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Voici un commentaire de la fable « Les Grenouilles qui demandent un roi » de Jean de La Fontaine.
Les Grenouilles qui demandent un roi, introduction :
Publiées au 17e siècle, les Fables de La Fontaine visent à plaire et instruire en mettant en scène des animaux anthropomorphes.
Il s’agit également pour l’auteur de contourner finement la censure pour pouvoir critiquer les mœurs de son temps.
Dans cette fable, un peuple de grenouilles éternellement insatisfaites fait appel à Jupin, le dieu romain ordonnateur de l’univers, pour se voir attribuer un nouveau dirigeant.
Récit fantaisiste et plaisant pour le lecteur (I), la fable « les grenouilles qui demandent un roi » constitue en même temps une critique de la relation qu’entretient le peuple avec le pouvoir politique (II).
Questions possibles à l’oral de français sur « Les grenouilles qui demandent un roi » :
♦ En quoi cette fable est-elle un apologue ?
♦ Qu’est-ce qui fait l’efficacité de la fable « les grenouilles qui demandent un roi » ?
♦ Quelle est la morale de cette fable et comment La Fontaine l’amène-t-il ?
♦ Qu’est-ce que La Fontaine cherche à critiquer ?
♦ Quels procédés déploie La Fontaine pour plaire et instruire son lecteur ?
I – Un récit fantaisiste
A – La structure du récit
La fable « Les grenouilles qui demandent un roi » est construite comme un conte.
Elle met en scène des animaux, confrontés à une figure mythologique, Jupin.
Ce récit n’est donc pas réaliste, mais merveilleux : les animaux sont organisés comme des sociétés humaines et parlent avec les dieux.
Par ailleurs, le fabuliste adopte la structure typique du récit :
♦ Les trois premiers vers introduisent la situation initiale : les grenouilles rejettent, par ennui, le régime démocratique sur lequel repose leur organisation sociale et s’en plaignent à Jupin.
♦ L’élément perturbateur arrive aux vers 4 et 5 : Jupin décide de les soumettre au régime monarchique et fait tomber un roi du ciel.
♦ Arrivent les péripéties, du vers 5 au vers 25 : les grenouilles effrayées se cachent, puis elles s’approchent du soliveau jusqu’à lui sauter sur l’épaule. Devant l’absence de réaction de leur roi, elles présentent de nouvelles revendications à Jupin.
♦ Vient ensuite la résolution (v. 26-37) : Jupin remplace le soliveau par une grue qui dévore les grenouilles. Celles-ci s’en plaignent au dieu qui énonce lui-même la morale de la fable, présentée comme une leçon donnée aux grenouilles.
B – La vivacité du récit
Cette fable présente des rythmes et des rimes variés qui donnent une certaine vivacité au récit.
Les vers ne sont pas tous de la même longueur : il s’agit donc d’une fable hétérométrique.
Ces irrégularités mettent en valeur certains vers.
L’élément déclencheur est par exemple mis en avant par la longueur des vers qui l’introduisent : le régime monarchique est introduit par des alexandrins (v. 4-6), qui contrastent avec les heptasyllabes qui caractérisent les grenouilles aux vers 1 à 3 et au vers 6.
Les vers courts mettent l’accent sur des actions rapides et précipitées, donnant l’impression qu’elles se déroulent sous les yeux du lecteur.
C’est le cas notamment lorsque les grenouilles se cachent à l’arrivée du roi, le récit étant narré en heptasyllabes ( vers de 7 syllabes) : « Que la gent marécageuse, / Gent fort sotte et fort peureuse, / S’alla cacher sous les eaux, / Dans les joncs, dans les roseaux, / Dans les trous du marécage
» (v. 7-11).
Les vers courts soulignent également l’ironie du fabuliste, jouant du contraste rythmique avec les vers longs.
La présentation du roi, entre un vers de 11 syllabes et un alexandrin, raille, par sa brièveté, la réaction des grenouilles effrayées, et donne de la vivacité au récit : « Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau. / Or c’était un soliveau, / De qui la gravité fit peur à la première
» (v. 13-15).
Par ailleurs, les vers irréguliers soulignent la versatilité des grenouilles et l’instabilité de leur régime politique.
Cette impression de vivacité et d’instabilité est renforcée par le schéma des rimes.
