origine

Zilia évalue ses découvertes par rapport à sa propre culture. Ces allers-retours entre sa culture et ses découvertes sont au fondement du développement de son esprit critique.

Exemple 1 : Dans la lettre 10, Zilia perçoit la grandeur de la civilisation française, et en est profondément déstabilisée. Elle en vient à remettre en cause sa civilisation d’origine : « Suis-je moins mortifiée de ne trouver dans mon esprit que des erreurs ou des ignorances ? Je le vois avec douleur, mon cher Aza, les moins habiles de cette contrée sont plus savants que tous nos Amautas.« 

Exemple 2 : Mais Zilia n’est pas intimidée par la culture française. Elle la compare méthodiquement avec sa propre culture, qui remporte souvent l’avantage à ses yeux. Ainsi, dans la lettre 21, elle affirme que la religion Inca présente des vertus équivalentes à la religion chrétienne : « À l’égard de l’origine et des principes de cette religion [le religion chrétienne], ils ne m’ont paru ni plus incroyables ni plus incompatibles avec le bon sens que l’histoire de Manco-pacac et du marais Tisicaca. »

Dans la lettre 20, elle proclame sans ambiguïté la supériorité du gouvernement Inca sur le gouvernement français : « Le gouvernement de cet empire, entièrement opposé à celui du tien, ne peut manquer d’être défectueux. Au lieu que le Capa-Inca est obligé de pourvoir à la subsistance de ses peuples, en Europe, les souverains ne tirent la leur que des travaux de leurs sujets.« 

B – L’émergence d’une pensée critique

En voyageant, les personnages deviennent des observateurs avertis des sociétés qu’ils traversent. Le décalage qu’ils expérimentent nourrit leur regard critique.

Exemple 1 : Dans la lettre 34, Zilia dénonce l’éducation réservée aux jeunes filles et souligne la dépendance dans laquelle elles sont maintenues vis-à-vis de l’autorité parentale puis masculine. Son regard, à la fois naïf et lucide, lui permet d’adopter une posture critique résolue. Elle met ainsi en cause non seulement les lois françaises, qui garantissent une impunité aux hommes, mais aussi l’institution du mariage, réduit selon elle à un sacrement trompeur. Aux yeux de l’héroïne, les femmes apparaissent dès lors comme des êtres assujettis, empêchés d’exercer pleinement leurs vertus.

Exemple 2 : Dans les Lettres persanes de Montesquieu (1721), Rica, comme Zilia, observe avec distance les Français, se moque de leurs accoutrements et de la mode qu’ils suivent. Il critique également l’autorité arbitraire et absolue du roi de France qui n’est qu’un despote à ses yeux.

C – Indirectement, le lecteur est invité à à vivre également un décentrement pour forger son esprit critique

Si l’expérience de Zilia est fondatrice et initiatique, le roman incite aussi le lecteur à porter sur sa propre civilisation un regard d’étranger, afin d’en révéler les excès. En choisissant pour héroïne une femme venue d’ailleurs, Françoise de Graffigny opère un double décentrement, rare à l’époque (femme et étrangère), et convie ainsi le lecteur à la découverte d’un nouvel univers.

Exemple : Françoise de Graffigny s’est minutieusement renseignée sur la civilisation inca pour écrire un roman dépaysant et exotique. Le lecteur français découvre ainsi, à travers les lettres de Zilia, une autre culture, mue par d’autres rites, d’autres valeurs, et qui a recourt à d’autres procédés, comme l’utilisation de quipos, petits cordons de couleurs différentes, pour transmettre des messages.

III – Finalement, le déracinement et la découverte d’un nouvel univers permettent à Zilia de reconstruire une identité librement choisie

A – Vers l’affirmation de la subjectivité

S’ouvrir à d’autres cultures permet de remettre en question ses propres certitudes pour peu à peu s’affirmer en tant qu’individu. Le mouvement littéraire et culturel des Lumières prône précisément cette audace à travers la locution latine Sapere aude de Kant, devenue devise : Aie le courage de ton propre entendement.