On observe en effet des rimes suivies (« marécage » / « visage » ; « nouveau » / « soliveau »
v. 11-14), des rimes croisées (« se lassant » / « démocratique » / « tant » / « monarchique
» v. 1-4), et des rimes embrassées (« suffire » / « doux » / « contentez-vous » / « pire
» v. 34-37).
La fable apparaît de ce fait à la fois vivante et amusante pour le lecteur.
C – Un comique qui repose sur des décalages amusants
La Fontaine met en place dans « Les grenouilles qui demandent un roi » des décalages amusants pour le lecteur.
Le réalisme du décor naturel contraste avec l’anthropomorphisme des animaux qui agissent comme des humains.
Le champ lexical utilisé par le fabuliste plante en effet un décor réaliste qui figure la faune et la flore des abords d’un étang marécageux : « grenouilles
» (v. 1) ; « eaux » (v. 9) ; « joncs » (v. 10) ; « roseaux » (v. 10) ; « trous du marécage » (v. 11) ; « grue
» (v. 26).
Ces descriptions simples suscitent le plaisir du lecteur qui peut reconnaître quelque chose qu’il connaît dans la vie réelle.
Or dans ce contexte réaliste, La Fontaine met en scène des situations humaines, instaurant un décalage plaisant pour le lecteur.
Les croassements des grenouilles sont ainsi présentés comme des revendications politiques adressées au dieu Jupin, des « clameurs
» (v. 3). Le décalage entre le bruit des animaux et l’interprétation qu’en fait le fabuliste prête à sourire.
De plus, l’enjeu des grenouilles est très sérieux puisqu’il est politique : elles demandent à changer de régime politique, et passent d’un régime démocratique, à un régime monarchique calme et pacifique pour finir sur un régime cruel et violent.
Le décalage entre le cadre réaliste et les enjeux sérieux des grenouilles présente ainsi des aspects comiques et se veut source de plaisir pour le lecteur.
Par ailleurs, La Fontaine joue du décalage entre le bas et le noble en opposant un peuple de grenouilles au dieu le plus puissant de la mythologie, Jupin.
Cette confrontation donne lieu à des décalages burlesques, qui insistent sur la bêtise des grenouilles. En témoigne l’apparition du roi envoyé par Jupin qui, tombant du ciel, suscite l’effroi des grenouilles : « Sans oser de longtemps regarder au visage / Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau. / Or c’était un soliveau
» (v. 12-14).
II – Une satire du peuple
A – Une peinture peu flatteuse des grenouilles
L’opinion du fabuliste sur les grenouilles est clairement dépréciative dès les premiers vers de la fable.
Ces dernières sont continuellement tournées en ridicule par La Fontaine. En témoignent les adjectifs qualificatifs auxquels elles sont associées : « la gent marécageuse
» (v. 7) ; « gent fort sotte et fort peureuse
» (v. 8).
Les grenouilles sont présentées comme une masse indifférenciée comme le soulignent la répétition du terme « gent
» aux vers 6 et 7, et les termes « fourmilière
» (v. 20), « leur troupe
» (v. 21) et « ce peuple
» (v. 25).
Ces substantifs mettent en relief à la fois leur bêtise et leur instinct grégaire, ce qui transparaît également avec la gradation ascendante des vers 15 à 20 : « De qui la gravité fit peur à la première / Qui, de le voir s’aventurant, / Osa bien quitter sa tanière. Elle approcha, mais en tremblant ; / Une autre la suivit, une autre en fit autant : / il en vint une fourmilière
».
Les grenouilles se suivent, une à une, sans être individualisées, et sont donc désignées par des termes génériques et interchangeables : « la première » ; « une autre » ; « une autre » ; « une fourmilière
».
Elles vont jusqu’à sauter sur l’épaule du roi, démontrant leur bêtise et leur grossièreté, ce sur quoi insiste La Fontaine en renvoyant la préposition « jusqu’à » en début de vers : « Et leur troupe à la fin se rendit familière / Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi
» (v. 21-22).
Par ailleurs, les grenouilles se plaignent sans cesse.
Elles se plaignent quand la situation est stable (« Les grenouilles se lassant / De l’état démocratique
» v. 1-2), quand leur roi est débonnaire (« Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue
» v. 25), ou lorsqu’au contraire il les terrorise (« Qui les croque, qui les tue, / Qui les gobe à son plaisir
» v. 27-28).