Exemple : Dans les Lettres d’une Péruvienne, Zilia cesse peu à peu de se définir par rapport à Aza ou à son passé. Elle développe un regard critique autonome. Ainsi, ses premières lettres idéalisaient Aza par des formules amoureuses hyperboliques (lettre 3 : « C’est toi, chère lumière de mes jours; c’est toi qui me rappelles à la vie« ) tandis que les dernières lettres optent pour une adresse plus sobre et détachée, qui souligne son autonomie intellectuelle ((lettre 34 : « Mon cher Aza »). Elle n’idéalise plus le passé inca, mais elle refuse aussi les normes européennes, notamment le mariage forcé ou arrangé.

A – Du renoncement à l’affirmation d’autonomie

Le retournement final est décisif. Apprenant l’infidélité d’Aza, Zilia renonce définitivement à une vie conjugale. Elle réalise que son évolution personnelle l’a rendue incompatible avec son ancien destin. Ce refus peut être perçu comme un acte de liberté d’une jeune femme qui choisit librement son destin.

Exemple 1 : Dans la dernière lettre, Zilia promet à Déterville de lui être une amie digne de confiance et de sincérité. De façon originale, Zilia revendique donc le droit de vivre seule, sans être mariée et sans aller au couvent.

Exemple 2 : A la fin de son roman La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette fait de la princesse une femme qui affirme son autonomie. En effet, veuve, elle se retire au couvent, choisit la solitude et la fidélité à elle-même à un mariage avec le duc de Nemours, qu’elle aime pourtant. Cette fin du roman, comme celle de Lettres d’une Péruvienne, avait suscité de nombreux débats à l’époque.

B – Zilia, un modèle de femme libre et éclairée

À travers Zilia, Françoise de Graffigny propose le portrait d’une femme libre et éclairée. Le choix de vivre seule, sans se marier, est subversif à l’époque. Il faut se rappeler que Françoise de Graffigny a subi un mari violent pendant de longues années. Devenue veuve, elle a alors pu s’adonner à l’écriture. Elle ne s’est jamais remariée. À travers Zilia, elle affirme sans doute un choix de vie libre et une revendication à rechercher le bonheur dans une vie simple et apaisée. La solitude de Zilia n’est pas présentée comme une défaite, mais comme une victoire, une libération des tutelles masculine, religieuse et sociale.

Exemple : Dans le roman graphique autobiographique Persepolis de Marjane Satrapi (2000), la jeune fille iranienne s’exile en Europe après avoir connu la répression sous la révolution islamique. Désorientée par le déracinement en Europe, elle revendique une identité hybride et la nécessité d’une pensée libre.

Conclusion

En définitive, la découverte d’un autre univers culturel, géographique est source pour Zilia de ruptures violentes et douloureuses. Mais elle constitue aussi un véritable moteur pour la construction d’une nouvelle identité personnelle choisie et non subie. Vivre l’expérience de l’altérité permet de remettre en question des normes sociales, de se réinventer en-dehors des codes traditionnels.

Ouverture : En littérature, l’épreuve du déracinement transforme souvent les personnages : ils ne sont plus victimes mais trouvent l’opportunité de se construire autrement, de s’affirmer et d’oser s’émanciper. Dans le récit autobiographique Le Gone du chaâba (1986), Azouz Begag raconte le déracinement de sa famille algérienne dans le bidonville à côté de Lyon. Son parcours politique montre notamment comment il a transformé les épreuves de son enfance en force.

Analyses linéaires sur des extraits de Lettres d’une Péruvienne :

Autres dissertations rédigées :

Dissertations sur l’ancien programme :

Qui suis-je ?

Amélie Vioux

Professeure et autrice chez hachette, je suis spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re) et du Brevet (3ème).

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