Capricieuses, elles réclament un nouveau roi à Jupin en usant de l’impératif, temps verbal utilisé pour donner des ordres : « Donnez-nous
» (v. 25). Leur ton péremptoire est en décalage avec leur situation (de simples grenouilles qui s’adressent à un dieu).
B – Les grenouilles qui demandent un roi : métaphore du peuple français
Ce récit plaisant est un prétexte qui permet à La Fontaine d’inviter son lecteur à réfléchir.
Les grenouilles présentées comme une masse indifférenciée d’individus font clairement référence au peuple français.
En témoigne le champ lexical de la politique qui renvoie à la société humaine : « état démocratique
» (v. 2) ; « pouvoir monarchique
» (v. 4) « roi
» (v. 5) ; « lois
» (v. 31) ; « gouvernement
» (v. 33).
Le régime monarchique dont il est ici question renvoie au règne de Louis XIV et aux critiques auxquelles il est sujet.
En présentant les grenouilles comme éternellement insatisfaites, grégaires, peureuses, irréfléchies, et capricieuses, La Fontaine prend la défense du roi pour critiquer les protestations du peuple.
Il s’agit donc pour lui de faire la satire du peuple et de son rapport au pouvoir politique.
Sous son aspect ludique, la fable est donc un apologue puisqu’elle délivre un message clair à son lecteur.
La morale de son récit est à ce titre clairement évoquée par Jupin lorsqu’il s’adresse au discours direct aux grenouilles :
Les désirs du peuple ne peuvent pas dicter les lois.
Il faut se satisfaire de ce qu’on a parce qu’on pourrait avoir pire.
C – Une critique subtile renforcée par l’humour du fabuliste
En prenant soin d’exposer la morale de sa fable à travers le personnage de Jupin, La Fontaine entend ne pas critiquer de manière trop frontale le peuple.
Il intervient cependant de manière implicite dans le récit au moyen d’un humour qui frise l’ironie.
Dès le premier vers, le verbe conjugué au participe présent est teinté d’ironie : « Les grenouilles se lassant / De l’état démocratique
» (v. 1-2).
La Fontaine raille les grenouilles qui veulent changer de régime politique par ennui.
Il dénonce avec humour leur passivité, puisqu’elles ne font rien d’autre que se plaindre : en réponse à leurs revendications, un roi tombe du ciel mais elles sont effrayées par le bruit de sa chute.
La fabuliste joue également du contraste entre le premier et le second roi.
Il insiste sur le caractère inoffensif du premier, qui prête à sourire. En témoigne les termes « tout pacifique
» (v. 5) ; « soliveau » (v. 14) ; « Le bon sire » (v. 23) ; « débonnaire et doux
» (v. 35).
Au contraire, il souligne la cruauté froide de la grue par la rapidité de l’action, qui repose sur :
♦ l’anaphore « qui » associée à la brièveté de groupes verbaux juxtaposés : « Qui les croque, qui les tue, / Qui les gobe à son plaisir
» (v. 27-28).
♦ La brièveté du vers qui contraste avec l’alexandrin qui introduit la grue : « Le monarque des dieux leur envoie une grue
» (v. 26).
C’est donc avec un humour grinçant que La Fontaine invite son lecteur à reconsidérer ses griefs en matière de politique, et invite le peuple de son temps à se contenter de Louis XIV, qui est une voie moyenne entre les deux rois décrits dans sa fable.
Les Grenouilles qui demandent un roi, conclusion :
Dans « Les Grenouilles qui demandent un roi », La Fontaine met en place un récit fantaisiste pour dénoncer avec un humour grinçant la tendance du peuple à critiquer facilement et de manière grégaire et capricieuse son chef politique.
Inspiré d’Esope, fabuliste grec du VIe siècle avant J.-C, qui avait écrit une fable intitulée « Les Grenouilles qui demandent un roi » pour calmer le peuple d’Athènes insatisfait de son tyran, La Fontaine montre que la versatilité qu’il dénonce dans cette fable dépasse le peuple de son époque mais a trait à la nature humaine.
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Bonjour, merci encore pour votre travail ! Cela nous aide beaucoup
j’avais une question: pourriez vous nous donner des idées d’amorces pour l’introduction ?
Bonjour, votre commentaire m’est très utile, mais je voudrais savoir quelle est la transition a utiliser pour passer de la première partie à la seconde partie?